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« 3 avril 1830. ·

Comment traiterait-on en Allemagne et en Angleterre la question d'un ministère Polignac ou d'un ministère qui déplaît au public? Nous l'aurions traitée seulement d'après les réalités; nous aurions attendu, examiné les propositions des ministres, mais non paralysé l'administration par nos clameurs frénétiques. Et quels sont donc, s'il vous plaît, parmi les libéraux, les hommes qui méritent la confiance ? Je ne vois là qu'une foule de jacobins, de brouillons, de napoléonistes, de théoristes, tous pleins d'égoïsme, animés de l'esprit de l'intrigue et du mensonge, tous absolument incapables de la liberté, -..... 25 août. Ainsi donc, la chute de la branche aînée des Bourbons est consommée. Je la trouve tragique, imméritée, et me sens plein d'aversion pour l'opposition acharnée qui a poussé au parti extrême des ordonnances. Par ses clameurs contre le jésuitisme et le gouvernement des prêtres, elle culbuta le ministère Villèle; par ses prétentions arrogantes, par son verbiage et ses sophismes, elle embarrassa la route du ministère Martignac. Celui qui ne trouvait nulle part la fidélité, ni l'amour, ni te repos, le malheureux roi se jeta dans les bras d'hommes dévoués, mais peu capables. Le parti libéral se renforça par la défection de certains royalistes mécontents: ils firent une adresse téméraire qui empiétait sur les droits de la royauté, au lieu d'attendre les actes des nouveaux ministres. Le parti libéral exerça une influence prépondérante sur les élections, et, selon toute vraisemblance, il avait préparé la révolte, car la régularité et l'ensemble de celle-ci eussent été impossibles sans une direction donnée d'avance.

Voilà donc l'infortuné Charles X et sa famille bannis. S'il y avait eu dans ce parti libéral une ombre de fidélité, d'équité, d'amour désintéressé pour le bien, d'abnégation d'égoïsme, la France n'aurait pas vu de nouveau toutes ses bases ébranlées; il n'aurait pas même été question d'un ministère Polignac. A qnoi conduit tout ceci? C'est ce qui est incalcu. lable. Nous devons à Charles X l'affranchissement de la Grèce et l'anéantissement de la piraterie: il n'y a qu'un esprit de mensonge et de déception qui puisse trouver de la ressemblance entre Charles X et Jacques II. Où est le barbare Jeffries? où sont la tendance et les efforts pour substituer une Église étrangère à l'Église nationale ? où est l'alliance avec un monarque étranger pour étouffer la constitution et la religion du pays? où est l'argent reçu de l'étranger à cette fin? »- «27 novemb. 1830.... Le grandiose et l'héroïsme apparent des journées de juillet s'effacent peu à peu, lorsqu'on en voit le tableau tracé avec des contours plus clairs et plus précis. Cinq mille hommes de la garde se battent contre des masses de peuple postées dans les rues de Paris, ou partagées dans des maisons hautes de six étages. Ces soldats sont éparpillés dans l'immense cité; ils manquent de tout, et leur enthousiasme n'est pas avivé par la présence des membres de la famille royalé pour laquelle ils combattent. Ce n'est pas cette dernière ni les ministres qu'il faut accuser de l'émission des ordonnances, mais les libéraux, les royalistes défectionnaires, qui, depuis des années, sapaient les bases du trône et employaient à son renversement le journalisme, les manœuvres du comité directeur, des sociétés Aide-toi,

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le ciel t'aidera, et des Amis du peuple. Les chambres séditieuses rompirent en visière au roi, se déclarèrent hostiles aux ministres, menacèrent de refuser le budget, et poussèrent l'infortuné prince à un coup de désespoir, à des mesures imprudentes, qui n'étaient point soutenues par la force.» «25 mars 1831.... Tels sont done, pour la France, les résultats de ce glorieux juillet au dehors, menaces de guerre; à l'intérieur, irritation, exaspération, prospérité détruite, surcharge d'impôts, vingt millions de contributions mobilières et accroissement de quatre-vingt-cinq millions d'impôts fonciers. Quels sont donc les résultats matériels d'une révolution qui dure depuis quarante ans? En août 1789 la France comptait 480 millions d'impôts; elle éprouvait un déficit de 56 millions; par conséquent elle avait besoin de 536 millions d'impôts. Elle possédait Saint-Domingue ou Haïti, qui produisait annuellement pour 180 millions de denrées coloniales. Ses frontières n'avaient de contact qu'avec des voisins peu belliqueux elles étaient couvertes par les forteresses de Landau, Sarrelouis, Philippeville, etc. En 1830, il se trouvait qu'elle avait perdu Saint-Domingue, ses forteresses et ses possessions dans les Indes orientales. Son budget s'était élevé à 950 millions, sa frontière était cernée par les baïonnettes de la Confédération germanique et par la ligne des forteresses prussiennes. En 1831, que voyons-nous? La fermentation intérieure, la sainteté des lois méconnue, un budget de douze cents millions, l'Église détruite, l'instruction élémentaire et scientifique négligée. Jusqu'où doit aller l'ignorance, lors

