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84 régiment; mais le licenciement de ce corps l'empêcha d'en prendre possession. Alors il étudia la jurisprudence, mais plus tard il abandonna cette carrière pour suivre le penchant qui l'entraînait vers la littérature. En 1792 il épousa miss Lewin, fille d'un riche gentilhomme, officier dans un régiment, et il en eut trois enfants, dont un seul lui a survécu, Thomas-Algernon Stephens, qui était enseigne dans le troisième bataillon du régiment Royal-Écossais, avec lequel il combattit à Waterloo (1815), où il fut blessé. Le duc de Kent, colonel de ce régiment, écrivit à Al. Stephens une lettre de félicitations sur la conduite de son fils qui fut nommé lieutenant; et cette lettre ne fut pas la seule dont ce prince l'honora. Stephens était en relation intime avec un grand nombre de personnages célèbres dans la littérature et dans la politique, entre autres Philipp Francis, Horne Tooke, James Mackintosh, sir Francis Burdett, etc., dont il partageait les opinions libérales. Ce fut lui que la Cité de Londres chargea de présenter au parlement une pétition pour dénoncer les malversations commises à la prison de Cold-Bath-Field par le gouverneur Aris, qui fut contraint de donner sa démission. Il fit trois voyages sur le continent, et visita la France, la Hollande et la Belgique. Un travail trop assidu avait altéré sa santé; il acheva de la ruiner par l'abus des médicaments. Atteint de la goutte depuis deux ans, il mourut presque subitement à Chelsea, dans sa résidence de Park-House, le 24 février 1821. Le dictionnaire des auteurs vivants (living authors) de la Grande-Bretague contient sur lui un petit article assez malveillant et qui

le représente comme faisant de ses publications littéraires un objet de spéculation. Stephens, au contraire, possesseur d'une belle fortune, se livrait avec indépendance et sans motif d'intérêt à la culture des lettres. Outre les nombreux articles qu'il a fournis au Monthly Magazine, à la Revue analytique et autres recueils périodiques, ainsi que plusieurs pamphlets anonymes sur divers sujets, on a de lui: I. La Jamaïque, poëme descriptif; II. un journal de droit dont il fut le fondateur et le principal rédacteur, et qu'il intitula: The Templar (l'Habitant du Temple). Le Temple est un ancien édifice de Londres où beaucoup d'avocats vivent en commun. Stephens avait été agrégé à cette société lorsqu'il suivit le barreau pendant quelque temps; III. Lettres d'un noble à son fils; IV. Une traduction de la Vie du docteur Franklin; V. Les neuf premiers volumes des Public - characters, Londres, 1798-1807, in-8°,, avec portraits. Ce recueil de mémoires et d'anecdotes sur les illustres contemporains de l'Angleterre obtint une grande vogue et a été continué; VI. Histoire des guerres occasionnées par la Révolution française, 1803, 2 vol. in-4°; VII. Mémoires de John Horne Tooke, 1813, 2 vol. in-8° (voy. HORNE TOOKE, XX, 574); VIII. Biographie annuelle (The annual Biography and Obituary), Londres, 1817-21, tom. I à V, in-8°, avec portraits à la silhouette. Cet annuaire nécrologique est consacré spécialement aux personnages de la Grande-Bretagne; cependant on y a inséré des notices assez étendues sur Napoléon, Dumouriez et d'autres. notabilités qui n'appartiennent pas à l'Angleterre. Stephens avait re

cueilli dans ses relations particulières de nombreux documents historiques peu connus, qu'il mettait aussitôt par écrit, et qui lui furent d'une immense utilité pour ses compositions biographiques. I commença la publication de l'Obituary en 1817, et en donna successivement cinq volumes. L'ouvrage eut beaucoup de succès et il a été continué après la mort de l'auteur, dont l'article nécrologique se trouve dans le tome VI (1822).

