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sonne d'Antoine, vil et lâche complice de ses projets ambitieux.

C'en est fait des libertés publiques; sujet de Rome, César plonge un fer assassin au cœur de la patrie; l'image sanglante de sa légitime souveraine n'a point arrêté son bras parricide; le Rubicon est franchi, et déjà Rimini, Pesaro, Ancone, Arezzo, Osimo, Ascoli, etc., ont reconnu l'usurpateur.

Aussi adroit politique que courageux guerrier, César, qui d'ailleurs compte sur le dévouement de son armée, fait passer à Rome des sommes immenses destinées à corrompre les magistrats ou à acheter des magistratures, et c'est à cette occasion que toutes les bouches répètent : «César a conquis les Gaulois avec le fer des Romains, et Rome avec l'or des Gaulois. >>

Pompée avait abandonné l'Italie et était passé en Épire. Maître absolu de l'Etat, dont il disposait à son gré, César a nommé à tous les commandemens des provinces, pillé le trésor public, et est parti pour l'Espagne; Marseille assiégée s'est rendue à discrétion; Pétreïus, Afranius et Varron ont été vaincus; dupes de leurs débiteurs, les créanciers n'ont pas même la voie de l'appel; les exilés foulent de nouveau le sol natal; les enfans des proscrits rentrent dans les droits

de leurs pères; le dictateur s'attache par la clémence les ennemis qu'il s'est faits par la force, et obtient le consulat pour l'année suivante.

Victorieuses partout où elles portent leurs pas, les troupes de César triomphent de l'Étolie, de la Thessalie, de la Macédoine, et les échos de Pharsale répètent au loin ces paroles mémorables du général en chef: «Le voici, camarades, ce jour si attendu; c'est à nous à voir si nous aimons véritablement la gloire. »Pompée fuit; il a laissé quinze mille hommes sur le champ de bataille, César n'en a perdu que douze cents.

Joignant de nouvelles victoires au triomphe de Pharsale, et pensant n'avoir rien fait tant qu'il lui restait quelque chose à faire (*), César bat Ptolomée, roi d'Égypte, et s'empare de son royaume qu'il donne à Cléopatre. Pharnace, roi de Pont, tombe également sous ses coups; et ce succès lui coûte si peu, que cette guerre, commencée le matin, finit dans la journée (**). Juba et Scipion en Afrique, les fils de Pompée en Espagne éprouvent le même sort, et l'heureux guerrier,

(*) Nil actum reputans, si quid superesset agendum.

LUCAN.

(**) C'est ce qui donna lieu à ces mots connus: Veni, vidi,

vici.

CESAR.

parvenu au plus haut point de gloire que puisse atteindre un mortel, voulut y ajouter encore en décorant la ville éternelle de nouveaux édifices.

Unissant dans ses vues l'utile à l'agréable, César a fait creuser autour de Rome de nombreux canaux pour la communication des rivières; le port et la rade d'Ostie ont été nettoyés ; les plus gros vaisseaux peuvent sans danger mouiller à l'embouchure du Tibre; des phares, des jetées s'élèvent, des arsenaux sont construits partout où les besoins de la navigation semblent le demander. Les marais Pontins seront desséchés, le Latium assaini ne sera plus exposé aux émanations de miasmes mortifères, et, l'isthme de Corinthe coupé, la mer Égée et celle d'Ionie pourront en paix confondre leurs flots. Réduit à ce qu'il a d'important, le droit ne sera que le droit, et les lois, incessamment torturées par l'avide chicane, ne seront plus interprétées en sens inverse de leur texte et de la volonté du législateur; de nombreuses bibliothèques, gratuitement ouvertes au public, assureront le présent et l'avenir contre le retour et l'invasion de la barbarie; les sciences et les arts fleuriront, les lettres seront en honneur, tout enfin, à cette époque fameuse, sera digne de César. Tels étaient les projets du héros qui venait de triompher pendant cinq jours consécu

tifs des Gaules, de l'Égypte, du Pont, de l'Afrique et de l'Espagne, lorsque, tombant au milieu du sénat sous les poignards de Brutus, de Cassius et de plusieurs autres conjurés, sa mort entraîna la décadence de la marine romaine.

Tout ce qu'on trouve en effet dans l'histoire, après l'assassinat de Jules César, n'étant relatif qu'aux fureurs des partis qui désolèrent la république, à Brutus, à Cassius, à l'odieux triumvirat, aux cruautés d'Octave (*), à la bataille de Phi

(*) Arrivés à Rome, les triumvirs affichent leurs listes de proscription, et la font exécuter. Plus de trois cents sénateurs et plus de deux mille chevaliers furent massacrés. On vit des fils livrer leurs pères aux bourreaux pour profiter de leurs dépouilles. Octave ne fut pas le moins barbare des trois. Un citoyen qu'on menait au supplice par son ordre, lui demanda de faire au moins accorder à son cadavre les honneurs de la sépulture: «Ne t'en inquiète pas, répondit le monstre appelé depuis Auguste, les corbeaux en auront soin. » Et voilà l'homme que, sous le nom d'Auguste, Rome avilie et son sénat dégradé ont mis au rang des dieux! Voilà celui que Virgile et Horace gratifièrent de l'immortalité! Le premier, pour quelques arpens de terre, qui ne lui avaient point été ravis, prostitua son beau talent, et ne rougit pas de s'avouer l'auteur du distique suivant :

Nocte pluit totá, redeunt spectacula manè;

Divisum imperium cum Jove Cæsar habet.

Le second, digne émule de Virgile et d'Ovide, dont les

lippes, à Sextus Pompée, à des événemens plus ou moins heureux, aux faiblesses d'Antoine pour Cléopatre, nous croyons devoir glisser sur ces détails, véritables hors-d'oeuvres dans le sujet que nous traitons, et nous borner à décrire le

Tristes ont consacré le déshonneur et la lâcheté, a sali ses chefs-d'œuvre de l'éloge bas et servile des actes les plus indifférens de la vie d'Octave. Une accusation aussi grave pouvant et devant trouver des contradicteurs, même au XIXe siècle, nous nous permettrons deux ou trois citations.

Quùm tot sustineas et tanta negotia soltis,
Res italas armis tuteris, moribus ornes,
Legibus emendes, in publica commoda peccem,
Si longo sermone morer tua tempora, Cæsar.
O vous dont les exploits protégent l'Italic,
Vous de qui les vertus l'ont ornée et polie,
Vous qui, la réformant, l'éclairant par vos lois,
Du fardeau de l'Etat portez seul tout le poids,
César, ne craignez pas qu'une indiscrète muse
Aux dépens des Romains de vos momens abuse.

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