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ses sur lesquelles ses préjugés l'aveuglaient, et il aurait rougi avec indignation des compliments qu'a cru lui faire l'ex-professeur Michelet en l'appelant libre penseur. Nous l'avons entendu plus d'une fois repousser de tels éloges avec un profond mépris. Il n'eût pas souffert un propos irréligieux lancé en sa présence; mais s'il était un prêtre régulier et exemplaire dans sa conduite, il n'était pas un prêtre pieux et édifiant. Il ne portait pas toujours l'habit ecclésiastique, ce qui du reste était peu dans les habitudes de quelques anciens émigrés; mais il n'était pas ami des pratiques de piété. En parlant du décret porté contre lui à Limoges, il dit : « Le décret fut lancé, traduit par un membre de la fameuse congrégation...... . Cette manière de s'exprimer à une époque où l'hypocrisie du libéralisme criait contre la congrégation de la sainte Vierge et ceux qui la composaient, convenait peu dans un membre de l'Oratoire, qui savait fort bien que cette congrégation avait aussi formé une société à l'instar des jésuites, pour l'utilité des jeunes gens.— Tabaraud avait dans sa marche ordinairement

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sée, en 1823, à Tabaraud, par Charles Butler, neveu du célèbre biographe. Cette lettre, qu'on regardait comme un nouveau témoignage des concessions faites par Tabaraud sur la réalité des cinq propositions dans l'Augustinus, nous paraît tout simplement une preuve de l'éloignement pour le jansénisme qu'avait inspiré à C. Butler une étude sérieuse des auteurs non prévenus. Néanmoins cette lettre parut d'un tel poids au supérieur général de Saint-Sulpice, M. Garnier, qu'il la fit traduire par un séminariste qui étudiait dans sa maison. Elle était restée inédite, mais comme elle ne pouvait trouver place ici, et qu'elle offre un intérêt multiple par ce qu'elle contient, par son auteur et par celui à qui elle était envoyée, nous l'avons publiée dans le journal la Voir de la vérité (no du 17 septembre 1851),

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un pas rapide, un léger mouvement de tête, que l'on aurait pu prendre, dans les dernières années de sa vie, pour un effet de caducité, mais qui qui l'ont alors le mieux connu, qu'un ne fut jamais, au témoignage de ceux effet de la disposition naturelle de sa cécité et de l'énergie de son tempérament. Quelquefois pourtant, lorsqu'il était seul, sa marche devenait plus lente, son attitude plus posée. Il repassait, il revoyait alors en luimême les ouvrages qu'il avait étudiés ou composés, et qui se présentaient avec une telle netteté dans son esprit, que l'usage des tables, si nécessaire aux autres, lui devenait presque inutile. C'est ce qui nous explique comment plusieurs de ses écrits, qui en auraient à coup sûr eu besoin, en sont néanmoins dépourvus, et comment il trouvait aussi tout naturel qu'on pût se passer des tables alphabétiques, dont il semble tion, dans ses observations sur le en quelque sorte avoir blâmé l'exécuprospectus et la préface de la nouvelle édition des œuvres de Bossuet, projetée à Versailles. Tabaraud était chéri et il jouissait à Limoges d'une consiet vénéré de sa respectable famille, dération méritée. Dans les procédés dont l'autorité ecclésiastique usa envers lui, lors de la condamnation de son traité des Principes, et dans la polémique ou les affaires qui en furent la suite, on ne garda pas peut-être toutes les convenances que demandait la réputation d'un homme si recommandable à tant de titres, et c'est avec raison qu'il se plaint dans un de ses ouvrages du refus qu'il éprouva de la part des sulpiciens de Limoges, quand il leur demanda communication du Gallia christiana, qu'il avait besoin de consulter, et qu'ils étaient seuls à posséder dans

