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une douve ou chemin public, que viendra border le parapet de la contrescarpe 1.

Autour, à travers d'immenses enclos, s'étendaient neuf faubourgs fermés, en 1366, par une palissade de sept mille cinq cent cinquante-deux mètres, garantie plus tard par un second fossé avec des portalières ou portalets aux principales avenues. Là se dressait l'enceinte morale de dix monastères d'hommes, sans compter ceux de femmes, ouverte à toutes les souffrances et à toutes les misères, abritant, sous le regard de Dieu, l'innocence et la pauvreté, la souffrance et le travail, l'art et la science; et nous savons par les statuts de 1331 combien l'hospitalité était alors large et généreuse'! Tous seront supprimés et démolis au moment de la Réforme qui, suivant le mot d'un fanatique de Nimes, l'avocat Jacques Rozel, fera «< abattre les nids, afin que les oiseaux n'y retournent plus » 3. Le plus ancien de ces monastères fut, peut-être, celui des Templiers, à la Saunerie, entre la route de Toulouse et le chemin de Saint-Martin-dePrunet. L'évêque Galtier en avait béni la chapelle de Notre-Dame de Lèze, en 1129; le couvent était assez considérable pour servir d'hôtellerie habituelle aux princes. C'est là que Pierre d'Aragon signe son contrat de mariage avec Marie de Montpellier, le 15 juin 1204; que Simon de Montfort stationne pendant le concile de 12157; que Philippe-le-Bel séjourne, en 13028, et Clément V, en 1305 9. C'est même dans cette maison qu'aurait figuré la mystérieuse tête, objet d'adorations diaboliques 1o,

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1 Léon Coste Les Transformations de Montpellier; Société languedocienne de Géographie, t. XIV, p. 351.

2 Petit Thalamus, Introd., p. LXIV; Chronique romane, 1366, 1374, 1384 et 1397.

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<< La commune de Montpellier comptait, sous la domination espagnole, sept monastères». (Germain, Hist. de la Commune de Monpellier, t. III, p. 329). Germain oublie ici les maisons du Temple, de Saint-Jean de Jérusalem et du Saint-Esprit. 4 Voir ci-dessus, ch. 1v, t. I, pp. 130-142.

5 Germain, Hist. de l'Église et de la ville de Nimes, t. II, p. 130.

6 Cartulaire de Maguelone, reg. E, fo 33.

7 Voir ci-dessus, t. I, ch. vII, p. 331; ch. Ix. p. 414.

8 Germain, Hist. de la Commune de Montpellier, t. II, p. 126.

9 Voir ci-dessus, t. I, ch. vii, p. 293.

10 In villa Montispessulani, de nocte, more solito, tenebatur unum caput, sive testam, et tunc apparuit ibi diabolus in figura seu specie cati. (Déposition de frère

T. II

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Après la suppression de l'Ordre, au concile de Vienne, le grand-maître Hélion de Villeneuve y convoquera, en 1319, le chapitre général '.

Les biens des Templiers devaient être dévolus à leurs voisins, les chevaliers de Jérusalem, qui occupaient depuis longtemps le quartier entre le chemin de Saint-Martin de Prunet et la ligne ferrée de Cette 2. Cette commanderie dépendait du grand prieuré de Saint-Gilles, mais dirigeait les domaines de Carnon, Lunel, Banquière. Elle n'avait obtenu qu'en 120 la concession d'une église et d'un cimetière; en succédant au Temple, elle se dédoublera pour desservir l'hôpital primitif du GrandSaint-Jean, au faubourg qui en garde encore le nom, et le collège du Petit-Saint-Jean, à l'intérieur de la Commune-Clôture *.

A l'extrémité opposée, se trouvaient les bénédictins de Cluny, installés, grâce à la générosité de Guillem VI, sur les bords du Lez; plus près, à la fontaine du Pila Saint-Gély, Guy, fils de Guillem VII, avait bâti la première maison du Saint-Esprit . Sur l'ancienne route de Castelnau, alors «la voie royale de Saint-Gilles », aujourd'hui chemin du cimetière

Bernard de Salgues devant l'inquisiteur de Saint-Laurent, à Alais; ap. Ménard, Hist. de Nismes. t. I, Preuves, 211; Cf. ibid., 242, Déposition de Bertrand de Silva. 1 L. Guiraud, La Paroisse Saint-Denis, ch. xv, p. 239, note.

2« L'an 1145, Raymond, évêque de Maguelone, et ses chanoines confirment à l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, entre les mains d'Aimon, prieur de Saint-Gilles, la donation de certaine pièce de terre, sise à côté du lieu déjà cédé à cet hôpital par Hugues Bérenger. (Arch. départ., série H, fonds du Grand-Saint-Jean). — L. Guiraud, La Paroisse SaintDenis, ch. xv, p. 238, note 2. Nous avons vainement cherché dans le dossier de l'Ordre de Saint-Jean quelque trace des possessions des Templiers de Montpellier. (Arch. départ., série H, fonds de la commanderie du Grand et du Petit-Saint-Jean). Il y a notamment << un procès-verbal de l'arpentement et bornage des domaines de 1750 », mais aucune trace, ni dans les anciens titres, ni dans cet acte, des Templiers sur lesquels nous reviendrons à l'occasion de leur suppression. Ce fonds, ne contenant que des actes domaniaux de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem relatifs aux affaires spirituelles, avait été transporté, au xvine siècle, à Saint-Gilles.

