Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

qu'écrite avec tant de sagesse et de dignité, quoique si intéressante, effraie par sa longueur, on n'en lit guère que les Discours, regardés avec raison comme autant de chefs-d'œuvre, mais qui cependant ne peuvent donner que des connoissances très-superficielles. On ne lit pas davantage les autres modernes qui ont traité le même sujet (1); et quant aux historiens des premiers siècles chrétiens, tels que Eusèbe, Théodoret, Evagre, Sozomène, etc., ils ne se trouvent communément qu'entre les mains de ceux qui se consacrent d'une manière particulière à l'étude de la religion. J'ose donc espérer qu'on ne me blâmera pas d'avoir cherché, dans mon Introduction, à donner à ceux qui voudront méditer avec fruit la morale chrétienne, des notions préliminaires indispensables. Mais tout en me renfermant dans des bornes circonscrites, je me suis appliqué à ne rien omettre de tout ce que

(1) Parmi les histoires ecclésiastiques modernes, je citerai les Siècles chrétiens, de l'abbé Ducreux, remarquables par un style élégant et facile, et où l'auteur, tout en abrégeant la matière, n'a cependant omis aucun fait essentiel. Cet ouvrage qui n'a que dix volumes in-12, d'un prix modique, peut, au besoin, suppléer celui de Fleury.

j'ai

j'ai jugé essentiel au sujet, et j'ai tâché de tirer de ma brièveté même l'avantage de présenter un faisceau de preuves d'autant plus fortes qu'elles sont plus serrées. Comme j'ai cité exactement les noms des auteurs que j'ai consultés, et même les chapitres des ouvrages, l'Introduction à la Morale de la Bible sera encore utile sous ce rapport, qu'elle indiquera les sources où pourront aller puiser ceux qui désireront satisfaire plus amplement leur curiosité, ou fortifier leur croyance par des recherches plus approfondies.

[ocr errors]

Faut-il donc, après tout, des traités si volumineux, pour faire connoître la vérité, et la démonstration en est-elle si difficile? L'homme peut-il contempler la nature, se regarder luimême et douter encore de l'existence d'un Créateur? Sa conscience ne lui dicte-t-elle pas les règles de ses devoirs; et lorsqu'il s'en écarte, les reproches de ce précepteur sévère manquent-ils jamais de se faire entendre? Les ennuis secrets de la vie, les retours amers des plaisirs, les désirs de cette ame avide et inquiète que l'univers ne sauroit remplir, le calme de la vertu et les terreurs du crime aux approches de la mort, tout ne semble-t-il pas

lui

annon

b

cer que la terre qu'il habite, où les joies sont trompeuses et les biens périssables, n'est pas sa véritable patrie; et que par-delà ce monde, il en est un autre, séjour brillant de la vérité, dans lequel les justes contempleront avec des ravissemens ineffables les perfections infinies de la nature divine, mais d'où les méchans seront exclus pour jamais.

[ocr errors]

Que dirai-je à l'égard des preuves de la religion? ne les trouvons-nous pas dans l'antiquité de son origine, dans l'accomplissement des prophéties, dans des miracles opérés à la face de toute la terre, dans le sang des martyrs, versé pour en rendre témoignage, dans des conquêtes toujours plus rapides, à mesure qu'on multiplioit, pour les arrêter, les proscriptions et les supplices; enfin dans cette sainte et inaltérable doctrine, parvenue jusqu'à nous à travers les schismes et les hérésies, doctrine propre à instruire à la fois l'enfant et le vieillard, le simple et l'habile, le docte et l'ignorant? - Voilà les raisons qui déterminent le consentement du Chrétien, voilà les bases de sa foi ! Et s'il est encore des esprits vains et superbes qui, dans des faits consacrés par de si nombreux monumens, ne veuillent pas reconnoître

le doigt de Dieu, et dans cette doctrine, sa sagesse même ; s'ils persistent à assigner des causes purement humaines à des prodiges si éclatans, il ne me reste plus qu'à leur appliquer ce que disoit le Sauveur du monde, en parlant des Juifs endurcis : L'esprit de ce peuple s'est appesanti; il n'a pas voulu préter l'oreille, et il a fermé les yeux, afin de ne pas voir de ses yeux, de ne point entendre de ses oreilles, et de ne pas comprendre avec son esprit... (Matth. xIII, 15.)

Je crois, d'après les recherches que j'ai faites, pouvoir assurer qu'il n'a pas encore paru de recueil semblable à celui que j'offre aujourd'hui au public. On trouve, à la vérité, dans la Bibliothèque des prédicateurs, du père Houdry, une collection, par ordre alphabétique, de divers passages de l'Ecriture, relatifs aux principaux sujets de la morale chrétienne; mais les pensées ont été choisies et appliquées avec si peu de discernement, et le travail péche tellement le défaut de méthode, que l'auteur ne me semble avoir atteint, sous aucun rapport, le but que je me suis proposé. Plusieurs ecclésiastiques que j'ai consultés à ce sujet, n'en portent pas un jugement plus favo

par

rable. On n'a en outre établi aucun ordre dans les pensées, et l'on s'est contenté d'indiquer les chapitres d'où elles étoient tirées, sans marquer les numéros des versets; de sorte que ceux qui veulent recourir au texte sont souvent obligés de lire plusieurs pages, avant de trouver l'endroit qu'ils cherchent. D'ailleurs l'ouvrage entier qui, comme le titre l'annonce, ne peut guère convenir qu'aux prêtres qui se consacrent au ministère de la parole, comprend vingt-deux volumes in-4.o d'un prix considérable.

Que personne toutefois ne s'imagine qu'on puisse avec la Morale de la Bible se dispenser de lire la Bible même. En effet, comme les bonnes œuvres inspirées par la charité chrétienne peuvent faire autant de prosélytes à la religion que les sermons les plus éloquens, on ne sauroit trop recommander la lecture des livres saints, si féconds en modèles de vertu, et particulièrement des Evangiles dans lesquels la morale est sans cesse en action, et où l'on trouve toujours à côté des plus sublimes préceptes, les exemples les plus touchans.

« ZurückWeiter »