Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

sont de dix, douze, et même quatorze degrés au-dessous de la chaleur atmosphérique ; cette différence considérable nuit singulièrement à la végétation des plantes. Il faut donc, lorsqu'on est forcé d'avoir recours à ces eaux pour lirrigation, avoir des retenues où on les fait séjourner assez long-temps pour s'échauffer, parce qu'à mesure qu'on les vide, on les remplit de nouvelle eau.

C'est le climat qui doit être le régulateur des irrigations; mais il ne faut y avoir recours que lorsque les gelées blanches ou tardives ne sont plus à craindre on doit les donner une heure ou deux avant le lever du soleil; quand il fait plus chaud, la bonne irrigation est celle qui commence après le soleil couché. Si on arrose pendant la journée, au fort de la chaleur, on court risque de voir l'herbe rouillée, et par conséquent très-défectueuse.

Lorsque la masse totale de l'herbe commence à fleurir, on doit cesser l'irrigation jusqu'à ce que la fleur soit passée, et même jusqu'à la coupe des foins, dans les contrées du Nord.

: :

Voyons ce qu'on entend par prairies artificielles ce sont celles qui ne sont semées que pour un temps plus ou moins long, suivant la qualité des plantes et les effets qu'elles doivent produire; telle est la luzerne, le grand trèfle

{

et le sainfoin ou esparcette; les plantes de second ordre sont les raves, les raiforts ou turneps, les carottes, les betteraves rouges ou jaunes les choux-chèvres, les choux-navets ou choux de Sibérie, les pois, les vesces, la spargule, les fèves, etc.; enfin toutes les herbes que l'on sème pour en retirer pendant un temps la nourriture du bétail, et dont on enfouit ensuite les feuilles, les tiges et les racines; telle est, en général, la base de toute prairie artificielle.

Les racines de toutes ces plantes étant pivotantes, elles ont besoin d'un sol profond. D'ailleurs, destinées à alterner la culture des champs, elles réussissent parfaitement dans les terres à blé, et leur rendent plus de principes qu'elles n'en ont reçu. Cependant le trèfle et la luzerne exigent un sol plus riche que l'esparcette qui est le véritable sainfoin; celle-ci se cultive comme la luzerne, et subsiste dans sa force pendant six ans. Dès qu'elle commence à déchoir, on la renverse en automne, et on donne un second labour au printemps pour semer du grain.

Enfin, d'après toutes les expériences qui ont été faites, il paroît que les herbages artificiels réussissent très-bien presque partout, qu'ils donnent un excellent fourrage et en quantité, qu'ils réparent la déperdition des sucs de la terre, lorsqu'après les premières récoltes on les enfouit

et que cette méthode de cultiver, à tous égards, est celle qu'on doit préférer : 1o. parce que la terre ne repose jamais; 2°. parce qu'on rend à la culture des blés une portion immense de terrain destiné à la nourriture des bestiaux.

CHAPITRE XI.

De la culture des plantes propres aux teintures et aux manufactures.

ON distingue parmi les plantes pour les teinturiers, la garance, le pastel, le safran, la carthame, la gaude etc. ; et parmi celles propres aux manufactures, le chardon-bonnetier, le kali ou soude, et le varech.

La garance est une des plantes les plus recherchées pour les teintures.

Comme les racines de la garance sont pivotantes, traçantes et fibreuses, elles exigent une terre légère, douce, bien nourrie, légèrement humide, et qui ait du fond; sans cela, les racines prendroient peu d'accroissement.

La garance se sème à la volée et en pépinière : la première méthode est préférable dans les pays tempérés ou septentrionaux ; la seconde est indispensable dans les contrées méridionales, à moins qu'on n'ait la faculté d'arroser la garance par irrigation. On sème encore à la main en suivant les sillons; cette dernière méthode facilite singulièrement la culture, en ce qu'il est plus facile au printemps et en été, de sarcler les

rangées sans nuire aux bonnes plantes. On évalue à dix livres au plus la quantité de semences pour quatre cents toises carrées ; il faut que chaque pied soit espacé de cinq à six pouces ; tout autre conseil est contradictoire avec le travail de la plante, dont le succès le plus avantageux est qu'elle puisse pivoter à l'aise, et s'approprier les sucs nécessaires au développement des racines. C'est dix-huit mois après l'époque des semailles que se fait la récolte en Flandre. Malgré cet usage, il est infiniment plus profitable de ne récolter qu'à la fin de la troisième année, parce qu'alors les racines sont plus fortes et plus imprégnées des parties colorantes.

L'opération qui doit suivre la récolte des racines, est celle de la dessiccation, qui s'opère en déposant ces racines sur des claies, sous un hangar, à couvert du soleil et de la pluie, et exposées au courant d'air; on les y laisse plusieurs jours, jusqu'à ce qu'elles soient devenues molles comme des ficelles, et qu'en les tordant on ne fasse plus sortir de jus. C'est là, dit Dambournay, dans son mémoire imprimé en 1771, le point à saisir pour brusquer la dessiccation, soit au soleil, soit dans des fours dont on vient de retirer le pain, et dont on laisse l'étoupais entr'ouvert, afin que les vapeurs aient une libre issue. Il faut ordinairement qu'elles y passent

« ZurückWeiter »