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autres, ils ne le sont pas également. D'ailleurs beaucoup de faits ne pouvaient être bien clairement, bien complétement expliqués que par moi; car seul je pouvais dire et faire comprendre comment a été conçue et exécutée cette grande opération, combien sont peu fondés les motifs ou considérants de l'arrêt qui m'en refusent la conception, la direction, qui en dénient avec plus d'injustice encore la simultanéité, la surveillance, l'unité de pensée et de doctrine. Tout cela eût été démontré jusqu'à l'évidence; des preuves matérielles même en eussent été données par des comptes d'imprimeurs, par leurs quittances et celles de mes collaborateurs, qui établissent qu'il n'est pas un article, pas une page de ce grand œuvre qui n'ait été fait et refait plusieurs fois; que pour cela je faisais parvenir dans toutes les parties de l'Europe des épreuves qui m'étaient renvoyées avec des annotations, des corrections et des additions que j'examinais et faisais examiner par d'autres collaborateurs exclusivement chargés de ce travail qui ajoutait et changeait souvent en entier la première rédaction, laquelle n'avait été ainsi qu'un essai, dont souvent il ne restait pas la moitié, quelquefois absolument rien, et dont cependant l'auteur primitif restait le signataire ou l'éditeur responsable devant le public. On conçoit les dépenses, les peines qui sont résultées de ces changements, de ces incontestables améliorations. C'est par de pareils moyens, des moyens tels que des souverains mêmes n'ont pu en employer de pareils pour des entreprises moins útiles, que j'étais parvenu à un perfectionnement, à un succès sans exemple: Cette méthode, inconnue jusque-là, m'a coûté seule plus de 200,000 fr.!

Et compte-t-on pour rien les efforts que j'ai dû faire, les sacrifices de tous les genres que je me suis imposés pour réunir dans une même opération tant d'hommes aussi distingués par l'étendue de leur savoir que par la diversité de leurs opinions en morale, en religion et en politique, et d'obtenir que chacun d'eux y concourût sans difficulté et sans efforts, de manière que j'ai pu me flatter, comme je l'ai dit dans un de mes prolégomènes, d'avoir résolu, avec plus de bonheur qu'on ne l'a fait pour des objets d'une autre importance, un problème difficile, celui de la fusion des partis, de l'oubli des haines politiques. Ces faits sont notoires parmi les gens de lettres, les savants et tous les libraires. Mes adversaires ne l'ignorent pas, et je pourrais en fournir encore beaucoup de preuves; j'en ai produit une partie à M. le rapporteur; mais j'avoue que c'était un peu tard, puisque je n'ai pu le faire que la veille du jugement, et que ce magistrat a pu dire, comme l'historien Vertot: Mon siège est fait. Je regrette d'autant plus ce retard que, si l'on peut ajouter foi à ce qui en a transpiré, nous avons eu pour nous, sans compter le suffrage de M. l'avocat général, celui de la moitié de nos juges, de manière que nos adversaires n'ont triomphé que par le privilege de la loi, qui, en matière criminelle, est toujours favorable à la prévention... Au civil, notre succès eût été assuré !

Je ne doute même pas qu'il l'eût été par l'unanimité si la question de la propriété eût été complétement plaidée devant la chambre de police correctionnelle, si nous avions démontré, comme il était facile de le faire, que les signataires des articles n'en ont jamais été compléte

ment les auteurs ni les propriétaires; que nul d'entre eux n'a eu cette prétention et n'a fait de réserve à cet égard; qu'ils n'ont d'ailleurs fait aucun des actes ni rempli aucune des obligations que la loi prescrit pour cela.

