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fondateur, et celui de Ninus, nous offrent à la vérité de vastes desseins et de nombreuses conquêtes, mais peu ou point d'exploits maritimes; et Ninive, dont on prétend que Nembrod avait jeté les fondemens, bâtie par Ninus, sur le Tygre, est peut-être la seule ville de commerce dont la situation fasse présumer que les Assyriens, sous son règne, aient eu quelque idée de la navigation.

Sémiramis, dont l'ambition égala celle d'Alexandre, remplie de plus grandes vues que ses prédécesseurs, après avoir agrandi ses États, s'ouvrit par la navigation le chemin à d'autres conquêtes. Quelques auteurs lui attribuent l'invention des galères, et rapportent qu'elle en fit construire trois mille, armées d'éperons de cuivre. Elle eut le courage de s'embarquer sur un de ces vaisseaux, et de cingler vers les côtes des Indes et de l'Éthiopie pour connaître les mœurs et les forces des peuples qui habitaient ces contrées. Arrivée sur les bords de l'Indus, elle y trouva Staurobate à la tête de quatre mille barques, faites de cannes, suivant l'usage du pays, et le battit dans un combat naval, où les Indiens perdirent près de deux mille de leurs petits navires, de nombreux soldats, et prirent la fuite.

Les règnes de Ninias, fils de Sémiramis, et des trente-trois rois qui lui succédèrent, jusqu'à

Sardanapale, ne servirent qu'à préparer la chute de ce florissant empire, et ne présentèrent que des monumens de la mollesse la plus outrée. Trois puissantes monarchies se formèrent de ses débris, celle des Mèdes, celle des Babyloniens et celle des Perses; mais ces belliqueuses nations négligèrent tellement la marine, que Salmanasar ayant armé soixante vaisseaux pour soumettre les Tyriens, ceux-ci, avec douze navires seulement, attaquèrent cette flotte, la battirent complétement, et firent beaucoup de prisonniers.

Nabuchodonosor, roi de Babylone, est le premier dont les exploits maritimes méritent une attention sérieuse, puisqu'après treize ans d'un siége non interrompu il s'empara de Tyr, qui ne pouvait être prise que par mer (1), et qu'après avoir désolé la Syrie, la Palestine, l'Idumée et l'Arabie, il soumit à sa domination l'Égypte et une partie de la Perse (2).

La ruine entière du royaume d'Assyrie et de l'empire de Babylone, qui suivit d'assez près celle de Tyr, et l'établissement de la puissance des Perses sur les débris de ces vastes États, offrent de grands événemens d'histoire, où toutefois la navigation n'a presque aucune part.

(1) QUINT. CURT. — (2) ROLLIN.

Instrument de toutes ces révolutions, Cyrus n'employa que des armées de terre. L'auteur (1) de la vie de ce conquérant ne rapporte aucun de ses exploits sur mer; il dit bien, à la vérité, qu'il s'embarqua pour se rendre maître de l'île de Chypre et de l'Égypte, mais il n'entre point dans le détail de ces expéditions. Le défaut de marine mit des bornes à la gloire de Cyrus; souvent les insulaires bravèrent sa puissance, et il éprouva que celui-là ne saurait prétendre à l'empire de la terre, qui ne possède pas celui de la mer.

Fils de Cyrus, et son successeur, Cambyse sentit la nécessité d'avoir des vaisseaux, soit pour conserver les conquêtes de son père, soit pour en entreprendre lui-même de nouvelles. Il fit une alliance avec les Phéniciens et les habitans de l'île de Chypre, qui lui fournirent une armée navale. Son premier exploit fut la prise de Peluze, à l'embouchure du Nil; et l'occupation de cette place tarda peu à être suivie de la défaite des Égyptiens, qui se réfugièrent à Memphis. Le roi de Perse leur envoya, sur un vaisseau de Mitilène, un héraut pour les sommer de se rendre; mais ils tuèrent le héraut avec toute sa suite, et dépecèrent le vaisseau dont ils emportèrent les débris d'un air

(1) XENOPHON.

triomphant. Cambyse ne laissa pas cet attentat impuni; il s'empara de Memphis, et fit tomber tout le poids de sa vengeance sur ceux qui l'avaient outragé dans la personne de son héraut. Cette expédition terminée, l'Égypte fut aisément conquise. Il voulut ensuite avec la même flotte faire la guerre aux Carthaginois; mais les Phéniciens, alliés communs des deux puissances, refusèrent de combattre contre une de leurs colonies, qu'ils s'étaient engagés, par serment, à protéger et à défendre. Ce refus, que le roi de Perse ne put désapprouver, sauva Carthage, car le reste des forces navales ne se trouva point en état d'en faire le siége. Cambyse demanda encore des vaisseaux à Polycrate, tyran (1) de Samos, qui lui en envoya quarante, chargés de Samiens, ennemis de son usurpation, et dont il voulait se défaire. Cette flotte toutefois fut inutile, parce que les Samiens qui la montaient ne la conduisirent point au lieu de sa destination.

Cependant Cambyse, dont les forces nationales ne se composaient que de troupes de terre, avait à son service des flottes auxiliaires, et c'est ce qui lui attira un jour un éloge bien

(*) Ce mot, synonyme de celui de roi, n'avait point chez les anciens l'odieuse acception qu'il a reçue des modernes.

flatteur. Se trouvant dans une assemblée publique, il désira savoir ce qu'on pensait de lui et de Cyrus son père; on lui répondit qu'il l'emportait sur Cyrus, en ce qu'il avait ajouté à ses États la conquête de l'Égypte et l'empire de la mer; on rapporte même que Crésus, qui était présent, poussa la délicatesse jusqu'à dire à Cambyse: «< Cyrus a sur vous l'avantage d'a voir laissé un fils tel que

vous.>>>

Cambyse étant mort, l'empire des Perses éprouva à son tour quelques secousses qui l'ébranlèrent; mais il fut raffermi par Darius, fils d'Hystaspe, que l'adresse de son écuyer mit à la tête de cette monarchie (*).

Les commencemens de son règne furent tranquilles; il ne parut d'abord occupé que du soin de ses finances; mais, à cette époque, un prince qui n'avait que les vertus de son état, et qui ne que gouverner sagement ses peuples, s'at

savait

(*) Une conspiration avait été formée contre le faux Smerdis, usurpateur du trône de Perse, et les conjurés étaient convenus, dit-on, de donner la couronne à celui d'entre eux dont le cheval hennirait le premier dans un lieu arrêté ďa– vance. L'écuyer de Darius ayant attaché la nuit d'auparavant une cavale dans l'endroit où il devait se rendre, et y ayant mené le cheval de son maître le lendemain, il hennit le premier, et Darius fut roi.

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