Et les bergers voisins du fleuve dont les eaux Où des humbles vallons l'Ufens suit les détours, La lance belliqueuse aux fuseaux de Pallas, Moins prompts sont les éclairs, et les vents moins agiles: Illam omnis tectis agrisque effusa juventus Turbaque miratur matrum, et prospectat euntem, Son myrte armé de fer, qui dans ses mains légères L'œil étonné se plaît à ses graces hautaines. La voudroit pour sa fille, et la montre à son fils. T. V. ÉNÉIDe iii. 6 NOTES DU LIVRE SEPTIÈME, PAR M. MICHAUD. Une nouvelle carrière vient de s'ouvrir pour le poëte et pour son héros. Jusqu'ici Énée n'a été en butte qu'aux périls de la mer et aux dangers d'une navigation incertaine; son courage va désormais être éprouvé par de plus grands obstacles, et il va se signaler par des faits plus éclatants. Il a sauvé les débris du peuple troyen de la poursuite de Junon; il doit leur conquérir une patrie, et relever les autels de ses dieux. Il a déployé jusqu'à présent la prudence d'Ulysse; il lui reste à déployer toute la valeur d'Achille. Dans les six premiers livres, il n'est question que d'un empire détruit; dans les six derniers, c'est un nouvel empire qui s'élève et qui est fondé par la victoire. A mesure que les difficultés augmentent pour le héros, elles semblent aussi augmenter pour le poëte. Virgile le fait sentir, et il en avertit ses lecteurs dès le début de ce septième livre: Major rerum mihi nascitur ordo, En parlant de la ruine de Troie, il avoit de grands moyens d'intéresser. Les images de la destruction plaisent à l'esprit humain : ce sont les passions qui détruisent, et les passions sont toujours poétiques: la chute d'un empire et les malheurs qui l'accompagnent, sont d'ailleurs la source d'un grand intérêt. On pourroit ajouter que le poëte, en faisant voyager son héros, a nécessairement une grande variété d'objets à présenter à ses lecteurs; les orages de la mer, des contrées intéressantes, les mœurs des peuples, toutes les vicissitudes de la fortune viennent tour-à-tour s'offrir à son pinceau, tous les trésors de la fable et de l'histoire lui sont ouverts. Non seulement il a une grande variété d'objets à peindre, mais tous les événements et tous les pays qu'il décrit sont déja illustrés par de grands souvenirs; la marche de son héros est semée de prodiges accrédités par la tradition; la mythologie des Grecs l'a par-tout devancé, et dans chacun de ses récits il trouve l'attention de son lecteur heureusement préparée. Quelques uns de ces avantages sont perdus pour le chantre d'Énée, dans les six derniers livres. Il arrive avec son héros dans l'ancienne Italie, qui est un théâtre neuf à la vérité, mais dont les traditions sont peut-être moins poétiques que celles de la Grèce. Quoique Virgile ait trouvé dans son sujet et dans son génie tout ce qu'il falloit pour prolonger l'action et augmenter l'intérêt, plusieurs critiques modernes ont placé les derniers livres au-dessous des premiers; et l'on ne doit pas trop s'en étonner le génie est comme la lumière du jour, qui n'est pas seulement belle par elle-même, mais qui est belle encore par les objets qu'elle éclaire. Les lieux et les événements que Virgile a décrits ont reçu de lui une partie de leur éclat, mais il faut avouer qu'il leur a dû aussi quelque chose. Il n'en est pas de même des contrées et des guerres qu'il va décrire; elles lui devront tout leur lustre, et il n'empruntera d'elles aucune de ses beautés. Au reste, la plupart de ces réflexions ne sont justes que pour les modernes, et on ne les auroit point faites chez les Romains, qui devoient être plus frappés que nous de l'intérêt national qui règne dans cette seconde partie du poëme. On a dit que dans les premiers livres Virgile avoit suivi |