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mière du 5o corps, commandé par le maréchal Lannes, concourut à la prise d'Ulm, au combat d'Hollabrun, puis à la bataille d'Austerlitz, où elle enfonça la droite de l'armée russe et la sépara du centre. D'après le bulletin, on admira sa marche en échelons, commie à l'exercice, sous le feu de cinquante pièces de canon. Il reçut pour cette belle manœuvre le grand cordon de la Légion-d'Honneur. Sa division, ayant continué d'être employée en Allemagne, forma l'avant garde dans la campagne de 1807 contre l'armée prussienne, et elle obtint le premier succès à Saafeld. Elle commença l'attaqué à léna et concourut très-efficacement à cette victoire. Placée toujours en première ligne, elle ne se distingua pas moins dans la campagne d'hiver qui se fit en Pologne, surtout à Pultusk, où seule elle résista à l'armée russe. « J'ai combattu l'armée française tout entière,» écrivit le lendemain le général en chef des alliés, Benningsen. Suchet battit encore les Russes, avec sa division, à Ostrolinska; mais il essuya alors un affront auquel il ne devait point s'attendre. Le maré chal Lannes étant tombé malade, le commandement du corps d'armée lui appartenait de droit par son ancienneté, et sans doute aussi par sa valeur; mais l'empereur n'en jugea pas ainsi; il donna ce commandement à son aide-de-camp Savary. Suchet fut si mécontent de ce passedroit qu'il tomba malade et fut obligé de quitter l'armée pour revenir à Paris où on le vit quelque temps dans un état de consomption et d'hypocondrie tel qu'il fut près d'y succomber. Il en revint cependant, et pour consolation l'empereur lui donna le commandement d'un corps

d'armée en Espagne. Ce fut dans ce temps-là que Suchet se maria et que, recherchant tous les moyens qui pouvaient le conduire à la faveur, il épousa la fille d'un négociant de Marseille (voy. ANTHoine, LVI, 359), qui avait épousé une sœur de madame Joseph Bonaparte. Mais ce moyen eut peu de succès auprès de Napoléon qui a toujours montré, sans que l'on sache pourquoi, peu de sympathie pour Suchet. On sait que ce ne fut qu'après ses victoires les plus glorieuses et les plus manifestes dans la Péninsule ibérique, qu'il lui rendit quelque justice et lui donna des témoignages de confiance et d'estime. Arrivé dans cette contrée vers la fin de 1808, Suchet fut d'abord employé au siége de Saragosse et chargé de le couvrir avec sa division, sur la rive droite de l'Ebre. Après la soumission ou plutôt la ruine de cette malheureuse cité, en avril 1809, il fut nommé général en chef du 3e corps de l'armée d'Espagne, qui devint armée d'Aragon; et alors commença cette suite de victoires et de conquêtes qui en ont fait le plus bel épisode de cette guerre. Le départ de beaucoup de troupes pour l'Allemagne, que nécessita bientôt la guerre d'Autriche, autant que l'arrivée d'une armée anglaise, et l'accroissement des forces espagnoles, rendirent très difficile la position des Français dans la Péninsule. Le jour même où Suchet prit le commandement, 25,000 Espagnols sous les ordres de Black vinrent pour l'attaquer. Ses troupes découragées étaient peu disposées à résister, mais il réussit à les ranimer, leur communiqua son énergie, remporta à Belchitte une victoire où il fit 4000 prisonniers, s'empara de 30 pièces de canon, et

renversa tous les plans de l'ennemi,
qui déjà s'apprêtait à marcher vers les
Pyrénées. On sait que cette victoire
eut une grande influence sur les suc-
cès de Napoléon, qui à cette époque
soumit l'Autriche et força l'empereur
François II à lui donner la main de
sa fille. Après ce premier triomphe,
Suchet ne négligea aucun moyen
d'en assurer d'autres. On a surtout
loué avec beaucoup de raison les
soins qu'il eut de pourvoir à tous
les besoins de sa troupe sans trop
surcharger les habitants, et en main-
tenant une discipline extrêmement
sévère. Dès le commencement de
1810 il commença par le siége de
Lérida (13 avril), dont, plus heureux
que le grand Condé, il réussit à
s'emparer en quelques jours; et par
là commença cette belle campagne
à laquelle on a donné le nom d'ob-
sidionale, dans laquelle, secondé
pår l'illustre commandant du génie
Rogniat (voy. ce nom, LXXIX, 335), il
s'empara de plus de places et de
forts
que de célèbres généraux n'en
ont conquis dans toute leur car-
rière. Il remporta encore une vic-
toire importante sur O'Donnel; puis
il s'empara de Mesquinença, et mar-
cha contre Tortose, qui lui ouvrit ses
portes, le 12 janvier 1811, après treize
jours de tranchée ouverte. Le fort de
Saint-Philippe, au col de Balagues, fut
pris d'assaut huit jours après. Enfin,
Suchet alla se déployer devant Tar-
ragone, réputée l'une des plus fortes
places de la Péninsule. Elle était dé-
fendue

