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sons ennemies, bat deux fois les troupes royales, les dissipe, porte la guerre jusque dans l'Asie, et sans doute aurait réduit le roi de Pont aux dernières extrémités, s'il n'avait mieux aimé précipiter son triomphe qu'assurer sa victoire.

Manquant de vaisseaux, Sylla ne fit rien sur mer; cependant il connut la nécessité d'avoir une flotte contre un ennemi dont la puissance consistait principalement en forces maritimes, et il ordonna à Lucullus d'en assembler une. Chypre, la Phénicie, Rhodes et la Pamphilie fournirent des navires qui inquiétèrent les escadres de Mithridate, et forcèrent ce prince à accepter la paix à des conditions aussi onéreuses que honteuses, puisque le traité portait qu'il se renfermerait dans les limites du royaume de Pont, et qu'il livrerait aux Romains soixante-dix bâtimens armés.

Fille de la nécessité, cette paix ne fut pas de longue durée; Mithridate saisit pour la la rompre la première occasion qui se présenta. Obligé de retourner à Rome, Sylla laissa à Muréna le commandement de l'armée d'Asie. Avide de gloire, ce général cherchait les moyens de continuer la guerre; mais il eut lieu de se repentir d'avoir commencé les hostilités, car son armée fut battue, lui-même prit la fuite, et l'on blâma à Rome l'imprudence de sa conduite.

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Enflé de ses succès, le roi de Pont ne garde plus de mesure; c'est ouvertement qu'il agit, et qu'il rassemble cent quarante mille hommes d'infanterie et dix mille cavaliers montés. Vaincu, Cotta fuit devant Mithridate qui le poursuit jusqu'à Chalcédoine, où, après avoir rompu la chaîne qui ferme le port, il brûle quatre de ses vaisseaux, et en prend soixante qu'il emmène à la

remorque.

Cependant l'heureuse témérité de Mithridate a réveillé les Romains, et l'on envoie contre lui Lucullus, qui, quoiqu'il ne puisse disposer que de trente-deux mille hommes, n'en marche pas moins à l'ennemi, dont les forces grossies forment un total de trois cent mille combattans. Cyzique est assiégée par terre et par mer; le roi de Pont regarde cette ville comme une seconde Rome, et il se persuade que sa prise lui facilitera la conquête de l'autre. Lucullus fait assurer les habitans d'un prompt secours, au moyen d'un habile nageur. C'était un soldat qui, soutenu par une espèce de ballon, eut la hardiesse de passer au travers des vaisseaux ennemis, qui le prirent pour un poisson ou pour un monstre marin. Le consul ensuite intercepta les vivres destinés l'armée de Mithridate, et, par cette manœuvre, mit la famine dans son camp; elle fut bientôt suivie de la

pour

de

peste, et le roi de Pont fut obligé de lever le siége. Cyzique délivrée, Lucullus réunit en corps flotte tous les bâtimens de guerre qu'il peut rassembler. Il en donne une partie à ses lieutenans, qui s'emparent d'Apamée et de Pruse, tandis que lui-même, en Troade, enlève treize vaisseaux ennemis, mouillés au port des Achéens. Trois généraux de Mithridate se sont retirés dans une île déserte, près de Lemnos; mais bientôt, cernés et attaqués par terre et par mer, ils tombent au pouvoir du vainqueur.

Le roi de Pont, à la nouvelle de cet échec, tremble que Lucullus n'accoure le surprendre, et fait voile pour ses états; le général romain l'y poursuit, lui livre bataille, le bat, s'empare des villes maritimes, assiége et prend Synope, pénètre en Arménie, et remporte sur Tygranes une victoire complète.

Ce prince, gendre de Mithridate, avait levé une armée de deux cent cinquante mille hommes, et, plein de confiance dans la supériorité numérique de ses forces, s'était mesuré contre les troupes de la république. Ce fut même à cette occasion que, apercevant les Romains, il eut l'extrême légèreté de dire : « S'ils viennent comme députés de Rome, ils sont trop; s'ils viennent comme ennemis, ils ne sont pas assez. »

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Lucullus fit dans cette guerre mémorable tout ce que Rome avait le droit d'attendre d'un général habile; mais la gloire de dépouiller Mithridate de son royaume et d'abattre sa puissance était réservée à Pompée, qui obtint les honneurs du triomphe, et mérita le surnom de Grand que lui déféra l'opinion publique, lorsqu'il eut purgé les mers des pirates qui les infestaient.

que

Ces forbans, les flibustiers des anciens, étaient des barbares que le libertinage et la licence, jointe à la facilité de s'enrichir, avaient extraordinairement multipliés. D'abord ils n'eurent par l'imdes barques; mais, devenus plus hardis punité, ils armèrent des vaisseaux de toutes grandeurs. Ils se créèrent des entrepôts, des ports, des places d'armes et même des arsenaux; ils parvinrent à former une espèce de république qui posavait sa discipline, ses chefs et ses lois. Ils sédaient encore, dans les contrées maritimes, des îles désertes, des forts abandonnés et des rades d'un accès difficile, qui leur servaient d'asile et de retraite. Le ravage et la dévastation accompales gnaient leurs pas; campagnes qu'ils désolaient par leurs descentes restaient incultes; la navigation était interrompue; le commerce, absolument nul, ne pouvait satisfaire aux besoins des villes qui tiraient leur subsistance de la mer; personne

enfin n'osait les attaquer, et l'on n'entrevoyait pas même le moyen d'arrêter le cours d'un mal que l'on croyait sans remède, lorsque Rome songea sérieusement à détruire ce fléau.

Attaqués en même temps de toutes parts, les pirates furent anéantis, et cette rapide expédition, qui fut l'ouvrage de quarante jours, ne coûta ni sang ni vaisseaux, fit refleurir le commerce, ramena la tranquillité et l'abondance, et fut d'autant plus avantageuse aux Romains, que les îles de Chypre, de Crète, de Majorque et de Minorque se soumirent à la république.

L'Afrique et l'Asie reconnaissaient les lois de Rome; il ne restait plus, en Europe, exposées à son ambition, que les Gaules, l'Allemagne et l'Angleterre, que Jules César devait parcourir en vainqueur. Nous laisserons à Tacite et à l'auteur des Commentaires (*) le soin de décrire les triomphes obtenus sur des peuples peu accoutumés au joug que fit depuis peser sur eux la maîtresse des nations, et nous arriverons à la conquête de la Grande-Bretagne, qui suivit la soumission de Vannes (**), dont le général romain fit mettre à

(*) Comment. de Bell. Gall. et Civil.

CESAR.

(**) Cette ville, aujourd'hui chef-lieu du département du Morbihan, à l'extrémité nord-ouest de la France, est fort

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