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de bachelier-ès-lettres; et on ne doit pouvoir entrer au collége qu'après un examen spécial. C'est la règle, Monsieur le Ministre, mais elle n'est point observée; comme c'est aussi la règle, également inobservée, d'examiner les élèves d'une classe avant de les laisser passer dans une classe supérieure ; règle nécessaire, sans laquelle il ne peut y avoir nul progrès régulier, nulle gradation réelle dans les études.

Une dernière remarque., Dans chacun de nos colléges à pensionnat il y a un aumônier pour les élèves catholiques, et un pasteur pour les élèves protestans. Je me plains que nos aumôniers, pour ne parler que de ce qui regarde les catholiques, se bornent aux offices, à la confession et à ce qu'il y a de plus indispensable dans leurs fonctions. C'est trop peu pour le traitement qu'ils ont, c'est trop peu surtout pour les besoins religieux des élèves. Il faut comprendre ces besoins et y satisfaire. Moins d'offices, Monsieur le Ministre, et beaucoup plus d'enseignement; car les offices, sans enseignement servent assez peu, et l'enseignement serait très-utile encore sans les offices. Voyez avec quelle assiduité la religion est enseignée dans toutes les classes de Schulpforta! Je voudrais que chez nous tout aumônier fìt au moins deux conférences par semaine sur la religion chrétienne, et non pas aux commençans; pour ceux-là, le caté chisme et l'histoire biblique suffisent; c'est aux élèves des humanités et de rhétorique, et des classes d'histoire, de sciences et de philosophie correspondantes aux humanités et à la rhétorique, qu'un digne et savant ecclésiastique devrait s'adresser. Des jeunes gens de cet âge trouveraient une instruction solide et utile à tous égards dans l'explication des monumens du christianisme, qui se lierait à toutes leurs études historiques et philologiques. Quand, pendant quelques années, ils auraient ainsi vécu dans un commerce intime avec les saintes écritures et les saints pères, il ne serait pas plus facile de tourner en ridicule auprès d'eux le christianisme, sa forte morale, sa sublime philosophie, sa glorieuse histoire, qu'il ne l'est aujourd'hui de leur faire

trouver Homère et Virgile de minces génies, et Rome et la Grèce sans grandeur et sans intérêt. Mais pour de pareils enseignemens il faut un aumônier instruit, et nul ne devrait être aumônier sans avoir obtenu le grade de bachelier, ou même celui de licencié en théologie. Je sollicite instamment cette mesure. On se plaint, Monsieur le Ministre, des progrès de l'impiété et de la superstition; mais, il faut le dire loyalement, on contribue beaucoup à propager l'une et l'autre en laissant dépérir l'enseignement religieux dans nos colléges et dans nos facultés même de théologie. J'insiste sur ceci avec force, parce que vous êtes à la fois ministre des cultes et ministre de l'instruction publique.

J'étais ce matin en Prusse à Pforta; me voici ce soir à Leipzig. J'y resterai deux jours pour y étudier l'organisation et les diverses parties de l'instruction publique dans le royaume de Saxe.

Agréez, Monsieur le Ministre, l'expression des sentimens avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Votre très-humble et dévoué serviteur,

VICTOR COUSIN.

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LA

CONFESSION DES BANDITS.

L'échafaud est le trône des bandits.

(Anonyme anglais.)

(Une prison d'Allemagne. -Trois brigands garrottés et étendus sur la paille,)

premier brigand, à l'un de ses compagnons.

A demain l'échafaud, mon brave capitaine,
A demain !

LE CAPITAINE.

Va, Schoeffer, ne te mets pas en peine.

PREMIER BRIGAND.

En peine! je voudrais que ce fût dès ce soir;
Mais les beaux citadins ne pourraient pas nous voir :
Ils ne veulent rien perdre à ces sanglantes fêtes,
Il leur faut du soleil quand on coupe des têtes.

LE CAPITAINE.

J'en demande comme eux ; il me déplairait fort
D'ensevelir dans l'ombre une aussi grande mort!
Serons-nous fiers demain quand notre œil intrépide
Glacera de terreur cette foule stupide;

Quand, d'un pas ferme et sûr, sans l'aide du bourreau,
Nous irons affronter le tranchant du couteau!
Avant de se fermer, nos bouches menaçantes
Insulteront encore aux faces pâlissantes
Des timides soldats sous l'échafaud rangés;

Et nous seuls les martyrs ne seront point changés.

PREMIER BRIGAND.

Corbleu! nous espérons trépasser de la sorte. Comme vous, capitaine, on aura l'ame forte. (Montrant le deuxième bandit.)

Mais voyez donc, Hermann paraît triste et rêveur.

DEUXIÈME BRIGAND, sortant de son assoupissement. Ah! ma foi; le sommeil.....

LE CAPITAINE, au deuxième brigand, d'une voix forte. Hola! l'homme sans peur,

Conte-nous tes remords en bon et franc apôtre,

Fais ta confession.....

Dis toujours.

DEUXIÈME BRIGAND.

Eh! la mienne est la vôtre !...

LE CAPITAINE.

DEUXIÈME BRIGAND.

Écoutez. J'avais l'esprit guerrier,

J'aurais été jadis un brillant chevalier.

Nos paladins nouveaux ne me conviennent guère,
Les soldats aujourd'hui sont des valets de guerre
Qu'on habille en livrée à la couleur du roi :
Combattre dans leurs rangs! j'aurais rougi, ma foi,
Quand l'on m'aurait offert une belle épaulette.
Oh! que j'aimais bien mieux ma légère escopette,
Cette arme si fidèle à mon œil, à mon bras,

à

Qui jetait d'un seul coup trois grenadiers à bas!
Oh! que j'aimais bien mieux mes courses vagabondes
Par les monts, sur les bords des ravines profondes
Où venaient se briser, s'engloutir à la fois
Les dragons allemands et les hussards hongrois!
J'étais fier de mes coups et maître de ma gloire,
Et je pouvais toucher aux fruits de ma victoire.

Voilà ce qui m'a fait partager votre sort.
Dieu soit loué! demain je mourrai sans remord.
(Au capitaine.)

J'ai passé les détails; vous les savez, j'espère,
Comme le pénitent qui s'accuse, ô mon père !

LE CAPITAINE.

C'est justement pourquoi je t'absous de bon cœur.
PREMIER BRIGAND, au capitaine.

Recevez mes aveux, très-bénin confesseur :
J'avais dès mon enfance une ame de poète;
La vie était pour moi comme un grand jour de fête.
Dérobant au passé quelque doux souvenir,
Fort et brillant d'espoir j'allais vers l'avenir.
Je passais doucement, inconnu sur la terre.
Si j'envoyais au vent une plainte éphémère,
Ou bien un chant d'amour, nul ne les entendait,
L'écho sonore et vide alors me les rendait.

Pourquoi donc une vierge osa-t-elle comprendre
Et ma plainte et mon chant? Pourquoi son ame tendre
Vint-elle avec transport s'ouvrir à mon amour ?
La pauvre enfant est morte... oh ! bien avant son jour.
DEUXIÈME BRIGAND.

Morte!... Et qui l'a tuée? est-ce toi?

PREMIER BRIGAND.

C'est le monde!

Que je maudis cent fois dans ma haine profonde.
Un homme ne doit pas, sans fortune et sans nom
Se permettre d'aimer la fille d'un baron.....

DEUXIÈME BRIGAND.

Si c'est un homme adroit, bien tourné, plein de grâce, On lui pardonnera sans doute tant d'audace;

Mais qu'il ose le crime en secret! Un vilain

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