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ROSINE.

Et qui ne rougiroit pas, Monfieur, de voir tirer des conféquences auffi malignes des chofes le plus innocemment faites?

B.ARTHOLO.

Certes, j'ai torr; fe brûler le doigt, le tremper dans l'encre, faire des cornets aux bonbons de la petite Figaro, & deffiner ma vefte au tambour! quoi de plus innocent! Mais que de menfonges entaffés pour cacher un feul fait!.... Je fuis feule, on ne me voit point ; je pourrai mentir à mon aife ; mais le bout du doigt refte noir! la plume eft tachée, le papier manque ; on ne fauroit penser à tout. Bien certainement, Signora, quand j'irai par la ville, un bon double tour me répondra de vous.

SCÈNE XI I.

LE COMTE, BARTHOLO, ROSINE.

LE COMTE, en uniforme de cavalerie, ayant l'air d'être entre deux vins, & chantant: (Réveillons-là, &c.)

BARTHOL O.

MAIS que nous veut cet homme? Un foldat!

Rentrez chez vous, Signora.

LE COMTE chante: Reveillons-là, & s'avance

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Qui de vous deux, Mefdames, fe nomme le Docteur Balordo? (à Rofine, bas). Je fuis Lin

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Balordo, Barque à l'eau; je m'en moqué com me de ça. Il s'agit feulement de favoir laquelle des deux.... (à Rofine, lui montrant un papier). Prenez cette lettre.

BARTHOLO.

Laquelle ! Vous voyez bien que c'eft moi. Laquelle! Rentrez donc, Rofine, cet homme paroît avoir du vin.

ROSIN E.

C'eft pour cela, Monfieur; vous êtes feul. Une femme en impofe quelquefois.

BARTHOLO.

Rentrez, rentrez; je ne fuis pas timide.

SCÈNE XIII.

LE COMTE, BARTHOLO.

LE COMTE.

OH! je vous ai reconnu d'abord à votre signale

ment,

BARTHOLO, au Comte qui ferre la lettre. Qu'est-ce que c'est donc que vous cachez-là dans votre poche?

LE COMT E.

Je le cache dans ma poche, pour que vous ne fachiez pas ce que c'eft.

BARTHOLO.

Mon fignalement! Ces gens-là croient toujours parler à des foldats!

LE COMT E.

Penfez-vous que ce foit une chofe fi difficile à faire que votre fignalement?

Le chef branlant, la tête chauve,
Les yeux vérons, le regard fauve,
L'air farouche d'un algonquin.....

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BARTHOLO.

Qu'est-ce que cela veut dire ! Etes-vous ici pour m'infulter? Délogez à l'inftant.

LE COMT E.

Déloger! Ah, fi! que c'eft mal parler! Savezvous lire, Docteur..... Barbe à l'eau?

BARTHOLO.

Autre question faugrenue.

LE COMT E.

Oh ! que cela ne vous faffe point de peine; car, moi qui fuis le moins auffi Docteur que

vous.....

pour

BARTHOLO.

Comment cela?

LE COMTE.

Eft-ce que je ne fuis pas le Médecin des chevaux du régiment? Voilà pourquoi l'on m'a exprès logé chez un confrere.

Ofer

Sans chanter.

BARTHOL O.

comparer un Maréchal!...

LE COMT E.

AIR: Vive le Vin.

Non, Docteur, je ne prétends pas,
Que notre art obtienne le pas

Sur Hypocrate & fa brigade.

En chantant.

Votre favoir, mon camarade,
Eft d'un fuccès plus général;
Car s'il n'emporte point le mal,
Il emporte au moins le malade.

-: C'est-il poli

ce que je vous dis-là ? BARTHOLO.

Il vous fied bien, Manipuleur ignorant! de ravaler ainfi le premier, le plus grand & le plus

utile des arts?

LE COMTE.

Utile tout-à-fait, pour ceux qui l'exercent.

BARTHOLO.

རྩྭ་

Un art dont le foleil s'honore d'éclairer les fuccès.

LE COMTE.

Et dont la terre s'empreffe de couvrir les bé

vues.

BARTHOLO.

On voit bien, Mal-appris! que vous n'êtes habitué de parler qu'à des chevaux.

LE COM TE.

Parler à des chevaux? Ah, Docteur ! Pour un Docteur d'efprit..... N'eft-il pas de notoriété que le Maréchal guérit toujours fes malades fans leur parler; au lieu que le Médecin parle beaucoup aux fiens...

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