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POUR SERVIR

A L'ÉDUCATION DE LA JEUNESSE,

OU

RETOUR EN FRANCE

D'UNE FAMILLE ÉMIGRÉE;

OUVRAGE où l'on trouve toutes les Instructions nécessaires pour
bâtir une Maison de campagne, pour la meubler, pour y établir
une Chapelle, une Bibliothèque, un Laboratoire, un Cabinet
d'Histoire naturelle, un Jardin de Plantes usuelles, etc., et
tous les détails relatifs à la bâtisse d'une Ferme, à l'Économie
domestique, et à tous les genres de Culture.

Tout ce que nous voulons au-delà de ce que la nature
peut nous donner, est peine, et rien n'est plaisir
que ce qu'elle nous offre.

BUFFON.

PAR MADAME DE GENLIS.

TOME TROISIÈME.

A PARIS,

CHEZ MARADAN, LIBRAIRE,
RUE DES GRANDS-AUGUSTINS, no. 9.
MDCCCX.

MAISON RUSTIQUE,

POUR SERVIR

A L'ÉDUCATION DE LA JEUNESSE.

CHAPITRE PREMIER.

Entrée de Volnis et de sa famille, dans le château nouvellement bâti et meublé.

Ce fut un beau jour pour la famille de Volnis, que celui où, quittant la ferme de Girard, elle fut s'établir dans le joli château nouvellement bâti et entièrement meublé. Avec quelles délices on recueillit dans ce moment le fruit de ses travaux ! quel plaisir on eut à parcourir cette maison dont on avoit tracé le plan et qu'on avoit vu bâtir! comme on la trouvoit commode et charmante ! comme Elmire et Julie admiroient les meubles du salon et de l'appartement de maître ; ces rideaux, ces canapés, ces fauteuils, ouvrages de leurs mains!..... Ah! mon ami! dit Elmire à Volnis, quelle retraite ravissante! et nous ne la quitterons

point! le reste de nos jours va s'écouler ici! plus de voyages, plus de courses fatigantes! Qui, reprit Volnis, nous voilà fixés dans un doux asile! nous ne nous éloignerons plus de nos foyers; vivre en paix dans sa patrie, au sein de sa famille, c'est goûter tout le bonheur qu'on peut goûter sur la terre, c'est être béni du ciel ; car la première malédiction du Créateur contre le premier criminel, fut celle-ci: Tu seras fugitif et vagabond!.... Dieu ne dit point au premier homicide, meurtrier de son frère: Tu perdras la force, la santé, tu périras misérablement ; mais il lui annonça toutes les peines, il le condamna à tous les regrets, à toutes les souffrances, en prononçant cette sentence terrible : Tu seras fugitif et vagabond!.....

t;

O mon ami! dit Elmire attendrie, perdez ici de tristes souvenirs..... — Non, répondit Volnis, ils sont ineffaçables; mais je les conserve sans aigreur, sans ressentiment; j'ai moins souffert que beaucoup d'autres, car j'ai souffert sans haïr, et les peines du passé me font mieux sentir mon bonheur.

La joie de la famille s'accrut dans cette journée par d'heureuses nouvelles d'Amérique, qui apprirent à Volnis que son frère, sa belle-sœur et Félix, leur fils unique, se disposoient enfin à revenir en France.

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