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quels se distinguent le diamant, les silex et la pierre herculéenne, vulgairement nommée aimant; 4° les herbes et les arbres. Ici il est essentiel de remarquer qu'Épicure spécifie nettement la différence qu'il y a entre les animaux et les plantes. Les premiers ont la locomotion, le désir, la pensée; les plantes n'ont ni sens ni âme, de quelque manière qu'on l'entende. Il est vrai qu'elles leur ressemblent par certaines fonctions, la nutrition, par exemple, la génération, la croissance; mais tout cela se fait spontanément, inévitablement et sans conscience de ce qui se passe. Lors donc qu'on parle de la vie et de la mort des plantes, l'expression est abusive, et n'a de base qu'une analogie, mais non une identité véritable.

Épicure savait et dit que les hommes découvrirent l'art de semer et d'enter en voyant les glands et les baies des arbres, après être tombés, donner naissance à de jeunes pousses semblables à celles qui avaient porté le fruit primitif.

XVI.

Des animaux.

La variété étonnante des formes animales, la différence de leurs moyens de progression, de leurs formes extérieures, de leurs richesses en fait d'organes, avaient frappé Épicure.

Ce qu'il y a de plus étonnant dans l'animal, c'est, dit-il, la pensée; et, pour lui, la pensée se manifeste par l'enchaînement des mouvemens, qui, developpés d'abord dans une substance dépourvue de raison, finissent par se reproduire artificiellement, et non spontanément et aveuglément.

Les mouvemens des atomes, sans doute, ont lieu au hasard et sans l'avis de la raison; et pourtant, lors de l'origine du monde, il est arrivé que des animaux, en quelque sorte

prototypes de toute une race, existaient. Une fois ces animaux formés, des atomes qui çà et là couraient, opérant des mouvemens, se rapprochant, s'éloignant, se joignant, s'excluant, les uns seulement venaient s'adapter, se combiner aux atomes de l'animal prototype; c'étaient les atomes de même nature que les siens les autres, au contraire, étaient repoussés; c'étaient ceux qui ne ressemblaient en rien aux atomes constituans de l'animal. Mais il reste toujours à déterminer comment, dans l'origine du monde, furent produits les animaux prototypes. C'est ce qu'Épicure n'explique pas, ou du moins n'explique pas par des raisons particulières.

Il continue de suivre les phases diverses de la vie de l'animal. Dans la nutrition, dit-il, l'atome, qui fait déjà partie du corps, attire un atome extérieur de même nature que lui, se l'approprie, s'y enchaîne, s'y assimile; il exclut tous ceux qui sont d'une autre nature: de là les progrès, l'accroissement et la force. Dans la copulation, certains atomes, par suite du mouvement perpétuel qui a lieu à l'intérieur du corps, se trouvent chassés de leur séjour naturel, et font une excursion vers les parties génitales; ils s'y rassemblent les uns viennent de la tète, les autres des bras, les autres du thorax. Ces atomes, rendus dans leur demeure nouvelle, tendent non-seulement les uns vers les autres, mais aussi vers ceux qui appartiennent à un sexe différent. Il en résulte désir, rapprochement, et enfin la commixtion dans l'utérus.

Dans la formation du fœtus, les atomes séminaux, ainsi parvenus dans l'utérus, s'y disposent en groupes, toujours d'après leur similitude, et forment ainsi un corps minime, copie de celui auquel le fœtus devra la naissance. Les atomes venus de la tète s'arrangent en forme de tête; les atomes

venus du thorax constituent un petit thorax; les atomes venus des cuisses donnent lieu à des cuisses, etc., etc.

On demandera comment il se fait alors que les sexes diffèrent. Suivant Épicure, la semence existe chez la femme ainsi que chez l'homme. La conception n'a lieu que grâce au mélange des atomes spermatiques de l'un et de l'autre; ceux qui l'emportent des atomes masculins ou féminins déterminent le sexe de l'embryon. On comprend aussi par-là la ressemblance, si souvent regardée comme bizarre, des petits-fils à leurs grands-pères. Cette particularité tient à ce que des atomes spermatiques, demeurés inutiles ou dans l'ombre, lors de la première génération, reprennent, lors de la seconde, de l'importance, et une place semblable à celle qu'ils avaient chez l'aïeul.

