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nir du premier consul le renvoi des régiments helvétiques dans leur pays, afin d'y concourir au rétablissement de la concorde. Objet d'une négo ciation traînée à dessein en longueur, cette faculté, qui a de tout temps été stipulée dans les capitulations militaires avec la France, ne fut enfin accordée qu'au moment où le retour de ces troupes dans leur pays ne pouvait plus servir au maintien des autorités. Mais il est de toute fausseté que l'envoyé helvétique ait, par ordre et à l'appui de son gouvernement, demandé la rentrée de troupes françaises sur le territoire suisse. L'anarchie prenant chaque jour un caractère plus grave, et les différents partis qui en étaient venus aux mains s'étant tour à tour adressés à Bonaparte pour se le rendre favorable, il crut l'instant arrivé où il pourrait dicter des lois aux Suisses. Une proclamation dont le ministre helvétique à Paris n'eut, comme le public, connaissance que par le Moniteur, invita les autorités helvétiques à envoyer auprès du premier consul des délégués pour discuter avec lui les besoins de leur pays. Stapfer borna sa coopération, dans l'appel et la formation de cette consulta, à récommander aux électeurs de faire leurs désignations avec une entière indépendance des insinuations de la légation française, et de ne prendre conseil que des intérêts de la patrie. Représentant, plus spécialement dans cette réunion, les cantons d'Argovie et de Thurgovie, il se rangea du parti de l'unité, et y défendit le système dont Bonaparte n'avait cessé de contrarier la consolidation, combattit celui dont les défauts avaient contribué à faire succomber les Suis ses dans la lutte glorieuse de 1798, et rédigea le Mémoire que les uni

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taires de la consulta présentèrent. L'assemblée ayant été invitée à former un comité central, Stapfer en fut un des dix membres, et signa comme tel, le 20 février 1803, l'acte de médiation qui a régi la Suisse pendant onze ans, et dont les principales dispositions reçurent, en 1815, la sanction des nouveaux médiateurs rassemblés à Vienne. L'acte de médiation l'appela à présider une commission de liquidation qui devait régler l'actif et le passif du gouvernement helvétique. Ses concitoyens du canton d'Argovie l'élurent mem bre de leur grand-conseil, et, en 1815, quand une nouvelle organisation ratifiée par le congrès de Vienne, fut mise en activité, le vœu des électeurs le porta au même conseil. Jusque-là Stapfer avait contiuué de résider en France, mais lorsque Napoléon se fut proclamé véritablement le souverain de la Suisse, sous le nom de médiateur, ses fonctions devinrent à peu près nulles, et il se retira dans une maison de campagne près de Montfort-l'Amaury, où de concert avec M. Guizot, son ami et son collaborateur dans cette Biographie universelle, il ne s'occupa plus que de littérature et de l'éducation de ses enfants. Il ne revint à Paris qu'en 1817, à l'époque de la Restauration, et il continua de s'y livrer exclusivement à des travaux littéraires. Il mourut dans cette ville en 1840. -On a de lui: 1. De philosophia Socratis liber singularis, Berne, 1786, in-8°. II. De vitæ immortalis spe firmata per resurrectionem Christi, ibid., 1787, in-8°. III. Du développenable des facultés de l'homme, d'ament le plus fécond et le plus raisonprès une méthode indiquée par l'étude philosophique de la marche de la civilisation, Berne, 1792, in-80 (en

phie universelle, entre autres Adelung, Arminius, Busching, Kant, Socrate, Villers, etc. M-Dj.

