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tion >>> française et portaient par cela même un dommage sensible aux intérêts du saint-siège1. C'était à faire révoquer ces édits, lesquels avaient force exécutoire dans les provinces obéissant à Charles VII, que les deux légats, tout en intervenant auprès de lui pour la paix, devaient plus particulièrement employer leurs efforts. Martin lui-même adressa, dans ce but, lettres sur lettres non seulement à Charles VII, mais à ses conseillers, au comte d'Aumale, au duc d'Alençon, à Tanguy du Chastel, au chancelier, à la reine de France, à la mère de celle-ci, Yolande d'Aragon, au confesseur du roi et jusqu'à son médecin 2; et il est permis d'affirmer que le soin de ramener la paix entre les deux royaumes occupait moins alors le pontife que celui de restituer à l'Église romaine ce qu'il appelait ses « libertés ».

Ce soin d'étendre ou d'affermir son autorité ecclésiastique le porta dans le même temps à une autre entreprise. L'empereur de Constantinople, qui était alors Manuel II Paléologue, et dont les Turcs ne cessaient de menacer la capitale, avait envoyé d'abord à Constance et plus récemment à Florence une ambassade vers le pape, pour l'informer de l'intention où il était de s'unir à l'Église romaine, et solliciter, comme prix anticipé de ce retour à l'orthodoxie, le secours des armes de l'Occident . De même que tous ses prédécesseurs, c'était uniquement en vue d'obtenir cet appui qu'il se rapprochait du saint-siège. Martin se flatta d'avoir la gloire d'accomplir ce difficile ouvrage de l'union des deux Églises, comme il avait eu celle de voir finir en sa personne le schisme qui avait divisé la catholicité. Il manda aux cheva

1. Voir ces édits dans le recueil des Ordonnances des rois de Fr., t. X, p. 445, 447. Ils avaient ét rendus en Parlement en mars-avril 1418, et quand, au mois de juin, l'évêque d'Arras, qui apportait un exemplaire du concordat, demanda l'adhésion du Parlement, celui-ci la refusa (Héfelé, Conc., t. XI, p. 100). Ce fut le 8 février 1423 que Charles VII confirma les édits qu'il avait publiés étant dauphin.

2. Beaucourt, ibid., t. II, p. 316 à 318.

3. Raynald., anno 1418, no 17; anno 1420, n° 21 (lettre à l'archevêque de Cologne).

liers de Rhodes et aux Vénitiens de diriger en Grèce de premiers secours, et, en notifiant ces démarches au monarque, il lui écrivit qu'il n'y avait pas à douter que « la chrétienté latine » ne s'armât en sa faveur aussitôt que l'union serait consommée. Il exigeait toutefois que cette union, proclamée dans un concile dont l'empereur indiquerait la date et le lieu, s'opérat <«< sans réserve sur le culte, la foi et la doctrine 2; et, vers les derniers mois de l'année 1422, un frère mineur se rendit à Constantinople pour entamer des pour parlers sur ces bases3. Mais l'empereur, qui n'avait pas reçu les secours qu'on lui avait annoncés, répondit que ses ambassadeurs avaient dépassé ses instructions; qu'il n'entendait pas s'unir à l'Église romaine « purement et simplement; » qu'on devait, à cet égard, suivre de part et d'autre les inspirations du Saint-Esprit; que Constantinople lui paraissait le lieu le plus convenable pour tenir le concile; mais que le moment de le rassembler était inopportun, et qu'avant tout il était nécessaire d'expulser les Turcs. C'est dire que les négociations échouèrent, comme avaient échoué jusqu'ici toutes les négociations déjà tentées pour l'union. Dans une lettre que l'envoyé apostolique avait été chargé de remettre au monarque, Martin ne se contentait pas de prendre le titre de « souverain pontife; » il se disait «< bienheureux et très saint, successeur de Pierre, Christ du Seigneur, père des rois, lumière du monde, préposé à l'empire de la terre et du ciel, et dominateur de l'univers. » De telles qualifications n'étaient assurément pas propres à ramener

1. Raynald., anno 1422, n° 1, 2.

2. Te non tantum nomine christiano, verum omni cultu, fide, religione, doctrina, conjunge nobiscum. »

3. Ce frère mineur, Antoine Massanus, arrive à Constantinople le 10 septembre.

4. Ce fut Jean II Paléologue, fils de Manuel et déjà associé à l'Empire, qui répondit au nom de son père. Sa lettre au pape est datée du 14 novembre 1422. Raynald., eod. anno, no 15.

