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et indiquent d'une manière attrayante quels phénomènes, en tout contraires aux nôtres par l'époque où ils se passent, ont lieu dans cette partie imaginaire de la masse terrestre.

Épicure après cela se demande comment il peut se faire que la terre se soutienne ainsi au centre du monde. Les raisons par lesquelles il essaie de l'expliquer sont faibles et peu intéressantes. Nous les omettrons.

Il s'occupe ensuite de ce qui avait été dit avant lui sur la vie de la terre. On l'avait prétendue animée, on en avait fait une déesse. La terre n'est pas plus déesse que le monde n'est dieu. Permis de voir en elle la mère des êtres, puisque c'est de son sein et par l'action des corps qu'elle contient, que tout se produit à sa surface; mais il n'en résulte pas que ce soit une mère pensante et agissante. Permis aussi aux Corybantes, aux Métragyrtes, de célébrer au son du tambour la Terre, mère des dieux, et de gagner leur vie en chantant Bérécynthie; mais croire que dans le corps de la terre loge une ame divine, un esprit recteur, est une folie, un conte indigne du philosophe.

XIII.

Des tremblemens de terre et de l'Etna.

On s'étonne de ces deux phénomènes, qui, aux yeux du penseur, n'en forment qu'un, et qui se produisent souvent tous deux à la fois : cependant ils n'ont en eux-mêmes rien de difficile à comprendre. La terre, toute massive que nous la supposons, a des cavités, des cavernes. Dans son sein se trouvent des rochers bouleversés. Les fleuves, qui courent à sa surface, rentrent quelquefois sous cette croûte opaque : leur source, d'ailleurs, est toujours à l'intérieur de la terre. On peut concevoir sans peine que l'eau courante enlève au

passage des particules dont la somme, à la longue, se trouve assez considérable pour influer sur la solidité des parties supérieures qui la couvrent comme une voûte. La voûte alors tend à tomber, et le sol tremble. D'autres fois aussi, c'est un coup de vent qui agite les eaux stagnantes et immobiles: de là peut résulter une secousse, surtout si levent, retenu dans une enceinte étroite, tourbillonne sur lui-même, et bat les parois de l'espèce de caverne dans laquelle il s'est engouffré. Enfin il n'est pas impossible que quelque partie de la terre se détache d'elle-même, et que, dès-lors, la portion de terre soutenue par celle-ci s'écroulant, toutes les localités circonvoisines répercutent le coup qu'elles viennent de recevoir.

Épicure ajoute encore d'autres hypothèses à celle-ci; mais elles ne valent pas la peine d'être répétées. Passant ensuite à l'Etna, il proclame que le vent, qui est assez fort pour imprimer une secousse à la terre, se transforme, dans cette vive action, en flamme, et dès-lors peut donner lieu à ces éjections violentes de laves que lance au loin le cratère de l'Etna. Cette dernière partie de l'hypothèse n'est point absurde nul doute qu'il n'existe des courans d'air souterrains, et il est clair que ces courans doivent, lorsqu'ils rencontrent des matières combustibles en état d'ignition, aviver de la manière la plus forte l'incendie dont les entrailles de la terre sont le foyer.

:

XIV.

Des eaux la mer, les fleuves, les sources.

du Nil, de la glace.

Des débordemens

Parmi toutes les eaux que présente la masse terrestre, se distingue la mer. On sait que les géographes la divisent en

interne ou Méditerranée, externe ou Océan. Il ne faut pas croire que le ciel s'élève au dessus d'elle comme une voûte, et la touche par ses extrémités. Il est faux, par conséquent, que le soleil et les astres s'y couchent; il est faux qu'à l'époque de leur lever prétendu ils sortent du sein de ses

eaux.

Pourquoi la mer ne s'augmente-t-elle pas, malgré l'innombrable quantité de fleuves qui viennent s'y rendre? D'abord, c'est que, comparativement à la mer, les fleuves sont des gouttes d'eau presque imperceptibles; ensuite, c'est que le soleil pompe par ses rayons une énorme quantité d'eau. C'est ce que l'expérience nous indique à chaque instant, lorsque nous voyons les étoffes mouillées se sécher si vite au soleil. A cette raison excellente, Épicure en joint une très-mauvaise. La terre étant criblée de pores, nonseulement, dit-il, les eaux se rendent de la terre à la mer, mais encore elles rentrent de la mer dans le sein de la terre, jusqu'aux lieux où l'on croit voir leurs sources. La salure des eaux marines, opposée à la douceur des eaux de source et de rivière, n'est point une objection. Les pores de la terre font office de filtre, et les particules salées se déposent chemin faisant, de manière qu'en définitive il ne reste que de l'eau pure. La théorie des atomes revient encore ici. Les atomes salés sont crochus et âpres : les atomes aqueux sont lisses; de là la facilité avec laquelle ils coulent et passent, tandis que les autres s'arrêtent et forment un dépôt.