STAPS (FRÉDÉRIC), assassin de Napoléon, était un de ces enthousiastes fanatiques que fait trop sou vent l'éducation sans religion et sans morale des universités allemandes. Né en 1791 à Narrembourg, fils d'un ministre protestant, il avait fait d'assez bonnes études, et s'était surtout passionné pour le système de révolutions et d'innovations politiques dont sa jeunesse fut environnée. D'abord grand admirateur de Napoléon, il devint un ennemi furieux de sa personne, quand on lui eut persuadé qu'il ne pouvait être que l'oppresseur de sa patrie. Alors, dans sa haine pour la tyrannie, dans les son admiration pour les Brutus, Scevola, il conçut froidement la pensée d'imiter ces héros de l'antiquité, et se dirigea seul vers la capitale de l'Autriche où se trouvait l'empereur des Français après sa victoire de Wagram. Voici comment Bourrienne a raconté sa tentative con

allemand). 1V. De natura, conditore et incrementis reipublicæ ethicæ, ibid., 1797, in-8o. V. La mission divine et la nature sublime de JésusChrist déduites de son caractère, ibid., 1797, in-8°. (en allemand). VI. Instructions pour les conseils d'éducation nouvellement établis (en allemand, à Lucerne; en français, à Lausanne), 1799, in-8°. VII. Réflexions sur l'état de la religion et de ses ministres en Suisse, Berne, 1800, in-8°. VIII. Voyage pittores que de l'Oberland bernois, ou Description de l'Oberland, accompagnée de notices historiques, Paris, Treuttel et Würtz, 1812, in-4°, avec des planches coloriées. IX. Notice raisonnée sur les écrits de F.-V. Reinhard, imprimée avec la Lettre de Reinhard sur ses études et sa carrière de prédicateur, trad. de l'allemand, par J. Monod, 1816, in-8°. X. Rapport de M. P.-A. Stapfer, l'un des viceprésidents de la Société biblique protestante de Paris, sur sa mission auprès de la Société biblique britannique et étrangère, au mois de mai 1823, brochure in-8°. XI. Notice bio-tre la personne de Napoléon d'après graphique et littéraire sur Gathe, imprimée en tête des OEuvres dramatiques de Goethe, trad en français, par MM. Stapfer, Cavaignac et Margueré, Paris, 1821-25, 4 vol. in-8°. XII. Faust, tragédie de Goethe, trad. de l'allemand, Paris, 1828, infolio, avec un portrait, et 17 dessins lithographiés. XIII. Berne, son histoire et sa description, Paris, 1835, in-4°, avec 4 planches. Cet ouvrage fait partie d'une collection intitulée : Histoire et description des principales villes de l'Europe. Stapfer a fourni des articles à différents journaux allemands et français, aux Archives littéraires de l'Europe, à la Revue encyclopédique et à la Biogra

Rapp, son aide-de-camp, qui en fut le témoin : « Nous étions à Schoen

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brunn, où l'empereur venait de passer la revue. Déjà j'avais remarqué un jeune homme à l'extrémité « d'une colonne, quand, au moment où les troupes allaient défiler, je vis ce jeune homme s'avancer vers l'empereur, placé alors entre Berthier et moi. Le prince de Neufchâtel, le prenant pour quelqu'un qui cherchait à présenter une péti

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tion, fit un mouvement en avant « pour lui indiquer que c'était à moi qu'il devait la remettre, puisque « ce jour-là j'étais l'aide-de-camp de service. Il déclara que c'était à Napoléon lui-même qu'il voulait

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parler; et Berthier lui répondit de nouveau qu'il devait s'adresser à moi. Il s'éloigna un peu en répétant toujours qu'il voulait parler à Napoléon. Il s'avança encore une fois et s'approcha très-près de l'empereur. Je l'éloignai en lui

adressant la parole en allemand. Je lui dis d'attendre après la parade, et que s'il avait quelque chose à demander, on l'écouterait. • Je l'observais avec attention, car ⚫ son insistance commençait à me paraître suspecte. Je remarquai qu'il avait la main droite placée sous le côté gauche de sa redin• gote à l'endroit de la poche, et qu'il en laissait sortir un papier dont l'extrémité était en évidence.