5. Voir dans Raynald., anno 1422, n° 6-14, le mémoire que l'envoyé pontifical a écrit sur les résultats de sa mission, mémoire daté du 14 novembre 1423, et auquel est joint le texte des instructions du pape.

les Grecs qui si souvent avaient reproché à l'Église romaine son ambition et son orgueil, et elles montraient aussi combien peu la papauté, malgré les leçons humiliantes qu'elle avait subies à Constance, était disposée à se modifier.

Cependant on touchait au moment où, conformément aux décrets des Pères de Constance, devait se réunir à Pavic le concile général chargé de reprendre et de compléter l'œuvre de la réforme ecclésiastique. Martin n'avait rien fait pour y préparer le clergé et s'y préparer lui-même. Il avait, il est vrai, lors de son arrivée en Italie, publié une bulle sévère contre la simonie. Il avait publié également quelques règlements de discipline relatifs à divers monastères 2. Mais là s'était borné son zèle. Non seulement il n'avait pris aucune autre mesure à l'égard du clergé; il avait laissé se reproduire, au sein de la cour pontificale, plusieurs des anciens abus, et la simonie même, qu'il semblait avoir voulu proscrire, continuait d'y régner. Dès 1420, dans des relations qu'envoyaient de Rome certains ambassadeurs, on se plaignait qu'on ne pût obtenir de cette cour aucune grâce, ni, pour les causes les plus justes, y trouver un appui, si l'on n'en of frait d'abord le prix 3. Avec les abus, le luxe avait aussi reparu. Martin, durant son séjour à Florence s'était fait faire. une tiare d'or d'une telle richesse, que, plusieurs années après sa mort, on en parlait encore. Elle était l'oeuvre de Ghiberti, l'un de ces artistes florentins qui concouraient alors à la renaissance de l'art en Italie, en même temps que les <«< humanistes » commençaient à y renouveler les lettres. A Rome, tout en disant le trésor pontifical presque épuisé 5,

1. Raynal 1., anno 1418, no 32 (bulle datée de Mantone, novembre 1418). 2. Pastor, Hist. des papes, t. I, 240, notes.

3. Il., ibid., t. I, p. 253. Dans d'autres lettres écrites de Rome en 1130, on allait jusqu'à dire que, si ces scandales se prolongeaient, il ne serait pas impossibl· qu'en plus d'un pays on refusát un jour l'obéissance au saint-siège.

4. Muntz, Les arts à la cour des papes, t. I, p. 48. Cf. Pastor, ibid., P. 231.

5. Voir Raynald., anno 1420, no 27, la lettre à l'archevêque de Cologne,

il ne cessait de commander à son usage de riches bijoux, des étoffes précieuses; les émaux, les nielles brillaient jusque sur les moindres pièces de harnachement de ses chevaux ou de ses mules 1. Avec cela, plus prodigue envers ses proches que n'avait été aucun de ses prédécesseurs. Lorsqu'il reconnut les droits de Jeanne de Naples, il obtint qu'un de ses frères, Jordano Colonna, fùt créé duc d'Amalfi et de Venosa, puis prince de Salerne; qu'un second reçût le comté d'Albe dans les Abruzzes. A d'autres de ses proches il distribua les possessions territoriales dans l'État ecclésiastique avec si peu de discrétion, qu'il excita enfin la jalousie des grandes familles de Rome et provoqua notamment entre les Colonna et les Orsini des rivalités d'où devaient naître un jour les plus graves désordres 2.

