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qui est nécessaire pour leur nourriture et l'entretien de deux individus ; le trésor public ne se dissipera plus pour des êtres qu'on crut trop longtemps privilégiés.

» Mais derrière eux se cache une femme qui a été la cause de tous les maux de la France, et dont la participation à tous les projets conspirateurs et contre-révolutionnaires est connue depuis longtemps. C'est elle qui a aggravé par ses déprédations le dévorant traité de 1756; c'est elle qui a pompé la substance du peuple dans le trésor public, ouvert à l'Autriche ; c'est elle qui, depuis le 4 mai 1789 jusqu'au 10 août 1792, ne respira que pour l'anéantissement des droits de la nation; c'est elle qui prépara la fuite de Varennes, et qui alimenta les cours de toute sa haine contre la France! C'est à l'accusateur public à rechercher toutes les preuves de ses crimes. La justice nationale réclame ses droits sur elle, et c'est au tribunal des conspirateurs qu'elle doit être renvoyée. Ce n'est qu'en extirpant toutes les racines de la royauté que nous verrons la liberté prospérer sur le sol de la République; ce n'est qu'en frappant l'Autrichienne que vous ferez sentir à François, à Georges, à Charles et Guillaume, les crimes de leurs ministres et de leurs armées !

Une dernière mesure, qui tient à la révolution, tend à augmenter le patrimoine public des biens de ceux que vous avez mis hors de la loi. En les déclarant traîtres la patrie vous avez rendu un jugement; la confiscation est une suite de ce jugement, et le comité a pensé que vous deviez la prononcer. Le temps des révolutions est celui de la justice sévère : le fondement des Républiques commence par la vertu inflexible de Brutus.

» Enfin il a pensé que pour célébrer la journée du 10 août, qui a abattu le trône, il fallait dans le jour anniversaire détruire les mausolées fastueux qui sont à Saint-Denis. Dans la monarchie les tombeaux mêmes avaient appris à flatter les rois; l'orgueil et le faste royal ne pouvaient s'adoucir sur ce théâtre de la mort, et les porte-sceptre, qui ont fait tant de maux à la France et à l'humanité, semblent encore dans la tombe s'enorgueillir d'un e grandeur évanouie! La main puissante de la République doit effacer impitoyablement ces épi

taphes superbes, et démolir ces mausolées sans douleur, qui rappelleraient encore des rois l'effrayant souvenir.

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Citoyens, voilà les mesures que les circonstances commandent. Le zèle des républicains, le courage des armées le patriotisme des départemens fidèles à la voix de la patrie, entendront le tocsin que la liberté va sonner le 10 août à Cambrai, à Landau, à Perpignan, à Bayonne et dans la Vendée. Ah! comme la République serait sauvée, si tous les Français savaient combien est délicieux le nom de patrie !

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Sur ce rapport la Convention décrète immédiatement plusieurs grandes mesures d'organisation générale; la formation d'un camp entre Paris et l'armée du nord; un épurement dans les états-majors et dans les administrations, à l'effet de n'y introduire que des hommes d'un patriotisme prononcé; elle ordonne l'exécution rigoureuse des lois portées contre les lâches, les fuyards, les traîtres, etc.; elle confirme les nominations faites par le comité de salut public, l'envoi aux armées de représentans du peuple avec des pouvoirs illimités, etc., etc.

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Relativement à la Vendée, elle décrète :

1o. Les généraux feront un choix pour former des corps de chasseurs et de tirailleurs intrépides.

2o. Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis et les genêts.

3o. Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles seront détruits, les récoltes seront coupées par les compagnies d'ouvriers pour être portées sur les derrières de l'armée, et les bestiaux seront saisis.

4°. Les femmes, les enfans et les vieillards seront conduits dans l'intérieur; il sera pourvu à leur subsistance et à leur sûreté avec tous les égards dus à l'humanité.

5o. Il sera pris des mesures par le ministre de la guerre pour préparer tous les approvisionnemens d'armes et de munitions, de guerre et de bouche de l'armée qui, à une époque prochaine, fera un mouvement général sur les rebelles.

6o. Aussitôt que les approvisionnemens seront faits, que

l'armée sera réorganisée, et qu'elle sera prête à marcher sur la Vendée, les représentans du peuple se concerteront avec les administrations des départemens circonvoisins qui se sont maintenus dans les bons principes pour faire sonner le tocsin dans toutes les municipalités environnantes, et faire marcher sur les rebelles les citoyens depuis l'âge de seize ans jusqu'à celui de soixante.

7o. La loi qui expulse les femmes de l'armée sera rigoureusement exécutée; les généraux en demeurent personnelleinent responsables.

8°. Les représentans du peuple et les généraux veilleront à ce que les voitures d'équipages à la suite de l'armée soient réduites au moindre nombre possible, et ne soient employées qu'au transport des effets et des matières strictement nécessaires.

9o. Les généraux n'emploieront désormais pour mot d'ordre que des expressions patriotiques, et que les noms des anciens républicains ou des martyrs de la liberté, et dans aucun cas le nom d'aucune personne vivante.