cette ville. Tabaraud tomba malade à Limoges dans les premiers jours de janvier 1832, et mourut le 9 du même mois. On avait évité avec raison de le nommer dans le décret qui condamna son livre, mais on n'y avait point observé les formes canoniques; on ne pouvait donc guère lui demander une rétractation, et il paraît qu'on ne lui en demanda point avant sa mort. Le bruit courut à Paris, et un vicairegénéral nous dit à nous-même, que le curé qui l'assista lui avait demandé, avant de l'administrer, s'il rétractait tout ce qu'il avait écrit contre les doctrines de l'Église, notam ment sur le mariage, et qu'il avait répondu d'une manière satisfaisante, ajoutant qu'il s'en était expliqué dans son testament. Mais il paraît que sa déclaration fut un peu vague et générale. Voici ce que contient à cet égard ce testament olographe, daté du 5 janvier 1831 « Je rends grâces à Dieu de m'avoir fait naître dans le sein de l'Église catholique, apostolique et romaine, de m'avoir inspiré la ferme croyance de toutes les vérités qu'elle enseigne, et préservé de toutes les erreurs qu'elle condamne. J'espère de sa divine miséricorde qu'il me conservera dans • ces sentiments, jusqu'à ce qu'il lui plaise de m'appeler à lui. Si dans les ouvrages que j'ai publiés il se trouvait quelque chose qui ne fût pas conforme à ces dispositions, je le soumets au jugement de ladite Église, comme je demande à

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testament, il laisse à sa famille les biens qu'il avait acquis depuis l'émigration, car la Révolution l'avait dépouillé; il lègue sa bibliothèque à deux prêtres de l'Oratoire, qu'on di sait partager ses opinions, et il lègue une somme pour acheter une rente perpétuelle de 200 francs destinée au soulagement des pauvres honteux de la paroisse Saint-Michelde-Limoges, sur laquelle il demeuraït et sur laquelle il est mort. Dans ses écrits, il revient souvent sur le parti qu'il avait servi et la conduite qu'il avait tenue lors des orages de la Révolution. Peut-être aurait-il eu moins le droit de parler si haut de ses sentiments monarchiques s'il était vrai, comme on l'a soupçonné, qu'il servait le parti bonapartiste dans les derniers temps de son séjour à Londres. Ce fut assurément un des écrivains ecclésiastiques les plus féconds et les plus instruits de l'époque. Nous allons terminer cet article par une nomenclature, aussi complète qu'il nous sera possible, de ses nombreuses productions. I. Les deux lettres publiées à La Rochelle, sur l'édit de 1787, dont nous avons parlé ci-dessus. II. Une brochure où il indique les réformes qui lui paraissent utiles dans le clergé. C'est peut-être l'analyse des ouvrages de Maultrot, dont il est parlé dans une lettre de ce célèbre avocat que nous avons sous les yeux (7), ou plus probablement une des brochures de l'envoi desquelles Maultrot le

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remercie Je vous dois, Monsieur, des remerciments des brochures que vous m'avez envoyées. III. Plusieurs opuscules en faveur et au nom d'une réunion de citoyens paisibles de la ville de Limoges. IV. Deux Lettres à Gay-Vernon, évêque prétendu de la Haute-Vienne (d'autres disent qu'il y en eut trois), et Observations sur une Lettre pastorale, du même; Prospectus et Mémoire pour les amis de la paix. Ces compositions paraissent être de l'année 1791. La dernière est vraisemblablement en tout ou partie des compositions dont nous parlons sous le n° III. Dans ces lettres à GayVernon, il relève les ridicules de cet homme scandaleux, de son intrusion et de celle des prétendus pasteurs de ce genre. V. Traité historique et critique de l'élection des évêques, Paris, 1792, 2 vol. in-8, où l'auteur montre que l'élection des évêques appartenait au clergé, le peuple ne devant que manifester ses vœux. VI. De l'importance d'une religion de l'État, 1803, in-8°; autre édition, fort augmentée, 1814. L'auteur examine principalement le discours de Portalis, lors de la présentation du concordat. VII. Principes sur la distinction du contrat et du sacrement de mariage, Limoges, 1803, in-8°. Ce n'était d'abord qu'une brochure de 59 pages, devenue, dans les deux éditions suivantes, dont la dernière est de 1825, l'ouvrage qui causa tant de désagréments à son auteur et dont nous avons suffisamment parlé. VIII. De la philosophie de la Henriade, 1805, in-8°; seconde édition, augmentée d'une préface curieuse en 1824. C'est un des meilleurs ouvrages de Tabaraud; il y fait preuve, non-seulement d'un esprit judicieux, d'une littérature éclairée, mais encore

