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pieds; deux de ces perches sont contre un mur, et la troisième est au-dedans du jardin. Pour les affermir toutes ensemble, l'on a cloué sur chacune des entretoises à vingt pieds de hauteur; et comme le grand vent agitoit encore cette espèce d'édifice, l'on a attaché au haut de chaque perche de longs cordages, qui tenant lieu d'aubans, répondent par le bas à de bons piquets fortement enfoncés en terre à plus de vingt pieds des perches.

3o. J'ai fait construire entre les deux perches volsines du mur, et adosser contre ce mur, une petite guérite de bois capable de contenir un homme et une table.

4°. J'ai fait placer au milieu de la guérite une petite table d'environ un demi-pied de hauteur; et sur cette table j'ai fait dresser et affermir un tabouret électrique. Ce tabouret n'est autre chose qu'une petite planche quarrée, portée sur trois bouteilles à vin; il n'est fait de cette matière que pour suppléer au défaut d'un gâteau de résine qui me manquoit.

5. Tout étant ainsi préparé, j'ai fait élever perpendiculairement la verge de fer au milieu des trois perches, et je l'ai affermie en l'attachant à chacune des perches avec de forts cordons de soie par deux endroits seulement. Les premiers liens sont au haut des perches, environ trois pouces au-dessous de leurs extrémités supérieures; les seconds vers la moitié de leur hauteur. Le bout inférieur de la verge de fer est solidement appuyé sur le milieu du tabouret électrique, où j'ai fait creuser un trou propre à le recevoir.

6o. Comme il étoit important de garantir de la pluie le tabouret et les cordons de soie, parce qu'ils laisseroient passer la matière électrique s'ils étoient mouillés, j'ai pris les précautions nécessaires pour en empêcher. C'est dans cette vue que j'ai mis mon tabouret

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sous la guérite, et que j'avois fait courber ma verge de fer à angles aigus; afin que l'eau qui pourroit couler le long de cette verge, ne pût arriver jusques sur le tabouret. C'est aussi dans le même dessein que j'ai fait clouer sur le haut et au milieu de mes perches, à trois pouces au-dessus des cordons de soie, des espèces de boîtes formées de trois petites planches d'environ quinze pouces de long, qui couvrent par-dessus et par les côtés une pareille longueur des cordons de soie, sans leur toucher.

Il s'agissoit de faire, dans le tems de l'orage, deux observations sur cette verge de fer ainsi disposée; l'une étoit de remarquer à sa pointe une aigrette lumineuse, semblable à celle que l'on apperçoit à la pointe d'une aiguille, quand on l'oppose assez près d'un corps actuellement électrisé; l'autre étoit de tirer de la verge de fer des étincelles, comme on en tire du canon de fusil dans les expériences électriques; et afin de se garantir des piqûres de ces étincelles, j'avois attaché le tenon d'un fil d'archal au cordon d'une longue fiole pour lui servir de manche.

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Le Mercredi, 10 Mai, 1752, entre deux et trois heures après midi, le nommé Coiffier, ancien dragon, que j'avois chargé de faire les observations en mon absence, ayant entendu un coup de tonnerre assez fort, vole aussitôt à la machine, prend la fiole avec le fil d'archal, présente le tenon du fil à la verge, en voit sortir une petite étincelle brillante, et en entend le pétillement; il tire une seconde étincelle plus forte que la première et avec plus de bruit! il appelle ses voisins, et envoie chercher M. le Prieur. Celui-ci accourt de toutes ses forces; les paroissiens, voyant la précipitation de leur curé, s'imaginent que le pauvre Coiffier a éte tué du tonnerre; l'alarme se répand dans le village; la grêle qui survient n'empêche point le troupeau de suivre son pasteur.

Cet honnête ecclésiastique arrive près de la machine, et voyant qu'il n'y avoit point de danger, met lui-même la main à l'œuvre et tire de fortes étincelles. La nuée d'orage et de grêle ne fut pas plus d'un quart-d'heure à passer au zénith de notre machine, et l'on n'entendit que ce seul coup de tonnerre. Sitôt que le nuage fut passé, et qu'on ne tira plus d'étincelles de la verge de fer, M. le Prieur de Marly fit partir le sieur Coiffier lui-même, pour m'apporter la lettre suivante, qu'il m'écrivit à la hâte.