Si l'eau des sources jaillit perpétuellement et sans interruption, cela tient justement à ce retour perpétuel des eaux marines dans la terre. Sans doute on peut supposer que, dans les entrailles de ce grand corps, ont été placées d'immenses quantités d'eau qui fournissent à l'écoulement des fontaines; mais ce ne serait pas assez. Quelque grande, quel

que forte que soit la masse aqueuse, elle finirait par s'épuiser, s'il ne revenait pas de nouveau liquide à mesure que le précédent s'en va. Or, pour satisfaire à cette condition, il n'y a qu'un moyen admissible; c'est ce mouvement de va et vient des eaux qui courent de la terre à la mer, de la mer à la terre.

Les ruisseaux, auxquels les sources donnent naissance, se réunissent d'abord en cours d'eaux assez exigus, puis se joignent de nouveau de manière à occuper un grand lit, et enfin forment, par leur jonction définitive, des fleuves qui, tributaires ou de la Méditerranée ou de l'Océan, renouvellent sans cesse l'immensité des mers.

De tous les fleuves, le Nil est le plus remarquable. Il déborde tous les ans à l'époque de l'été, et ses débordemens fertilisent l'Égypte. Il est présumable, à ce que dit Épicure, que ce phénomène est dû à l'action des vents étésiens, qui refoulent les flots en sens inverse de la direction que naturellement ils ont prise; de telle sorte que le niveau se trouve détruit, et que l'onde, amoncelée du côté de la source, se répand sur les deux rives, qui, dans les temps. ordinaires, la contiennent. Peut-être aussi est-ce que les vents étésiens, en soufflant du nord, poussent et accumulent du côté du midi de grandes masses de nuages, qui, arrêtés par de très-hautes montagnes, se condensent, et bientôt laissent échapper la pluie en assez grande quantité pour que le fleuve accru par elle inonde les plaines circonvoisines. Une troisième hypothèse présente les monts de l'Éthiopie comme des glaciers que la puissance des rayons solaires résout en eau. On conçoit que ces eaux, en se rendant à un fleuve principal, le grossissent quelque temps après l'apparition du printemps.

Plusieurs sources offrent des phénomènes singuliers;

ainsi, par exemple, 1° on voit au milieu de la mer jaillir des fontaines d'eau douce; 2o en Épire il y a une fontaine dont l'eau s'enflamme dès que l'on promène au dessus d'elle un peu d'étoupe et une torche; 3° une autre, auprès du temple d'Ammon dans le désert, est froide le jour et chaude la nuit; 4o l'eau des puits se trouve de même chaude en hiver, et froide en été. Les explications que hasarde Épicure sur ces diverses particularités sont peu heureuses.

La glace, qui n'est autre chose que de l'eau solidifiée, résulte évidemment, selon Épicure, de l'assemblage d'atomes polyédriques : car, si les atomes desquels il s'agit étaient orbiculaires, entre eux se formeraient nécessairement des interstices, des vides, et dans ces vides les atomes pourraient se réfugier; dès-lors il y aurait mollesse, extension, et par conséquent fluidité. La glace offrant des propriétés contraires, il faut que ces atomes composans soient tous terminés par des surfaces planes à angles aigus ou obtus. Ces angles peuvent s'adapter, s'emboîter, et par conséquent former un tissu solide et dur qui n'a rien de la liquidité et de la mollesse de l'eau.

XV.

Des corps inorganiques que contient la terre.

On divise les corps que contient la terre en animaux et êtres inanimés. Ces derniers sont, 1o des concrétions, liquides peut-être jadis, mais qui aujourd'hui ne s'offrent qu'à l'état solide : tels sont le sel, le soufre, le bitume, le succin; 2o les métaux, dont la découverte remonte à une époque où la foudre embrasa les forêts et liquéfia par la force d'incendie les particules métalliques adhérentes aux racines des arbres; 3° les rochers et les pierres, parmi les

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