Images de page
PDF
ePub

DU

VRAI MERITE
DE L'HOMME,
Confidéré dans tous les âges & dans
toutes les conditions:

AVEC DES PRINCIPES D'EDUCATION
propres à former les jeunes Gens à la vertu.
Par Mr LE MAITRE DE CLAVILLE
ancien Doyen du Bureau des Finances
de Roüen.

HUITIEME ÉDITION
revûë, corrigée & confidérablement
augmentée par l'Auteur.

TOME SECOND.

A AMSTERDAM,
Aux dépens DE LA COMPAGNIE,

7.4 2.

0/51472

ppartientTRAITÉ

DU VRAI MERITE, Ze POUR TOUS LES AGES

ET TOUTES LES CONDITIONS.

ap.
Royal,
Keyala CHAPITRE V.

[ocr errors]

Durfo

au R Marine

Recapitulation du premier Tome; des plaifirs
de l'efprit à la Ville & à la Campagne; com-
bien les plaifirs de l'efprit & de l'ame font
préférables aux plaifirs des fens ; de la justice,
de la reconnoiffance, & de la générosité.

E fuccès de ce Traité eft le pre-
mier bonheur de ma vie ; on n'au-
roit pas dû me l'envier: mais com-
ment defarmer les jaloux & les cau-
ftiques? Le plaifant Livre! diront-ils: quoi
de plus aifé que de multiplier des Volumes
aux dépens des anciens & des modernes
des vivans & des morts? Se faire Auteur
fans compofer, c'eft la feule nouveauté
qu'on trouve dans cet Ouvrage.

Je conviens avec ces Meffieurs, que je
II. Partie.
pouvois

A

[ocr errors]

pouvois m'épargner la peine d'amaffer des
matériaux pendant quarante ans, pour n'ê-
tre qu'un plagiaire à leur égard: mais parce
qu'ils fçavent tout, eft-il défendu aux au-
tres de s'inftruire ? Eux-mêmes peuvent-ils
fe plaindre de ce que je rapelle à leur efprit
ce qui les flâtoit tant autrefois ? Que dans
un Sermon, au lieu d'un ftile de ruelle, on
reconnoiffe par-tout l'Evangile, les Peres &
David: que dans une caufe importante l'A-
vocat nourriffe fon plaidoyer des Ordonnan
ces de nos Rois, du fentiment des plus ha-
biles Commentateurs & d'exemples déci-
fifs; ces Orateurs ne feront-ils que des pla-
giaires? Quoiqu'on en pense, j'ai mieux ai-
mé rajeunir d'anciennes beautez
2 que de
hazarder des fottifes nouvelles. Ceux qui
font d'un autre goût trouvent tous les jours
de quoi fe fatisfaire.

[ocr errors]

Nous avons de grandes obligations aux hommes habiles qui nous donnérent en 1732le Dictionnaire Univerfel. Ces Livres précieux contiennent la plus profonde érudition on n'en peut trop vanter l'utilité & la beauté mais ces grands Ouvrages ne font propres que dans le Cabinet. Cet inconvénient, auquel il eft impoffible de remédier, fait encore mieux fentir le mérite d'un Livre portatif dont on peut joüir en tout tems & en tous lieux. Il eft donc vrai qu'on enrichiroit beaucoup la République des Lettres, fi on réduifoit en petit une infinité de volumes immenfes, dont le précis fuffiroit pour: Finftruction de ceux qui fçavent lire. C'est für-tout à cette précifion que je me suis attaché; je laiffe une idée de nos meilleurs Ecrivains dans tous les genres, & fi j'avois

été

été bon paraphrafte: j'aurois fourni aufli aifément huit Volumes que huic Chapitres: mais

Parler beaucoup & ne rien dire,
L'ennuyeufe fécondité !

Il fera toûjours des gens de mauvaise humeur, & des critiques de toute espéce: on fe fait honneur de n'être content de rien. Je veux préferver les jeunes gens de ce défaut : j'ai redoublé mes foins en leur faveur ; ils font mon principal objet. Peut-être aimeront-ils ou ma façon de penfer ou ma maniére d'écrire: Eh! pourquoi ne s'en trou. veroit-il pas un à qui je pourrois infpirer le defir de devenir homme de mérite ? & fi j'en trouve un feul, ne ferai-je pas bien vengé des cenfeurs? Mais il arrive tous les jours. qu'on rencontre fous fa main le fecond Tome d'un Ouvrage; on l'ouvre au hazard, & quand on tombe fur quelque endroit qui pique la curiofité, on eft fâché de n'avoir pas lu ce qui précéde. Je répéte donc ici pour ceux qui pourroient être dans ce cas, que dans le premier Volume je m'attache plus à l'efprit qu'au coeur dans celui-ci, plus au cœur qu'à l'efprit. J'ai rendu cette efpéce de divifion imperceptible, parce qu'il faut faire entrer la vertu dans l'ame à mefure que la raifon fe dévelope : cet heureux concert dépend en partie d'une bonne éducation. De-là vient que je la recommande fi fouvent dans tout mon Livre : c'est au pere à la procurer, au fils à en profiter.

Je prends mon Éleve en fortant du Collége: je l'introduis dans le monde; mais je le conduis pas à pas & comme par la lifiére.

« PrécédentContinuer »