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Répondant à cette question : « Il y a, dit-il, en moi deux hommes bien distincts: l'homme de Dieu, qui devrait consacrer son intelligence à le connaître, son cœur à l'aimer, sa liberté à le chérir, sa volonté à lui obéir. Mais il y a aussi la bête puissante et vigoureuse, et qui réclame à grands cris la satisfaction de ses appétits grossiers. Elle est un sérieux obstacle, une difficulté suprême pour l'homme de Dieu. »

<«< Mon Dieu, ajoute-t-il, accordez-moi la grâce de mâter cette bête importune et fougueuse, et de rester toujours le maître chez moi, ou plutôt chez vous, ô mon Jésus ! »>

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Méditant sur ces paroles du cérémonial de l'ordination: Quos tuis, Domine, reficis Sacramentis, continuis attolle benignus auxiliis 1, il écrit dans son carnet spirituel : «< Attolle! expression énergique : Soulevez! Oui, nous avons besoin d'être soulevés par la grâce; nous sommes prêtres, il est vrai, et, par conséquent, les hommes de Dieu! mais, hélas! nous restons aussi les hommes de la terre, et il faut qu'à chaque instant les grâces que Dieu nous prodigue dans sa bonté viennent nous soulever de terre. C'est une lutte continuelle contre notre nature dont le poids nous entraîne vers les choses d'ici-bas. »

Une autre fois, envisageant le sacerdoce au point de vue de ses obligations sacrées et de ses responsabilités redoutables, et approfondissant le sens de ces paroles évangéliques: Vous êtes le sel de la terre; - Vous êtes

1 Seigneur, par la vertu toute-puissante de vos continuels secours, soulevez ceux que vous nourrissez et réconfortez par vos sacrements.

la lumière du monde, il écrit les considérations suivantes :

« Vous êtes le sel de la terre, nous dit Notre-Seigneur ; donc vous devez, par vos paroles et par vos exemples, conserver les âmes comme le sel conserve le corps sur lequel on le répand.

<< Les paroles suivantes sont bien terribles : Quod si sal evanuerit, in quo salietur 1?

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« Si le prêtre vient à s'attiédir, malgré tant de pieux exercices et de prières, malgré le saint sacrifice de la messe et la communion quotidienne, comment fera-t-il pour recouvrer sa première ferveur? Ces paroles du Sauveur n'indiquent pas une impossibilité absolue, mais une difficulté extrême. In quo salietur? C'est vous qui l'avez dit, ô Jésus, ô vérité éternelle ! C'est vous qui, de la sainte Eucharistie, le répétez chaque jour à chacun de vos prêtres: In quo salietur? Et de fait, comme il est difficile à un prêtre qui se laisse aller à la tiédeur de se relever! Que dire du prêtre déchu?... Il y a là, pour ainsi dire, une impossibilité, tant la volonté est rivée au péché : Ad nihilum valet ultra nisi ut mittatur foras et conculcetur ab hominibus. Epouvantable parole!

« Mittatur foras! pourquoi resterait-il dans l'Eglise? Il n'y fait que du mal, il scandalise ses frères... Ainsi Notre-Seigneur lui-même semble dire que la place du mauvais prêtre n'est plus dans son Eglise; d'ailleurs, il en sort de lui-même et le plus souvent par une apostasie éclatante. Conculcetur! oh! comme le mauvais prêtre

1 Si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? (Matth., v, 13.) 2 Il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. (Ibid.)

est foulé aux pieds! Comme les méchants prennent plaisir à le piétiner!...

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« Vos estis lux mundi. Vous êtes la lumière du monde... Le prêtre sera toujours nécessairement en vue. Il aura beau faire, se cacher: ses exemples, bons ou mauvais, et surtout les mauvais, transpireront, éclateront même au grand jour. Non potest civitas abscondi supra montem posita 2; et le prêtre occupe les hauteurs les plus sublimes dans l'Eglise. — D'ailleurs, le prêtre à été créé pour être mis en vue: Neque accendunt lucernam et ponunt eam sub modio, sed super candelabrum ut luceat omnibus qui in domo sunt 3. Qu'y a-t-il de plus explicite et de plus clair?

Nécessité pour le prêtre d'être un flambeau qui éclaire Sic luceat lux vestra coram hominibus ut videant opera vestra bona.

