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vertu, nous devons nécessairement nous ressentir encore de la déplorable influence qu'elle a si long-temps exercée parmi nous. Désabusés par trente années de révolutions sanglantes, nous commençons, il est vrai, à revenir aux anciens principes, à ces principes qui, fondés sur l'immuable vérité et consacrés par l'expérience des âges, ne sauroient être entièrement bannis du cœur humain; mais ce retour s'opère avec lenteur, nous ne sommes pas tout-à-fait guéris des vertiges du philosophisme, la foi chancelle encore. D'ailleurs les sectateurs de l'incrédulité n'ont-ils pas, pour propager et perpétuer leurs tristes doctrines, laissé une foule d'écrits d'autant plus dangereux que la fausse sagesse s'y montre presque toujours sous le masque de la philosophie, et souvent même avec tous les prestiges de l'éloquence? On doit donc plus que jamais redoubler d'efforts pour prémunir les ignorans et les foibles contre ces séductions, et ramener à la religion les enfans égarés qui sont encore éloignés d'elle. Mais pour arriver à cet heureux résultat, il ne suffit pas d'émouvoir et de persuader, il faut encore produire la conviction. C'est ce qui m'a déterminé à faire pré

céder la Morale de la Bible d'une Introduction, dans laquelle, en démontrant la vérité du Christianisme, je prouve que sa morale n'est si excellente que parce qu'elle est divine. Je m'y suis imposé l'obligation rigoureuse de n'adopter, quant aux preuves matérielles, que des faits positifs, des témoignages certains ou des probabilités fondées sur la nature même des événemens. Cette sévérité dans le choix des moyens, lorsqu'il s'agit de défendre l'autorité des Ecritures, est devenue indispensable depuis la révolution funeste qu'ont opérée dans les opinions religieuses les théories du dix-huitième siècle. Ce n'est plus au cœur seulement que les apôtres de la foi ont à parler, ils sont encore obligés de s'adresser à la raison: non pas à cette raison humble, sobre et modérée qui sait s'arrêter quand elle le doit, se soumettre quand il le faut, et ne recherche point avec une téméraire curiosité ce qui passe sa foible intelligence; mais à une raison contentieuse et superbe qui dédaigne les preuves touchantes et veut toujours des argumens et des démons

trations.

Toutefois, nous pouvons le dire avec assu

rance, la religion ne redoute pas qu'on discute ses titres et qu'on approfondisse ses témoignages; grâce à Dieu, elle a été mise à toute épreuve, et elle ne craint que de n'être pas connue (1). Les attaques de ses ennemis, leurs efforts, leurs succès mêmes finissent toujours par tourner à leur honte et à sa gloire. C'est en vain qu'ils s'agitent et se pressent autour de son auguste sanctuaire; ils n'ébranleront jamais cet antique et majestueux édifice dont la main divine a posé les fondemens, et qui reste inaccessible à toutes les vicissitudes humaines. Les opinions changent, les préjugés passent, les empires s'écroulent, les peuples disparoissent, tout, ici bas, subit l'immuable loi du temps; mais la vérité, la vérité seule demeure.

Je ne m'arrêterai pas sur ce sujet que j'ai traité avec étendue dans l'Introduction qui suit cette Préface, et dont voici la division: Elle comprend trois parties; dans la première je parle de l'Existence de Dieu et de l'Immortalité de l'ame, vérités dont la démonstration fait reconnoître la nécessité d'un culte. Dans la seconde, intitulée Examen des religions, je (1) Fleury, Pref. de l'Hist. eccl.

passe en revue l'Idolâtrie, le Mahométisme, et le Judaïsme. Ce dernier me conduit naturellement au Christianisme, qui seul embrasse la troisième et dernière partie, dans laquelle j'en expose les preuves avec les développemens que comportoient les bornes que je m'étois prescrites (1).

On objectera sans doute qu'une pareille matière exigeant d'immenses détails, il est difficile de les faire tous entrer dans un discours d'environ 330 pages, et que d'ailleurs cet intéressant sujet a été depuis long-temps épuisé par une foule d'écrivains du premier ordre. A cela je réponds que mon projet n'a pas été d'offrir un traité complet de l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'ame, ni de donner à l'examen des titres du christianisme toute l'extension dont il est susceptible. Cette tâche, je le sais, a été remplie, et d'une manière qui ne laisse rien à désirer, par Abbadie, Fénélon, Bossuet, Clarke, etc., etc.; mais parmi les gens du monde, en est-il beaucoup aujourd'hui qui les lisent? A peine connoît-on le Traité du second sur l'existence de Dieu; et j'ai même vu

(1) Voy. le Sommaire de l'Introduct. à la Morale de la Bible.

des hommes, du reste assez instruits, qui ignoroient que le troisième eût composé le livre de la connoissance de Dieu et de soi-même, monument de la plus sublime philosophie, supérieur peut-être à l'ouvrage de l'archevêque de Cambrai, par une touche plus mâle et plus sévère, et dans lequel on ne trouve ni de ces idées d'une métaphysique un peu trop subtile, ni de ces recherches un peu trop raffinées qu'on peut, rarement il est vrai, mais quelquefois pourtant, reprocher à Fénélon. A l'égard de l'histoire sacrée, elle est généralement peu connue, l'étude en est cependant nécessaire «< pour >> suivre les vues de la Providence et l'ordre de »ses desseins envers les hommes, pour lier le » temps à l'éternité, la succession des siècles à » l'origine du monde, tout ce qui est créé à >> tout ce qui a précédé la création, le genre >> humain à son auteur, la loi nouvelle à la loi >> ancienne, et montrer Jésus-Christ fondant » de sa main divine une Eglise immortelle sur » les ruines d'un temple bâti de la main des >> hommes (1) ». Les fastes de l'Eglise sont encore moins connus; l'Histoire de Fleury, quoi

(1) M. de Bausset, Hist. de Bossuet, liv. VII.

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