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s'empressèrent de recommander au vainqueur leurs intérêts privés (*).

Tranquilles et sans inquiétude pour l'avenir, les Romains goûtaient en paix dans leur camp les douceurs du repos, lorsque tout-à-coup une tempête affreuse vint jeter la consternation dans l'armée. Inutilement César avait fait traîner à terre ses plus légères embarcations; couvertes par les flots et ballottées par les vagues, la marée les avait submergées, et les transports restés à l'ancre près du rivage, extrêmement maltraités, après avoir perdu leurs agrès, étaient hors d'état de tenir la mer. On manquait de matières premières pour les radouber, et l'on avait même négligé de faire des provisions de bouche, parce que l'on comptait revenir passer l'hiver dans les provinces conquises.

Séparés du continent par une vaste étendue d'eau, les Romains étaient inquiets sur les moyens d'opérer leur retour dans les Gaules; mais le génie de César saura pourvoir à tout, et c'est en vain que les chefs anglais, parjures à leurs sermens, auront compté sur les autans fougueux, sur l'âpreté de la saison et sur la possi

(*) Le texte porte : «Se, civitatesque suas » Cæsari commendârunt.

CESAR.

bilité de couper les vivres aux légions victorieuses. En vain encore ils auront insensiblement disparu, et secrètement rassemblé des troupes; que César, à qui rien n'échappe, s'est douté le malheur arrivé à sa flotte est le seul motif qui s'oppose à ce qu'on lui livre le reste des otages promis, et, prenant sur le-champ son parti, il donne l'ordre d'employer au radoub des navires le bois et le fer des bâtimens incapables de tenir la mer, et fait venir de la côte opposée les matériaux nécessaires à cette réparation. Une nouvelle flotte est créée; César, l'heureux César n'a perdu douze vaisseaux.

que

Sur ces entrefaites la septième légion était allée au fourrage, et se disposait à couper des blés restés debout dans un seul canton, la moisson étant faite partout ailleurs, lorsqu'une épaisse poussière s'éleva dans la direction qu'avaient prise les Romains.

Soupçonnant quelque soulèvement, César se met à la tête des cohortes qui se trouvent de garde, les fait remplacer par d'autres, ordonne au reste des troupes de prendre les armes, et marche aussitôt à l'ennemi. Arrivé à l'endroit d'où venait la poussière, il voit sa légion (la septième) exposée aux traits des Barbares, dont la cavalerie et les chars l'ont enveloppée.

Éperdus, dispersés et sans armes, les Romains se troublent, le désordre se met parmi eux, leur sang rougit la terre, plusieurs même tombent sans pouvoir se défendre, enfin c'en est fait de tout un corps d'élite, quand César, qui a volé à son secours, arrête l'ennemi, qu'il juge prudent de ne point combattre, et regagne son camp.

Une révolte générale suit cette échauffourée des Bretons. Prenant pour de la crainte l'hésitation de César, que le mauvais temps seul et les pluies ont contrarié, ils envoient sur tous les points des députés chargés de soulever les peuples. On s'émeut, on s'agite; de nombreux rassemblemens ont lieu dans la campagne; les villes sont désertes, « le petit nombre des Romains présente à l'audace une victoire facile, et la liberté du territoire est assurée si l'on parvient à les chasser de l'île. »Tels sont au moins les bruits les divers émissaires affectent de répandre.

que

Connus, ces projets sont déjoués; on en vient aux mains ; l'infanterie et la cavalerie anglaises sont taillées en pièces; la contrée tout entière est mise à feu et à sang, et les vaincus sont réduits à demander la paix. César l'accorde; mais il exige que les otages soient en nombre, doubles de ceux qu'on lui a donnés auparavant, et qu'on les lui envoie en terre ferme, parce que l'équi

noxe approchant, il ne veut rien hasarder sur mer avec des vaisseaux déjà battus par la tempête. Pour lui, profitant d'un vent favorable, il monte à bord au milieu de la nuit, et arrive heureusement sur les côtes de la Gaule.

Avant son départ pour l'Italie, où il passait habituellement l'hiver, César avait ordonné aux chefs de légions de faire construire le plus grand nombre possible de vaisseaux, et de radouber les anciens. La forme, la grandeur des navires, tout était prescrit pour qu'on pût s'en servir au besoin, et lorsque, l'année suivante, il revint en Angleterre, ses forces étaient de huit cents voiles (1).

Mouillés dans une rade commode, les Romains débarquent sans obstacle sur une falaise d'un facile accès, et de là s'avancent contre les Bre-, tons qu'ils attaquent et chassent d'une position avantageuse.

Tel était l'état des choses, lorsque, une violente tempête s'élevant tout-à-coup, la flotte romaine, jouet des vents et de la marée, vit ses bâtimens dont les ancres avaient perdu leur immobilité s'entre-choquer et se briser les uns contre les autres, et un très-grand nombre jetés à la côte. Dix

(1) Cæsar.

jours toutefois suffirent à César pour réparer ces avaries. Il fit venir des ports de la Manche des vaisseaux destinés à remplacer ceux qu'il avait perdus, et donna les ordres nécessaires pour qu'on radoubât ceux dont le mauvais état nécessitait quelque réparation. Attaquant ensuite les Bretons, il les battit, s'empara de leurs villes principales, imposa des tributs (*), demanda des ôtages, qui lui furent fournis, et, chargé de riches dépouilles, revint dans les Gaules.

Les succès obtenus dans la Grande-Bretagne, en ajoutant à la gloire de César, rendaient Rome maîtresse de l'univers. Rien enfin ne semblait manquer au vainqueur de l'Helvétie, de la Germanie, de la Belgique, des Nerviens et des Gaules, quand, de retour en Italie, il commença la guerre civile avec la seule légion dont il pouvait disposer alors, sous le prétexte spécieux que les droits du tribunat avaient été violés dans la per

(*) Ce fut la première fois que les Anglais payèrent un tribut à la république. César, pour en marquer l'époque, fit frapper dans les Gaules, à son retour, une sorte de monnaie sur laquelle on lisait d'un côté le mot tascia, qui signifiait en langue britannique denier de tribut, et de l'autre côté, le mot Ver, pour indiquer Verolanium, place où résidait le général anglais vaincu par les Romains.

Hist. gén. de la Marine.

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