que, selon Dupin, quatorze mille villages sont sans écoles, lorsque des employés de la classe des sous-préfets ne savent pas mettre l'orthographe ni écrire d'après les règles de la syntaxe, lorsqu'un préfet qui occupe une place équivalente à celle de président de régence en Prusse écrit des adresses aussi niaises que celle du préfet du Jura aux bons Jurassiens: « Bons Jurassiens, je vous aime, etc.? Pendant la guerre de quarante années que les partis se sont faite en France pour la domination, pendant des changements multipliés de constitutions, de formes de gouvernement, de systèmes administratifs, de ministres, toutes les puissances européennes se sont agrandies; la Russie a, tiré à elle et arraché la Pologne; elle s'est agrandie du côté de la Turquie; l'Autriche s'est agrandie en Italie; la Prusse et l'Allemagne se sont fortifiées, l'Angleterre a obtenu la domination des Indes orientales, de l'Australie, de Malte, de Corfou, de Ceylan, etc.; elle a opéré le divorce de l'Amérique du sud et de l'Espagne, par conséquent l'affaiblissement de cette dernière, alliée naturelle de la France. Une des suites de cette guerre des partis fut une administration délabrée, sans stabilité dans ses principes, sans soin et sans attention dans le choix de ses fonctionnaires, lesquels étaient pris, non d'après leur capacité, mais d'après leurs accointances avec le parti dominant. De là, mutabilité et mutations perpétuelles, qui ne permirent jamais aux fonctionnaires d'acquérir des connaissances approfondies dans telle ou telle partie des affaires, ni de gagner la confiance et l'amour des administrés. Joignez à cela le manque de toutes institutions provinciales et locales, pour

représenter, pour développer les intérêts des communes, des provinces, etc. Tout Allemand qui aime sọn pays doit lui présenter ainsi clairement, et d'après l'histoire, le tableau de ce qu'est la France après quarante années de luttes intestines, et de ce que l'Allemagne doit attendre de la domination et de l'influence française. » Le baron de Stein avait publié vers 1809 une espèce de Testament politique, où se trouvent également des pensées très-remarquables et très-justes. Doué d'un caractère très-énergique comme administrateur, il avait pris de très-bonnes mesures pour améliorer le bien-être des provinces; mais dans ses relations avec ses subordonnés et même avec des personnes qui ne dépendaient pas de lui, il était quelquefois brusque jusqu'à la rudesse. On lui a rendu cette justice que dans ses hauts emplois il n'a jamais cherché à s'enrichir. D-P-G.

STEIN (CHRÉTIEN - Godefroi DANIEL), l'un des savants de l'Allemagne les plus distingués de notre époque, était docteur en philosophie et professeur au gymnase de Berlin.Né à Leipzig le 14 octobre 1771, fils d'un marchand de cette ville, il fit ses premières études à Saint-Nicolas, puis à l'université, où il étudia spécialement la théologie et la géographie. En 1774, il fut appelé par Frédéric Goedicke, qui l'avait personnellement apprécié, au séminaire des écoles savantes, d'où il ne sortit qu'en 1797 pour être instituteur au gymnase. En 1802, il obtint le titre de professeur royal et successivement son admission dans plusieurs sociétés savantes à léna, à Erlangen, à Erfurt. Lors de la fondation de l'université de Berlin, il y fut nommé professeur d'histoire et de statistique. Depuis

cette époque, il habita la capitale de la Prusse où il était secrétaire de la Société de géographie, l'une des associations littéraires les plus distinguées de l'Allemagne. Il mourut dans cette ville le 14 juin 1830. Ses écrits sont nombreux, et la plupart, devenus classiques, ont obtenu plusieurs éditions; entre autres ses Voyages dans les principales capitales de l'Europe centrale, Leipzig, 1827 à 1829, 7 v. in-8°. Il fut le collaborateur de plusieurs journaux littéraires et scientifiques, et donna une bonne traduction allemande des Forces productives et commerciales · de la France. Lui-même a publié le catalogue détaillé de ses écrits dans le volume intitulé: La ville de Berlin savante, qui fut publié en 1825.

