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CHAPITRE XIV.

Le chêne-liége.-— Quercus suber. Son écorce est très-épaisse et mollasse, c'est elle qui constitue le liége. Il croît naturellement dans les parties méridionales de l'Europe, et en Afrique.

Lorsque l'arbre a acquis environ vingt ans, on enlève son écorce, qui cette fois est crevassée, remplie de cellules et de parties ligneuses, et n'est bonne qu'à brûler ou à être employée dans les tanneries; car elle est astringente comme celle de tous les autres chênes. On y parvient en la coupant circulairement au-dessous des grosses branches, et à quelques pouces de terre, et en la fendant du haut en bas, dans deux ou trois endroits, avec une hachette faite exprès, et dont le manche est terminé en coin pour achever l'opération. Il faut avoir attention de ne pas entamer l'écorce intérieure, ou le liber, ce qui feroit une blessure nuisible à la bonté des récoltes suivantes. Au bout de huit à dix autres années, cette écorce est régénérée, et on l'enlève de nouveau; mais elle n'a pas encore la perfection qu'on désire. Elle sert aux pêcheurs et aux différens arts. Huit à dix ans après,

l'écorce a ordinairement acquis l'épaisseur et la qualité convenables; et, depuis cette époque, jusqu'à la mort de l'arbre, c'est-à-dire, pendant deux ou trois siècles peut-être, on continue de la récolter à la fin des mêmes intervalles.

L'écorce du liége, détachée de l'arbre, reprend plus ou moins la forme circulaire qu'elle y avoit, et, pour la lui faire perdre, on la chauffe, même on la grille à la flamme, et ensuite on l'entasse sur un sol uni, et on la charge d'un grand nombre de grosses pierres dont le poids la force à se redresser; cette opération a de plus l'avantage de resserrer ses pores et de lui donner du nerf, comme disent les bouchonniers. Les qualités qui constituent un bon liége, sont d'être épais au moins de quinze lignes, souple, élastique, ni ligneux ni poreux, et de couleur rougeâtre; le jaune est moins bon; le blanc qui été flambé, est le plus mauvais.

n'a

pas

La culture du liége est positivement la même que celle du chêne-yeuse; il demande comme lui à être semé en place, car il souffre difficilement la transplantation, même dans sa première jeunesse.

On emploie, comme on sait, le liége à une infinité d'usages utiles, et même en médecine; brûlé et réduit en poudre, il est astringent. On fait à Rome, avec du liége, des modèles en

petit et en relief, imitant des ruines des plus beaux monumens antiques. Ces modèles sont charmans par la vérité du ton de couleur et de l'imitation.

CHAPITRE XV.

Charbon de bois, charbon de terre ou houille, et tourbe.

QUAND le charbon est bien sec, et principale

ment la braise des boulangers, il absorbe avec rapidité l'humidité de l'atmosphère; aussi est-il le procédé le plus économique qu'on puisse employer pour dessécher les appartemens humides, d'autant plus que lorsqu'il est saturé d'eau, il suffit de le faire chauffer pour le rendre aussi propre que la première fois au même objet. Cette propriété du charbon s'applique, au reste, depuis long-temps, à la conservation de la poudre de guerre, c'est-à-dire, qu'on renferme le baril qui la contient dans un baril plus grand, et qu'on remplit l'intervalle avec de la poussière de charbon. Par ce moyen, cette poudre peut se garder plusieurs années, exempte d'humidité, dans les navires, et plusieurs mois dans l'eau même.

On a découvert dans ces derniers temps, ou peut-être on a découvert de nouveau car il est difficile de croire qu'une observation aussi importante ait échappé à l'antiquité, que la poussière de charbon avoit la propriété d'absorber

toutes les matières animales et végétales, décomposées et tenues en dissolution dans l'eau. Aujourd'hui donc, les eaux des cloaques les plus infects, des marres les plus boueuses, peuvent être rendues aussi claires et aussi agréables au goût, que celles des meilleures fontaines, par une filtration lente à travers quelques pouces d'épaisseur de cette poussière. Les amis de l'humanité ne sauroient trop publier ce fait; car, combien de cultivateurs périssent annuellement pour avoir bu, pendant les chaleurs, de ces eaux altérées par la putréfaction, qu'on trouve dans certains cantons de plaine ou de marais! Il est très-peu de personnes assez pauvres pour n'être pas en état d'acheter un demi-tonneau, d'y adapter une cannelle ou robinet de bois percé, du côté intérieur, de plusieurs petits trous, et mettre dedans, sous un faux fond mobile, cinq à six livres de poussière de charbon.

Les navigateurs, qui sont généralement peu délicats sur la nature de l'eau qu'ils consomment, commencent à se pourvoir de tonneaux ainsi préparés, au moyen desquels ils peuvent conserver de la bonne eau pendant le cours du voyage le plus long. La seule précaution à prendre, c'est de renouveler le charbon tous les deux ou trois mois. Le charbon ainsi employé, quoiqu'ayant souvent acquis une mauvaise odeur, n'en est

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