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STETTLER (GUILLAUME), peintre, né à Berne, fut successivement élève, à Zurich, de Conrad Meyer; à Paris, de Joseph Werner. Quoiqu'il dessinât l'histoire avec habileté, c'est à la miniature qu'il se consacra spécialement. Il avait fait une étude particulière et approfondie de tout ce qui est relatif au costume civil, militaire et religieux des anciens; et il excellait dans cette partie de l'art. Il visita la Hollande et l'Italie où il se lia d'amitié avec le célèbre antiquaire Charles Patin. C'est à lui que l'on doit tout ce qu'il y a de remarquable pour la précision, le style et le goût dans les planches dont Patin a accompagné ses ouvrages sur la numismatique et les antiquités. Steller concevait avec difficulté, mais une fois ses idées arrêtées, il mettait la plus grande énergie dans l'exécution. La science que donne à ses dessins un mérite classique ajoute un nouveau prix à ceux qu'il a composés ou dont il a imaginé les sujets. On en vante particulièrement deux exécutés d'après Quinte-Curce, et qui représentent l'un le Songe d'Olympias lorsqu'elle devint enceinte d'Alexandre, et l'autre le Songe d'Alexandre lorsqu'il s'empara de Tyr. Tous les deux sont remarquables par une imagination for

te, vigoureuse et par une sorte d'in-
spiration poétique. Stettler mourut
en 1708.
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STEUBEN (Frédéric - GuilLAUME, baron de), général américain, né en Prusse vers 1730, commença dans son pays sa carrière militaire et deviat aide-de-camp de Frédéric II. Il était parvenu au grade de lieutenant-général lorsqu'il résolut de passer en Amérique pour y prendre part à la guerre de l'indépendance. Il s'embarqua à Marseille et arriva en 1777 au New-Hampshire Muni de recommandations auprès du congrès, il eût obtenu facilement des emplois élevés dans l'armée américaine, mais il ne voulut d'abord servir que comme volontaire, et se distingua en cette qualité à la bataille de Monmouth. Cependant son mérite reconnu l'avait fait nommer inspecteur général. L'armée lui dut un système uniforme de manoeuvres et d'utiles améliorations. En 1781, il commanda la tranchée au siége d'York Town le jour où cette place, défendue par Cornwallis et attaquée par les Américains et les troupes françaises auxiliaires (1), capitula (voy. CORNWALLIS, IX, 643). Après la conclusion de la paix, Steuben resta en Amérique et se retira à Steubenville, dans l'état de NewYork, où il mourut en 1794. On a de lui une Lettre sur l'établissement d'une milice, et sur quelques améliorations militaires; et un Système de

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discipline, publié en 1779. Ces écrits font honneur à son jugement et à ses connaissances théoriques et prati ques dans les matières qu'il traite.

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STEWART (DUGALD), le philosophe le plus distingué de l'école écossaise, naquit à Édimbourg le 22 novembre 1753. il avait pour père Matthew Stewart, savant professeur de mathématiques à l'université de cette ville, qui lui-même s'est illustré par de savantes recherches sur la géométrie des anciens et par d'ingénieuses découvertes dans les parties les plus élevées des mathématiques (voy. STEWART, XLIII, 543). Après ses premières études, qu'il fit sous la direction de son père, il suivit les cours de l'université d'Édimbourg, où son aptitude aux sciences philosophiques attira sur lui l'attention du Dr Stevenson, alors professeur de logique, et d'Adam Ferguson, professeur de philosophie morale. Envoyé en 1771 à l'université de Glasgow, il y reçut les leçons du Dr Reid qui y enseignait avec beaucoup de succès et qui posait alors les fondements de cette nouvelle science de l'esprit humain que Stewart devait bientôt agrandir. L'illustre professeur ne tarda pas à l'admettre dans son intimité. Dès cette époque il se forma de son élève une opinion si favorable que peu d'années après il lui dédia un de ses principaux ouvrages, ses Essais sur les facultés intellectuelles de l'homme, en lui présageant des succès que Stewart ne tarda pas en effet à obtenir : Pour vous, lui-disait-il à la