sauts dont le neuvième coûta 4000 morts aux assiégés et fit tomber la place avec 10,000 prisonniers. Ce dernier effort eut les conséquences les plus funestes par l'irritation des assiégeants, qui, ainsi qu'il arrive trop souvent dans les villes prises d'assaut, se livrèrent à tous les genres d'excès, lesquels d'ailleurs avaient été provoqués par l'égorgement inexcusable de cinq cents prisonniers. Le général Contreras, qui commandait la place et qui fut conduit en France comme prisonnier de guerre, a fait ímprimer des Mémoires dans lesquels il accuse hautement Suchet d'avoir, dans cette circonstance, manqué à sa parole et toléré de cruelles violences de la part de ses troupes; sur quoi celui-ci n'a pas manqué de répliquer à son tour, dans ses propres Mémoires, qui ont paru plus tard. C'est une question sur laquelle il serait difficile de prononcer aujourd'hui. Ce qu'il y a de sûr, c'est que le général français fut en tous points approuvé par son maître, l'empereur, qui, comme on sait assez, se montrait peu exigeant pour ceux qui remportaient des victoires. Il fut si content de celle-là que, dès qu'il en eut connaissance, il nomma Suchet maréchal d'empire. Ceux qui ont connu la vanité et l'ambition de ce général comprendront toute la joie dont il fut transporté à cette nouvelle. Voulant de plus en plus justifier une telle faveur, il s'élança avec une nouvelle ardeur par 20,000 hommes, soutenue dans la carrière des conquêtes, et ce par une autre armée de même force, fut sous ces auspices qu'il commença, sous les ordres de Campo-Verda, et dans le mois de septembre 1811, la par une flotte anglaise qui mouillait campagne du royaume de Valence, sous les murs de la forteresse; enfin qui ne devait être ni moins briltous les moyens de résistance s'y lante ni moins heureuse que celle trouvaient réunis. Il fallut ouvrir qui l'avait précédée. Le premier obsneuf brèches et livrer autant d'as-tacle qu'il rencontra dans sa marche

fut les forts de l'antique Sagonte, qu'avaient relevés à grands frais les Espagnols insurgés. Celui d'Oropesa fut enlevé dès le 25 octobre. La garnison de Sagonte avait repoussé deux assauts, et cette place continuait d'être battue en brèche lorsque Black sortit de Valence avec 30,000 hommes pour la secourir, et fut entièrement défait près de Murvie dro, qui capitula et donna son nom à cette mémorable bataille, où le nouvéau maréchal fut très-légèrement blessé à l'épaule, ce qui ne l'empêcha pas de continuer les opérations. Après avoir reçu le corps de réserve de la Navarre, il passa le Guadalquivir et investit Valence, qui capitula le 9 janvier 1812, après quelques jours de bombardement. La garnison tout entière, au nombre de 20,000 hommes, fut prisonnière de guerre. Dans le mois suivant, les places de Diniscóla et de Denia tombaient également au pouvoir des Français, et la conquête du royaume de Valence fut achevée. Heureuse par les soins du vainqueur, comme l'était l'Aragon, cette contrée imita son calme, sa soumission, et Suchet fut récompensé de tant de glorieux travaux par le titre de duc d'Albuféra et la possession de ce riche domaine qui touche aux murs de Valence, et sur le terrain duquel il avait combattu. Dans la dernière campagne (celle de 1813), après avoir obtenu quelques succès contre O'Donnel et s'être réuni aux armées du centre et du midi, qui vinrent le joindre à Valence, le duc d'Albufera marcha contre les Anglais, qui menaçaient Tarragone, et il les éloigna de cette place, après avoir mis en fuite le général Murray, dont il prit toute l'artillerie. Mais alors survinrent les défaites des autres corps