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STELLA (ARUNTIUS OU LARUNTIUS), poète latin, issu d'une famille consulaire, était né à Padoue, et vivait sous Titus et sous Domitien, en même temps que Martial et Stace qui furent ses amis intimes. Il remplit à Rome les fonctions de préteur, de duumvir, et, suivant quelquesuns, il fut membre du sénat. Il n'était pas riche, mais il parvint à la fortune en épousant une jeune Napolitaine de noble origine, veuve et possédant de très grands biens. Elle se nommait Violantilla: sa beauté et son mérite avaient rendu Stella éperdûment amoureux. Il la célébra dans un poème élégiaque intitulé Asteris, qui est malheureusement perdu ainsi que ses autres ouvrages, lesquels consistaient surtout en élégies, où l'on distinguait la Colombe, que l'amitié sans doute aveugle (1) D de Martial mettait

(1) Noël, Notes sur Catulle. Ailleurs, il dit que Martial«< suivait l'usage des flatteurs

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au-dessus du Moineau de Catulle (Mart., Epigr., I, 8). Dans beaucoup d'autres endroits, le poète de Bilbilis a parlé avec éloge de celui de Padoue. Ces deux poètes mangeaient souvent ensemble, se lisaient réciproquement leurs vers, et se faisaient de mutuels présents. Stace, qui chérissait aussi Stella, lui a dédié le premier livre de ses Sylves, dont la seconde pièce est l'Epithalamion Stellæ et Violantillæ, en 277 hexamètres. Ce chant nuptial n'est sûrement point comparable à ce que nous avons en ce genre de l'amant de Lesbie. Ce n'en est pas moins un morceau ingénieux, agréable et qu'on lit avec intérêt. Il est plein de mouvement, de chaleur, de vie, et il ne se ressent nullement de la rapidité de la composition (Stace assure l'avoir écrit en deux jours). Le cœur dictait, et le cœur est toujours bien inspiré. Rien de plus riant et de plus frais que la plupart des descriptions qui ornent ce petit ouvrage. Le tableau des charmes de la nouvelle mariée, compatriote de l'auteur, est des plus gracieux. Il en est de même de la peinture des qualités aimables et du talent poétique de Stella. Il est fâcheux d'avoir à ajouter qu'on pense que celui-ci désho

nora ce talent en louant bassement Domitien, et en chantant ses prétendues victoires sur les Daces et sur les Sarmates. Au reste, il n'aurait fait en cela qu'imiter ses deux amis qui prostituèrent leurs muses à l'odieux tyran. On ne saurait les excuser un peu tous les trois qu'en disant avec Cormiliolle, l'un des traducteurs de Stace, * qu'ils redoutaient la férocité du monstre, et

de tous les temps, qui font leur cour aux vivants aux dépens des morts. » Nous préférons la première explication.

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qu'ils le flattaient comme on caresse un tigre, pour tâcher de l'apprivoiser. » B-L-U. STELLA-PETRONILLA (MA'RIA), femme célèbre par sa prétention d'être la fille du duc d'Orléans Philippe-Égalité, qui fut décapité en 1793. Voici comment le fait est rapporté dans ses Mémoires et dans la Biographie de Louis-Philippe, publiée en 1849(1). Le duc et la duchesse d'Orléans, désespérés de n'avoir pas d'enfants mâles et craignant qu'à cause de cela leurs immenses propriétés apanagères ne retournassent à la couronne, partirent pour l'Italie au commencement de 1772, sous le nom de comte et comtesse de Joinville. Ils s'arrêtèrent pendant plusieurs mois dans la petite ville de Modigliana, dépendante des États de l'Église, où se manifestèrent bientôt chez la princesse des symptômes de grossesse. Le duc, qui avait fait connaissance d'un geôlier nommé Chiappini, dont la femme était enceinte au même terme que la duchesse, convint avec lui que si celleci accouchait d'une fille et la geôlière d'un garçon, il y aurait substitution. Les deux accouchements ayant eu lieu précisément de cette manière, tout ce qui avait été convenu fut exécuté de part et d'autre, et une forte somme remise au geôlier. Si l'on en croit les Mémoires de Maria Stella, le fils de Chiappini fut aussitôt transporté à Paris et baptisé sous le nom de Louis-Philippe d'Orléans, tandis que la fille dont la duchesse était accouchée resta dans la maison du geôlier, et fut élevée comme ses enfants, sous le nom de Maria Stella-Pe

