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CLAUDIEN

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Claudien (Claudius Claudianus) était né en Égypte, à Alexandrie, vers 365 après Jésus-Christ, sous le premier Valentinien. Il vint à Rome en 395; en 400 il était à Milan, la résidence ordinaire des empereurs d'Occident. C'est là qu'il commença à avoir pour protecteur le tuteur et ministre d'Honorius, Flavius Stilicon. Lorsque celui-ci fut assassiné à Ravenne en 408, le poète périt peut-être avec lui; en tout cas, aucun de ses écrits n'est postérieur à cette date.

La liste de ses ouvrages est considérable. Elle comprend en un premier groupe ses œuvres qu'on peut appeler historiques; de l'autre ses poèmes divers. Les premiers, en vers hexamètres, généralement précédés d'une préface en distiques élégiaques, font constamment l'éloge d'Honorius et de Stilicon, ou attaquent les adversaires de son protecteur, Rufin et Eutrope; ce sont des pièces de circonstance qui renferment des renseignements dont un historien circonspect peut se servir utilement. Un second groupe comprend les trois livres de l'Enlèvement de Proserpine, qui est inachevé; la Gigantomachie dont ne reste qu'un fragment de 129 vers. Sous le nom d'Épîres, nous avons des pièces en vers élégiaques, adressées à divers personnages; les sept Idylles sont des descriptions poétique du phénix, de la torpille, du hérisson, de l'aimant, etc. Parmi les quarante-quatre Épigrammes, dont la plus célèbre et la plus réussie est celle du Vieillard de Vérone, plusieurs sont

des variations ou des paraphrases apocryphes; cinq de ces petites pièces sont écrites en grec. Tous ces poèmes pèchent par la banalité et l'uniformité de la composition, par l'excès du développement, la minutie des détails et l'abus de la rhétorique; mais Claudien a reproduit avec une remarquable dextérité les formes de langage et la versification des bonnes époques il a mérité par là d'être appelé quelquefois le dernier des classiques.

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EXTRAITS DE CLAUDIEN

1. CONTRE RUFIN. INTRODUCTION

(I, 1-23)

Le Gaulois Rufin, chef des prétoriens, puis gouverneur de l'Orient, sous Théodose, devint, après la mort de cet empereur, tuleur d'Arcadius; il montra tant de cruauté et de cupidité, qu'il souleva contre lui une haine universelle. Il était sur le point d'assurer son pouvoir par le mariage de sa fille avec l'empereur; ce projet ayant échoué, il préparait d'autres intrigues, lorsqu'il fut tué par ordre de Stilichon, ministre de l'Occident, sous les yeux d'Arcadius (395). Claudien composa contre lui une invective en deux livres. C'est le plus célèbre de ses ouvrages.

Sæpe mihi dubiam traxit sententia mentem,
Curarent superi terras an nullus inesset
Rector et incerto fluerent mortalia casu.
Nam cum dispositi quæsissem foedera mundi
Præscriptosque mari fines annisque meatus
Et lucis noctisque vices tunc omnia rebar
Consilio firmata dei, qui lege moveri
Sidera, qui fruges diverso tempore nasci,

1. Curarent, s.-ent. utrum : ellipse très fréquente.

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2. Annisque dépend de præscriptos meatus.

Qui variam Phœben alieno jusserit igni
Compleri solemque suo, porrexerit undis
Litora, tellurem medio libraverit axe1.
Sed cum res hominum tanta caligine volvi2
Adspicerem, lætosque diu florere nocentes
Vexarique pios, rursus labefacta cadebat
Relligio causæque viam non sponte sequebar
Alterius, vacuo quæ currere semina motu
Affirmat magnumque novas per inane figuras
Fortuna non arte regi, quæ numina sensu
Ambiguo vel nulla putat vel nescia nostri.
Abstulit hunc tandem Rufini pœna tumultum'
Absolvitque deos. Jam non ad culmina rerum
Injustos crevisse queror; tolluntur in altum,
Ut lapsu graviore ruant.

1. Medio axe, sur l'axe qui traverse la terre.

2. Volvi, se dérouler, se succéder.

3. Nocentes est pris substantivement.

4. Causæque viam... alterius, l'autre système qui attribue au hasard le gouvernement de l'univers. Claudien résume dans ces vers la doctrine de Démocrite et d'Epicure : le monde est formé par le mouvement des ato

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Parmi les petites pièces (Epigrammata) de Claudien, une des plus agréables est celle qui a pour sujet « le vieillard de Vérone qui ne sortit jamais de son faubourg ». Elle est écrite en distiques élégiaques (un hexamètre suivi d'un pentamètre dactylique). Elle a été souvent imitée, par exemple par Racan, dans les Stances.

Felix, qui propriis ævum transegit' in arvis,

2

Ipsa domus puerum quem videt, ipsa senem, Qui baculo nitens in qua reptavit3 arena

4

Unius numerat sæcula longa casæ. Illum non vario traxit fortuna tumultu,

Nec bibit ignotas mobilis hospes aquas,

Non freta mercator tremuit, non classica miles,
Non rauci lites pertulit ille fori.
Indocilis rerum3, vicinæ nescius urbis
Adspectu fruitur liberiore poli..

1. Transegit ævum, passa sa vie entière. Le vieillard de Claudien fait penser à ce pauvre vieillard arcadien, qui n'avait jamais franchi les limites de son modi

que
coin de terre, et que l'oracle
désigna à Gygès, l'opulent roi des
Lydiens, comme le plus heureux
des hommes. Voy. Valère Maxime,
VII, 1, 2.

2. Ipsa équivaut ici au sens de eadem. Cet emploi de ipse est fréquent chez les écrivains de la décadence.

3. In qua, pour « arena in qua », Reptavit, ramper, mar

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