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Je ne sais par quel hasard, me dit Rapp, mes yeux rencontrèrent alors les siens; mais je fus frappé de son regard, et d'un certain air décidé qui me sembla affecté. Ayant alors aperçu un officier de gendarmerie qui se trouvait près de nous, je l'appelai et je lui recommandai de s'emparer de ce jeune homme, de ne lui faire éprouver aucune violence et de le retenir au château, sans faire d'esclandre, jusqu'à ce que la parade fût finie. Tout cela, ajouta Rapp, se passa en moins de temps

que je n'en ai mis à te le raconter,

et, en ce moment, tout le monde était tellement occupé de la parade

que personne ne s'aperçut de la

scène qui venait de se passer. On • vint bientôt m'annoncer que l'on avait trouvé un énorme couteau de cuisine sur ce jeune homme qui se nommait Staps. J'allai sur-lechamp trouver Duroc, et nous nous • rendîmes ensemble dans la pièce • où il avait été conduit. Nous le ⚫ trouvâmes assis sur un lit, l'air

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suivit Rapp, je lui demandai son • nom; il me répondit qu'il ne pouvait le dire qu'à Napoléon. Je lui . demandai encore quel usage il voulait faire du couteau que l'on avait trouvé sur lui. Toujours même réponse: « Je ne puis le dire qu'à Napoléon. Le destiniez-vous, ajoutai-je, à un attentat contre sa vie? Oui, monsieur. Pourquoi? Je ne puis le dire qu'à Napoléon. Cet « événement me parut si étrange « que je crus devoir en prévenir l'empereur. Quand je lui eus raconté « ce qui venait de se passer, il parut un peu soucieux, car tu sais, me dit Rapp, combien les idées d'assassinat le tourmentent. Il me dit de faire venir le jeune homme dans • son cabinet, mais il me donna cet « ordre avec un accent que ni toi ni moi ne lui avons jamais connu ; « il passait continuellement sa main « droite sur son front, et regardait, « avec un air scrutateur, tous ceux qui étaient présents. Berthier Bernadotte, Savary et Duroc étaient là, et je remarquai que les yeux de l'empereur se fixaient alternativement sur plusieurs d'entre nous, • quoiqu'il dût bien savoir qu'il n'y avait parmi nous personne qui ne fût prêt à faire le sacrifice de sa vie « pour son service. Deux gendarmes, conformément aux ordres que j'avais été chargé de leur transmettre, amenèrent Staps en présence de Napoléon. Le pauvre jeune homme, malgré le projet de

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son crime, portait sur sa figure quelque chose d'intéressant, dont il était impossible de se défendre. J'aurais voulu, me dit Rapp, qu'il

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je rendrais le plus grand service à « mon pays et à l'Europe, qui m'a - Est-ce "mis les armes à la main. la première fois que vous Je vous ai vu à Erfurt,

voyez ? pût nier; mais comment diable

- sauver un jeune homme qui veut ⚫ se perdre lui-même? L'empereur,

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après avoir fait venir Staps en sa présence, lui demanda s'il savait parler le français; Staps répondit qu'il le savait très-peu, et comme tu sais que je suis,après toi, le meil. leur allemand de la cour de Bonaparte, je fus chargé de l'interroger • en allemand, et voilà le résumé ⚫ exact des interrogatoires que je fus, * contraint de lui faire subir. Je dois • ajouter que l'empereur m'avait indiqué la plupart des questions que je devais lui adresser. Dans cet interrogatoire, je ne fus qu'interprète. Quand Staps eut été amené,

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⚫ la précipitation de l'empereur fut telle que dans le dialogue je remplis seulement les fonctions de secrétaire traducteur, et que ce fut l'empereur qui parla: « D'où êtesvous? demanda-t-il à Staps. - De Narrembourg. Que fait votre père? Il est ministre protestant. Dix-huit — Quel âge avez-vous ?

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Que vouliez-vous faire de yotre couteau?-Vous tuer.- Mais • vous êtes fou, jeune homme; vous êtes illuminé. Je ne suis pas fou; je ne sais pas ce que c'est • que d'être illuminé. Vous êtes Je ne suis pas malade; je me porte bien. Pourquoi voulez-vous me tuer ?Parce que vons faites le malheur Vous ai-je fait quelque mal? - Comme à tous les

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donc malade?

de mon pays.

