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Puisque nous avons parlé du droit du plus fort, hâtons-nous d'ajouter que ce droit est un crime de lèse-humanité, dont vingt nations se sont rendues coupables depuis l'invention de la première tactique navale (*). Mais pourrait-on s'étonner que des peuplades barbares, sans lois, sans mœurs, sans connaissances, sans instruction, tout entières à la guerre, poussées par le désir d'amasser des richesses, se soient traînées de côte en côte, d'île en île, pour soumettre et piller des voisins dont ils enviaient la prospérité, l'aisance et le bonheur, quand, de nos jours, nous voyons la Grande-Bretagne, qui ne doit

(*) Sicut ille, qui classi præest, imperium classis habere dicitur, sic et ille aut imperator, aut rex, aut populus, imperium maris aliquod tenere, qui cæteris classe prævalet. Secundùm hanc definitionem, primum maris imperium apud Gallos fuit, tùm apud Cretenses, Pelasgos, Thraces, Rhodios, Phryges, Cyprios, Phoenices, Ægyptios, Milesios, Caras, Lesbios, Phocenses, Corinthios, Iones, Eretrienses, Æginetas, Lacedæmonios, Athenienses, Tyrios, Carthaginienses, Romanos, Gothos, Saracenos, Francos, Saxones et Hispanos.

MORISOT., ORB. MARIT.

son existence précaire qu'à un crédit fictif, que le hasard peut lui ravir d'un moment à l'autre, affecter la domination des mers, et prétendre garder seule le trident de Neptune,

que,

dans quelques années, peut-être, briseront entre ses mains usurpatrices et contraintes à l'abandonner, deux puissances du Nord, jeunes encore par la date de leur inscription dans les annales de la civilisation, mais déjà vieilles par une foule d'exploits dignes des plus beaux jours de la Grèce, de Rome, du siècle de Louis XIV, du règne de Louis xvi et de la France régénérée, libre, indépendante et constitutionnelle?

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DE LA MARINE

20000000

DE TOUS LES PEUPLES.

LIVRE PREMIER..

TEMPS PRIMITIFS.

QUE l'Amour, ainsi que l'a feint dans un poëme élégant l'ingénieux Gessner, ait inspiré le premier navigateur; que le cygne, par la noblesse de son port, l'aisance de son allure, l'ensemble de ses mouvemens, ou, comme d'autres l'ont avancé, que les nageoires et la queue du poisson aient donné la première idée du canot, des voiles, des rames et du gouvernail; que quelques poutres chargées de meubles échappés aux ravages d'une

inondation aient conduit à la confection des radeaux, il n'en reste pas moins démontré, et de la manière la plus désolante pour les amis des sciences et des arts, qu'une obscurité profonde

couvre d'un voile impénétrable la navigation des premiers peuples de la terre.

Le premier navire connu fut construit par Noé (1), qui parcourut la Méditerranée avec ses trois enfans, Sem, Cham et Japhet. Sem se fixa en Asie, Cham en Afrique, et Japhet fonda de nombreuses colonies sur les côtes d'Europe (2). Leurs fils les imitèrent, et, comme eux, s'établirent dans diverses contrées. La Grèce, originairement nommée Ionie, la Thrace, les rives de la Propontide, la Cilicie, l'île de Chypre se peuplèrent insensiblement, et leurs habitans se livrèrent à la navigation. C'est eux qu'Horace a appelés, dans une de ses odes, l'audacieuse postérité de Japhet (3).

Établis sur les rivages de la mer, ils firent, pour les côtoyer, de légères embarcations, dont l'arche, qu'ils se rappelaient encore, fut apparemment le modèle. La vue des îles voisines qui excitait la

(1) Omnium mortalium, primum Noemum, sibi suisque liberis ratem fabricasse credibile est. MORISOT., ORB. MARIT.

(2) Voluerunt scriptores, tùm Ægyptii, tùm Græci et Latini, Semum totam Asiam, proximasque insulas, cum suis liberis occupasse; Japhetum Europam, et Mediterranei maris insulas adeptum; Chamum verò Africam cum suis littoribus dominii sui fecisse. MORISOT., ibidem.

(3) Audax Japeti genus.

curiosité des nouveaux navigateurs, l'avantage de la pêche, la commodité des transports par eau, et la nécessité du commerce, les invitaient à s'exposer sur un élément qu'ils avaient la témérité de braver. D'abord ils risquèrent des passages; mais, insensiblement apprivoisés avec les flots, ils poussèrent plus au large, et enfin les vents ou les courans les jetant sur des plages éloignées, la difficulté du retour et la crainte du danger les obligèrent souvent à y fixer leurs demeures. Telle fut, ou plutôt telle dut être l'origine de la navigation. Informe dans les commencemens, ses progrès ont été lents; ce n'est qu'après de nombreux tâtonnemens, des observations suivies, des études sérieuses et une longue expérience, qu'elle est arrivée au point de perfection qu'elle a atteint de nos jours.

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Les Égyptiens cultivèrent plus ou moins les sciences maritimes; et en cela ils suivirent leurs goûts et leurs inclinations. Le plus ancien et le plus respecté de leurs rois, qu'ils mirent au rang des dieux, Osiris fit la conquête des Indes, où il laissa de nombreux monumens de ses victoires. Passant ensuite l'Hellespont, il plaça Macédon

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