Pour la stérilité, elle tient encore à la configuration des atomes séminaux; mais ici la configuration est imparfaite, elle pèche ou par des aspérités trop nombreuses, ce qui empêche toute cohésion d'atomes, ou par l'extrême poli des surfaces sphéroïdales, qui rend l'atome glissant au point de ne pouvoir s'accrocher à aucun de ceux qu'il rencontre.

XVII.

Des parties animales et de l'âme.

Les membres divers de l'animal n'ont pas été formés dans un but et pour l'usage que chacun en fait; il fallait bien qu'un arrangement, n'importe lequel, se trouvât dans ces aggrégations d'atomes qui, grâce à une organisation plus complète, s'appellent animaux. Dans cet arrangement, les diverses parties se trouvent aptes à certains actes, et, en conséquence, chargées de certaines fonctions : les yeux

voient, par exemple, les oreilles entendent, les mains prennent, les pieds marchent; mais aucun de ces membres n'a été produit dans l'intention de donner à l'animal la vision, l'ouie, la marche. Les causes finales dont on parle tant n'existent donc pas. Épicure ajoute contre les causes finales une assez mauvaise raison, fondée sur l'analogie. L'usage, dit-il, ne vient que de l'expérience; les hommes n'auraient jamais songé à se battre les armes à la main, s'ils ne s'étaient d'abord battus à coups de poing; ils n'ont songé à faire des lits, qu'après avoir couché par terre, à fabriquer des vases à boire, qu'après avoir bu dans le creux de leur main; enfin, à fabriquer des maisons, qu'après avoir trouvé des abris dans des cavernes.

L'âme est aussi une partie du corps; mais elle n'est composée que de parties extrêmement menues. Dire qu'elle est absolument incorporelle, c'est la réduire à n'être qu'une partie de l'espace, c'est-à-dire du vide, et dès-lors elle ne pourrait ni agir, ni être passive; elle ne pourrait présenter un libre passage au corps qui la traverse. Or, s'il y a quelque chose d'évident, c'est qu'au contraire l'âme agit et souffre; elle meut le corps, le pousse, le retarde; c'est elle qui, par son repos, lui impose le sommeil.

A présent, est-il nécessaire d'admettre cette extrême subtilité que nous avons attribuée à l'ame? Oui, dit Épicure; car, sans cette particularité, il serait impossible à l'àme de traverser, de pénétrer, d'animer tout le corps, de se répandre dans toutes les parties et tous les organes, veines, nerfs, entrailles, muscles, os. D'ailleurs, qu'on pèse le corps pendant la vie, le corps après la mort, le poids n'a pas diminué, il est le même. C'est ainsi que le vin, dépouillé de son bouquet, ou du parfum de son arome, n'a rien perdu de son poids. Si donc l'àme était condensée et réduite à son

moindre volume, il est certain que sa totalité n'occuperait qu'un point invisible.

Toute subtile qu'on la suppose, l'àme n'est pas pour cela un corps simple; au contraire, tout porte à croire qu'elle est composée, et composée des quatre élémens essentiels à la nature, c'est-à-dire de feu, d'air, d'eau et de terre, ou plutôt de feu, d'air, de vent, et enfin de quelque chose d'innominé, en quoi réside plus particulièrement la sensibilité. Ce que c'est que cette quatrième partie de l'âme, il est impossible de le concevoir. C'est en quelque sorte l'âme de l'âme. Le caractère de chaque animal dépend de la proportion dans laquelle ont été répartis ces élémens; ainsi la chaleur domine chez le lion, et le lion est irascible; les vents dominent chez les cerfs, et le cerf est timide; les bœufs contiennent beaucoup de parties aériformes: de là leur naturel pacifique, qui tient le milieu entre les lions et les cerfs. Enfin, l'homme, chez lequel domine la portion sensible, ou àme de l'âme, l'homme qui a eu, lui, non pas seulement l'anima, mais l'animus, est un être raisonnable; la pensée, l'intelligence, la raison, voilà les noms qu'on donne à son âme. Au reste, dans cette âme il faut distinguer deux faces, l'une vraiment rationnelle, l'autre irrationnelle; à la première appartiennent plus proprement les dénominations énumérées plus haut; du domaine de la seconde sont les sens et les désirs.

XVIII.

Les sens.

Épicure s'oppose à la doctrine qui place toute la sensibilité dans l'âme, et qui réduit les corps à être seulement les véhicules, les intermédiaires, mais non les possesseurs de

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