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« temples rouverts, les autels relevés, ■ le culte rétabli, le ministère organisé, les chapitres dotés, les sémi« naires fondés, 20 millions sacrifiés pour le paiement des desservants, la possession des États du saintsiége assurée, Rome évacuée par les Napolitains, Bénévent et PontéCorvo restitués, Pésaro, le fort Saint-Léo, le duché d'Urbin rendus à S. S., le concordat italique conclu et sanctionné, les négociations pour le concordat germanique fortement appuyées, les missions étrangères rétablies, les catholiques d'Orient « arrachés à la persécution et proté gés efficacement auprès du divan, tels sont les bienfaits de l'empereur « envers l'Église romaine. Quel mo- narque pourrait en offrir d'aussi « grands, d'aussi nombreux dans le - court espace de deux ou trois ans?... » Tout cela était vrai, juste, et le souverain pontife y crut sans peine; il crut même à des promesses qui étaient moins certaines, et il partit dans la saison la plus rigoureuse. Son arrivée et son séjour à Paris furent très satisfaisants pour sa personne, et tout le monde eut lieu d'être également très content de lui, même le ci-devant évêque d'Autun, que cependant au fond il n'estimait point. Quant à madame de Talleyrand, il tint ferme et ne permit pas qu'elle lui fût présentée. Ce fut pour les deux époux un désappointement grave, et auquel ils ne s'attendaient pas. Le ministre des affaires étrangères en fut vivement blessé; mais, selon sa coutume, il dissimula, ajournant les effets de son ressentiment. On ne peut pas douter que les persécutions, le manque de foi dont le Saint-Père eut bientôt à se plaindre, n'aient été les conséquences des souvenirs du ministre. Ce qui est assez remarqua

ble, c'est que ce fut par la spoliation du duché de Bénévent, appartenant au pape, et dont Talleyrand lui-même avait tant fait valoir la restitution, que l'empereur paya ce ministre des services qu'il lui avait rendus. Il y eut dans l'acte de dépossession, qui fut en même temps celui de donation, un persiflage, une espèce de bouffonnerie, dont le public français se serait fort amusé, si la chose eût été moins sérieuse et si alors il eût été permis de s'amuser de quelque chose. Cependant, comme c'est une affaire aussi grave par son objet que par les noms des personnages qui y figurèrent, et que d'ailleurs elle caractérise bien les uns et les autres, nous donnerons la pièce tout entière. Ce fut par un message au sénat que Napoléon annonça cette résolution. « Les - duchés de Bénévent et de PontéCorvo, y est-il dit, étaient un sujet de litige entre le pape et le roi de « Naples. Nous avons jugé convenable

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de mettre un terme à ces difficultés - en érigeant ces duchés en fiefs immédiats de notre empire. Nous avons - saisi cette occasion de récompenser les services qui nous ont été rendus par notre chambellan et ministre des relations extérieures Talleyrand, et par notre cousin le ma« réchal de l'empire Bernadotte... » Et le même jour intervinrent deux décrets dont nous ne citerons que celui qui concerne Talleyrand. Voulant donner à notre grand chambellan un témoignage de notre bienveillance pour les services qu'il a rendus à « notre couronne, nous avons résolu de lui transférer, comme en effet « nous lui transférons par les pré

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« entendons qu'il transmettra ladite « principauté à ses enfants mâles, légitimes et naturels, par ordre de « primogéniture, nous réservant, si « sa descendance masculine naturelle «et légitime venait à s'éteindre, ce « que Dieu ne veuille! de transmettre « ladite propriété, aux mêmes titres « et charges, à notre choix, et ainsi que nous le croirons convenable pour le bien de notre couronne, Notre grand chambellan prêtera en nos mains, et en sa dite qualité « de prince de Bénévent, le serment « de nous servir en bon et loyal sujet; le même serment sera prêté à chaque vacance par ses successeurs. Donné en notre palais de Saint*Cloud, le 5 juin 1806. Signé : Na«poléon. Le même jour fut promulgué un pareil décret pour la nomination de Bernadotte à la principauté de Ponté-Corvo, dont le pape était dépouillé de la même manière. Le lendemain la volonté de Napoléon fut signifiée au pape par une lettre du nouveau prince au cardinal Gonsalvi. C'est une espèce de paraphrase que le pontife romain put prendre pour de la raillerie ou du persiflage, et que nous-même ne pouvons guère comprendre autrement. «S. M. avait remarqué, y est-il dit, que ces deux « pays, enclavés dans le royaume de Naples, étaient un sujet habituel de «difficultés entre cette cour et le saint-siége, et que Naples s'en était emparé dans plusieurs guerres. « D'anciennes causes de mésintelli« gence pouvaient se reproduire; S. M., occupée de pacifier l'Italie, 66 n'a pas voulu les laisser subsister. Rome et Naples sont les États aux « quels elle prend le plus d'intérêt... D'ailleurs la cour de Rome retirait « si peu d'avantages de ces posses«sions, l'éloignement y rendait son

