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» tre Dieu, il faut montrer qu'on le connoit, et » faire en sorte qu'aucun de nos frères n'ait le » malheur de l'ignorer, de l'oublier. Ces signes » sensibles du culte sont ce qu'on appelle les cé» rémonies de la religion. Ces cérémonies ne sont » que des marques par lesquelles les hommes sont » convenus de s'édifier mutuellement, et de ré>> veiller les uns dans les autres le souvenir de ce » culte qui est au dedans. De plus, les hommes » foibles et légers ont souvent besoin de ces si»gnes sensibles pour se rappeler eux-mêmes la pré»sence de ce Dieu invisible qu'ils doivent aimer. » Ces signes ont été institués avec une certaine majesté, afin de représenter mieux la gran» deur du Père céleste. La plupart des hommes, » dominés par leur imagination volage, et entraî» nés par leurs passions, ont un pressant besoin » que la majesté de ces signes, institués pour >> le culte commun de Dieu, frappe et saisisse » leur imagination, afin que toutes leurs passions >> soient ralenties et suspendues. Voilà donc ce qu'on nomme religion, cérémonies sacrées, » culte public du Dieu qui nous a créés. Le genre >> humain ne sauroit reconnoître et aimer son >> Créateur, sans montrer qu'il l'aime, sans you» loir le faire aimer, sans exprimer cet amour

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» avec une magnificence proportionnée à celui qu'il aime, enfin sans s'exciter à l'amour par » les signes de l'amour même. Voilà la religion qui est inséparable de la croyance du Créa>>teur (1)».

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Examen des religions.

II.

EXAMEN DES RELIGIONS.

Ainsi en acquérant la conviction qu'il est un Dieu, et que notre ame ne meurt point, nous sommes forcés de reconnoître la nécessité d'un culte public et solennel. Il nous reste maintenant à examiner les diverses croyances des hommes. sur la nature de Dieu, et sur ses rapports avec l'homme lui-même. Quatre religions partagent les peuples de la terre. Les uns adorent les créatures; d'autres suivent la loi de Moïse; ceux-ci sont sectateurs de Mahomet; ceux-là, disciples de Jésus-Christ (2). Tous les cultes sont-ils également bons? En est-il un qui mérite la préférence? Dieu a-t-il à cet égard manifesté sa volonté ; et peut-on

(1) Lettre sur l'exist. de Dieu et sur la Religion, ch. ir.

(2) Je ne parlerai ici ni des sectes particulières qui appartiennent toujours à l'une ou à l'autre de ces religions, ni des Deistes qui, en reconnoissant un Etre suprême, rejettent tout culte public.

raisonnablement croire à une révélation divine? Telles sont les questions que nous allons traiter. Comme il est sans doute inutile de démontrer à des chrétiens la fausseté des autres religions; quelle que soit d'ailleurs leur opinion sur celle qu'ils professent, nous pourrions peut-être nous dispenser de réfuter ici l'idolâtrie, le malométisme et le judaïsme (1); cependant nous croyons devoir en retracer les erreurs, avant d'entrer dans la discussion des titres du christianisme, afin de faire plus puissamment ressortir, par le contraste, les marques divines qui caractérisent l'Evangile, et déterminent la foi chrétienne.

L'idolâtrie (2) est née de la foiblesse, de l'igno- IDOLATRIE. rance et de la corruption. Car on ne sauroit

(1) Je ne m'arrêterai ni à examiner les erreurs de la Synagogue, ni à défendre le christianisme contre les attaques des Rabbins. Le point essentiel étant de prouver que Jésus-Christ est le Messie, c'est en démontrant cette vérité, que je réfuterai le judaïsme moderne. Ceux qui désireroient de plus amples éclaircissemens peuvent consulter le 5. livre du Traité de la vérité de la relig. chrét. par Grotius; le Traité de la divinité de Jésus-Christ, par Abbadie, et les savantes Dissertations de Jaquelot, sur le Messie, etc.

(2) Sous ce mot Idolatrie je comprends généralement tous les cultes qui n'ont pas pour objet le Dieu unique, auteur et conservateur de l'univers, ou qui, comme le lamisme des Tartares et le brahmisme de l'Indoustan, défigurent la Divinité par les

Culte.

douter que la connoissance du vrai Dieu n'ait été communiquée au premier homme par la Divinité même ; et ici, le témoignage de la raison concourt admirablement avec l'autorité de l'Ecriture (1). En effet, ayant reconnu que les plus nobles attributs de la nature humaine, je veux dire les facultés intellectuelles, sont une image de la suprême intelligence, type de toute excellence et de toute perfection, ne seroit-il pas absurde de penser que Dieu, lors de la formation de son chef-d'œuvre, ait pu en négliger la plus belle partie, et qu'après avoir si merveilleusement organisé le corps de l'homme, il ait, en quelque sorte, paralysé ses moyens, en laissant son ame dans les ténèbres. Si l'on adoptoit ce systême, il faudroit, de toute nécessité, supposer aussi que l'homme, primitivement semblable à la bête, n'est parvenu que par des progrès insensibles à réfléchir, et à connoître sa prééminence et sa dignité. Mais Dieu, en créant le monde, n'a

superstitions les plus grossières. Grotius, dans son Traité de la vérité de la Religion chrétienne, ne réfute que le paganisme, le judaïsme et le mahométisme.

Bossuet,

(1) Voy. les Livres de Moïse, Athan. Disc. cont. les Païens, 1.Te part. Disc. sur l'Hist. univ.

D. Calmet, Dissert. sur l'Idolatrie.

re

Leland, Nouv. Dém. evang. 1. part.

laissé imparfait aucun de ses ouvrages (1), et au moment où, à sa voix toute puissante, la nature sortit du cahos, en déployant ses majestueuses décorations, les astres brillèrent d'un éclat étincelant, la terre se trouva féconde, et les animaux furent doués de l'instinct nécessaire pour veiller à leur conservation (2). L'homme pour qui tout semble avoir été fait, et dans lequel se montrent, d'une manière si frappante, les marques de la prédilection divine, l'homme seul auroit-il été laissé dans un état d'abaissement contraire à sa nature; et n'étoit-ce qu'après une longue suite de siècles que devoient se développer les germes précieux originairement déposés dans son ame? La raison proscrit ce systême qui outrage à la fois la sagesse du Créateur et la di

(3) In judicio Dei opera ejus ab initio, et ab institutione ipsorum, distinxit partes illorum, et initia eorum in gentibus suis.

Ornavit in æternum opera illorum, nec esurierunt, nec laboraverunt, et non destiterunt ab operibus suis. Eccli. xvi, 26, 27.

(2) Il n'est pas présumable que les animaux, privés d'abord de cette connoissance que nous appelons instinct, ne soient que progressivement devenus tels que nous les voyons; s'il en étoit ainsi, ils seroient doués de perfectibilité, ce qui est démenti par l'expérience. Voy. ce que nous avons dit, en parlant de l'ame des bétes.

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