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Et les bergers voisins du fleuve dont les eaux
De la superbe Rome abreuvent les troupeaux;
Et le Rutule actif, dont le soc se promène
Sur les coteaux ingrats qui forment son domaine;
Ceux qui de Satura bordent les noirs marais,
Ceux à qui Féronie en ses vertes forêts
Offre l'abri sacré de leurs riants ombrages;
Enfin les habitants de ces frais paysages,

Où des humbles vallons l'Ufens suit les détours,
Et dans les vastes mers va terminer son cours.
Des Volsques après eux marchoit la reine altière,
L'intrépide Camille : une troupe guerrière,
Dont les fiers escadrons aux rayons du soleil
De leurs armes d'airain font briller l'appareil,
Suivoit sur ses coursiers la superbe amazone.
Dès l'enfance exercée aux joutes de Bellone,
Camille préféroit, amante des combats,

La lance belliqueuse aux fuseaux de Pallas,
Les travaux de la guerre à des arts plus tranquilles.

Moins prompts sont les éclairs, et les vents moins agiles:
Elle eût, des jeunes blés rasant les verts tapis,
Sans plier leur sommet, couru sur les épis;
Ou, d'un pas suspendu sur les vagues profondes,
De la mer en glissant eût effleuré les ondes;
Et, d'un pied plus léger que l'aile des oiseaux,
Sans mouiller sa chaussure, eût volé sur les eaux.
Son air fier et décent, sa démarche imposante,
De son manteau royal la pourpre éblouissante,
Son carquois lycien, l'or en flexibles nœuds
Sur son front avec grace attachant ses cheveux,

Illam omnis tectis agrisque effusa juventus

Turbaque miratur matrum, et prospectat euntem,
Adtonitis inhians animis; ut regius ostro
Velet honos leves humeros, ut fibula crinem
Auro internectat; Lyciam ut gerat ipsa pharetram,
Et pastoralem præfixa cuspide myrtum.

Son myrte armé de fer, qui dans ses mains légères
Fait ressembler sa lance au sceptre des bergères,
Des guerriers, attroupés au faîte des remparts,
Sur elle ont réuni les avides regards:

L'œil étonné se plaît à ses graces hautaines.
Des hameaux d'alentour, des bourgades lointaines,
Tout un peuple empressé, sitôt qu'elle a paru,
Pour fêter son passage en foule est accouru.
Son audace aux Latins promet un sort prospère;
Le jeune homme s'enflamme, et le vieillard espère;
Et la mère, admirant tant d'attraits réunis,

La voudroit

pour sa fille, et la montre à son fils.

T. V. ÉNÉIDe iii.

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NOTES

DU LIVRE SEPTIÈME,

PAR M. MICHAUD.

Une nouvelle carrière vient de s'ouvrir pour le poëte et pour son héros. Jusqu'ici Énée n'a été en butte qu'aux périls de la mer et aux dangers d'une navigation incertaine; son courage va désormais être éprouvé par de plus grands obstacles, et il va se signaler par des faits plus éclatants. Il a sauvé les débris du peuple troyen de la poursuite de Junon; il doit leur conquérir une patrie, et relever les autels de ses dieux. Il a déployé jusqu'à présent la prudence d'Ulysse; il lui reste à déployer toute la valeur d'Achille. Dans les six premiers livres, il n'est question que d'un empire détruit; dans les six derniers, c'est un nouvel empire qui s'élève et qui est fondé par la victoire.

A mesure que les difficultés augmentent pour le héros, elles semblent aussi augmenter pour le poëte. Virgile le fait sentir, et il en avertit ses lecteurs dès le début de ce septième livre:

Major rerum mihi nascitur ordo,
Majus opus moveo.

En parlant de la ruine de Troie, il avoit de grands moyens d'intéresser. Les images de la destruction plaisent à l'esprit humain : ce sont les passions qui détruisent, et les passions sont toujours poétiques: la chute d'un empire et les malheurs qui l'accompagnent, sont d'ailleurs la source d'un

grand intérêt. On pourroit ajouter que le poëte, en faisant voyager son héros, a nécessairement une grande variété d'objets à présenter à ses lecteurs; les orages de la mer, des contrées intéressantes, les mœurs des peuples, toutes les vicissitudes de la fortune viennent tour-à-tour s'offrir à son pinceau, tous les trésors de la fable et de l'histoire lui sont ouverts. Non seulement il a une grande variété d'objets à peindre, mais tous les événements et tous les pays qu'il décrit sont déja illustrés par de grands souvenirs; la marche de son héros est semée de prodiges accrédités par la tradition; la mythologie des Grecs l'a par-tout devancé, et dans chacun de ses récits il trouve l'attention de son lecteur heureusement préparée.

Quelques uns de ces avantages sont perdus pour le chantre d'Énée, dans les six derniers livres. Il arrive avec son héros dans l'ancienne Italie, qui est un théâtre neuf à la vérité, mais dont les traditions sont peut-être moins poétiques que celles de la Grèce. Quoique Virgile ait trouvé dans son sujet et dans son génie tout ce qu'il falloit pour prolonger l'action et augmenter l'intérêt, plusieurs critiques modernes ont placé les derniers livres au-dessous des premiers; et l'on ne doit pas trop s'en étonner le génie est comme la lumière du jour, qui n'est pas seulement belle par elle-même, mais qui est belle encore par les objets qu'elle éclaire. Les lieux et les événements que Virgile a décrits ont reçu de lui une partie de leur éclat, mais il faut avouer qu'il leur a dû aussi quelque chose. Il n'en est pas de même des contrées et des guerres qu'il va décrire; elles lui devront tout leur lustre, et il n'empruntera d'elles aucune de ses beautés. Au reste, la plupart de ces réflexions ne sont justes que pour les modernes, et on ne les auroit point faites chez les Romains, qui devoient être plus frappés que nous de l'intérêt national qui règne dans cette seconde partie du poëme.

On a dit que dans les premiers livres Virgile avoit suivi

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