(1) BIOGRAHHIE ou VIE publique et privée de Louis Philippe-d'Orléans ex-roi des Fraucais, depuis sa naissance jusqu'à la fin de son regne, par L. G. Michaud. Paris, 1849. in-8".

tronilla, par des secours envoyés secrètement de France chaque année. Elle demeura long-temps dans cette position, se doutant peu de sa haute origine, et très-maltraitée par la mère qu'une fraude lui avait donnée, et qui regrettait vivement son fils dont elle ignorait la destinée. Cependant, plus belle et plus remarquable que les autres enfants du geôlier, à peine âgée de dix-sept ans, elle fut distinguée par lord Newborough, l'un des plus riches seigneurs d'Angleterre, qui l'épousa et l'emmena dans sa patrie où elle vécut dans l'opulence et eut plusieurs enfants, dont l'aîné est aujourd'hui pair de la Grande-Bretagne. Elle recueillit après la mort de ce premier époux une assez belle succession; mais elle en perdit une partie, en épousant un gentilhomme russe, le baron de Sternberg, qui la conduisit à Pétersbourg, où elle passa encore plusieurs années dans l'opulence, et eut un fils qui vint avec elle en Italie, peu de temps avant la mort de Chiappini, qu'elle regardait encore comme son père et qui, avant de mourir, lui fit connaître par une lettre qu'elle ́n'était point sa fille, mais celle d'un grand seigneur qu'il ne lui nomma pas, ne le connaissant point luimême. Il l'invita à ne rien faire pour en savoir davantage et à se consoler, par sa brillante position, d'un malheur qui était sans remède. Douée de beaucoup d'énergie et d'un caractère très-élevé, la barónne de Sternberg ne se soumit point à ce conseil. Dès lors elle ne fut plus occupée que de découvrir son origine; et bientôt on la vit partir pour la France et se diriger vers Joinville, dont elle était persuadée que son père avait été le seigneur. Ayant appris dans cette ville qu'elle faisait autrefois

partie des apanages de la maison d'Orléans, et que le duc, mort sur l'échafaud en 1793, en avait pris le nom dans ses voyages en Italie, aussitôt elle se rend à Paris et y fait d'inutiles efforts pour pénétrer jusqu'à l'héritier de celui qu'elle regarde comme son père. Elle consulte des gens d'affaires, tombe dans les piéges de plusieurs fripons qui lui dérobent des pièces importantes. Forcée de retourner en Italie pour recueillir d'autres témoignages, elle revint bientôt avec un jugement du tribunal de Faenza, qui établit positivement qu'elle n'est point la fille de Chiappini, mais celle du comte de Joinville. Il ne s'agissait plus que de. prouver que ce comte était réellement le duc d'Orléans, et la baronne de Sternberg fit tout ce qui dépendait d'elle pour arriver à ce résultat. Mais ses efforts furent inutiles; elle dépensa beaucoup d'argent et essuya de grandes peines sans pouvoir seulement parvenir en la présence du prince. Maria Stella a prétendu dans ses Mémoires qu'on lui fit secrètement de sa part des propositions d'argent, et qu'elle les refusa avec une fierté digne du sang royal, se croyant sincèrement une princesse d'Orléans, et voulant qu'on la reconnût pour telle. Toute autre proposition l'offensait, et sa taille, ses traits, ses manières, tout semblait indiquer cette haute, origine. Cependant il lui fut impossible de parvenir à son but; elle vécut plusieurs années dans de continuelles agitations, et mourut en 1845, dans la maison d'un restaurateur de la rue de Rivoli, auquel elle payait sa dépense par des sommes assez considérables qui lui arrivaient très-régulièrement d'Angleterre. Ses Mémoires, d'où tous ces faits sont tirés,

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