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sédition dans le pays, s'enfuit de l'île, et alla se réfugier à Rome auprès de l'empereur Claude. L'extrême désir qu'il avait de se venger des deux rois ses souverains lui ayant fait concevoir le dessein de livrer sa patrie aux Romains, il parla souvent à Claude de la conquête de la Grande-Bretagne comme d'une entreprise facile à exécuter.

L'Empereur, étant entré dans ses vues, résolut de s'acquérir de la réputation par une entreprise qui paraissait difficile, mais qui, d'après le rapport de Béricus, n'entraînait avec elle, ni peines, ni frais, ni dangers. Cette résolution une fois prise, Claude reçut fort mal les ambassadeurs de Cogodumus et Caractacus, envoyés auprès de lui pour réclamer le transfuge, et il refusa de livrer cet homme, dont il voulait principalement se servir pour l'exécution de son projet. A quelque temps de là il fit lui-même demander aux rois bretons le tribut qu'ils devaient à l'Empire; mais il les trouva peu disposés à lui donner satisfaction. Outre que cet impôt n'avait jamais été régulièrement payé, la manière hautaine dont ils venaient d'être traités ne les engageait pas à lui témoigner beaucoup de déférence. Ils se crurent donc en droit de résister aux prétentions de Claude, et de plus ils défendirent à leurs sujets d'avoir aucun commerce avec les Romains.

Charmé de trouver un prétexte plausible de faire la guerre, l'Empereur donne à Plautius l'ordre de commencer l'expédition d'Angleterre pendant qu'il se tiendra lui-même prêt à le suivre, si les circonstances, devenues graves, exigent sa présence au-delà du détroit.

Rassemblée dans les Gaules, qu'elle occupe depuis long-temps, l'armée romaine, que commande Plautius, s'avance jusqu'au rivage de la mer; mais, quand il fut question de monter à bord, les légions se mutinèrent, ne voulant pas, disaient-elles, s'engager dans un pays qu'elles regardaient comme un autre monde, et que le premier des Césars lui-même n'avait pu entièrement soumettre (*).

Instruit de cette rebellion, Claude fait à l'instant partir Narcisse, son affranchi, pour rappeler les troupes à l'obéissance. Arrivé au camp, l'envoyé de l'Empereur veut haranguer les soldats, qui refusent de l'entendre. Toutefois la sédition s'apaise, et l'armée, changeant tout-à-coup de ré

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solution, se soumet, de son propre mouvement, aux ordres de son général. Plautius profite surle-champ de cette bonne disposition, met à la voile, surprend et bat les Bretons, qui, informés du mécontentement des Romains, n'avaient rien préparé pour s'opposer à la descente.

Plusieurs batailles ont été données; toujours les Bretons ont été vaincus; mais ce qui a échappé au carnage, quoique cerné de toutes parts, s'est retranché derrière les marais ou sur les montagnes, espérant qu'à l'exemple de César Plautius voudra aller passer l'hiver dans les Gaules.

Habile courtisan, le général romain crut alors qu'il était temps d'inviter l'Empereur à se rendre en Angleterre, afin de lui laisser l'honneur de terminer cette guerre. Préparé à cet événement, Claude part aussitôt, s'embarque à Ostie, arrive à Marseille, et de là, continuant son voyage par terre, fait voile de Boulogne, pour aller se mettre à la tête de son armée, que ses succès ont conduite au-delà de la Tamise. A peine débarqué, il s'approche des Bretons et les contraint à en venir à une bataille décisive dans laquelle ils sont entièrement défaits. Poussant ensuite ses conquêtes, il s'empare de plusieurs villes qui n'opposent qu'une faible résistance, et soumet à sa domination quelques peuples voisins de Camelodunum,

aujourd'hui Malden, dans le comté d'Essex. Plautius est nommé gouverneur de la Grande-Bretagne; Claude reprend le chemin de Rome, et le sénat dégénéré, où la voix des Scipions, des Paul Émile et des Catons ne se fait plus entendre, lui décerne les honneurs du triomphe avec le titre de Britannicus, que certes Plautius et ses légions avaient seuls mérité.

Durant environ trois cents ans, sous trenteneuf empereurs, on ne trouve dans l'histoire aucune trace d'irruption en Angleterre. Cependant nous voyons que, pendant le règne de Dioclétien, Maximien Hercule, qu'il avait associé à l'empire, donna le commandement d'une flotte à Carausius pour arrêter les courses des Gaulois et des Saxons.

Maître de Boulogne, Carausius faisait de sa charge un objet de spéculation, et, au lieu de s'attacher à prévenir leurs brigandages, il avait soin de n'attaquer les Barbares qu'au retour de leurs expéditions, et lorsqu'ils avaient fait assez de dégâts pour être chargés d'une riche proie. Alors seulement il essayait de les surprendre. Jamais d'ailleurs le trésor public ne s'était enrichi ni du butin qu'il faisait ni des prisonniers qu'il devait faire. Maximien se proposait de mettre un terme à ce coupable manége; mais Carausius, averti à

temps, s'empara de la flotte, du port de Boulogne, et même de la Grande-Bretagne, où il passa après s'être fait proclamer empereur, et s'être fortifié d'une diversion des Francs, auxquels il abandonna les îles Bataviques (1).

Dans la distribution qui fut faite entre Dioclétien, Maximien et les Césars Galère et ConstanceChlore, des diverses provinces de l'Empire, les Gaules, l'Espagne et l'Angleterre échurent à Constance (2), qui, à peine revêtu de sa nouvelle dignité, se rendit à Boulogne: manquant de vaisseaux, Maximien n'avait pas cru pouvoir réduire cette ville; et Constance, dans la même impossibilité d'en bloquer le port, le ferma par une digue qui enleva à la place le secours de la

mer.

Cet ouvrage terminé, les attaques, les menaces et l'offre du pardon surtout, achevèrent la conquête, que consolida la clémence. Constance chassa ensuite les Francs des îles de l'Escaut et du Rhin, et dans cette expédition il en périt un grand nombre.

Maximien était revenu dans la Gaule, pour observer les bords du Rhin, pendant qu'une flotte, équipée par les soins de Constance, pas

(1) ANQUETIL.(2) EUTROP.

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