10°. Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la République. Il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui sont demeurés fidèles à la patrie des pertes qu'ils auraient souffertes.

Elle décrète en outre :

1o. Les biens de toutes les personnes qui ont été et qui seront hors de la loi par décret de la Convention sont déclarés appartenir à la République.

2o. Marie-Antoinette est renvoyée au tribunal extraordinaire. Elle sera transférée sur le champ à la Conciergerie.

3o. Tous les individus de la famille Capet seront déportés hors du territoire de la République, à l'exception des deux enfans de Louis Capet et des individus de cette famille qui sont sous le glaive de la loi.

4°. Elisabeth Capet ne pourra être déportée qu'après le jugement de Marie-Antoinette.

5o. Les membres de la famille Capet qui sont sous le glaive de la loi seront déportés après le jugement s'ils sont absous. 6o. La dépense des deux enfans de Louis Capet sera réduite

à ce qui est nécessaire pour l'entretien et la nourriture de deux individus.

7°. Les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l'église de Saint-Denis, dans les temples et autres lieux dans toute l'étendue de la République, seront détruits le 10 août prochain.

1o. La Convention nationale décrète que les étrangers des pays qui sont en guerre avec la République, et non domiciliés en France avant le 14 juillet 1789, seront mis sur le champ en état d'arrestation, et le scellé apposé sur leurs papiers, caisses et effets; charge sa commission des six de lui présenter demain un projet de loi sur les étrangers en général.

2o. Les barrières de Paris seront fermées sur le champ pour empêcher la sortie de tous ceux qui ne justifieront pas d'une mission publique.

Ces deux derniers décrets sont rendus sur la demande de Cambon et de Simon.

Couthon propose, et l'Assemblée décrète encore :

1o. Tout Français convaincu d'avoir refusé en paiement des assignats monnaie, de les avoir donnés ou reçus à une perte quelconque, sera condamné pour la première fois à une amende de 3000 livres, et à six mois de détention; en cas de récidive l'amende sera double, et il sera condamné à vingt ans de fers.

2o. La Convention nationale déclare traîtres à la patrie tous Français qui placeraient des fonds sur des comptoirs ou bandes pays avec lesquels la République est en guerre :

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Enfin la proclamation suivante, proposée par Barrère au nom du comité de salut public, est adoptée aux acclamations générales :

<< La Convention nationale dénonce (1), au nom de l'humanité

(1) Quelques jours après, Garnier de Saintes, au récit de nouvelles horreurs du gouvernement britannique, se leva indigné pour proposer de déclarer Pitt l'ennemi du genre humain, et d'autoriser toute personne à l'assassiner. Cette proposition, repoussée présque unanime

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outragée, à tous les peuples, et même au peuple Anglais, » la conduite lâche, perfide et atroce du gouvernement britannique, qui soudoie l'assassinat, le poison, l'incendie et >> tous les crimes pour le triomphe de la tyrannie et pour » l'anéantissement des droits de l'homme. »

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Un décret ordonna la traduction, l'impression et l'envoi aux départemens des notes et pièces anglaises mentionnées dans le rapport, ainsi que des procès-verbaux relatifs à Charrier, chef des rebelles de la Lozère, exécuté à Rodez le 16 juillet 1793.

Charrier, membre du côté droit de l'Assemblée constituante, et signataire des protestations de ce particontre le nouvel ordre de choses, était allé après la session organiser une insurrection royale dans son département: il eut d'abord quelque succès; mais pouvait-il lutter longtemps contre la force nationale? Charrier montra un beau courage; quelques heures seulement avant de mourir, et pressé par une lettre de sa femme, qui l'en suppliait au nom de ses enfans et de la patrie reconnaissante, il découvrit le chiffre et le secret de sa correspondance; il déclara : « M. le duc de Bourbon devait venir com» mander en chef dans les provinces méridionales, et amener » avec lui assez d'officiers généraux pour se mettre à la » tête de chaque parti qui se présenterait. J'ignore si aucun » de ces principaux agens sont en France; mais je pense qu'il » doit y en avoir quelqu'un. Au surplus il m'avait dit qu'à l'époque de mon soulèvement le principal chef, ou un de ses premiers agens, devait arriver dans une ville française. Il déclara encore « que le secrétaire du prince lui avait assuré qu'il avait été employé par ledit prince et autres émigrés deux cents millions la France la guerre faire déclarer pour à l'Allemagne, et que sans cette déclaration la France n'aurait peut-être pas eu dix ennemis à combattre; qu'aucune puissance étrangère ne voulait l'attaquer; que lesdits princes avaient essayé en vain d'autres moyens pour engager cette guerre, et que ledit secrétaire était lors de cette déclaration

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ment, fut amendée par Couthon, et décrétée en ces termes le août 1793:

«La Convention nationale déclare, au nom du peuple français, que Williams Pitt, ministre du gouvernement britannique, est l'ennemi du genre humain. »

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