3 L. Guiraud, ibid, note 3.

4 Arch. départ., série H, fonds du Grand-Saint-Jean; Transactions du 5 janvier 1203, entre le chapitre de Maguelone et l'hôpilal Saint-Jean de Jérusalem. (L. Guiraud, ibid., note 2).

6 Germain, Hist. de la Commune de Montpellier, Introd., t. I, p. xxxi; t. III, p. 314. 6 Voir ci-dessus, t. 1, ch. vII, p. 258.

1 Ibid., pp. 285, 286.

Saint-Lazare, dans une terre des Bénédictins, les Trinitaires. Vêtus de blanc, une croix rouge et bleue sur la poitrine, coiffés d'un chapeau à larges bords mais relevés sur les côtés, ils allaient, sur les rivages d'Afrique, racheter des esclaves avec l'aumône des fidèles, souvent même au prix de leur propre liberté, comme devaient faire plus tard saint Vincent de Paul, en France, et saint Pierre Pascal, évêque de Jaën, Espagne. Pendant trois cent soixante-trois rédemptions, antérieures à 1635, ils n'affranchirent pas moins de trente-sept mille sept cent vingt individus de toute nation!

en

Institués, en 1198, par le provençal Jean de Matha et Félix de Valois, ils avaient choisi Montpellier, en 1216, sans doute à cause du port de Maguelone, pour une de leurs premières fondations, sous l'invocation de Saint-Maur. Cependant le chapitre insulaire ne les avait pas d'abord accueillis avec faveur. Honorius III dut par trois fois en écrire à l'évêque, et témoigner même de son vif mécontentement. En même temps il recom

1 Conventus Patrum Trinitariorum sancti Mauri cum suo etiam cimiterio extractus fuit extrà urbis mœnia, in suburbio portæ quæ ducit ad sanctum Ægidium via regia. (Bonavent. Baron., Annales ordinis S. Trinitatis, ad an. 1216, t. I, p. 409). Hályot, Hist. des Ordres religieux et militaires, t. II, p. 35 et suiv. Germain, Hist. de la Commune de Montpellier, t. III, p. 319.— L. Guiraud, La Paroisse Saint-Denis, ch. v, p. 93. Voir le plan remarquable qui accompagne ce savant ouvrage.

2 Saint Pierre Pascal, évêque de Jaen, après avoir employé ses revenus au rachat des captifs et au soulagement des pauvres, passa chez les Turcs, où il fut chargé de fers. Le clergé et le peuple de son Eglise lui envoyèrent une somme d'argent pour sa rançon. Le saint, dit Hélyot, la reçut avec beaucoup de reconnaissance; mais, au lieu de l'employer à se procurer la liberté, il en racheta quantité de femmes et d'enfants, dont la faiblesse lui faisait craindre qu'ils n'abandonnassent la religion chrétienne, et il demeura toujours entre les mains de ces barbares, qui lui procurèrent la couronne du martyre en 1300. Il se forma aussi dans cet Ordre une Congrégation de femmes, qui se dévouèrent au soulagement des pauvres étrangères». (Chateaubriand, Génie du Christianisme, liv. VI, ch. 1).

3 Pierre Dan, Hist. de Barbarie et de ses Corsaires; Paris, 1649, p. 464. L'Euvre de la Redemption des Captifs, p. 10, note 2.

Germain,

4 Arch. mun. de Montpellier, Bullaire de Maquelone, Bulies des 6 avril, 11 mai 1217, 23 décembre 1218 Germain, L'Œuvre de la Rédemption des Captifs., p. 9, note 1. Bulle du 6 avril 1216. De Grefeuille, Histoire de Montpellier, t. II, p. 52. Dilecti filii, minister et fratres ordinis Sancte Trinitatis et captivɔrum nobis humiliter supplicaverunt ut eorum domui de Montepessulano concedere oratorium et cimiterium

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mandait « aux consuls et au peuple, comme ses chers fils, le ministre et les frères de la Très Sainte-Trinité des captifs »1. Les nouveaux religieux légitiment cette sollicitude paternelle par la fondation d'un hôpital dans leur couvent. Ils affectent au soin des malades le tiers des quêtes que les évêques de la région s'empressent d'organiser en leur faveur, les deux autres tiers étant réservés, l'un pour le rachat des captifs, l'autre pour l'entretien des religieux. Quand les Bénédictins seront installés au monastère Saint-Benoît, ils abandonneront aux Trinitaires, sur le conseil d'Urbain V, les droits et dépendances de la chapelle Saint-Maur3. Ceux-ci auront ainsi l'entière jouissance de Sauzet jusqu'en 1562, où le protestantisme les surprendra en plein exercice de la charité. Vingt d'entre eux seront même tués par les Calvinistes ; les autres, obligés de s'exiler. L'Ordre réapparaîtra pour reprendre, en 1651, sa mission libératrice et