Tout le monde sait qu'il existe, au ministère de l'intérieur, un bureau de garantie des propriétés littéraires où doit être fait le dépôt de chaque nouvelle production qui y est enregistrée, et que le récépissé qui en est donné au déposant est l'acte par lequel est légalement constatée, pour les ouvrages collectifs comme pour ceux où un seul auteur est indiqué, la déclaration de propriété. Or aucun de mes collaborateurs n'a rempli ces conditions, et par conséquent il n'y a eu pour aucun d'eux de propriété reconnue et établie. Ce serait d'ailleurs une absurdité que de supposer que cinquante mille articles, dont plusieurs ne sont composés que de quelques lignes, aient pu être imprimés et déposés séparément. C'est cependant sur l'ignorance de tels principes qu'est fondé l'arrêt dont je demande la réformation! Espérons que la Cour de cassation nous mettra à même de mieux éclairer nos juges, de faire mieux connaître cette affaire, l'une des plus graves, des plus importantes qui puisse être discutée devant les tribunaux.

Si, contre toute prévision, cet arrêt venait à être maintenu, il est évident que toute opération de cette nature deviendrait impossible. Une comparaison dont l'exactitude est frappante achèvera de le démontrer. Comme on l'a dit dans les plaidoiries, l'entreprise de la Biographie universelle ressemble beaucoup à la construction d'un grand édifice qui ne peut s'achever qu'en plusieurs années et par un grand nombre de collaborateurs. Ce fut en 1810 que je jetai les premières bases de cet édifice avec les Suard, les Ginguenée, les Cuvier, les Lally-1 olendal et beaucoup d'autres que la mort a frappés depuis longtemps; c'est par ces illustres ouvriers que les premiers fondements en furent établis. Et, après quarante-trois ans de pénibles travaux, l'édifice n'est pas encore fini; je ne suis parvenu qu'au faîte, et il me reste encore plusieurs volumes à publier. Je n'ai donc pas pu en jouir complétement un seul jour, et déjà on veut m'en dépouiller, on veut l'anéantir en la renversant par sa base!

Et un tel système serait consacré dans le moment où un gouvernement réparateur et juste, convaincu de l'insuffisance des priviléges et surtout de la durée accordée aux propriétés littéraires, annonce l'intention de les augmenter par une nouvelle loi!

Beaucoup d'autres explications, d'autres raisonnements pourraient être ajoutés à cet aperçu; il me suffira de dire encore qué MM. Didot ont cherché à justifier leur usurpation par les interruptions que mes publications auraient éprouvées; ce qui est complétement inexact, et ne justifierait pas d'ailleurs le préjudice qui m'a été causé ! Si de malheureuses circonstances, et surtout les atteintes portées à ma propriété par les contrefacteurs, ont forcé M. Desplaces à interrompre la seconde édition qu'il a commencée, et à manquer aux engagements qu'il a pris avec moi, j'en ai doublement souffert, et c'est à cause de cela que, dans mes conclusions, j'ai porté plus haut que lui la somme des dédommagements qui me sont dus.

BIOGRAPHIE

UNIVERSELLE

SUPPLÉMENT

STACK (ÉDOUARD), l'un de ces Irlandais que l'oppression britannique et leur attachement à la foi catholique forcèrent de se réfugier en France avec les derniers Stuarts, était né dans les montagnes de l'Hibernie, vers le milieu du XVIIIe siècle, d'une famille noble mais pauvre, comme le sont dans ce pays tous les catholiques. Voué dès l'enfance à la carrière des armes, il vint en France fort jeune et y entra comme souslieutenant dans l'un de ces braves régiments que nous fournissait la population irlandaise. Protégé par la famille de Dillon, qui jouissait alors d'une grande faveur à la cour de Versailles, il obtint de l'avancement, devint aide de camp du roi Louis XV.et fit honorablement la guerre d'Amérique sous le marquis de Bouillé. Il concourut ensuite avec cet illustre général à la prise de SaintEustache, de Tabago et de SaintCristophe. Plus tard il fut le compagnon d'armes et l'ami de Clarke, depuis duc de Feltre, et il ne se sépara de lui que dans les premières années de la révolution où le régiment de Dillon émigra presque tout entier, pour servir dans l'armée des

LXXXIII.