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d'un courage que d'autres n'auraient osé manifester. Dans cette préface, que nous venons d'indiquer, il ridiculise finement, et la décision de l'Université qui fit, de cette production irréligieuse, un livre classique, quand Frayssinous était ministre de l'instruction publique, et encore le prélat, qui n'avait pas eu l'attention de répondre à l'envoi de la première édition dont il lui avait fait hommage à cette occasion. L'auteur enrichit d'ailleurs son volume d'anecdotes littéraires assez piquantes. IX. Histoire critique du philosophisme anglais, 2 vol. in-8°. C'est peut-être le chefd'œuvre de Tabaraud, qui l'avait composé ou préparé en Angleterre, mais qui ne le publia qu'en 1806, à Paris. Il devait être et ne fut point suivi de l'Histoire du philosophisme français, dont il était comme l'introduction. X. De la réunion des communions chrétiennes, Paris, 1808, in-8°. Le récit historique est entremêlé de discussions qui, comme le reste du livre, prouvent le talent et la science de l'auteur, là, plus modéré que dans ses autres productions. XI. Des interdits arbitraires de dire la messe, Limoges, 1809 (ou peutêtre 1802), brochure in-8°, contre le règlement de Mgr Dubourg, dont nous avons parlé. Il en donna une 2e édition, à Paris, en 1820, avec l'Appel comme d'abus. XII. Questions sur l'habit clérical, Limoges, 1809, in-8° de 24 pages. XIII. Lettre à M. de Bausset, pour servir de supplément à son Histoire de Fenelon, Paris, 1809, in-8°, de 180 pages, plus pleine d'érudition que de raisons solides. XIV. Seconde lettre à M. de Bausset, pour servir de supplément à son Histoire de Fénelon, Limoges, 1810, in-8° de 245 pages. La pre

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mière était relative au quiétisme, celle-ci l'est au jansénisme, dont l'auteur se fait le champion. XV. Supplément aux vies de Fénelon et de Bossuet, in-8°, 1822. C'est la rénnion des deux lettres augmentées, qui donne un volume de 526 pages. XVI. Essai historique et critique sur l'institution des évêques, 1811, in-8°. L'auteur, qui venait d'être nommé censeur et qui était en faveur auprès de Pommereul, cherche dans la préface à concilier ce traité avec celui qu'il avait publié en 1792, sur l'élection. XVII. Observations sur le prospectus et la préface de la nouvelle édition des OEuvres de Bossuet, Paris, 1813, in-8o de 57 pages. Cet écrit est contre l'édition de Versailles, alors annoncée par l'abbé Hemey d'Auberive. XVIII. Du Pape et des Jésuites. Anonyme, Paris, 1814, in-8°, 2e édition, 1815 (et non 1825, comme dit Picot); la préface est curieuse. Inutile de faire remarquer le mauvais esprit qui animait l'ex-oratorien dans la rédaction de cette mauvaise production. XIX. Du divorce de Napoléon avec Joséphine, Paris, 1815, in-8° de 56 pages. Nous en avons parlé ci-dessus. XX. Histoire de Pierre de Bérulle, cardinal, fondateur de l'Oratoire, Paris, 1817, 2 vol. in-8°. Cette histoire érudite et intéressante (il y a des notices sur tous les généraux de la congrégation) serait plus utile, si l'auteur avait pu dépouiller sa couleur spéciale qui y paraît trop. XXI. Observations d'un ancien canoniste sur la convention du 11 juin 1817, Paris, in-8°. Cette brochure, anonyme, est une nouvelle preuve de l'esprit janséniste et contentieux de l'auteur. XXII. De l'appel comme d'abus, suivi d'une dissertation sur les interdits arbitraires, Paris, 1820, in-8° de

119 pages. XXIII. MM. de Bausset et de Lamennais; Justification de Lequeux et des éditeurs de Bossuet; Des systèmes de M. de Lamennais, sur la traduction de la Bible et sur la lecture de l'ÉcritureSainte, Paris, 1820, in-8° de 24 pag. Encore de l'esprit janséniste. XXIV. Defense de la déclaration du clergé, par Bossuet, où l'on relève encore aberration importante de une M. de Bausset, Paris, 1820, in-8° de 48 pages. XXV. Examen de l'opinion de M. le cardinal de la Luzerne, sur la publication du Concordat,Paris, 1821, in-8° de 23 pages. C'est une réfutation de l'écrit que le carce titre : dinal avait publié sous Du pouvoir du roi de publier, par une ordonnance, le concordat de 1817. XXVI. De l'inamovibilité des pasteurs du second ordre, Paris, 1821, in-8° de 92 pages. XXVII. Observations sur l'éloge de M. Dubourg, 1822, in-8°. Dubourg était mort le 30 janvier 1822. Nous avons vu comment M. Berthelot, son grand vicaire, avait imprudemment parlé de Tabaraud dans cet écrit. C'est une explication des faits et des choses, que celui-ci donne à sa façon, et avec plus ou moins de réalité. XXVIII. Des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, par un vétéran du sacerdoce, Paris, 1823, in-8°, 14 pages de préface. Le mauvais esprit de cette brochure se révèle déjà dans la singularité du titre. Le premier chapitre, contre la nouvelle édition du Bréviaire de Paris, est fort curieux. XXIX. Réflexions sur l'enseignement exigé des professeurs de théologie, d'enseigner la doctrine contenue dans la déclaration de 1682, Paris, 1824, in-8° de 47 pages, dirigées principalement contre M. de ClermontTonnerre, archevêque de Toulouse.

