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Cette étrange position nous semble justifiée par la présence du glacier durancien formant falaise en ce point au moment où il n'occupait plus que la plaine de Gap. En ce point le torrent s'est creusé à flanc de côteau un vrai cañon de 12 à 15 m. de profondeur dans les calcaires marneux du bathonien.

Vieux cañon à flanc de côteau au quartier de la Blache, près de Gap. En 1905 les travaux pour le prolongement de la rue de la Blache, à Gap, mirent à jour, à 61 m. audelà du pont sur la Luye, un ancien lit de rivière creusé à flanc de côteau dans la roche bathonienne en place. Ce cañon avait une largeur de 11 m. et une profondeur de 3 m. 50. Ses parois étaient polies et striées et il était en partie comblé de blocs erratiques anguleux noyés dans de l'argile dans laquelle nous recueillîmes 20 galetscalcaires superbement striés.

Ce cañon, établi à 12 mètres au-dessus de la Luye, est dû certainement à pareille cause que celui du torrent de Rambaud. Une rivière accidentelle suivant, soit la base escarpée des bords du glacier, soit, peut-être, une crevasse marginale, creusa ce lit supplémentaire dans iequel s'acumulèrent ensuite les blocs qui se trouvaient à la surface du glacier et les galets striés qui étaient noyés dans sa masse et que la fusion rendait libres.

Vallées mortes du bassin de Veynes-Chabestan. - Le bassin de Chabestan présente d'intéressantes particularités qui paraissent le résultat d'un ruissellement latéral au glacier.

1° Entre Veynes et La Bâtie-Montsaléon est la vallée morte de Riotord de 3 à 4 km. de longueur, qui débute à Oze, à la base Est des Petits-Egaux.

2o La conque ou cirque de Saint-Marcellin et la vallée morte d'Aiguebelle ou de Crose de Mègue, de Saint-Marcellin à Aspres; et les curieux vallons du Laus d'Aspres et de la Sagne d'Aspremont qui mettent en relation les vallées parallèles du Grand et du Petit Buëch.

Vallée morte de La Ballue-du-Fraisse. A la ferme de Saint-Andéol, sous Upaix, débute, à flanc de côteau, la vallée sèche de la Pallue-du-Fraisse creusée à 40-50 m. de profondeur entre les terrasses Pliocènes de Bellevue et de l'Estagnole. Cette vallée descend au Sud pour déboucher, après un parcours de 10 km., sur le Buëch en face de Ribiers. C'est une vallée d'érosion sous-glaciaire. Elle fut ensuite occupée par une branche du glacier durancien qui contribua à l'édification des belles moraines frontales de Mison et qui édifia avant sa disparition les digitations morainiques du Mas, des Salas, des Armands. Après la fusion de ce lobe de glace elle fut occupée par les eaux de ruissellement latéral pendant que le glacier de la Durancs commençait à édifier tout à côté les 5 moraines frontales entre Rourebeau et le Poët, concentriques au vaste sinus que fait la Durance entre Rourebeau et Thèze.

Mais aussitôt que ces eaux de ruissellement purent s'insinuer par la crevasse marginale entre le glacier et la falaise côtée 667 de la terrasse de l'Estagnole, elles s'ouvrirent un vallonnement très marqué qui contourne à l'Est la petite croupe rocheuse qui porte le donjon du Poët.

Un examen plus détaillé de la topographie du bassin de la Durance révèlerait une foule d'épisodes similaires de la glaciation.

Terrasses adventives. Nous appelons ainsi des nappes de graviers qui se montrent à toutes les altitudes depuis le fond des vallées jusque parfois au-dessus du niveau des alluvions du pliocène supérieur à éléments très altérés et à granits kaolinisés. Nous avions longtemps admis, d'accord en cela avec les croyances courantes, que toutes les hautes terrasses appartenaient au pliocène. Mais un examen attentif de la composition et de l'état de conservation des éléments des diverses terrasses étagées sur les flancs de la vallée, nous démontra abondamment qu'un tel rapprochement était impossible pour un grand nombre de ces dépôts.

En effet, nombre de ces terrasses, quelle que soit leur altitude, ont tous leurs éléments dans un même état de

remarquable fraîcheur tout à fait comparable à celle de leurs similaires des formations glaciaires. D'autre part ces terrasses ont une composition très différente de celle des alluvions pliocènes. Cette compostion est en intime relation avec la composition du glaciaire qui tapisse les pentes du voisinage. Aussi les terrasses adventives, comme les alluvions inclinées qui leur sont souvent subordonnées, ont même une composition tout à fait différente quand elles sont situées sur les flancs opposés de la vallée par suite de la rapartition sur le thalweg des divers convois morainiques provenant des hautes vallées.

Il est pour nous, de toute évidence que ces terrasses à éléments frais et sélectionnés proviennent du ravinement opéré par les eaux de ruissellement sur les collines du voisinage et qui se trouvaient, à ce moment, émergées du glacier.

Ces eaux de ruissellement donnaient lieu à la formation de rivières temporaires formées sur les pentes émergées et qui en rencontrant le glacier dans leur descente vers le thalweg, en suivaient les bords. Mais, en changeant ainsi de direction, elles perdaient de leur pente, et elles édifiaient, parallèlement au glacier, des terrasses adventives après avoir toutefois remblayé d'assises inclinées les cuvettes, les dépressions, les pièces d'eau ou les crevasses riveraines qu'elles rencontraient.

