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où abordaient les flottes de l'Orient; celles de l'Afrique, de l'Espagne et de la Sicile, le port d'Aigues-Mortes, que les sables amoncelés par le Rhône ont rendu impraticable, et ceux de Montpellier, de Marseille, de Toulon, d'Antibes et de Fréjus, où les vaisseaux d'Auguste se retiraient, étaient tous très-considérables, et joignaient à la bonté du mouillage un abri sûr contre la tempête.

Bordeaux et Vannes se distinguaient entre les villes maritimes semées sur les côtes de l'Océan, et la navigation trouvait d'immenses ressources dans les ports de la Saintonge, de l'Aunis, dų Poitou, des haute et basse Bretagnes, de la Neustrie et du Boulonnais.

La marine a été peu cultivée en France sous la première race de nos rois, qui, faibles et divisés, furent longue saison sans commander en aucune mer (1), et depuis le commencement de la monarchie jusqu'à Charlemagne, on ne trouve dans l'histoire contemporaine aucun événement maritime, si ce n'est ce qui se passa sous Thierry.

Fils naturel de Clovis, ce prince, en vertu de son droit d'aînesse, avait été appelé à partager le royaume de France avec les enfans légitimes

(1) DU TILLET.

por

de son père. Il jouissait paisiblement de la tion qui lui était échue, lorsque son repos fut troublé par un essaim de pirates danois qui pénétrèrent dans l'Austrasie et la ravagèrent. Maîtres d'une flotte nombreuse, ces barbares remontèrent la Meuse, et, après avoir livré au pillage les villes et les campagnes, et s'être chargés de butin, ils ne songeaient plus qu'à se rembarquer, lorsque Thierry envoya contre eux son fils Théodebert, qui, suivi de forces imposantes de terre et de mer, tomba brusquement sur la flotte des pirates, mit dans l'attaque de leurs vaisseaux le sang-froid et l'intrépidité, garans ordinaires du succès, les enleva presque tous, avec les prisonniers et les richesses dont ils s'étaient emparés. Théodebert tua leur chef de sa propre main. C'est la première action où les Français paraissent s'être signalés sur mer.

La marine se ranima, et brilla même de quelque éclat sous Charlemagne. Prévoyant que, dès qu'il s'éloignerait de la France, les côtes de l'Océan et de la Méditerranée seraient exposées aux invasions des Barbares, ce monarque, qui avait reculé les bornes de son empire au-delà du Danube et du Rhin, pour prévenir et paralyser, en quelque sorte, l'effet de descentes, toujours fatales pour les peuples, ordonna que

des garde- côtes croiseraient continuellement à l'embouchure des rivières et des fleuves, et en France et en Allemagne, et aux frontières de la Provence et de l'Italie. Ces sages précautions mirent ses états à l'abri des insultes qu'ils avaient si souvent essuyées de la part des Sarrasins et des Normands (*), et ses escadres, plus d'une fois victorieuses des flottes ennemies, prirent ou coulèrent leurs bâtimens de guerre dans les eaux de la Sardaigne, de la Corse, de Majorque et de Minorque.

Sans cesse occupé de vues utiles à la gloire de ses peuples, le fils de Pépin ne négligea rien pour mériter le surnom de Grand qu'a confirmé la postérité; les hostilités, non interrompues sur terre durant quarante-sept ans de règne, ne

(*) On doit entendre ici par Normands, les peuples du Nord qui, sortis du Danemarck, de la Suède et de la Norwége, abordèrent les côtes de la Neustrie *, et que nos anciens auteurs confondent tous dans une seule et unique acception. Gallorum scriptores, rem perturbantes, omnes ab Aquilone venientes, soliti sunt appellare Normanos, non discernentes inter Danos, et eos qui veri (lisez verẻ ) sunt Normani.

PONCET DE LA GRAVE.

* Quæ priùs antiquum cùm Neustria nomen haberet,
Post à Normanis habuit Normania nomen.

Hist. de Normandie, Rouen, 1631.

l'empêchèrent point de donner la plus sérieuse attention aux affaires de la mer. L'art nautique lui fut connu jusque dans ses moindres détails; lui-même était son commissaire-général; il ne s'en rapportait à personne dans la visite des vaisseaux qu'il avait fait construire; les côtes de son empire, il les parcourut, pourvut à leur défense, et fit rétablir à Boulogne un ancien phare romain que les habitans de cette ville, par une insouciance coupable, puisqu'elle pouvait occasioner des naufrages, avaient laissé tomber en ruines.

Louis le Débonnaire et ses successeurs négligèrent la marine; aussi les Normands et les Sarrasins firent impunément dans leurs provin

ces,

qu'ils ravagèrent, de fréquentes incursions.

Les premiers rois Capétiens n'eurent aucune occasion d'équiper des flottes; le continent seul fut le théâtre des guerres qui agitèrent leurs règnes dans le cours des longs et fameux démêlés survenus entre les comtes de Champagne et les ducs de Normandie, de Bourgogne et de Guienne.

Les expéditions d'outre-mer, dont nous parlerons à la fin de ce livre, en offrant à la pitié du lecteur la malheureuse issue des croisades, commencèrent sous Philippe rer, et la marine

alors parut se rétablir en France. Toutefois, comme l'a remarqué le savant auteur de la Chronique latine des rois de France, (1) depuis Pharamond jusqu'à François 1er, ce furent les Génois, les Espagnols, et quelques autres peuples limitrophes, qui portèrent au-delà de la Méditerranée les ridicules extravagances de pélerins en délire; car Philippe, tout en laissant à ses sujets la liberté de suivre leurs pieux et sots caprices, refusa de faire personnellement partie de la première croisade.

Victime d'une maladie contagieuse, la peste, si fréquente en Afrique, qui frappe indistinctement et les têtes couronnées et ceux que l'adulation a faits leurs sujets (*), Louis Ix était mort dans son camp devant Tunis, et Philippe (le Hardi), son successeur, pensait à quitter ces fu

(*) La France constitutionnelle a vu Louis xvIII, avec autant d'intérêt que de plaisir, à l'ouverture de la chambre des députés des départemens, en 1818, négliger totalement le mot sujets, et lui substituer les expressions plus nobles, plus sonores, plus harmonieuses, plus appropriées enfin à la délicatesse comme à la dignité françaises, de Peuple, d'Enfans, de Patrie, de Nation. - « Le jour où ceux de nos Enfans, qui ont supporté avec tant de courage le poids d'une occupation de plus de trois années, en ont été délivrés, sera un

(1). DU TILLET.

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