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ne faisant qu'un seul corps et un seul État), Egbert (*) jouissait paisiblement du fruit de ses victoires, lorsque les Danois, qui déjà, à deux différentes fois, avaient tenté de descendre en Angleterre, abordèrent à Charmouth avec trente-cinq vaisseaux. Nullement préparés à les recevoir, les Anglais ne purent s'opposer à leur entrée dans le pays, qu'ils ravagèrent. A la première nouvelle de l'invasion, Egbert marche contre eux avec les troupes qu'il put rassembler, croyant n'avoir qu'à paraître pour les forcer à se rembarquer. La fermeté des Danois, qui l'attendaient de pied ferme, n'ayant pas été capable de lui faire perdre cette confiance, il voulut les attaquer, mais il éprouva bientôt qu'il avait en tête des ennemis plus redoutables qu'il ne se l'était imaginé. Après un long et sanglant combat, il eut le chagrin de voir la victoire se déclarer pour eux, et son armée

(*) Egbert, premier roi d'Angleterre, se distingua par ses vertus et son courage. Il était à Rome, à la cour de Charlemagne, quand les députés anglais vinrent lui apporter la couronne. Charlemagne, le voyant prêt à partir, tira son épée, et, la lui présentant : « Prince, dit-il, après que votre épée m'a si utilement servi, il est juste que je vous prête la mienne. »> Ce fut Egbert qui ordonna qu'on donnerait à l'avenir le nom d'Angleterre à cette partie de la Grande - Bretagne qu'avaient occupée les Saxons.

Dict. Hist.

dans une déroute complète. Il se trouva même tellement pressé, qu'il fut obligé de suivre ses troupes dans leur fuite, et qu'il ne dut son salut qu'à la connaissance des lieux et aux ténèbres de la nuit.

Cette mortification, très-grande pour un prince toujours victorieux dans les divers combats où il s'était trouvé, lui fit prendre d'autres mesures pour se défendre contre ces nouveaux ennemis; mais les Danois, qui n'avaient pas le dessein de faire des conquêtes en Angleterre, et encore moins celui de les garder, se contentèrent de piller la campagne, et remontèrent sur leurs bords après avoir ravagé et brûlé le pays, emportant un butin immense, objet unique de leur armement contre la Grande-Bretagne.

Des pirates danois, informés par leurs espions que les Bretons de Cornouailles, tributaires d'Egbert, brûlaient d'envie de secouer le joug des Anglais, allèrent débarquer dans cette partie de l'île, et y furent reçus avec joie. Après s'être fortifiés de quelques troupes bretonnes qui vinrent se joindre à eux, ils se mirent en marche pour aller combattre le monarque anglais. Ils avaient espéré de le surprendre; mais ils furent euxmêmes étonnés d'apprendre qu'il venait droit à eux, décidé à leur livrer bataille. L'expérience du

I.

passé l'avait rendu plus prudent qu'il ne l'avait été deux ans auparavant, et il avait tenu son armée prête à marcher à la première nouvelle qu'il recevrait de leur arrivée.

Apprenant que les Danois sont descendus du côté du couchant, Egbert y accourt avec toutes ses forces. Les ayant rencontrés proche d'HengisDun, au pays de Cornouailles, il les attaque aussitôt, remporte sur eux une victoire complète, et les force à regagner au plus vite leurs vaisseaux.

Quoique souvent battus depuis, les Danois ne s'en acharnèrent pas moins contre la GrandeBretagne, qu'ils continuèrent à désoler par le pillage, le meurtre et l'incendie. Entrés dans la Tamise avec une flotte de trois cents voiles, ils remontèrent le fleuve jusque aux portes de Londres, où ils descendirent, sans que personne osât leur résister. Non contens de ravager la campagne, ils attaquèrent les villes, dont la plupart, sans défense, et hors d'état de soutenir un siége, se virent obligées d'ouvrir leurs portes. Londres et Cantorbéry furent de ce nombre, et souffrirent beaucoup.

Après avoir pillé ces deux villes, les Danois se jetèrent dans la Mercie, et détruisirent une armée que Berthulphe voulut leur opposer. Ainsi donc, né se trouvant arrêtés par aucun obstacle, ils au

raient, en toute sécurité, parcouru l'Angleterre, sans l'avis qu'ils reçurent qu'Ethelwolph et Aldestan, à la tête de forces considérables, se préparaient à leur couper la retraite.

Revenant aussitôt sur leurs pas, les Danois repassent la Tamise, avec l'intention de combattre les deux rois, qui étaient campés à Ockley, dans la province de Surrey. Nulle expression ne saurait rendre les atrocités commises dans leur marche par ces cruels ennemis des Anglais. Enfin on se rencontre, on ́en vient aux mains; de part et d'autre on combat corps à corps; la mêlée est épouvantable, et la victoire se déclarant contre les Danois, dont un très-petit nombre seulement parvient à s'échapper, ils couvrent le champ de bataille de mourans et de morts.

Ce désastre toutefois ne rebute point les Danois; il semble qu'ils avaient juré de ne pas laisser un seul instant de repos aux Anglais. Leur première attaque contre la Grande - Bretagne commence par le Northumberland, qu'ils subjuguent; l'Estanglie éprouve le même sort, et, après avoir rançonné la Mercie, ils entrent dans le Wessex.

IVAR, ROI DE DANEMARCK.

Les Northumbres, pendant les orages politiques, avaient secoué le joug des rois d'Angleterre; mais, à cette époque, les différentes factions s'étant réunies, elles oublièrent ou feignirent d'oublier tout ressentiment, pour se donner un roi. Osbert fut élu d'un consentement unanime, et ce choix heureux, qui avait obtenu tous les suffrages, aurait suffi seul pour rétablir les affaires, si un incident imprévu n'avait fait revivre les dissensions, et plongé le pays dans un gouffre de malheurs. Voici le fait, tel qu'on le trouve, au langage près, dans les mémoires du temps.

Osbert, qui tenait sa cour à Yorck, revenant un jour de la chasse, entra, pour se rafraîchir, chez le comte Bruen-Bocard: ce comte était absent, et sa femme charmante; Osbert la viola. Indigné, Bruen-Bocard jure de se venger. Il part à l'instant pour le Danemarck, se rend auprès du roi Ivar, l'instruit des troubles qui agitent le Northumberland, et lui persuade que, s'il veut profiter de l'occasion, il lui sera facile de s'en rendre maître, ainsi que de toute l'Angleterre. Ce projet sourit à Ivar, et il est d'autant plus porté à entreprendre cette conquête, qu'il a

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