Un des points les plus remarquables sous ce rapport est la région de la rive gauche de la Durance située entre Thèse et Sisteron. Ainsi les collines de la Palud (alt. 705 m.), du Villard, de Chassagne 682 m., d'Anis, de Saint-Heyriès (alt. 635 m.), situées entre Vaumeilh et Valernes, sont coiffées d'épaisses nappes d'alluvions caillouteuses. Ces nappes de cailloutis s'étendent parfois en assises inclinées. sur les flancs des collines jusque dans les vallonnements nombreux qui les séparent. Fréquemment on trouve sous ces nappes d'alluvions des amas d'argiles glaciaires bien. caractérisées par de gros blocs et par de très nombreux galets striés.

A la base Nord de ces collines est le profond cañon du

Syriez, qui est séparé de la plaine de la Durance par une chaîne de collines et plateaux qui portent une terrasse de 4 km. L'épaisseur de ces alluvions varie de 10 à 50 m. Ces alluvions reposent sur les schistes calloviens qui forment les versants de la colline et des plateaux. Sur le talus du Syriez on voit, sur la surface de ces schistes, une dizaine d'encoches qui sont la section de ravines préglaciaires comblées de matériaux morainiques caractérisés par de nombreux galets striés. Ces encoches comblées de glaciaire ont été mises à l'abri du ravinement par le dépôt de la puissante terrasse adventive qui recouvre le tout.

Un des points les plus intéressants de cette terrasse se trouve dans le vallon de la Combe qui débouche sur le Syriez à 500 m. à l'aval de Vaumeilh.

Dans le décapage de ce débouché on voit les alluvions reposer sur une puissante nappe d'alluvions inclinées.

Les nombreuses particularités que présentent cette petite région sous le rapport de la composition, de la nature, des variations dans la puissance et de la topographie de ces dépôts, sont tout d'abord déconcertantes et demanderaient des explications plus détaillées avec coupes, photographies et plan d'ensemble que nous ne pouvons donner ici.

Nos recherches répétées nous ont permis cependant de constater une foule de faits qui donnent la raison des étranges et grandioses phénomènes qui se sont manifestés dans ces parages.

Dans ces divers stades le glacier de la Durance projetait de l'aval à l'amont, soit dans la vallée de la Sasse, soit dans celle du Syriez, des golfes de glace qui se digitaient en une foule de lobes qui isolaient entre eux les compartiments de la surface du sol qui se trouvaient émergées. Le golfe du Syriez remontait cette vallée parallèlement au glacier de la Durance et son action était encore modifiée par des lobes à progression opposée qui se détachaient du grand glacier et envahissaient le Syriez par les petites dépressions de la colline séparative.

Or, au printemps, au moment de la fusion des neiges ou pendant les pluies de la saison estivale, les eaux de

ruissellement remaniaient les moraines des vastes plateaux de Sigoyer et de Melves et leurs dépôts considérables venaient s'accumuler sur le réseau de terrains émergés qu'encerclaient les lobes du glacier, et sûrement aussi sur certaines parties du glacier lui-même.

L'examen des lieux permet de constater que les terrasses adventives ne se prolongent ni à l'aval, ni à l'amont; elles ne résultent donc que d'accidents topographiques.

Nous avions cependant eu maintes fois l'occasion d'obchose d'analogue dans les glaciers actuels de nos régions. Nos glaciers actuels sont situés sur des pentes très déclives et limités par de trop hauts escarpements. Ces conditions se prêtent mal à la production de pareils phénomènes.

Nous avions cependant en maintes fois l'occasion d'observer, à la fusion des neiges, des torrents qui s'écoulaient à côté d'avalanches qui occupaient leur lit, ou des ruisseaux et des canaux dont les eaux s'écoulaient latéralement à leur rigole pleine de glace. Mais ces minuscules exemples, si concluants et si caractéristiques cependant, ne nous parurent pas suffisants pour pouvoir fournir une interprétation acceptable.

Or, en 1898, en explorant le glacier Blanc, nous pûmes assister à l'édification d'une terrasse latérale tout à fait comparable à celles que nous avions étudiées sur les rives cles glaciers pléistocènes.

A l'amont de la croupe rocheuse qui porte le refuge Tucket, se trouve en contre-bas de cette croupe, un plateau en cuvette de quelques ares de superficie et que dominait de 3 à 4 m. la rive gauche escarpée du glacier. Dans cette cuvette débouchait la ravine qui y amenait les eaux de fusion des neiges des hauteurs du col de Jean-Gauthier.

A la fusion des neiges, les eaux du col comblaient la cuvette, puis s'écoulaient par la surface du glacier, tandis que dans la pièce d'eau on voyait, aux embouchures des diverses rigoles, se former dans l'eau, des cônes de dépôts deltoïdes qui peu à peu remblayaient toute la flaque d'eau.

Mais avec l'arrivée des chaleurs une crevasse s'ouvrait au bord du glacier. Par cette crevasse s'échappaient les

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