S

frères de Louis XVI. Stack n'hésita pas à suivre son drapeau, et il fit avec ces princes les campagnes de cette époque. Après le licenciement il passa au service de l'Angleterre. Étant revenu après la paix d'Amiens, comme simple particulier, dans cette France qu'il avait tant aimée et si bien servie, mais qui n'était plus sous le sceptre heureux des Bourbons, il fut arrêté et incarcéré après la rupture, comme tous les Anglais voyageurs, et conduit prisonnier à Verdun, où il resta jusqu'à la chute de Napoléon,en 1814: Alors il se hâta d ́offrir son dévouement à Louis XVIII, qui le reconnut dans son grade de maréchal-de-camp, et, peu de temps après, lui accorda sa retraite, à cause de son grand âge. Stack passa les dernières années de sa vie à Calais, où il avait été heureux au temps de la monarchie, et où il mourut dans le mois de décembre 1833, regretté de tous ceux qui l'avaient connu. M-Dj.

STACKELBERG (le baron O. M de), archéologue et voyageur, naquit, vers 1760, en Allemagne, d'une famille noble, mais autre que celle du comte de Stackelberg, di

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plomate russe. Le baron fit dès sa jeunesse plusieurs voyages en Italie et en Grèce, dont il composa dans sa langue de savantes descriptions qu'il fit imprimer à Rome, en 1826, sous le titre de Vues pittoresques de la Grèce, qui furent traduites en français. Cette traduction, faite par divers, sous les yeux de l'auteur, füt publiée à Paris, de 1827 à 1838, en deux volumes in-folio ornés de bel les cartes et gravures. La première partie contient le Péloponèse, en 68 vues, et la seconde, la Grèce septentrionale,en 61 vues. Cet ouvrage ayant été critiqué avec beaucoup de force par M. Raoul Rochette, dans l'Universel, il fut répondu aux articles de ce journal par une autre brochure anonyme, mais notoirement composée par M. Stackelberg lui-même, et intitulée : Quelques mots sur une diatribe anonyme, intitulée: De quelques voyages récents en Grèce, à l'occasion de l'expédition scientifique de la Morée, et insérée dans l'Universel des 6 janvier et 26 mars 1829. Le baron de Stackelberg est mort en 1836..

2.

STORKSBURG

STÆHLIN (JACQUES de), savant et homme d'État russe, naquit à Memmingen, dans la Souabe, en 1710. Après avoir fini ses études, il se rendit, en 1735, à Pétersbourg, où bientôt il fut nommé professeur à l'Académie des sciences. Il fut ensuite attaché à la personne du grand duc Pierre, comme professeur et bibliothécaire, puis nommé conseiller d'État et assesseur de la chancellerie impériale des monnaies au département des médailles, et secrétaire de l'Académie des sciences. Il mourut le 10 juillet 1785. La cour l'employa souvent dans les grandes fêtes pour la composition des em

blèmes et de tout ce qui avait rapport aux feux d'artifices, illuminations, etc. Il a publié un ouvrage qui contient la description de quarante grandes compositions de ce genre, exécutées sous ses ordres à l'occasion des fêtes de la cour. L'ouvrage est accompagné de gravures. Les connaissances de Stæhlin étaient fort étendues. On lui doit une Description de la principauté de Moldavie, des pays et des peuples situés entre la mer Noire et la mer Caspienne; un ouvrage sur la Circassie et la Cabardie; un autre sur le nouvel Archipel du Nord; l'Histoire de la danse et de la musique en Russie, et un grand nombre de dissertations sur l'histoire, la statistique et la géographie du nord qu'il inséra dans le Calendrier géographique de Pétersbourg, et dans le Magasin d'A.-F. Busching. Outre plusieurs traductions de l'italien, on a encore de lui diverses poésies lyriques et quelques compositions dramatiques, entre autres Alexis Michaelowitsch et Nathalie Narischkin, comédie en deux actes (en allemand). Gustave III, roi de Suède, a fait de cette pièce une traduction qui a été insérée dans le t. III des œuvres de ce monarque. Peu de temps avant sa mort, Stæhlin publia les Anecdotes originales de Pierre-le-Grand (en allemand), Leipzig, 1785, in-8°. Il joint à chaque anecdote le nom de la personne de qui il la tient, et donne ensuite les variantes de cette anecdote avec une notice historique des personnes citées, afin qu'on puisse juger du degré de confiance qu'elles méritent. Cet ouvrage est fort curieux pour l'histoire russe, et nous l'avons nous-même utilement consulté. Il a été traduit en français par Perrault et L.-J. Richou, Strasbourg, 1787, in-8°. M-Dj.

