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de ce passage d'une partie bien connue de son histoire d'Alexis Comnène, qui malheureusement n'a pas été publié avec le reste des histoires Bysantines.

SIR WALTER'S PARROT,

LA BASSE-BRETAGNE.

QUATRIÈME ARTICLE (1).

LA CHOUANNERIE.

que

cela

Tout est prêt, on n'attend plus que le signal; ce sera la guerre étrangère ou un mouvement intérieur. Quoi que ce soit, je connais de bons citoyens qui désirent vienne, même avec les malheurs qui s'ensuivront; car les réfractaires de Vitré, de Fougères, le bande de Diot, celle de Lahoussaye, n'expriment rien encore. Il faut de vrais chouans, tels qu'on les avait, tels qu'on les désire, avec une cocarde blanche, des proclamations de Henri V et un nouvel évêque d'Agra. Alors seulement, nous dit-on, vous verrez en face vos ennemis que vous croyez forts, et qui ne restent inactifs que pour ne pas détruire en vous cette croyance. Du moins est-ce la tactique des habiles; mais il se trouvera là un sot qui viendra, croyant à lui-même, vendre les siens pour quelques coups de fusil.

C'est en effet une chose curieuse que ce spectacle des

(1) Il faut toujours remarquer, à propos des articles que nous publions sur la Basse-Bretagne, que les populations des grandes villes, telles que Brest, Lorient, Quimper, Morlaix, n'ont rien à démêler avec les peintures de mœurs que nous transmet notre honorable correspondant. C'est uniquement la physionomie des campagnes et celle des très-petites villes de ce pays que l'on y reconnaîtra, et que l'on doit y chercher.

(N. du D.)

intérêts en lutte permanente avec une vanité! Les hommes qui possèdent le sol, et dont une étincelle peut anéantir l'influence et le bien-être matériel, ce sont ceux qui appellent le désordre alors que l'ordre est appuyé par ceux qui n'ont rien à perdre ici-bas.

Savez-vous ce qu'étaient en 1815 les chouans de BasseBretagne ? N'allez pas penser que ce fussent de ces fidèles de la Vendée primitive, des soldats de Lescure ou de Cathelineau marchant au nom du roi derrière un crucifix, et enlevant l'artillerie avec des bâtons, comme aux journées de juillet: de pauvres paysans qui ne savaient ce qu'est la France, ni si la France avait un roi, ni si ce roi avait un nom; ramassés en troupeaux le pistolet sous la gorge; désertant à chaque coin de baie, héros de basse-cour, dont la carabine rouillée eût crevé au premier combat; et pour comble d'honneur commençant leur campagne après l'entrée des Bourbons à Paris. Telle était la grande armée du comte de Cornouailles, qui fut chassée à coups de pierres par les femmes de Quimperlé. Si quelqu'un mettait en doute la fidélité de ce tableau, j'en appellerais aux soldats de cette armée qui reçoivent encore des pensions pour leurs prouesses.

Il y a bien eu alors quelques petits combats dans le Morbihan; ceux d'Ausay et de Mariadec vivent encore dans la mémoire de quelques familles infortunées. Mais c'est véritablement depuis 1815 que la chouannerie nouvelle a été organisée en Basse-Bretagne. Les dépôts d'armes et de poudre, les batteries de fusils entassées dans des caisses de suif, les canons enfouis dans la terre, les compagnies secrètement soldées, tout a été disposé pour une occasion imprévue; et si la révolution eût été moins rapide, une imposante résistance aurait surgi dans l'Ouest.

Mais un an de repos a créé un esprit public là où il y avait servage héréditaire. Des bourgs où dix personnes parlent français ont été illuminés le jour de Saint-Philippe. Tel paysan auquel on disait l'année dernière : « Si tu ne fais >> pas marcher tes bœufs plus vite je t'attellerai à ta char

>> rette, » est aujourd'hui membre du conseil d'arrondissement ou commissaire-voyer; tel autre à qui l'on disait : « Tais-toi ! » s'est entendu dire : « Monsieur, qu'y a-t-il >> pour votre service?» de sorte que ces braves gens établissent sans efforts une comparaison entre le présent et le passé, laquelle n'est pas à l'avantage des insurrections qu'on médite.

