Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

voient les chefs de leur faire regarder les pays
occupés par les Infidèles, comme un patrimoine
usurpé sur les vrais-Croyans, contribuèrent éga-
lement à exalter les courages, et à entretenir l'es-
prit de conquête.

Si l'on considère d'un autre côté, l'état des
peuples que les Mahometans attaquèrent, on
verra que tout sembloit concourir à leurs succès.
La Perse épuisée par de longues guerres put à
peine résister au premier choc. Les Chrétiens di-
visés par des schismes (1), combinèrent mal leurs
moyens, et n'adoptèrent jamais cette unité de
plan et d'action qui eût été si nécessaire pour
repousser les efforts des nouveaux conquérans.
De toutes parts se manifestoient dans l'empire
grec, des symptômes alarmans de foiblesse et de
décadence. Les monarques, plongés dans la mol-
lesse, et plus occupés de discussions théologi-

ques (2) que des soins du gouvernement, laissoient

honteusement flotter les rênes de l'Etat. Leurs
sujets, accablés d'impôts excessifs et odieux (3)

(1) Partagés en diverses sectes, ils étoient dans des dissentions perpétuelles; leurs débats religieux furent souvent ensanglantés. (2) Voyez Montesquieu, ch. 22 des Consid. sur la grand. et la décad. des Rom.

(3) Zosime rapporte (liv. 11) que Constantin fut le premier

[ocr errors]

et sans cesse exposés aux concussions des gouverneurs de provinces, s'engagèrent volontiers, lors de l'invasion des Arabes, à payer un tribut fixe pour acheter le repos (1), « plus heureux, dit » Montesquieu (2), d'obéir à une nation barbare » qu'à un gouvernement corrompu, dans lequel >> ils souffroient tous les inconvéniens d'une li» berté qu'ils n'avoient plus, avec toutes les hor>> reurs d'une servitude présente ».

Si les Musulmans acquirent de nombreux prosélytes dans les contrées soumises à l'idolâtrie et au sabéisme, leurs tentatives furent presque toujours infructueuses lorsqu'ils cherchèrent à imposer l'Islamisme à des Chrétiens; ils purent bien les subjuguer, mais ils parvinrent rarement à qui établit l'impôt appelé Chrysargire, auquel étoient soumis tous les marchands, et qui s'étendoit aux plus vils détailleurs, même jusqu'à ceux qui faisoient trafic de prostitution. On payoit pour les boeufs, les chevaux, les mulets, les chiens, les ânes, et l'on n'obtenoit qu'à prix d'argent la permission d'enlever les plus sales ordures. Cet impôt fut à la vérité aboli par l'empereur Anastase I, mais il se renouvela bientôt sous d'autres dénominations; on peut d'ailleurs juger par-là à quelles vexations les peuples étoient alors en butte.

(1) On laissoit à ceux qui se rendoient volontairement tributaires, le libre exercice de leur culte.

(2) Esp. des Lois, liv. 1111, ch. 16.

Esprit de la religion

ne.

faire des apostats (1). Les Sarrasins, maîtres d'une grande partie de l'Espagne, éprouvèrent des difficultés insurmontables toutes les fois qu'ils voulurent forcer les indigènes à embrasser leur religion (2), et du temps de Mahomet, dans le sein même de l'Arabie, la tribu de Najran, fidèle à la foi chrétienne, aima mieux devenir tributaire que d'abandonner son culte (3).

C'est en gagnant les cœurs, c'est en éclairant mahométa- les esprits que la vraie religion établit son empire son langage est simple et touchant comme la vérité même; la douceur, la tolérance, la charité, voilà ses armes; elle ne s'annonce pas par la terreur, et ce n'est point en commandant

(1) On trouve dans les histoires une foule de traits qui prouvent avec quelle constance les Chrétiens savoient résister aux promesses et aux menaces. On remarque, entr'autres exemples, celui des prisonniers faits au siége d'Amorium, par le calife Montasem, et qui restèrent sept ans entiers ensevelis dans des cachots, pratiquant leurs devoirs de religion au milieu des tourmens les plus cruels, ́et priant pour la conversion de leurs ennemis. Fleury, Hist. eccl. liv. 48, §. 1 et 2.

(2) Voy. dans Ferreras et dans Mariana, les détails des persécutions qu'eurent à souffrir, de la part des Maures, les Chrétiens fidèles, et combien de martyrs scellèrent de leur sang, leur attachement à l'Evangile.

(3) Savary, Vie de Mahomet.

le meurtre qu'elle multiplie ses disciples. L'Islamisme s'est étendu par le carnage, la dévastation et l'incendie; tous les pas de ses apôtres ont été marqués par des traces de sang (1). « Nous vous » avons donné, dit la loi aux Croyans, nous vous » avons donné un pouvoir absolu sur les Infi» dèles, massacrez tous ceux que vous rencon>> trerez, ne contractez jamais d'alliance avec >> eux..... Poursuivez-les jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de schisme et que la religion sainte soit » partout triomphante..... que l'image des souf>> frances ne vous intimide pas!.... Ceux qui s'ar>> racheront à leur patrie pour la défense de la foi, » auront part à la miséricorde divine, etc. (2) ». Tels sont les textes ordinaires des sermons du sheik et de l'iman, et pour rendre ces préceptes d'extermination plus efficaces, l'orateur a toujours un glaive nu suspendu à ses côtés (3).

>>

(1) Voy. Ryan, Bienf. de la Relig. chrét. ch, ir; et dans Abbadie, Traité de la vér, de la Relig. chret. sect. 11, ch. 14, le beau parallèle de Jésus-Christ et de Mahomet.

(2) Cor. ch. 8, 9, 37, 96, etc. Ces exhortations enflammoient tellement les esprits, qu'on vit des Arabes verser des larmes de rage après une trève qui les empêchoit de massacrer les Chrétiens. Ockley, Hist. des conquêtes des Sarrasins, etc.

(3) Voy. Prideaux, Vie de Mahomet.

Son in

Outre la doctrine religieuse des Mahometans, fluence sur le Coran renferme aussi une grande partie de

les mœurs

et la civili- leurs lois civiles (1). La première, comme il est

sation.

aisé d'en juger, loin de tendre à corriger les imperfections de la nature humaine, n'est propre, au contraire, qu'à l'abrutir et à la corrompre; et l'on ne trouve dans les autres presqu'aucun des élémens qui constituent une bonne législation, ou du moins ceux qui s'y rencontrent ne sauroient être utilement employés dans un gouvernement si vicieux sous tous les rapports. Enfin, ce livre, assemblage incohérent de lambeaux recueillis dans la Bible et dans le Talmud, rempli d'ailleurs de contradictions absurdes avouées par les docteurs musulmans eux-mêmes (2), et où quelques vérités sublimes sont perdues au milieu des imaginations les plus extravagantes, ne peut être regardé, si l'on en saisit bien le véritable esprit, que comme un code de despotisme dans lequel Mahomet, à la fois tyran et législateur, se montre armé d'une autorité sacrée, pour im

(1) Outre le Coran, ils ont encore la Sonnah, ou livre de la seconde loi, qui contient les traditions et les commentaires. C'est à peu près chez eux ce que la Misna est chez les Juifs.

(2) Prideaux, Vie de Mahomet.

tom. III.

[ocr errors]

Bruker, Hist. philos.

« ZurückWeiter »