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administration si faible et les reve"nus si peu considérables, que je le"ger sacrifice qu'on lui demande « sera aisément réparé par les dédommagements que S. M. se pro"pose de lui offrir et qui seront beau«coup plus à la convenance du saint-siége. » Il n'est pas inutile de faire observer qu'aucun dédommagement n'a jamais été offert ni donné, et que l'ancien évêque d'Autun, après avoir joui pendant plusieurs années des revenus peu considérables de cette principauté, s'en fit donner plusieurs millions par la cour de Rome quand le congrès de Vienne, où il était ministre plénipotentiaire, l'obligea à la restituer, et qu'il en fut à peu près de même de la principauté de Ponté-Corvo, dont le Saint-Père avait été dépouillé de la même manière en faveur d'un ancien général de la république, d'abord très exalté demagogue, que Napoléon n'aimait ni n'estimait, qui, comme Talleyrand, le trahissait et fut une des causes principales de sa chute. Et cet homme, à qui était ainsi donnée une des plus belles possessions de l'Église catholique, s'est fait luthérien pour être roi de Suède, et, seul des rois ainsi parvenus, a transmis la couronne à sa postérité en présence du légitime héritier détrôné et mort dans l'exil... Quel sujet de méditation pour l'observateur impartial!

Il avait eu bien raison, le ci-deyant évêque, lorsqu'il disait en 1789, dès le commencement de nos révolutions, qu'il y aurait plus de profit à les servir, a s'en déclarer le partisan, qu'à leur résister, à se ranger du parti de l'honneur et de la fidélité. Pour lui cette doctrine était devenue incontestable: elle lui avait assez bicu profité. Et il ne faut pas

croire qu'en ce temps-là il bornật ses bénéfices aux actes spontanés de la munificence impériale. Son génie, comme celui de César, pouvait embrasser plusieurs objets à la fois, et, à côté, d'une grande opération patente dont tout le monde le croyait exclusivement occupé, il en conduisait souvent de moindres pour l'État, mais dont les profits étaient pour lui plus réels, plus clairs, et dont surtout il s'arrangeait pour n'avoir de compte à rendre à personne. Cependant il lui arriva quelquefois d'être pris la main dans le sac; mais, en pareil cas, il ne se déconcertait point, et soit que le maître ne fût pas encore arrivé à une entière conviction, soit qu'il ne pensât pas que le temps fût venu de rompre la glace, Charles Maurice s'en tirait en payant d'effronterie. Il en eut grand besoin, à l'époque où nous sommes arrivés, pour une affaire d'argent avec la Hollande, assez ressemblante à celle d'Espagne dont nous avons parlé. Voici comment elle est racontée par le secrétaire Menneval, qui en fut témoin. « Pen

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dant que l'empereur était à Aix-la

Chapelle, il y éclaircit un fait dont

la découverte l'indisposa beaucoup contre M. de Talleyrand. Ce fut au sujet de quelques avantages que l'empereur voulait faire à la mai- son de Nassau-Orange, à laquelle le roi de Prusse s'intéressait. Il s'éa tait réservé de traiter personnellement cette affaire avec le roi; mais il apprit qu'une négociation, suivie par l'ambassadeur de France, avait été entamée à La Haye dans le but d'obtenir du gouvernement batave une indemnité de 12 millions en faveur de cette maison. - L'empereur écrivit directement au ministre des relations extérieures « pour se plaindre de ce que le gou

