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Dès qu'il y a des têtes de mûres dans le champ, ce qui est indiqué par la chute des fleurs du calice, on coupe la tige à la longueur d'un pied; on les met par paquets de cinquante, qu'on lie avec de l'osier, et qu'on transporte sous des hangars, où les où les paquets doivent être suspendus à des cordes, les têtes en bas, afin qu'un libre courant d'air les dessèche plus vîte. Quand la dessiccation est complète, on secoue les paquets sur des planchers bien nets, afin de recueillir la graine, et on les porte dans un lieu où l'on ne craint pas l'humidité; on les y dépose en monceaux afin qu'ils tiennent moins de place. Comme les têtes ne mûrissent pas toutes en même temps, on ne fait la récolte qu'à mesure.

Le kali ou soude, est une plante dont on obtient la soude par l'ignition. Cette soude est la meilleure à employer dans nos manufactures; elle se tire des côtes d'Espagne, et surtout d'Alicante où le kali croît spontanément. Comme il peut être cultivé avec succès dans nos contrées méridionales, et que même il l'étoit autrefois dans le Languedoc, je crois qu'il est essentiel qu'on y introduise de nouveau cette culture, dont les résultats sont si avantageux à nos établissemens.

C'est sur les bords de la mer qu'il faut cultiver cette plante; elle a besoin de s'imprégner

des sels marins, qu'on retrouve en quantité en distillant l'eau provenue de sa coction. Sa racine pivotante annonce qu'il lui faut un terrain profondément défoncé et bien ameubli. Ses moyens de reproduction sont les semences qu'on jette en terre en même temps que le blé; mais cette plante, longue à se développer, n'est dans sa parfaite maturité qu'en automne.

Comme on apporte le plus grand soin à la fabrication de la soude, il faut faire la récolte avec beaucoup de précaution. On commence par détacher de la plante les rejetons les plus mûrs qu'on étend sur une aire, pour les faire sécher au soleil; on continue le même procédé jusqu'à ce que la récolte soit enfin terminée; on ramasse les graines qui sont tombées d'elles-mêmes; on s'occupe ensuite du brûlement des plantes qui se fait dans de grands trous pratiqués en terre, et bouchés de manière qu'il n'y entre que peu d'air.

On trouve sur les bords de la mer, une plante que l'on appelle varech, et que les habitans ont soin de ramasser scrupuleusement, les uns pour amender leur terre, car c'est un excellent engrais végétal, vu qu'il contient beaucoup de sel marin; les autres, pour faire une branche de commerce infiniment étendue, très-utile, et qui leur est fort avantageuse.

Après avoir fait un amas considérable de va→

rechs, ils les brûlent à peu près comme nous ves nons de dire qu'on fait du kali, c'est-à-dire, dans des trous ou espèces de fourneaux qu'ils pratiquent aux pieds des falaises. Il résulte de cette opération une soude moins parfaite à la vérité que celle qui vient du kali, mais dont on se sert avec succès dans les manufactures où les ouvrages n'exigent pas la soude délicate.

CHAPITRE XII.

De la culture du tabac.

Le meilleur tabac, disent les auteurs du Cours d'Agriculture, est celui de Virginie. On ne parlera ici que de la culture qui s'en fait en Hollande et en France. Cette culture est très-étendue, les seules provinces de Gueldre et d'Utrecht produisent annuellement onze millions de livres de tabac, dont trois millions étoient autrefois vendus à la Ferme générale de France. Dans ce pays, principalement aux environs d'Amersfort, on sème la graine de tabac sur de grandes couches en bois, hautes de trois pieds, larges de dix, et d'une longueur indéterminée. Elles sont environnées à l'extérieur par une masse de fumier de litière de cochon et de mouton, et jusqu'à la hauteur des planches de la couche; l'intérieur est garni du même fumier à la hauteur de deux pieds et d'un pied de terre fine, meuble et bien fumée.

Pendant que la graine germe, et que la plante croît et se fortifie sur cette couche, on en pré

pare d'autres dans le voisinage d'un genre différent. On creuse le terrain à quelques pouces de profondeur, pour faire une seconde couche ; elles

sont séparées les unes des autres par un sentier de six à huit pouces de largeur; leur base est de deux pieds et demi, leur hauteur de deux pieds, leur talus de trois pouces ; de sorte que dans le haut il n'y a que deux pieds de largeur sur une longueur indéterminée. Leur direction est du nord au midi. A six ou huit pouces de hauteur au-dessus du niveau du fossé, on met un lit d'un pouce et demi d'épaisseur de fumier de mouton très-fin et très-menu par-dessus, six pouces de terre bien fumée, et ainsi de suite, lit par lit, jusqu'à la hauteur désignée. Les sentiers offrent deux avantages: le premier de conduire les eaux, et le second de procurer la commodité de sarcler. Quelquefois ces planches ou couches ont plus ou moins de hauteur, selon que le terrain est plus ou moins humide; mais leur largeur supérieure ne varie guère que de deux à trois pieds. C est sur des couches ainsi préparées, qu'on transplante avec les précautions ordinaires les jeunes pieds de tabac; et pour tirer parti des couches à semis qui restent alors libres, on sème sur cellesci de la laitue, du céleri et d'autres légumes; les plants de tabac sont enfoncés en terre jusqu'à la naissance des feuilles, et distans l'un de l'autre d'un pied et demi; ils sont disposés en quinconce et forment deux rangs sur chaque planche. Les champs de tabac, en Hollande, sont envi

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