d'armée, qui rendirent inévitable l'évacuation de la Péninsule. Obligé de quitter Valence après la défaite de Vittoria, Suchet laissa des garnisons à Denia, à Sagonte, à Tortose et à Lérida, qui furent approvisionnées pour plus d'un an; et il marcha contre les Anglais que commandait Bentinck. Il le battit au col d'Ordal, et, pour récompense, fut nommé l'un des colonels-généraux de la garde impériale, en remplacement de Bessières qui venait d'être tué sur le champ de bataille. Il occupa encore pendant six mois la Catalogne; mais l'empereur, après sa malheureuse campagne de Saxe, lui ayant encore ôté 20,000 hommes, il fut contraint de se rapprocher de la frontière de France. C'est alors que le roi Ferdinand VII, ayant recouvré sa liberté, rentra dans ses États par la frontière où se trouvait Suchet. Ce maréchal le reçut avec beau coup d'égards, et il le conduisit luimême jusqu'aux premiers postes de l'armée espagnole. Ce fut dans ces circonstances qu'il reçut la nouvelle de l'occupation de Paris par les armées de la coalition, puis de l'abdication de Napoléon et du rétablissement de la royauté. Sans hésiter, il fit reconnaître Louis XVIII par son armée, qui prit la cocarde blanche et fut passée en revue par le duc d'Angoulême. Pendant ce temps le maréchal Soult avait continué son mouvement de retraite jusqu'à la Garonne, se flattant d'être secondé par le duc d'Albuféra, qui, débouchant dans la direction de Perpignan et de Narbonne, eût pu attaquer le duc de Wellington sur sa droite et le forcer à se retirer; ce qui eût garanti la France de toutes les conséquences de l'invasion de ce côté. Une grave discussion s'est élevée sur ce point

après les événements, et de vives réclamations ont éclaté de part et d'autre sans que la question ait été mieux éclaircie. Le duc d'Albuféra a répondu aux principales objections dans ses Mémoires, que l'ingénieur Choumara a ensuite réfutés dans une brochure spéciale et publiée postérieurement à la mort de Suchet. Quoi qu'il en soit, le duc d'Albuféra, aus sitôt après le départ de Napoléon pour l'île d'Elbe, se hâta de venir à Paris offrir sa soumission et ses services à Louis XVIII, qui le nomma pair de France, commandeur de Saint-Louis et gouverneur de la 5o division, dont le siége était à Strasbourg. Suchet se trouvait dans cette ville, lors de l'invasion de Bonaparte, échappé de l'île d'Elbe en mars 1815. On comprend dans quel embarras il fut plongé, après avoir mis tant d'empressement à se ranger du parti de la restauration. Effrayé des succès qu'obtint Napoléon, il montra peu de zèle à soutenir les Bourbons, et le diplomate prussien Schoell a donné sur cela, dans son Recueil de pièces officielles, d'assez curieux détails (voy. SCHOELL, LXXXI, 353). Rentré par là dans la faveur de Napoléon, Suchet fut nommé pair de France et général en chef de l'armée des Alpes, forte de 10,000 hommes seulement, et, dans plusieurs occasions, il obtint des succès sur les Piémontais et les Autrichiens; mais la grande armée de ces derniers s'étant emparée de Genève, et menaçant de l'attaquer sur ses derrières par la Savoie, il se vit obligé de se retirer sur Lyon, où il fut assez heureux pour rendre de grands services à sa ville natale, en la préservant d'un siége et en maintenant parmi les troupes une sévère discipline, ce dont le maire de Fargues le re