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« vernement hollandais, qui était en - arrière de ses engagements pour

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l'équipement et l'armement de la flottille, dont les finances étaient - obérées, songeât à faire au prince d'Orange une libéralité de cette nature, qu'on n'avait pas le droit d'exiger. Il parla ensuite confiden• tiellement au ministre de la part « attribuée à son ambassadeur dans la négociation de cette affaire. « M. de Talleyrand nia en avoir eu connaissance. M. de Sémonville fut « mandé à Aix-la-Chapelle pour s'y << trouver lors du passage de l'em- pereur. Sur l'interpellation qui lui fut faite, l'ambassadeur produisit « les instructions qu'il avait reçues du ministre. L'empereur fut outré et ne parla de rien de moins que de destituer M. de Talleyrand. Muni des pièces qu'il s'était fait remettre, il attendit le ministre qui devait venir travailler avec lui. Il les avait déposées dans le tiroir d'une petite table, en me prescrivant de « les lui donner lorsqu'il les deman-derait. Je ne sais ce qui se passa dans l'entretien, qui menaçait d'ê« tre orageux. M. de Talleyrand sortit sans que les pièces me fussent demandées. Je n'entendis parler de - rien de plus, et je ne remarquai • point d'altération dans les rapports du souverain et de son ministre. . Sans doute M. de Talleyrand avait été, comme Napoléon disait de lui, si adroitement évasif qu'après une longue conversation il était parti, ayant échappé aux éclaircissements « que l'empereur s'était promis d'obtenir. Comme le secrétaire Menneval est fort réservé, on ne voit pas précisément ce que fut dans cette affaire la part du ministre; mais on doit penser qu'elle fut selon ses voex, et il faut bien remarquer qu'il

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conduisait en même temps encore celle des États de l'Église, où les spoliations ne se bornèrent point aux duchés de Bénévent et de PontéCorvo, dont la première ne lui valut pas seulement pendant plusieurs années un beau titre et un très-bon revenu, et dont il tira encore un trèsbon parti, comme nous l'avons dit, quand il fallut traiter de ces restitutions au congrés de Vienne. Cependant il faut reconnaître que, quant aux exactions qu'eut alors à subir le pontife romain, il y eut de la part de Talleyrand plus de rancune et de ressentiment que de cupidité. On a dit souvent qu'en venant au sacre impérial, Pie VII aurait dû faire des conditions plus rigoureuses, et que surtout il aurait dû exiger la restitution des trois légations qui, depuis le traité de Tolentino, restaient au pouvoir de la France, à l'exception de la citadelle d'Ancône, dont les troupes françaises s'emparèrent en 1805 aussitôt après le retour du pontife dans ses États; et, dans le même temps, il lui fut signifié qu'il eût à interdire à ses sujets tous rapports avec l'Angleterre; ce qui était pour eux une cause de ruine absolue et devait faire éclater dans toutes les parties de l'Europe une guerre désastreuse, que Napoléon et son ministre rendaient au reste tous les jours de plus en plus inévitable. Les intentions du nouvel empereur se manifestèrent surtout de la manière la plus évidente dans le voyage qu'il fit à Milan pour se faire couronner comme roi d'Italie. Cette fois ce ne fut pas le pontife qu'il appela à cette cérémonie, ce fut le cardinal Caprara, archevêque de Milan; et, comme à Paris, ne voulant rien tenir que de lui-même, il plaça sur sa tête la couronne du roi des Lombards, pronon

cant fièrement la devise: Gare à qui la touche! puis il se rendit à Parme, à Gênes, etc., dont il prit également possession, dont il fit des départements de son empire. Tout cela ne tendait pas, comme on doit le penser, au maintien de la paix; et Talleyrand, qui était resté à Paris chargé de conduire la diplomatie du Nord, n'y tendait pas davantage.

