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I

pas été mûri et achevé par son auteur; que Pascal n'a point, comme La Rouchefoucauld, La Bruyère, réuni ses pensées en un corps de doctrine; qu'il les déposoit sur le papier, uniquement pour les retrouver au besoin, souvent même sans prendre le temps nécessaire pour les écrire en entier, et qu'il est très probable que plusieurs de ces Pensées ou notes ne sont que des objections qu'il se faisoit à soimême, avec l'intention de les examiner, et peut-être même pour les réfuter plus à loisir. II est, au reste, impossible de vérifier jusqu'à quel point ce que nous appelons LES PENSÉES de Pascal est l'expression véritable de ses opinions; et malgré la foiblesse ou le défaut de justesse d'un petit nombre d'articles, on ne peut se refuser à admirer la profondeur ou la sublimité de presque tout cet étonnant recueil. Quelle tête extraordinaire a dû être celle dont les brouillons informes ont produit un tel ouvrage!

1 C'est ce qui est indubitable. Voyez tome II, page 21 et suivantes, et beaucoup d'autres passages dans le cours du Recueil.

Les notes de Condorcet et de Voltaire devoient nécessairement trouver place dans cette édition, que j'ai eu à cœur de rendre la plus complète de toutes : s'il se trouve quelques personnes à qui il déplaise de les conserver dans leur exemplaire, il leur sera très facile de les en retrancher. Il s'en trouvera aussi quelquesunes que je n'ai pu me dispenser d'y ajouter,

par

de son

mais elles sont distinguées par la lettre R. Autorisé M. Bossut à faire usage excellent Discours sur la vie et les ouvrages de Pascal, je le réimprime, non pas tel qu'il fut d'abord publié en 1779, à la tête de la collection des OEuvres, mais avec les corrections et additions que l'auteur y a faites depuis. Cet intéressant écrit ne sera pas un des moindres ornements de mon édition.

Après ce Discours est une espèce de Préface ou plan du grand ouvrage que projetoit Pascal, et dont on sait que les pensées ne furent que les premiers matériaux. Cette pièce écrite sans prétentions, je dirai même avec une espèce de bonhomie, m'a paru mériter d'être conservée, et de trouver place dans mes deux volumes,

b

qui contiennent, à ce que j'espère, tout ce qu'il aura été possible de rassembler de bon et d'utile sur le recueil des Pensées.

SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION.

DANS son édition, Condorcet a étrangement mutilé le texte de Pascal; mais il ne l'a ni falsifié, ni chargé d'additions étrangères; et si deux ou trois passages assez peu importants s'y trouvent rédigés d'une manière non conforme aux éditions antérieures, on verra du moins, page 21 du second volume de celle-ci, qu'une phrase assez extraordinaire pour avoir pu faire craindre quelque fraude d'éditeur, a cependant été imprimée par Condorcet telle que Pascal l'avoit écrite. Mais on y verra non moins clairement aussi dans quelle intention l'auteur avoit mis en avant cette proposition, et plusieurs autres de même nature. On sait que le manuscrit original des Pensées de Pascal n'étoit autre chose qu'un amas de petits papiers que l'on trouva pêle-mêle dans sa chambre après sa mort; ce qui rend raison de l'incohérence que l'on ne peut s'empêcher de remarquer entre plusieurs passages du recueil; et expliqueroit même, s'il

en étoit besoin, pourquoi l'article en question semble exprimer le contraire de ce qui très probablement a dû être l'opinion de Pascal. Mais la manière dont cet article est présenté dans mon édition, c'est-à-dire, rétabli, autant qu'il a été possible de le faire, d'après les fragments épars du manuscrit original, et surtout aussi coupé en dialogue comme Pascal l'avoit indubitablement conçu, prouve complètement que ces propositions contradictoires, qui sont effectivement si opposées, ne sont ni une ébauche imparfaite, ni le résultat d'aucune incertitude, d'aucun désordre dans la tête de leur illustre auteur. Cette suite d'objections et de réponses, parfaitement bien liées, suffiroit seule pour détruire tout ce que, d'après quelques phrases des Pensées, on a pu alléguer sur les prétendues irrésolutions de Pascal en matière de croyance.

Tous ces papiers furent mis à peu près en ordre par MM. de Port-Royal, et distribués en chapitres pour la première édition des Pensées, qui parut en 1670. Comme l'écriture de Pascal, fort pénible à lire, étoit plus indéchiffrable

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