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nestes parages, quand Charles rer, roi de Sicile, arrivant avec sa flotte, releva le courage des Français.

Quelques avantages obtenus sur les Maures ayant amené des propositions de paix, Philippe, que la nécessité forçait à regagner au plus vite ses états, consentit un traité, qui fut conclu assez précipitamment. Les deux rois s'embarquèrent avec leurs troupes; mais une tempête violente s'étant élevée, la flotte fut dispersée, et les vaisseaux, venant à se heurter, s'entr'ouvrirent et se brisèrent les uns contre les autres, ou périrent misérablement sur des côtes inhospitalières. Dix-huit bâtimens de haut-bord sombrèrent; plusieurs navires de moindre dimension se perdirent corps et biens, et Philippe eut la douleur de voir quatre mille hommes de son armée, le trésor de sa flotte et l'argent qu'il avait reçu du roi de Tunis, s'ensevelir dans les flots.

Devenu vassal de la France, à cause des terres qu'il y possédait, Édouard, roi de la Grande-Bre

des plus beaux jours de ma vie; et mon cœur français n'a pas moins joui de la fin de leurs maux que de la libération de la Patrie. »

BOUVET DE CRESSÉ, note de l'Histoire inédite des

Règnes de Louis xv et de ses successeurs.

* Cet ouvrage impartial paraîtra en 1825.

tagne, humilié de cette dépendance, résolut de s'en affranchir, et les débats qui avaient existé au temps de Philippe-Auguste se renouvelèrent sous Philippe le Bel.

Sous prétexte de secourir la ville d'Acre, assiégée par les Sarrasins, le roi d'Angleterre mit en mer des forces nombreuses. Ses véritables intentions parurent bientôt au grand jour : Acre avait ouvert ses portes au vainqueur, et les Anglais ne désarmant point, on connut aisément que leur flotte était destinée à une expédition contre la France.

Deux cents vaisseaux normands faisant voile pour la Guienne, où ils allaient chercher des vivres, s'emparèrent dans la traversée de tous les navires anglais qu'ils rencontrèrent; mais, au retour, ils furent attaqués par une flotte de soixante bâtimens détachés de celle qu'Édouard avait en apparence armée contre la Palestine. Embarrassés par leur charge, les Normands furent battus, pris, ou coulés à fond. Fiers de cet avantage, les Anglais, qui s'étaient renforcés de quelques vaisseaux sortis de Bayonne, insultèrent La Rochelle, pillèrent ses environs, et se retirèrent chargés de butin.

Ce fut alors que les hostilités prirent un caractère sérieux. Les deux rois s'aigrirent au point

qu'ils ne purent s'entendre; toute négociation devint infructueuse, et, de part et d'autre, on se disposa à une guerre ouverte.

Édouard a fait sortir des ports de la GrandeBretagne trois escadres, aux ordres de généraux habiles, qui, descendus dans l'île de Rhé, la livrent au pillage, et portent sur tous les points de son territoire le ravage, le meurtre et l'incendie. Cinglant ensuite vers l'embouchure de la Gironde (*), les Anglais entrent en rivière, désolent les rives du fleuve, commettent les plus grands excès, et laissent dans la contrée de hideuses traces de leur passage.

Pendant qu'Édouard faisait les plus grands efforts pour reprendre les places qu'il avait perdues en Guienne, Philippe le Bel, usant de représailles, envoyait contre la Grande-Bretagne une flotte considérable, sous la conduite de Matthieu de Montmorency. Descendu sur la côte

Plusieurs auteurs confondent à tort la Garonne avec la Gironde. La Garonne conserve son nom depuis sa source jusqu'au Bec d'Ambez, où elle reçoit les eaux de la Dordogne; alors elle prend celui de Gironde et le garde jusqu'à Royan et la tour de Cordouan *, où elle se jette dans l'Océan .

* Fameux phare de France, à l'embouchure de la Gironde. C'est un fanal d'une architecture admirable, rebâti par Louis XIV en 1665. Dict. Hist.

de Douvres, cet amiral se rendit maître de la ville et en brûla une partie. Ce fut tout ce qu'il y eut de remarquable dans cette guerre, qui se termina par un accommodement que le roi d'Angleterre fut le premier à proposer.

La Grande-Bretagne et la France étaient trop voisines, et trop jalouses l'une de l'autre, pour vivre long-temps en paix; ces deux puissances se brouillèrent de nouveau sous le règne de Charles Iv et d'Édouard II. Le séjour de la reine d'Angleterre, sœur de Charles, à la cour de France, commença la division entre les deux rois, et l'invasion de la Guienne acheva la rupture, que suivit l'enlèvement, par les Anglais, de cent vingt navires chargés de marchandises, appartenant à des négocians de la Normandie.

La marine française reprit de nouvelles forces sous Philippe de Valois. Elles les dut au projet d'une croisade dans laquelle Philippe entra, à la sollicitation du pape Jean xxII. Quoique à cette époque le zèle pour les voyages d'outremer se fût extrêmement refroidi, le roi de France s'était ligué, pour cette entreprise, avec les rois de Bohème et de Navarre, les Génois et les Vénitiens. Ces derniers devaient fournir des galères capables de contenir quatre mille hommes de troupes, et cent autres bâtimens pour transpor

ter les munitions de bouche et les machines de guerre.

Nommé généralissime de l'expédition, Philippe équipa à Marseille une des plus puissantes flottes qu'on ait vues jusqu'alors dans les ports de France. Aucun auteur ne parle du nombre des vaisseaux qui la composaient, mais il devait être prodigieux, puisqu'il s'agissait de conduire en Palestine cinquante mille fantassins et mille hommes de cavalerie. Ces préparatifs immenses n'empêchèrent pas le projet d'avorter; des guerres domestiques retinrent Philippe dans ses états, et la mort du Pape, l'âme de la croisade, étant heureusement survenue pour empêcher l'effusion du sang, cet incident, joint aux démêlés qui s'élevèrent entre la France et l'Angleterre, acheva de rompre la partie. Toutefois l'armement de Philippe ne fut pas inutile; on l'employa contre les Anglais.

La guerre, qui dura continuellement entre la France et la Grande-Bretagne, força Charles v à entretenir des armées navales; mais comme il n'était pas en état de soutenir la marine, à cause de l'épuisement où se trouvait le royaume, il fit alliance avec Henri, roi de Castille, qui lui prêta des vaisseaux. La flotte castillane, composée de quarante gros navires et de treize autres

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