présenté le fil d'archal,

"Je vous annonce, Monsieur, ce que vous attendez; l'expérience est complette. Aujourd'hui à deux heures vingt minutes après midi, le tonnerre a grondé directement sur Marly; le coup a été assez fort. L'envie de vous obliger et la curiosité m'ont tiré de mon fauteuil, où j'étois occupé à lire ; je suis allé chez Coiffier, qui déjà m'avoit dépêché un enfant que j'ai rencontré en chemin, pour me prier de venir; j'ai doublé le pas à travers un torrent de grêle. Arrivé à l'endroit où est placée la tringle coudée, j'ai en avançant successivement vers la tringle, à un pouce et demi, ou environ; il est sorti de la tringle une petite colonne de feu bleuâtre sentant le soufre, qui venoit frapper avec une extrême vivacité le tenon du fil d'archal, et occasionnoit un bruit semblable à celui qu'on feroit en frappant sur la tringle avec une clef. J'ai répété l'expérience au moins six fois dans l'espace d'environ quatre minutes, en présence de plusieurs personnes, et chaque expérience que j'ai faite a duré l'espace d'un pater et d'un ave. J'ai voulu continuer; l'action du feu s'est ralentie peu à peu ; j'ai approché plus près, et n'ai plus tiré que quelques étincelles, et enfin rien n'a paru. "Le coup de tonnerre qui a occasionné cet événement, n'a été suivi d'aucun autre; tout s'est terminé par une abondance de grêle. J'étois si occupé

dans le moment de l'expérience de ce que je voyois, qu'ayant été frappé au bras un peu au-dessus du coude, je ne puis dire si c'est en touchant au fil d'archal ou à la tringle; je ne me suis pas plaint du mal que m'avoit fait le coup dans le moment que je l'ai reçu ; mais comme la douleur continuoit, de retour chez moi, j'ai découvert mon bras en présence de Coiffier, et nous avons apperçu une meurtrissure tournante autour du bras, semblable à celle que feroit un coup de fil d'archal, si j'en avois été frappé à nud. En revenant de chez Coiffier, j'ai rencontré M. le Vicaire, M. de Milly, et le Maître d'école, à qui j'ai rapporté ce qui venoit d'arriver; ils se sont plaints tous les trois qu'ils sentoient une odeur de soufre qui les frappoit davantage à mesure qu'ils s'approchoient de moi; j'ai porté chez moi la même odeur, et mes domestiques s'en sont apperçus sans que je leur aie rien dit.

"Voilà, Monsieur, un récit fait à la hâte, mais naïf et vrai, que j'atteste, et vous pouvez assurer que je suis prêt à rendre témoignage de cet événement dans toutes les occasions. Coiffier a été le premier qui a fait l'expérience et l'a répétée plusieurs fois; ce n'est qu'à l'occasion de ce qu'il a vu qu'il m'a envoyé prier de venir. S'il étoit besoin d'autres témoins que de lui et de moi, vous les trouveriez. Coiffier presse pour partir. "Je suis, avec une respectueuse considération, Monsieur, votre, &c. .

(Signé) "RAULET, Prieur de Marly.

"10 Mai, 1752."

On voit, par le détail de cette lettre, que le fait est assez bien constaté pour ne laisser aucun doute à ce sujet. Le porteur m'a assuré de vive voix qu'il avoit tiré pendant près d'un quart-d'heure avant que M. le Prieur arrivât, en présence de cinq ou six personnes, des étincelles plus fortes et plus bruyantes que celles

dont il est parlé dans la lettre. Ces premières personnes, arrivant successivement, n'osoient approcher qu'à dix ou douze pas de la machine; et à cette distance, malgré le plein soleil, ils voyoient les étincelles et entendoient le bruit.

Il résulte de toutes les expériences et observations que j'ai rapportées dans ce mémoire, et surtout de la dernière expérience faite à Marly-la-ville, que la matière du tonnerre est incontestablement la même que celle de l'électricité. L'idée qu'en a eu M. Franklin cesse d'être une conjecture; la voilà devenue une réalité, et j'ose croire que plus on approfondira tout ce qu'il a publié sur l'électricité, plus on reconnoîtra combien la physique lui est redevable pour cette partie.

THE ABBÉ MAZÉAS TO STEPHEN HALES.*

Giving a further Account of the Electrical Experiment at Marly.

SIR,

READ AT THE ROYAL SOCIETY, MAY 28TH, 1752.

The Philadelphian experiments, that Mr. Collinson, a member of the Royal Society, was so kind as to communicate to the public, having been universally admired in France, the King desired to see them performed. Wherefore the Duke d'Ayen offered his Majesty his country-house at St. Germain, where M. de Lor, master of experimental philosophy, should put

* The early letters of Dr. Franklin on electricity having been translated into French, and printed at Paris, the Abbé Mazéas, in a letter to Dr. Stephen Hales, dated St. Germain, May 20th, 1752, gives the above account (printed in the "Philosophical Transactions") of the experiment made at Marly, in pursuance of that proposed by Mr. Franklin.

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