. Allemands. Par qui êtes-vous

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envoyé ? Qui vous pousse à ce crime? Personne; c'est l'in

⚫ time conviction qu'en vous tuant,

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• vous pas eu l'intention de me tuer alors? - Non ; je croyais que vous ne feriez plus la guerre à l'Allemagne ; j'étais un de vos plus grands admirateurs.-Depuis • quand êtes-vous à Vienne ? — Depuis dix jours. Pourquoi • avez-vous attendu si longtemps • pour exécuter votre projet? Je suis venu à Schoenbrunn, il y a huit jours, avec l'intention de vous tuer; mais la parade venait de finir. J'avais remis l'exécution ⚫ de mon dessein à aujourd'hui. • Vous êtes fou, vous dis-je, ou vous • êtes malade. » L'empereur ayant

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. alors donné l'ordre de faire venir demanda qui Corvisart, Staps c'était. Je lui dis que c'était • un médecin, et il me répondit : Je n'en ai pas besoin. » Après quoi • nous gardâmes le silence jusqu'à l'arrivée du docteur, et pendant • ce temps Staps montra la plus grande impassibilité. Aussitôt que . Corvisart fut arrivé, Napoléon ⚫ lui donna ordre de 1âter le pouls du jeune homme ; ce qu'il fit immédiatement, et Staps lui dit ⚫ alors avec beaucoup de sang-froid: N'est-ce pas, monsieur, que je ne suis pas malade ? Monsieur se porte bien, répondit Corvisart en s'adressant à l'empereur.

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« vous en tuerai pas moins. » poléon, poursuivit Rapp, était dans ⚫ un état de stupéfaction que je ne lui ai jamais vu. La réponse de Staps et ⚫ sa résolution inébranlable l'avaient attéré à un point que je ne puis dire. Il donna l'ordre d'emmener le

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prisonnier. Quand il fut sorti:

Voilà, nous dit Napoléon, les résultats de cet illuminisme qui înfeste l'Allemagne. Voilà de beaux principes, ma foi! et de belles lumières! ce sont celles qui transforment la jeunesse en assassins mais il n'y a rien à faire contre l'illuminisme; on ne détruit pas

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• une secte à coups de canon. Après avoir encore déclamé contre ⚫ les illuminés, Napoléon rentra dans • son cabinet avec Berthier, et cet événement, que l'on tâcha de ne pas ébruiter, devint l'objet de la con

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23 « versation des habitants du château de Schoenbrunn. Le soir, l'empereur • mefit appeler:- Rapp, me dit-il, sais-tu que l'événement de ce . matin est bien extraordinaire ? Je ne puis croire que ce jeune homme ait pu concevoir seul le dessein de m'assassiner. Il y a quelque chose là-dessous. On ne m'ôtera pas de l'idée que les menées de Berlin et de Weimar n'y sont point étrangères. Sire, permettez-moi de dire à Votre Majesté

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que ses soupçons ne me semblent ⚫ nullement fondés; Staps est un ⚫ homme isolé; sa contenance calme ⚫ et son fanatisme même en sont des • preuves évidentes. Je te dis qu'il y a des femmes là-dedans, des furies avides de vengeance; si je le croyais, je les ferais enle

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« ver au milieu de leur cour!-Ah! sire, il est impossible que ni un homme ni une femme, dans ces • deux cours ait pu concevoir un

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projet aussi atroce.

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Je n'en suis nullement convaincu; n'est-ce • pas elles qui ont suscité Schill « contre nous, tandis que nous sommes en paix avec la Prusse? Mais jour. « sois tranquille, nous verrons un L'affaire de Schill, sire, n'a rien de commun avec Staps. Tu sais, poursuivit Rapp, combien l'empereur aime que l'on abonde toujours dans son sens quand il « s'est fait une opinion dont il ne • veut pas démordre. J'en fis l'é• preuve à cet endroit de notre entretien, car cessant tout-à-coup • de me tutoyer, ainsi qu'il le fait quand il est de bonne humeur, il ajouta, mais sans changer de ton: • Vous avez beau dire, monsieur le général, on ne m'aime ni à Berlin ni à Weimar. Cela n'est pas douteux, sire; mais pouvez-vous con

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