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son séjour à Glasgow, D. Stewart composa pour une société d'étudiants dont il faisait partie quelques dissertations qui furent dès lors remarquées, entre autres un Essai sur les songes, que plus tard il ne jugea pas indigne d'être reproduit dans sa Philosophie de l'esprit humain, où cet essai forme la 5o section du chapitre V. Rappelé à Édimbourg au bout d'un an, à cause du mauvais état de la santé de son père, il se vit obligé d'interrompre ses études favorites. Quoique à peine âgé de 19 ans, il fut chargé en 1772 de suppléer son père dans sa chaire de mathématiques à l'université d'Édimbourg. Il se tira avec tant de talent et de bonheur de cette suppléance que le nombre des élèves attirés déjà par la célébrité du père s'accrut encore pen-, dant l'enseignement du fils. Aussi, dès qu'il eut atteint sa vingt-unième année, fut-il adjoint à son père comme suppléant en titre et comme son successeur futur dans sa chaire; il devint en effet titulaire à la mort de Matthew Stewart, en 1785. Tout en remplissant avec zèle les fonctions que ce titre lui imposait, Dugald Stewart cultivait avec ardeur plusieurs autres branches des études académiques. Il ne tarda pas à donner des preuves de la flexibilité de ses talents et de l'étendue de son savoir. Capable d'enseigner avec un égal succès les sciences les plus diverses il ajouta, en 1778, bénévolement à

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son cours de mathématiques des leçons d'astronomie, et en différentes occasions il suppléa plusieurs de ses collègues, entre autres le Dr John Rovinson, professeur de philosophie naturelle (physique), M. Dalezel, professeur de langue grecque, et même le célèbre Dr Blair, professeur de belles-lettres. En 1778,

Adam Ferguson, envoyé en Amérique par le gouvernement anglais comme secrétaire de la commission chargée de traiter avec les insurgés, proposa à Dugald Stewart, son ancien élève, de le suppléer dans son cours de philosophie morale. D. Stewart saisit avec empressement l'occasion de revenir à une science qui avait toujours eu pour lui le plus grand attrait, et il se trouva si bien préparé à ce nouvel enseignement par ses études antérieures, que trois jours après son acceptation il fut en état de faire sa première leçon de métaphysique, et cela sans interrompre son cours de mathématiques et d'astronomie. Il obtint dans l'enseignement de la philosophie un tel succès qu'il résolut de s'y consacrer tout entier. Ferguson ayant résigné son titre en 1785, D. Stewart proposa d'échanger contre la chaire devenue vacante sa chaire de mathématiques; il y fut autorisé. Dès lors il ne fit plus d'autre cours que celui de philosophie; seulement il y joignit, à partir de 1800, des leçons d'économie politique qui étaient comme le complément indispensable de son enseignement. Il était âgé de 32 ans quand il obtint la chaire de philosophie : c'est dans cette chaire qu'il fit pendant vingt-cinq ans admirer un des plus beaux talents de parole dont les universités de la Grande-Bretagne aient gardé souvenir, talent que les contemporains n'hésitaient pas à mettre sur la même ligne, dans son genre, que celui des Pitt, des Fox, des Sheridan. En même temps qu'il instruisait la jeunesse par ses leçons publiques, Dugald Stewart s'était chargé, à partir de 1789, de recevoir dans sa maison un certain nombre de jeunes gens choisis qui vivaient avec lui et qu'il dirigeait dans leur conduite comme

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dans leurs études, les formant par son exemple aux vertus sociales et aux manières du monde. Dans le nombre de ses élèves on en compte plusieurs qui sont devenus des personnages éminents dans la politique ou dans les lettres : tels sont lord Ashburton, le marquis de Lothian, le comte de Warwick, le comle de Dudley, lord Palmerston et son frère Temple', Dunning, Sullivan, etc. Stewart fit avec ses élèves plusieurs excursions sur le continent, et il accompagna en 1806 à Paris lord Lauderdale, son ami, chargé d'une mission politique près le gouverment français. Il eut ainsi occasion de se lier avec plusieurs des hommes les plus célèbres de la France, et il entretint avec quelques-uns d'entre eux un commerce de lettres qui dura jusqu'à sa mort. Au retour de cette mission, il obtint une sinécure avantageuse qui, jointe au produit de sa chaire, assura son indépendance. En 1808, des malheurs de famille (il venait de perdre un fils) et de graves dérangements de santé le forcèrent à interrompre son cours de philosophie. Il se fit remplacer temporairement par le Dr Thomas Brown, qui avait été le plus brillant de ses élèves et qui s'était déjà fait connaître avantageusement dans la philosophie et dans la poésie (voy. Th. BROWN, LIX, 316). En 1810, ayant résolu de renoncer tout à fait au professorat, il obtint que Brown lui fût associé en qualité de professeur adjoint. Il ne parut plus depuis dans sa chaire; toutefois ce ne fut qu'en 1820 qu'il donna définitivement sa démission. Il s'était retiré dès 1810 à KinneilHouse, maison de campagne appartenant au duc d'Hamilton, à 20 milles d'Édimbourg, sur les côtes du Firthof-Forth. C'est là qu'il passa le reste

