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mort le sénat, et vendit à l'encan la population.

Couronnée du succès le plus complet, l'expédition de Vannes rendait César maître de la presque totalité des Gaules, mais ne contentait

ancienne. Située à deux lieues de l'Océan, auquel elle communique par un canal, Vannes était, du temps de César, célèbre par son commerce, le nombre et la force de ses vaisseaux, les villes qu'elle tenait sous sa dépendance, et l'autorité qu'elle exerçait sur les côtes voisines, dont les ports lui appartenaient. Ses habitans avaient la réputation d'être excellens marins, et cette réputation ils la méritaient. Instruits des desseins de César sur l'Angleterre, et intéressés à ce que cette île ne fût point envahie, ils cherchèrent à prolonger son séjour dans les Gaules. Sous prétexte donc qu'on retenait leurs otages à Rome, ils firent prisonniers tous les chevaliers romains qui se trouvaient dans leurs cantons.

César était trop fier pour laisser cette insulte impunie; mais, ne pouvant attaquer l'ennemi que par mer, et manquant de vaisseaux, il en fit construire sur la Loire, et donna l'ordre d'en amener du Poitou, de la Saintonge et des autres provinces nouvellement conquises. C'était peu cependant pour lui d'avoir rassemblé une flotte considérable, et de s'être procuré des pilotes, des matelots et des rameurs; de nombreux obstacles restaient encore à vaincre au général romain, qui ne possédait aucun port sur l'Océan, qui était incessamment exposé à des coups de vents furieux, et ignorait même jusqu'à l'existence du flux et du reflux, inconnus au-delà du détroit, et dans toute l'étendue des côtes de la Méditerranée.

Vannes ne vit pas d'un œil tranquille ces préparatifs im

pas entièrement son ambition, et il voulait à sa dernière victoire joindre la conquête de l'Angleterre. Trois motifs le portaient à cette entreprise : le désir de se venger d'un peuple qui avait secouru les Gaulois, l'espoir du butin et l'attrait

menses dirigés contre sa puissance maritime; une ligue fut à l'instant formée entre elle et les peuplades voisines, et plus de deux cents navires furent bientôt prêts à sortir de la Vilaine. Construits en bois dur, et très-élevés à l'avant et à l'arrière, ces bâtimens n'avaient rien à craindre des éperons ennemis; leurs ancres étaient amarrées avec des chaînes de fer; faites de peaux molles et habilement préparées, leurs voiles bravaient la tempête; enfin, ils avaient sur les Romains un avantage réel et local, qu'eux seuls connaissaient, qui était de pousser au large à volonté, tandis que leurs ennemis, surpris par les marées soit haute, soit basse, étaient exposés à se briser sur des rochers à fleur d'eau.

Des inconvéniens aussi majeurs et des dangers aussi pressans, à la veille d'une bataille décisive, dont les résultats pouvaient être funestes à la gloire des armes romaines, n'échappèrent point au jeune Brutus (*), commandant de la flotte. Un conseil de guerre, assemblé pour délibérer sur l'ordre et les opérations du combat, décida qu'on se servirait de faux tranchantes pour couper les manœuvres des Gaulois. Cet expédient réussit; l'abordage fit le reste, et Vannes, après avoir perdu ses vaisseaux et l'élite de ses troupes, se rendit à discrétion.

(*) C'est le nom que lui donne César dans ses Commentaires, livre 111.

des perles (1), qu'il croyait fort communes dans l'ile, et, par-dessus tout, l'inappréciable honneur de pénétrer dans une contrée qu'on regardait alors comme inaccessible.

Aussi prudent que brave, César, dans l'intention d'obtenir des renseignemens utiles et sûrs, appela près de lui pour les consulter les marchands qui avaient des relations avec la GrandeBretagne; mais aucun d'eux ne le satisfit, car tous, cédant à l'intérêt personnel, étaient loin de vouloir seconder des projets qu'ils soupçonnaient devoir ruiner leurs spéculations commerciales. N'ayant donc pu, par leur moyen, connaître et la grandeur de l'île, et le nombre et les forces de ses habitans, et leur manière de faire la guerre, et les ports capables de recevoir des flottes, il envoya Volusenus à la découverte, et s'avança lui-même vers l'endroit de la côte le moins éloigné de l'Angleterre, et donna à tous ses vaisseaux l'ordre de s'y rendre dans le plus court délai.

Instruits des desseins de César sur leur île, les Anglais envoyèrent au général romain des députés chargés de lui offrir des otages, avec promesse de pleine et entière obéissance à ses ordres. Cé

(1) SUÉTONE.

sar les reçut de la manière la plus distinguée, et les fit accompagner, à leur retour, par Comius, dont la fidélité lui était connue, et qui jouissait auprès d'eux d'un crédit illimité.

Cependant Volusenus, toujours à la voile, virant sans cesse et revirant de bord selon le vent et la marée, avait exploré la côte d'Angleterre, et, cinq jours après son départ, était venu rendre à César compte de sa mission. La descente dans la Grande-Bretagne est à l'instant résolue; on lève l'ancre, on part, l'onde écumante blanchit fatiguée par la rame, et les Romains, pour qui Boulogne n'est plus qu'un point dans l'horizon, débarquent sur un rivage uni et découvert. C'était une falaise où, loin de trouver un facile accès, les troupes de César, pesamment armées, furent foulées aux pieds des chevaux, même au milieu des vagues, par des hommes habitués à ces sortes de combats.

Attentif à ce qui se passe, César, dont le coup d'œil est celui de l'aigle, voyant que les Romains étonnés n'ont ni la même ardeur ni la même vivacité que sur terre, fait avancer ses bâtimens légers, leur ordonne de raser la côte, de prendre l'ennemi en flanc, et de le charger à coups de frondes, de machines et de traits. Surpris par cette manoeuvre insolite, les Anglais s'arrêtent,

s'ébranlent et semblent annoncer qu'ils vont prendre la fuite, lorsque l'enseigne (*) de la dixième légion s'écrie en invoquant les Dieux : << Camarades, suivez-moi, si vous ne voulez pas que l'aigle romaine tombe au pouvoir des barbares (**).» Il dit, s'élance hors du vaisseau, et, le signe de l'honneur à la main, se précipite au milieu des ennemis. Honteux d'une hésitation qui porte atteinte à leur gloire, tous le suivent, et bientôt les embarcations sont vides de ceux qui les montaient.

De part et d'autre on combattit avec opiniâtreté; mais enfin la victoire se déclara en faveur des Romains. Une seule chose manqua à la fortune de César, c'est que, n'ayant point de cavalerie, il ne put poursuivre les fuyards. Un traité de paix suivit ce premier succès; des otages furent livrés sur-le-champ, et la tradition des autres, en raison des distances, fut différée de quelques jours. On licencia les troupes anglaises, et leurs chefs, suivant l'usage immuable de tous les temps,

(*) Pourquoi César a-t-il négligé de consigner le nom de ce brave dans ses Commentaires? Voilà de ces faits que l'histoire contemporaine doit toujours préciser.

(**) Desilite, milites, nisi vultis aquilam hostibus prodere.

CESAR.

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