XXX. Examen de deux propositions de lois qui doivent être faites aux Chambres sur la célébration du mariage et sur la tenue des registres de l'état civil, Limoges et Paris, 1825, in-8°. Tabaraud a répété ce qu'il donne ici dans la dernière édition des Principes et va au devant d'une loi dont il ne fut jamais sérieusement question. XXXI. Lettre à M. Bellart sur son réquisitoire du 30 juillet contre les journaux de l'opposition, Paris, 1825, in-8° de 16 pages. C'est un plaidoyer de plus contre les jésuites. XXXII. Histoire critique de l'assemblée de 1682,Paris, 1826, in-8°.XXXIII. Essai historique et critique sur l'état des jésuites en France, 1828, in-8°. Cet essai, auquel l'auteur mit son nom, parut en même temps que l'ordonnance du 16 juin 1828, ce qui était peu généreux, sans parler du reste. La révolution de juillet empêcha Tabaraud d'en donner une deuxième édition. XXXIV.

Vie du P. Lejeune, dit le P. Aveugle, prêtre de l'Oratoire, Limoges, 1830, in-8°. Quoique curieuse, cette Vie ne peut suffire pour faire connaître les détails de la vie du P. Lejeune, car elle n'est composée que de 44 pages. Nous ajouterons le titre de deux autres écrits, dont la place serait ailleurs, mais que nous insérons ici comme enrichissant la nomenclature faite par Picot, dans son journal, sur les œuvres de Tabaraud. XXXV. Réfutation des calomnies répandues contre le clergé français réfugié en Angleterre. XXXVI. Lettre du P. T. de l'Oratoire au P. R.de la même compagnie, Limoges, 27 juill. 1790. Contre les brouillons laïcs de l'Oratoire, dont nous avons parlé. Picot n'a point inséré non plus. XXXVII. Examen du pouvoir légis latif de l'Eglise sur le mariage, Pa

ris, 1817. XXXVIII. Du droit de la puissance temporelle sur le mariage, ou réfutation du décret, etc., Paris, oct. 1818. XXXIX. Lettre à M. Dubourg, évêque de Limoges, sur son décret du 18 février de la présente année. XL. Réponse aux OBSERVATIONS sur le décret de M. l'évêque de Limoges, et sur la lettre de M. Tabaraud, au sujet de ce décret, in-8°. Barbier dit qu'il a revu l'Essai historique sur la dernière persécution de l'Eglise, in-8°, Paris, 1814, dont l'auteur était l'abbé Vergani, ancien législateur. Il est bien fâcheux que les ouvrages de Tabaraud soient presque tous marqués au coin de son esprit janséniste et présomptueux. La science et l'érudition ecclésiastiques, dont ils sont remplis, seraient d'autant plus utiles, que le charme des anecdotes dont il les enrichit les rend plus agréables, et que l'indépendance de sa vie et de son caractère lui permettaient une franchise sur les abus d'autorité, par exemple, que n'ose se permettre la prudence, et quelquefois l'adulation obséquieuse ou hypocrite de ceux que l'autocratie peut réduire au silence de tant de façons et sans contrôle. Un élève de l'Oratoire fit, le 13 janvier 1832, dans un journal de Limoges, l'éloge de Tabaraud. Picot lui a consacré une notice dans le tome 72° de l'Ami de la Religion. Dans la Biographie des hommes vivants, on trouve sur Tabaraud un article, d'autant plus véridique, du moins dans le petit nombre de faits qu'il contient, qu'il a été composé par lui-même. C'est avec ces éléments, enrichis de renseignements puisés à une source d'autant plus sûre qu'elle est à même d'être bien informée sur les détails de la vie de Tabaraud et de notes prises dans les pro ·

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