Puis les chefs ont fait une faute : en quittant les mairies par refus de serment, ils ont laissé la place à des cultivateurs soumis naguère à leur patronage, et tout fiers aujourd'hui de porter une écharpe à la grand'messe. Cette faute, que l'on a tenté de réparer aux élections dernières, en rentrant par le serment dans l'action politique, n'en a pas moins porté ses fruits. Aussi le domaine de la chouannerie est-il singulièrement restreint.

Il ne faut pas songer au Finistère, que la vieille révolution avait pu à peine agiter, et où 1815 n'a recruté que deux cantons de l'arrondissement de Châteaulin.

Le quartier général est à Auray; Auray la ville sainte, patrie du brave Georges, ossuaire de Quiberon. Là vit et vivra long-temps l'esprit chouan, dont la robuste essence a résisté même aux impolitesses de la fille des rois; sorte de religion qui, au moment même du martyre, trouve encore assez de force pour persécuter. Aussi voyez-vous qu'à la fête de Louis-Philippe toutes les fenêtres qui n'étaient pas absolument obscures' y ont été brisées à coups de pierres, et qu'une cocarde tricolore n'a pas osé paraître à un seul chapeau bourgeois. Cette Jérusalem carliste compte aussi ses tribus: Grandchamp, Erdeven, Crach, Pluvigné, Plunevet, Bignan, etc. Toutes ces communes s'insurgeraient au premier mot, malgré l'habile désarmement qu'on y a opéré sans tumulte.

Ce que les chefs craignent surtout, c'est que nous n'ayons pas peur. Les petites bandes s'organisent, mais aucune haute influence ne paraît, car le gant serait jeté, et l'on pourrait juger du nombre. La partie perdue, elle le serait sans res

source, et ils ne veulent pas la risquer sitôt. Mais sachez bien que l'argent ne manquera jamais à ces éclaireurs qui semblent vivre de rapines: avis secrets, encouragemens, promesses, tout leur arrive et les soutient, on ne veut pas plus leur accroissement que leur destruction. L'un et l'autre, avant la guerre générale, serait un coup de mort au parti. De là vient que quinze hommes tiennent des régimens en haleine là où cinq cents hommes ne résisteraient pas à une compagnie. Ces quinze hommes sont prévenus de l'heure à laquelle on doit les atteindre, ils se dispersent, jettent leurs fusils dans un buisson, et chacun, la pipe à la bouche, demande à la colonne qui passe : « Quelle heure est-il ?... »

Cependant le pays est inquiet; les bruits adroitement semés se propagent, on en invente de toute espèce, et il n'en est pas de trop absurdes pour être crus. Dernièrement un maire de campagne est venu, tout en pleurs, me demander si les gardes nationaux du chef-lieu avaient le droit de venir prendre les 600 fr. en réserve à la fabrique de son église, comme cela devait se faire, disait-il, le dimanche suivant... Un autre m'a prié de le réconcilier avec ses administrés, dont il avait encouru la colère, parce que le percepteur leur envoie toujours des avertissemens, bien qu'un gentilhomme leur ait affirmé que les maires ont aujourd'hui le droit d'exempter leurs communes de toute contribution..... A l'aide de ces sottises on arrive au grand but: gagnons du temps en empêchant le calme.

Du reste, les moyens présens sont mesquins, si les espérances sont vastes. Il n'y a réellement en Basse-Bretagne qu'une seule bande, celle de Lahoussaye, qui parcourt l'arrondissement de Ploënnel, et s'est jetée depuis quelque temps dans les environs de Londéac. On pourra se faire une idée de son importance par le personnel de l'état-major.

Le chef suprême, Guérin de Lahoussaye, marchand de vins dans la petite ville de Josselin, faisait depuis long-temps d'assez mauvaises affaires. Sa tête, naturellement inflammable, s'exalta, dit-on, à un haut degré sous une influence

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