dignaremur. Ideo discretioni vestre per apostolica scripta mandamus quatenus secundum tenorem privilegiorum suorum postulata concedatis eisdem sine juris prejudicio alieni. (Bulle du 3 mai 217, Cartul. de Maguelone, reg. E fo 152 vo ). · Cum tibi jam secundo nostris dederimus litteris in preceptis, ut in domo eorum de Montepessulano construendi oratorium et cimiterium obtinendi juxta privilegiorum suorum tenorem licenciam concedere procurares sine prejudicio alieni juris, tu, quod grave gerimus, et molestum preceptum nostrum pertransiens aure surda id hactenus efficere non curasti. Ideoque fraternitate tue per apostolica scripta firmiter precipiendo mandamus quatenùs, precedentem inobedienciam per obedienciam redimens subsequentem, eis juxta primi mandati nostri tenorem sine difficultate qualibet antedicta concedas. (Bulle d'Honorius III, 13 décembre 1118). Cartul. de Maguelone, reg. E, fo 153. L. Guiraud, La Paroisse Saint-Denis, ch. v, p. 89.

1 Bulle du 6 avril 1217, arch. mun., arm. E, liasse 1 bis, no 7. Voir Bullaire de Maguelone, fo 10. Gariel, Series Præsul. Magal., I, p. 19.

la Commune de Montpellier, t. I, p. 237 ; t. II, p. 319.

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-Germain, Hist. de

<< Nous ne possédons pas moins de quinze pièces en témoignant dans nos archives municipales (série GG, un sac de l'an 1465) ». (L. Guiraud, ibid., p. 93, note 1).

3 « Lorsqu'en 1366 le pape Urbain V appela les Bénédictins dans le spacieux et somptueux monastère qu'il leur avait construit à l'intérieur de la ville, il les engagea à abandonner aux Trinitaires tous les droits et dépendances de la chapelle Saint-Maur, et cette donation constitua aux religieux un enclos important sur les confins des dîmeries Saint-Denis et Saint-Maurice de Sauret ». (L. Guiraud, ibid., ch. Iv, p. 91).

4 Germain, Hist. de la Commune de Montpellier, t. II, p. 320.

• Voir le détail et le nombre de tous les affranchissements, ap. Germain, L'Œuvre de la Redemption des Captifs, pp. 12-38.

généreuse entre toutes, dont nous pouvons suivre, année par année, les merveilleux résultats pendant un siècle '.

Dans le même faubourg, mais de l'autre côté de la route de SaintGilles, étaient les Augustins, qui reçurent leur règle définitive d'Alexandre IV, en 1256. Ce monastère de Montpellier, l'un des plus beaux de France, était assez vaste pour contenir le chapitre général de l'Ordre 2; Urbain V devait s'y arrêter, lors de son entrée solennelle dans notre ville, en 1.67. L'église, qui ne renfermait pas moins de treize chapelles, fut détruite, en 1563, et remplacée, en 1643, par l'oratoire Saint-Augustin, à l'intérieur des murs. Fermé par la Révolution, celui-ci fut ensuite racheté par la société particulière des Augustins, qui le céda aux Carmes déchaussés, en 1853; il est condamné à disparaître, pour le prolongement de la rue Nationale jusqu'à l'Esplanade.

Aux siècle, les Carmes occupaient, à l'entrée du faubourg Boutonnet, l'emplacement actuel de l'Hôpital-Général, à l'extrémité de la rue qui perpétue leur nom et que fermait une des portes de la ville, reconstruite en 1785, démolie en 15697. Originaire de la Terre-Sainte, l'institut avait reçu sa règle du patriarche Albert, en 1209; confirmé en 1226, Ordre mendiant à partir de 1247, il prit une telle importance à Montpellier, que

Voir les autorisations épiscopales pour les quêtes de 1517, 1542, 1543, 1546, 1547, 1548. (Arch. mun. de Montpellier, grand chartrier, arm. E, cass. vII, nos 73, 74; fonds du greffe de la maison consulaire, arm. F, liasse 422, sec. M. Germain, L'Euvre de la Rédemption des Captifs, p. 12.

2 De Grefeuille, Hist. de Montpellier, II, p. 258. Denis, ch. v, p. 85.

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L. Guiraud, La Paroisse Saint,

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• Arch. dép., série GG, un cahier papier original. L. Guiraud, La Paroisse Saint

Denis, ch. vn, pp. 127-128.

5 Arch. dép., série H, fonds des Augustins.

L. Guiraud, ibid., ch. v, p. 86, note 3.

6 Coste, Vie de P. F.-X. Coustou, p. 110. — L. Guiraud, ibid., ch. XII, p. 202, note I.

7 Germain, Études archéologiques sur Montpelier: la Baylie, p. 21; Mém. de la Société archéologique, t. VIII, p. 161. Nous avons vainement protesté contre la démolition de cette porte, comme secrétaire de la section archéologique, au congrès des

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