de ses jours, se livrant à la composition d'ouvrages qui consolidèrent et étendirent sa réputation. Au milieu de ses travaux assidus, il fut frappé, en janvier 1822, d'une violente at taque de paralysie qui le priva de la parole ainsi que de l'usage des jambes et de la main droite, mais en laissant intactes ses facultés intellectuelles. I supporta cette terrible épreuve avec calme et résignation, ne s'occupant plus qu'à rassembler les matériaux de ses derniers ouvrages ou à mettre la dernière main à ceux qu'il avait déjà commencés. Malgré l'affaiblissement de sa santé, il y réussit, à l'aide d'une fille bien-aimée qui lui servait de secrétaire. Il mourut quelques semaines après la publication de son dernier ouvrage, la Philosophie des facultés morales et actives de l'homme, le 11 juin 1828, dans sa soixante-quinzième année. Il avait été marié deux fois; la première, en 1783, avec la fille d'un marchand de Glasgow nommé Bannatine; la deuxième, en 1790, avec Mlle Arcy Craunston. Dugald Stewart était membre de la Société royale d'Édimbourg, de l'Académie impériale de Pétersbourg et de la Société philosophique de Philadelphie. Il nous reste à faire connaître les ouvrages publiés par ce savant dans le cours de sa tongue et laborieuse carrière; nous y joindrons quelques mots d'appréciation. ÉCRITS PHILOSOPHIQUES: I. Elements of the philosophy of the human mind, London, 1792, et Edinburgh, 1802, in-4°, ou Éléments de la philosophie de l'esprit humain, traduits en français par Pierre Prévost, professeur de philosophie à Genève, avec des notes du traducteur, Genève, 1808, 2 vol. in-8°. Ce volume n'est que la première partie d'un

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grand ouvrage qui devait reproduire la substance des leçons de D. Stewart et embrasser toute la philosophie; deux autres parties parurent, mais à de très-longs intervalles (voy. ciaprès no IV et V). Dans cette première partie, l'auteur, après des préliminaires sur l'objet et l'utilité de la philosophie, traite successivement de la perception, de l'attention, de la conception, de l'abstraction et des idées générales, de l'association des idées, de la mémoire, de l'imagination. Il donne de ces facultés des descriptions et des analyses aussi fines qu'exactes. La traduction de P. Prévost, entreprise sous les auspices de l'auteur même, mérite toute confiance. Elle a été reproduite, avec quelques corrections de style, par M. L. Peisse, dans sa traduction complète des Éléments de la philosophie de l'esprit humain, Paris, 1843, 3 vol. gr. in-18, chez Ladrange et Hachette. Cet ouvrage a aussi été traduit en allemand par Sam.-G. Lange, Berlin, 1794, 2 vol. in-8°. II. Outlines of moral philosophy for the use of students in the university of Edinburgh, Edinb., 1793, in-8°, traduits en français par Théodore Jouffroy, sous le titre d'Esquisses de philosophie morale, Paris, 1826, in-8°; 2° édition, 1833, in-8°. Ce petit livre, destiné à suppléer provisoirement au grand ouvrage dont nous venons de parler, est un programme qui présente aux éleves l'ensemble et la distribution des leçons. L'utilité de ce manuel fut facilement appréciée : aussi a-t-il été fréquemment réimprimé, soit en Angleterre, soit aux État-Unis. La traduction de M. Jouffroy est précédée d'une préface fort remarquable sur la nature, la possibilité et les limites de la science, de l'esprit humain, qui, à elle seule,

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