<«< Il ne faut rien faire pour être vu des hommes, ne videaris ab hominibus; mais il ne faut pas non plus que, par fausse modestie, le prêtre s'enfuie et se cache; il doit rester simplement au poste où le bon Dieu l'a placé, et là s'occuper sérieusement de sa propre sanctification et de celle du prochain : la grâce de l'humilité ne lui manquera pas, s'il est sincère et fidèle à sa vocation; et si parfois une louange indiscrète arrive jusqu'à son oreille, Dieu lui fera voir et toucher du doigt qu'il y a

1 Vous êtes la lumière du monde. (Matth., v, 14.)

2 Une ville ne peut pas être cachée, quand elle est située sur une montagne. (Ibid.)

› Et on n'allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. (Ibid., 15.)

Qu'ainsi donc luise votre lumière devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. (Ibid., 14.)

fort peu à prendre ou plutôt tout à laisser dans cet éloge.

« Et glorificent Patrem vestrum... Voilà le but, la fin dernière de la vie, de toutes les actions du prêtre glorifier Dieu. N'est-il pas en effet l'homme de Dieu? tu vero, o homo Dei! »

Méditant, une autre fois, sur ces paroles : Domum tuam, Domine, decet sanctitudo, il écrit:

« Domum tuam. Quelle est cette maison qui est la vôtre, ô mon Jésus? C'est la merveille que l'on appelle l'âme d'un bon, d'un saint prêtre.

« Lapides pretiosi omnes muri tui et turres Jerusalem gemmis ædificabuntur 2. Ces pierres précieuses, ces perles, ce sont toutes les grâces reçues aux différentes ordinations. Oh! qui dira la beauté de l'âme d'un prêtre ! De quel éclat brillent dans cette âme le vœu de chasteté fait au sous-diaconat, le don de force reçu au diaconat, et, par-dessus tout, le caractère du sacerdoce! Ce sont là des fontaines divines d'où coulent, à toute heure, sur l'âme du prêtre des flots de lumière et d'amour, qui s'en échappent ensuite pour aller purifier, éclairer, embraser les âmes des fidèles. O mon bon Jésus, faites que par amour pour vous j'aime la beauté, la pureté de mon âme; faites que je conserve, à tout prix, cette beauté et cette pureté en aimant votre divine Eucharistie, c'est-à-dire vous-même, ô Jésus, ô Dieu véritablement présent dans la sainte Hostie.

1 Seigneur, la sainteté convient à votre maison. (Ps. xcii, 5.) Tes murs, ô Jérusalem, sont des pierres précieuses et tes tours seront bâties avec des joyaux. (Office pour la dédicace d'une église, v. Ant. de Laudes.)

« Decet sanctitudo. Le Seigneur dit à ses prêtres : Soyez saints (à l'impératif) parce que je suis saint. Mais quelle sera la mesure de cette sainteté? Jésus-Christ répond Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait, comme pour dire que notre sainteté doit être infinie... Une sainteté infinie! Cette parole est vraiment effrayante.

« In longitudinem dierum; - non seulement pour un temps, pour les jours qui suivent l'ordination, mais jusqu'au dernier soupir. Plus le prêtre avance dans la vie, plus il doit progresser en sainteté. C'est surtout du prêtre qu'il a été dit : Les pas du juste sont comme la lumière du jour qui grandit jusqu'au midi; ainsi sa justice doit-elle croître jusqu'à sa splendeur définitive dans les perpétuelles éternités. Quoi d'étonnant? Tous les jours nous recevons le Pain et le Vin du Seigneur, c'est-à-dire son corps et son sang; tous les jours nous sommes rassasiés des divines délices et nous resterions faibles et tièdes! - Eh quoi! ô mon Jésus, tous les jours nous mettons dans nos cœurs le feu de votre divine Eucharistie, et l'effet de ce feu serait de glacer nos cœurs? ne serait-ce pas une monstruosité 1? »

Sur ces paroles: Vitam præsta puram2, il écrivait

1 In longitudinem dierum. Non tantum primis post ordinationem diebus, sed usque ad ultimum vitæ suspirium. Quo magis enim progreditur sacerdos, et sanctior esse debet. De sacerdote præsertim dictum est: Semita justi quasi lumen splendens crescit usque ad meridiem... donec fulgeat in perpetuas æternitates. Quid mirum? Quotidie sumimus Panem et Vinum Domini, corpus scilicet ejus et sanguinem; quotidie pacificis et divinis pascimur deliciis, et imbecilliores et tepidiores essemus! Proh dolor! Les notes et sujets de méditation de M. Le Guillou sont souvent rédigés en latin. Nous avons jugé que la reproduction du texte original pourrait offrir de l'intérêt à un certain nombre de lecteurs.

2 Obtenez-nous une vie pure. (Hymne Ave maris Stella.)

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