Une circonstance moins favorable encore fut le retour de Pitt au ministère britannique. Depuis longtemps une sorte de rivalité s'était fait remarquer entre ces deux hommes célèbres, et l'on ne douta pas qu'une grande lutte dût bientôt s'ouvrir, beaucoup plus entre les deux ministres dirigeants en France et en Angleterre, qu'entre Napoléon et ses rivaux dans les armes, qui presque tous étaient vaincus, écrasés. S'il n'en était pas de même en politique du fils de Chatam, il est au mois bien sûr que Talleyrand lui était de beaucoup inférieur pour les grandes conceptions et surtout pour les idées généreuses, pour le véritable patriotisme; mais la gloire de celui-ci était près de sa fin; et, pour le malheur du monde, Talleyrand devait encore longtemps tenir le premier rang dans la diplomatie européenne. Dès que Pitt eut repris le ministère (mai 1804) qu'il avait laissé mo› mentanément à lord Sydmouth, la politique anglaise sembla tout à coup avoir changé d'aspect; mieux qu'aucun autre, il comprit les vues ambitieuses de la France, et ne peusa plus qu'à y mettre un terme. Pour cela il forma le plan d'une troisième coalition, et demanda au parlement un vote extraordinaire de cent vingt millions, qui lui fut accordé sans hésiter. Napoléon, qui venait de se

faire nommer empereur, ayant alors écrit en cette qualité à Georges III, pour lui demander la paix, comme il avait fait à son avénement au consulat, n'en reçut, comme en 1800, qu'une froide réponse, par l'entremise de son ministre, et l'annonce d'engagements récents avec d'autres puissances. C'était avec l'Autriche, on ne peut en douter, qu'avaient été pris ces engagements, et l'on sait que cette puissance, qui traitait en même temps avec l'Angleterre et la Russie, recevait de la première des subsides considérables, mettant, selon sa coutume, dans ses négociations beaucoup de mystère et de réserve. Mais malgré ces précautions, le rusé ministre des affaires étrangères en sut la plus grande partie, et il profita adroitement de ses découvertes pour porter de plus en plus le trouble et la division parmi les princes de l'empire. Ce temps, qui précéda la bataille d'Austerlitz, fut sans nul doute une époque de ses plus grands succès. Ce fut par ses intrigues, ses habiles combinaisons, qu'il prépara cette grande victoire, l'une des plus brillantes, des plus importantes que Napoléon ait remportées. Si la bataille de Marengo avait consolidé son pouvoir en France, celle d'Austerlitz lui assura la domination de l'Europe; et l'on peut dire que, dans son intérêt comme dans celui de son maître, Talleyrand profita admirablement de ces deux événements. Dans le premier son influence fut moins remarquable. Dans le second, depuis la mort du duc d'Enghien, à laquelle il avait pris tant de part, ses intrigues et ses sourdes menées ne cessèrent pas d'agiter, de diviser les puissances du Nord. Ce fut principalement vers la Prusse et les princes de l'empire qu'il dirigea ses efforts. Comme c'est un

des points les plus remarquables de sa vie politique et qu'il s'agit aussi de faits très importants dans l'histoire, on ne trouvera pas mauvais que nous lui donnions un peu d'étendue, et que pour cela nous empruntions quelque chose de ce que nous en avons dit en 1834 dans le tome VIII des Mémoires tirés des papiers d'un homme d'État (18).

« Ces princes avaient souffert depuis la paix tous les malheurs que « la guerre entraîne; mais désespé- rant de leur indépendance, ils cru« rent assurer leur existence personnelle en cherchant à se rapprocher de l'homme devenu assez puissant pour les protéger, en cour « tisant la faveur de celui qui, vain«queur de tous ses rivaux dans l'in

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(18) Il nous sera bien permis sans doute de faire cet emprunt à un ouvrage que nous avons composé pour une bonne part, et dont nous avons acquis en toute propriété de MM. de Beauchamp et d'Allonville les parties dont nous ne fûmes pas auteur. Il est bien vrai que celui-ci, qui n'a conccuru qu'aux derniers volumes, et que nous ne connaissions pas même quand l'ouvrage fut commencé en 1828, s'est ensuite annoncé comme auteur et propriétaire du tout. C'est un mensonge et une fraude que nous aurions pu facilement établir devant les tribunanx; mais on sait que, malgré les promesses de notre bienheureuse révolution, la justice en France n'est pas tout à fait gratuite, et, quel que soit le prix de ses arrêts, on n'est pas toujours bien assuré de les obtenir favorables,

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