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celui d'Asiongaber. L'Océan leur était inconnu, et ils donnaient à la Méditerranée le nom de grande mer, parce qu'ils n'en connaissaient pas de plus vaste et de plus spacieuse. Uniquement occupés de la culture des terres et du soin de leurs troupeaux, peu jaloux même, loin d'en être tentés, du commerce de leurs voisins, ils regardaient sans envie leur opulence. Riches de leurs propres fonds, et placés dans un terrain fertile, qui suffisait à leurs besoins, leur cupidité se renfermait dans les bornes de leur pays, et la singularité de leur loi ne leur permettant pas d'entreprendre de longs voyages, ils vivaient chez eux et pour eux, formaient une nation à part, et étaient en quelque sorte isolés même de leurs plus proches voisins.

Un docte prélat (1) dont le secrétaire n'a jamais fait les mandemens, qui a écrit sur la navigation des anciens, prétend, contre l'opinion de l'historien des Juifs (2), que, avant Salomon, les enfans d'Israel avaient équipé des vaisseaux. Ce qui peut favoriser son sentiment, c'est que tribu de Zabulon, dont l'extrémité occidentale aboutissait à la Méditerranée, pouvait facilement commercer avec les Sidoniens et les Tyriens. Il faut cependant convenir que si la navigation

(1) HUET, éveque d'Avranches.

(2) JOSÈPHE.

la

mettait

n'était pas en usage chez les Juifs, elle n'y était pas absolument inconnue. Le voisinage des Phéniciens, ces intrépides navigateurs, ne leur perpas d'ignorer entièrement un art déjà devenu si célèbre. On voit en effet Moïse, peu de temps avant sa mort, leur parler de flottes et de vaisseaux, comme d'objets qui leur étaient familiers. « Le Seigneur, leur dit-il, vous fera reconduire par mer en Egypte, sur des flottes; »> prédiction qui fut accomplie après la prise de Jérusalem par Titus, lorsque les escadres romaines, croisant dans la Méditerranée, transportèrent à Alexandrie les Juifs devenus leurs prisonniers.

Ce passage de Moïse prouve que le peuple hébreu connaissait la navigation avant l'antiquité fabuleuse, puisque les poëtes en attribuent l'invention à Jason et aux Argonautes, qui vivaient du temps de Gédéon, long-temps après cette prophétie. Nous voyons, de plus, que les prophètes, dans les discours qu'ils lui adressent, emploient souvent les expressions de flots, de vaisseaux, d'îles, et appellent leur attention sur la mer de Tharsis, sur le commerce maritime, et sur les flottes qui faisaient des voyages de long cours. Un d'entre eux (1) s'étend même très au long

(1) EZECHIEL.

sur la construction des navires, décrit la matière dont se composent les avirons et les bancs des rameurs, leur peint la richesse des voiles, et les entretient de mâts, de pavillons, d'officiers de marine, de pilotes, de matelots, de vents et de tempêtes, toutes choses techniques qui supposent nécessairement que ces idées ne leur étaient point étrangères.

Salomon fut le premier qui réduisit ces connaissances en pratique, et c'est de son règne que date l'époque de la navigation des Juifs. Ils étaient en effet alors si neufs dans la science nautique, le fils de David voulant l'introduire dans ses états, pria Hiram (*), roi de Tyr, avec lequel il avait un commerce ouvert, de lui envoyer des des pilotes et des matelots pour en former parmi ses sujets.

que

(*) On trouve dans l'histoire deux personnages de ce nom. Le premier, roi de Tyr, fils d'Abisbal, monta sur le trône après la mort de ce prince, et fit un traité d'alliance avec David et avec Salomon. Il fournit à ce dernier des cèdres, de l'or et de l'argent pour la construction du temple de Jérusalem. Le second, excellent ouvrier, que Dieu avait doué du talent de faire toute sorte d'ouvrages de cuivre ou de bronze, était fils d'un Tyrien et d'une Juive de la tribu de Nephtali. Salomon se servait de lui pour travailler aux chérubins et aux autres ornemens du temple. Il fit, outre cela, les deux grosses colonnes de bronze qui furent mises à l'entrée du vestibule

Les dépenses prodigieuses que Salomon fut obligé de faire pour la construction du temple de Jérusalem et de son palais, ayant épuisé les trésors que son père lui avait laissés, il pensa que la navigation lui fournirait des ressources suffisantes à l'exécution de ses desseins. Il fit donc construire des vaisseaux dans le port d'Asiongaber, aidé qu'il était des ouvriers et des matériaux lui avait fournis Hiram; car il n'y a pas d'apparence que le prince tyrien eût envoyé, de Tyr, ces bâtimens sur la mer Rouge; le circuit aurait été immense.

que

Associées avec celles d'Hiram, les flottes de Salomon mettaient trois ans à faire le voyage d'Ophir, et en rapportaient des paons, des singes, de l'ivoire, des pierreries, des bois précieux, de l'or et de l'argent. Ces métaux même devinrent si communs à Jérusalem, qu'ils n'étaient plus d'aucune valeur réelle dans la capitale de la Judée. Ces flottes combinées d'Asiongaber et de Tyr sont nommées dans l'Écriture tantôt les vaisseaux de Salomon, tantôt ceux d'Hiram. Nous termine

du temple, dont l'une s'appelait Jachim, et l'autre Boos, Ce fut encore lui qui construisit le grand et vaste vaisseau nommé la Mer, où se conservait l'eau destinée au service du temple et aux sacrifices.

Dict. Hist.

rons ici l'historique de la navigation des Juifs, tout étant obscur, et présentant les plus grandes difficultés, pour seulement déterminer le point fixe du départ de leur flotte.

Les dissertations des savans sur cette matière n'ont servi qu'à l'embrouiller, loin de l'éclaircir, et nous pensons qu'il est aussi impossible de retrouver l'or d'Ophir que celui du grand-œuvre. Persuadé d'ailleurs que les saintes Écritures, dans leurs divers passages, ne sont pas partout paroles d'Évangile, nous ne prononcerons ni pour l'évêque d'Avranches (1), qui prétend qu'Ophir était

le

pays de Sophala, ou la côte orientale de l'Afrique, jusqu'au Zanguébar, ni pour dom Calmet, malgré les phrases marquées au coin de la véritable éloquence qu'il a mises à la tête de son docte commentaire sur la Genèse.

COUP D'OEIL GÉNÉRAL SUR LA MARINE DES
PREMIÈRES MONARCHIES.

La première monarchie du monde, celle des Assyriens, est fameuse par ses guerres et ses révolutions; mais la marine n'est pas l'endroit brillant de son histoire. Le règne de Nembrod son

(1) HUET.

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