STAEL-HOLSTEIN (le baron Auguste-Louis dE), fils de madame de Staël et du baron de Staël-Holstein (voy. ces noms, XLIII, 390 et suiv.), naquit à Paris, le 31 août 1790, au milieu des plus grandes splendeurs où se soit trouvée sa famille, mais aussi bien près des malheurs où devait l'entraîner cette révolution à laquelle elle eut tant de part. Obligé de quitter la France lorsqu'il était à peine sorti du berceau, il se réfugia en Suisse avec ses parents, et vécut long-temps au château de Coppet, où il fut élevé sous les yeux de sa mère et de son grand-père dont ce dut être alors la seule occupation. Il passa ensuite quelques mois dans une école protestante de Genève. I ne quitta la Suisse qu'après la mort de Necker, et vint alors avec sa mère habiter Paris, où il acheva son éducation, dirigeant surtout ses études vers les sciences politiques, économiques, et puisant dans la société maternelle tous les principes de cette philosophie destructive du XVIIIe siècle qui a causé tant de troubles et de désordres dans la société qu'elle prétendait perfectionner. I quitta encore une fois la France pour retourner en Suisse, lorsque sa mère fut si cruellement poursuivie et exilée par Napoléon. Il l'accompagna en Allemagne, et fit plusieurs voyages en Angleterre, où il se lia avec quelques hommes politiques, entre autres le négromane Villeberforce. Il ne faisait que de rares voyages à Paris, pour y voir sa sœur et y suivre des intérêts de famille. Sa plus grande affaire, le but de toutes ses pensées, était alors d'apaiser Napoléon et d'obtenir la grâce de madame de Staël, si indigne inent persécutée. La démarche qu'il fit pour cela à Chambéry est un fait

STA

historique de la plus haute importance, par la fermeté et la présence d'esprit qu'il y déploya en présence de ce maître du monde. Le récit que Bourrienne en a donné d'après l'un des témoins (le maréchal Duroc), offre sur de grands personnages des traits si curieux que nous croyons devoir le donner tout entier. Ce n'est pas seulement une partie essentielle et des plus remarquables de la vie du jeune de Staël, c'est encore un côté bien caractéristique des grandes figures qui y apparaissent. Jamais Bonaparte ne se montra plus à découvert dans ses principes de gouvernement et de pouvoir absolu; jamais les faux systèmes, les illusions politiques de Necker et de sa fille ne furent mieux jugés, mieux caractérisés. C'était dans les derniers jours de 1807; ainsi le jeune de Staël avait dix-sept ans, lorsqu'il se présenta devant Napoléon, à son retour d'Italie, dans la capitale de la Savoie. Depuis deux jours l'empereur était attendu. Enfin, le 29 déc., à cinq heures du matin, par une nuit des plus noires et un froid de 12 degrés, le grand empereur, suivi d'un petit nombre de ses officiers, entra dans l'hôtel de la poste de Chambéry. Avant que le maître d'hôtel songeât à faire avertir M. de Staël, qui, depuis deux jours, attendait l'arrivée de Napoléon, ce jeune homme avait été réveillé par les cris de: Vive l'Empereur! qui s'étaient fait entendre. Il n'eut que le temps de s'élancer hors du lit sur lequel il s'était jeté tout habillé la veille pour être plus tôt prêt, et de se précipiter sur le passage du souverain, pour lui remettre une lettre dans laquelle il le suppliait de lui accorder un moment d'audience. Le général Lauriston prit cette lettre, comme cela

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