D'après cette conduite et avec l'idée qu'il poursuivait de rétablir le saint-siège dans ses anciennes prérogatives, Martin devait montrer peu d'empressement à réunir le concile général. On se défiait si bien de ses dispositions, qu'environ une année avant la date fixée pour cette réunion, l'Université de Paris avait envoyé au pape, aux cardinaux et à Sigismond lui-même des députés chargés de réclamer, sur ce point, l'exécution des statuts de Constance 3. L'un de ces députés était le célèbre Jean de Raguse, dominicain et docteur en théologie. Il séjourna près de six mois à Rome et n'en partit que lorsque le pontife, cédant à ses instances, eut nommé des légats pour présider le concile. Encore Martin n'adressa-t-il, à cette occasion, aucune lettre aux princes et aux évêques. Ces légats, que, sans doute pour donner moins

où, se plaignant de la pénurie du trésor pontifical, il demanda 6000 flo rins d'or pour subvenir aux dépenses de l'union avec les Grecs. Il fit la même demande aux archevêques de Mayence et de Trèves. Ibid. 1. Muntz, Les arts à la cour des papes, t. I, p. 6.

2. Pastor, ouvr. cité, t. I, p. 236-238.

t. VII, p. 12, 13.

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Gregorovius, Storia di Roma,

3. Voir dans Raynald., anno 1423, no 2. la réponse du pape à l'Université de Paris. Cf. Héfélé, Conc., t. XI, p. 127, 128.

4. Ces légats étaient au nombre de quatre, un archevêque, un évêque,

un abbé et le général des dominicains.

LA COUR DE ROME. T. III.

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d'importance au concile, il choisit en dehors du sacré collège, et que néanmoins il munit des pouvoirs les plus étendus, se transportèrent à Pavie, et l'assemblée put s'ouvrir, dans le délai prescrit, le 23 avril 1423.

Soit que le concile de Pavie fût trop rapproché par sa date de celui de Constance pour qu'on mît le même zèle à s'y rendre, soit aussi qu'on eût peu de confiance dans les résultats de la nouvelle assemblée, elle ne compta d'abord qu'un petit nombre de membres. Les circonstances, on doit le dire, étaient loin d'être favorables. Sans parler du royaume de Naples que continuaient à se disputer les maisons d'Anjou et d'Aragon, la France et l'Angleterre étaient alors aux prises et l'Allemagne regardait avec inquiétude du côté des Hussites. Par une malheureuse occurrence, à peine le concile avait-il commencé de siéger, que la peste se déclarait à Pavie et qu'il fallut transférer l'assemblée en une autre ville. De concert avec les commissaires pontificaux, on choisit la ville de Sienne, où, le 21 juillet, le concile reprit ses séances. Dans l'intervalle, il s'était augmenté de nouveaux membres. Toutefois, vers la Toussaint, on ne comptait encore que vingt-cinq prélats mitrés, c'est-à-dire vingt-cinq archevêques, évêques ou abbés, auxquels s'ajoutaient, il est vrai, avec des ecclésiastiques de moindre rang, un grand nombre de docteurs. L'absence, non seulement du pape, mais des cardinaux et des prélats de la cour pontificale, que l'assemblée invita en vain à se rendre au milieu d'elle, n'attestait que trop qu'on était peu désireux à Rome d'en seconder les

travaux.

1. Héfelé, Cone., t. XI, p. 129-131, 136.

2. On doit noter toutefois que, d'après une lettre de Jean de Raguse (Héfélé, ibid., p. 136), deux cardinaux seraient venus au concile en novembre. Quant au pape, il parle, dans une lettre du mois d'août, de son intention de se rendre à Sienne avec ses cardinaux et sa cour (Raynald., anno 1423. no 3). Qu'il fût ou non sincère en tenant ce langage, en fait il n'alla pas à Sienne. Raynaldi (ibid., no 4) croit que Martin écrivit aux princes de la chrétienté d'y envoyer leurs prélats, sans donner d'autre preuve à l'appui de cette opinion qu'une lettre adressée en ce sens au roi Alfonse d'Aragon (Voir cette lettre dans le registre de Martin V, LL

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