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cette époque jusqu'à Esdras, on trouve la loi de Moïse constamment établie. Mais c'est ici que les difficultés naissent, et que les opinions varient. La discussion relative à l'origine et à l'intégrité du Pentateuque s'est naturellement étendue sur tous les autres livres qui entroient alors dans le canon des Ecritures (1), tels que les livres historiques, les sapientiaux, les prophètes, etc. Quelques auteurs, comme Eusèbe (2) et saint Clément d'Alexandrie (3) croient que les livres sacrés ayant été tout-à-fait perdus pendant la captivité, Esdras les recomposa par l'inspiration et, pour ainsi dire, sous la dictée du Saint-Esprit. D'autres, qui n'en regardent pas l'entière destruction comme possiblé, pensent qu'ayant été seulement dispersés et endommagés après la ruine du temple et de Jérusalem par Nabuchodonosor, ce fut Esdras (4) qui les recueillit, les mit en ordre, com

(1) On croit généralement que c'est Esdras qui le premier dressa le canon des livres saints. Voy. Prideaux, Hist. des Juifs, liv. v, et les Prolegomènes sur la Bible, par Dupin, tom. 1, ch. I.

(2) Préf. et Comment. sur les Psaumes.

(3) Stromat. liv. 1.

(4) Il y en a qui veulent que ce soit Néhémie, mais l'opinion la plus commune est celle qui attribue à Esdras la restauration des Ecritures, au surplus quel que soit le personnage, l'état de la question est toujours le même,

pletta de mémoire et d'après la tradition, ceux dont il ne restoit que des fragmens, et rétablit les divers passages du texte qui se trouvoient altérés. Il en est aussi qui prétendent que ce docteur étant le seul qui en eût conservé un exemplaire, il ne fit, au retour de l'exil, que le traduire de l'hébreu en chaldéen, devenu alors la langue habituelle du peuple. Enfin des incrédules modernes, rejetant toute intervention divine, ont soutenu ou que les livres saints avoient été fabriqués par Esdras, ou, que tous les exemplaires en ayant été brûlés, le même Esdras les refit comme bon lui sembla, et les donna au peuple qui, sur sa foi, les reçut comme véritables.

Si les deux derniers livres publiés sous le nom d'Esdras, étoient authentiques, il n'y auroit pas de questions à agiter, puisqu'il y est dit que ce scribe, éclairé de l'Esprit de Dieu pendant quarante jours, dicta à cinq personnes, remplies comme lui de l'intelligence divine, tous les livres de l'Ecriture (1). Mais le troisième et le quatrième livres qui portent son nom, étant généralement reconnus pour apocryphes, et les deux premiers admis dans les canons, ne donnant à ce sujet aucun renseignement, il est impossible d'asseoir

(1) Esdras, liv. Ir, ch. 14.

une opinion sur des bases positives. Toutefois en consultant la raison et la nature même des choses, on acquiert la conviction morale qu'Esdras ne sauroit être ni le fabricateur ni le restaurateur (1) des Ecritures, mais que voulant rétablir dans toute la pureté de la loi mosaïque, le culte déjà relevé par Zorobabel, il jugea à propos de donner, et donna en effet une édition correcte des livres saints dont il avoit éclairci le texte, en en confrontant plusieurs exemplaires, Voici les faits historiques.

Après la destruction de Jérusalem sous Sédécias, le peuple fut transporté en Chaldée et réduit en servitude pendant soixante-dix ans, ainsi qu'il avoit été prédit. Au bout de ce temps, Cyrus, roi de Perse, ayant, par un édit solennel, permis aux Juifs de retourner dans leur patrie, il y en eut un grand nombre qui partirent sous la conduite de Zorobabel. Arrivés en Judée, le premier soin qui les occupa, fut la reconstruction

(1) Nous n'entendons pas ici, par cette dénomination restaurateur des Ecritures l'homme qui, ayant seulement éclairci des difficultés, corrigé des erreurs ou même rétabli quelques passages altérés, ne pourroit être considéré que comme un simple éditeur, mais bien celui qui, d'après la tradition, auroit refait des livres perdus et recomposé des fragmens entiers détruits le temps.

par

du temple. Avant même d'en poser les fondemens, ils dressèrent un autel au Dieu d'Israël, pour y sacrifier, selon qu'il est écrit dans la loi de Moïse, l'homme de Dieu. Leur pieuse entreprise fut souvent troublée par la jalousie des peuples voisins; mais lorsque tous les obstacles furent aplanis et que Darius, fils d'Hystaspes, l'un des successeurs de Cyrus, eût ordonné la continuation des travaux, les Israélites achevèrent le temple et en célébrèrent la dédicace avec de grandes réjouissances (1). Il est à croire que depuis cette époque jusqu'au retour d'Esdras, qui eut lieu environ quatre-vingts ans après, la loi de Moïse fut, toujours observée (2). Mais, comme pendant le séjour à Babylone, l'étude en avoit été négligée, et que d'ailleurs les mœurs et les institutions des Hébreux s'étoient considérablement altérées par leur mélange avec les nations idolâtres, le culte avoit nécessairement besoin d'une réforme. Ce fut le

but

que se proposa Esdras; il étoit d'autant plus propre à l'atteindre, qu'il avoit une profonde connoissance des Ecritures. On en peut juger par les termes mêmes de l'édit du Roi qui lui permet

(1) Esdras, liv. 1, ch. 1, 2, 3, 4, 5 et 6.

(2) L'Ecriture et Joseph ne donnent aucun détail sur ce qui s'est passé depuis Zorobabel jusqu'à Esdras.

toit

toit de retourner à Jérusalem et d'emmener avec lui tous ceux des Juifs, restés dans le royaume, qui voudroient le suivre. Cet édit porte: Vous étes envoyé par le Roi et par ses sept conseillers pour visiter la Judée et Jérusalem, selon la loi de votre Dieu, dans laquelle vous êtes fort instruit (1). Esdras après son arrivée s'occupa en effet des affaires de la religion, et s'appliqua surtout à corriger les abus qui s'y étoient introduits (2). Voilà tout ce que nous apprennent les livres canoniques dont le récit concorde avec l'histoire de Joseph (5). Quelles raisons peuvent donc alléguer ceux qui pensent ou qu'Esdras inspiré a refait les Ecritures perdues, ou qu'il en a été le restaurateur? Les premiers s'appuient uniquement sur le port du quatrième livre attribué à ce célèbre Israélite; mais, comme nous l'avons dit plus haut, les deux derniers livres publiés sous son nom sont évidemment apocryphes (4); saint Jérôme les re

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rap

(4) Voy. les Remarques de D. Calmet sur les 3. et 4.o livres d'Esdras, et les Prolegomènes de la Bible, par Dupin, liv 1, ch. 1, §. 8.

MOR. DE LA BIB. I.

ΙΣ

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