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il m'a chargé de vous transmettre • une expédition. Vous y verrez, • monsieur le maréchal, combien la ville de Lyon sait apprécier le sacrifice que votre excellence a fait à « sa gloire, pour mettre cette cité à « l'abri des fléaux que la guerre entraîne à sa suite... Par une convention honorable que Suchet avait obtenue du général autrichien Bubna, la ville ne fut pas seulement préservée d'un siége, il y conserva encore à la France pour 10 millions d'artillerie. Le même jour (11 juillet), ayant appris que Louis XVIII était entré dans la capitale, il fit partir trois généraux pour lui présenter l'acte de soumission de son armée, dont le commandement lui fut coutinué jusqu'au licenciement. Alors Suchet revint à Paris, et il y fut parfaitement accueilli du roi et de toute la famille royale. Cependant il ne rentra pas immédiatement à la chambre des pairs, par le motifqu'il avait fait partie de celle de Napoléon. Ce ne fut qu'en 1817, lors de l'introduction de soixante nouveaux pairs précédemment exclus, et qui furent destinés par le ministère de cette époque à faire de la chambre haute ce que l'ordonnance du 5 sept. 1816 avait fait de la chambre des députés (voy. Louis XVIII et BARTHÉLEMY, LVII, 240). Suchet fut peu remarqué à cette époque, et bien que

traité favorablement par le gouvernement royal, quoique par sa position et tous ses antécédents il appartînt au parti de la révolution, on put, on dut même dans plusieurs circonstances, notamment à l'époque de la naissance du duc de Bordeaux, le croire sincèrement attaché à la cause du royalisme. Désigné alors par le roi lui-même pour l'un des témoins de l'accouchement de Mme la duchesse de Berri, il remplit cette mission de haute confiance avec autant de loyauté que de dévouement. Comme ce fait se rattache à l'un des plus grands événements de cette époque, nous croyons devoir rapporter ce qui concerne plus particulièrement ce maré. chal; pour cela nous rapporterons ce qui en a été dit dans le volume intitulé Biographie de LouisPhilippe, d'après des témoignages irrécusables: « ... . Mais où se manifesta d'une manière plus évidente encore le chagrin de la famille d'Orléans, pour cette naissance miraculeuse du duc de Bordeaux, qui fut accueillie avec de si grands transports d'amour et de joie par la France entière, ce fut dans la « visite que cette famille fit à sa mère, aussitôt après l'accouchement... En entrant chez Mme la du« chesse de Berri, Mlle d'Orléans dit à • sa belle-sœur : « Enfin il n'y avait < personne. Je vous demande pardon, répondit quelqu'un qui se « trouvait derrière elle; M. le maréchal Suchet y était. ท Le duc d'Orléans, qui était présent, se « contint encore bien moins devant - M. de Gontaut, à qui on avait remis le nouveau-né. Ses propos furent si amers, si offensants que

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• nous n'osons pas les répéter, et ⚫ que cette dame tout en pleurs s'é

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M. le duc d'Orléans! » Le maréchal « étant venu affirmer la vérité, le « duc resta muet et confondu; mais • revenu chez lui il réfléchit à ce qu'il avait dit, et comprit qu'il « était allé trop loin. Alors il envoya sa sœur auprès de Mme la duchesse de Berri, sous prétexte d'une seconde visite, mais réellement pour faire à Mme de Gontaut des espèces • d'excuses. « Joséphine, lui ditelle avec une incroyable naïveté, • vous êtes en colère contre mon frère, mais il faut pardonner à un • premier mouvement, bien naturel, On ne perd pas sans regret une couronne pour ses enfants... Je • vous assure qu'aujourd'hui il est « très-bien. » Quoi qu'en ait dit la « sœur de Louis-Philippe, nous ne pensons pas qu'il fût très-calme, « ni très-bien, le jour de cette naissance d'un héritier du trône qu'il convoitait depuis si longtemps; a car ce jour-là même il alla voir le maréchal Suchet, et lui fit des questions aussi injurieuses, aussi in- convenantes que celles qu'il avait. « faites à Mme de Gontaut. « Mon‹sieur le maréchal, lui dit-il, votre loyauté m'est connue, vous avez « été témoin de l'accouchement de Mme la duchesse de Berri; est-elle « réellement mère d'un prince? • Aussi réellement que monseigneur - est père de M. le duc de Chartres, fut la réponse du maréchal. Quelque franche et vraie que fût cette ré“ponse, Louis-Philippe ne fut point persuadé, ou du moins il ne voulut pas le paraître, et il rédigea avec << ses conseils une longue et ridicule protestation qu'il fit insérer dans le journal anglais le Morning - Chronicle, dépôt ordinaire

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