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Voici l'appréciation de Cantu, dans son Histoire universelle: «Nous placerons aussi, dit-il, parmi les hommes de science Dante Alighieri, qui sut tout ce que l'on connaissait de son temps et pressentit quelques-unes des connaissances ultérieures. Il indiqua clairement les antipodes (1) et le centre de gravité de la terre; il fit des observations pleines de finesse sur le vol des oiseaux, sur le scintillement des étoiles, sur l'arcen-ciel, sur les vapeurs qui se forment dans la combustion. Avant Newton, il assigna à la lune la cause du flux et reflux; avant Galilée, la maturation des fruits par la lumière, qui en fait évaporer l'oxygène; avant Linné, il déduisit de leurs organes sexuels la classification des végétaux, affirma que toutes les plantes, même les plantes cryptogames et météoroscopiques, naissent de semence; que les fleurs ouvrent à la lumière leurs pétales, découvrent leurs étamines et leurs pistils pour féconder leurs germes, et que les sucs nutritifs circulent dans les plantes; avant Leibnitz, il signala le principe de la raison suffisante; avant Bacon, il indiqua l'expérience comme la source d'où dérivent nos arts humains; il fait même allusion à l'attraction universelle (2). Des commentateurs s'émerveillent de ce qu'il connut les constellations des pieds du Centaure et de la Croix du Sud; cependant les fréquents voyages des Italiens au détroit de Ba-bel-Mandeb et les planisphères arabes, qui lui étaient familiers, ne permettent de trouver là rien d'extraordinaire. >>

Dante a fait plus encore dans l'ordre scientifique et intellectuel. Avant Vico, il a fondé la philosophie de l'histoire, tracé les premiers éléments de la linguistique et jeté les premières bases d'une poétique rationnelle, destinée à renouveler l'exégèse de l'art. Théoricien et praticien, il a créé comme types des genres inexplorés, le roman psychologique et l'épopée mixte, la comédie philosophique et sociale. Le Cosmos du chantre du moyen âge a sans doute vieilli; mais ce qui ne vieillira pas, ce sont les admirables beautés de ses tableaux, où revit toute la création visible et idéale, les éternelles passions humaines qu'il peint en traits indélébiles.

Peu d'hommes ont d'ailleurs été aussi diversement jugés. Tandis que les uns passent une éponge sur son scolasticisme, et en font un poëte à l'alta fantasia, selon la manière moderne, les autres le regardent comme un fervent apôtre de la foi et de la constitution catholiques. D'autres enfin le placent dans le Musée des Protestants célèbres, parmi les ancêtres de Luther: ils l'y rattachent par le triple lien d'une doctrine, d'une association et d'une langue secrètes, établies au moyen âge pour le renversement de la puissance pontificale et

(1) L'évêque Virgile de Salzbourg les avait déjà de vinés au huitième siècle, et le livre de Chamouna le Vieux indique le système de Copernic, système des pythagoriciens, très-connu d'Aristote, qui le rejette. (2) Aristote y fait aussi allusion.

l'inauguration d'un empire hétérodoxe. Nous ne discutons point, nous constatons seulement ces divergences.

Les doctrines de Dante sont, comme sa vie et ses œuvres, encyclopédiques. C'est là ce qui explique leurs contradictions apparentes. En philosophie et en science, il suit d'abord le maître de ceux qui savent, le chef péripatéticien, puis son guide spirituel, le divin Platon, les pères et les docteurs arabes, les écoles profanes et sacrées : c'était le scolasticisme orthodoxe. En religion, catholique fidèle, il se prononce pour la réforme disciplinaire et la pureté de l'Église primitive. Il est avec Grégoire le Grand, saint Augustin, Sylvestre II, Bossuet et Fénelon, contre le dogme théocratique de Grégoire VII. Sa lutte et ses armes ont servi les scissions religieuses par leur coïncidence : il agissait dans un but contraire et prêchait une seule communion. En politique, il défend le principe de la liberté civile et du concordat entre les deux pouvoirs; il prêche la fusion du principe démocratique avec le principe monarchique ou impérial, la fédération des peuples, diversement constitués, selon leurs mœurs et leurs climats, sous une force centrale régulatrice. S'il est allégorique comme les prophètes dans ses écrits', il n'y masque point sa foi; car il a combattu, souffert et chanté pour elle, au milieu des guerres civiles, en face des bûchers; il se déclaré nettement chrétien du troupeau de saint Pierre. Comme chrétien, il condamne les schismatiques, plébéiens ou couronnés, et tous ceux qui s'opposent au bonheur humain dans ses trois conditions: l'unité, la paix, la lumière. Comme rationnaliste, il discute l'opinion de l'empereur aussi bien que celle d'Aristote et du pape temporel; mais il appuie la raison individuelle sur la raison universelle, comme il subordonne le bien privé au bien public, la famille et la cité à la patrie, la patrie à l'humanité. Cette haute idée du devoir et de la solidarité inscrite dans tous ses livres, semble surtout inspirer son apostolat. Ne lui a-t-il pas tout sacrifié, fortune, repos, dignités, pouvoir, affections? N'y consacre-t-il pas ses terribles satires, prises à tort pour l'unique effet du ressentiment contre ses ennemis? Un passage entièrement inédit, perdu entre vingt pareils, dans son traité De la Langue Vulgaire, le révèle mieux. « Pour nous, dit-il, dont le monde est la patrie, comme l'eau est celle des poissons, quoique avant d'avoir eu des dents nous ayons bu l'eau de l'Arno et que nous chérissions Florence au point de souffrir un injuste exil pour l'avoir trop aimée, nous faisons taire notre sensibilité et préférons appuyer notre jugement sur notre raison. Certes, dans l'ordre de notre satisfaction et de notre repos matériel, il n'y a aucun lieu sur la terre plus délectable que Florence; mais en parcourant les ouvrages des poëtes et des autres écrivains, qui ont peint le monde dans son ensemble ou ses détails, en raisonnant par la pensée sur les diverses posi

tions des contrées, sur la place qu'elles occupent d'un pôle à l'autre et par rapport à l'équateur, nous le jugeons et nous le pensons fermement, il y a des contrées et des villes plus illustres et plus délicieuses que la Toscane et Florence, dont je suis originaire et citoyen, et la plupart des nations et des races l'emportent sur les Latins par la délicatesse et l'utilité de leurs langues. >> Admirable confession, qui renferme des leçons si profondes, un christianisme si large! Banni de sa patrie, errant de foyer en foyer, instruit aux écoles étrangères, mêlé à toutes les traditions et à toutes les souffrances, le grand poëte s'est dépouillé de tous les préjugés de parti et de secte; il est devenu, comme il se qualifie, le pèlerin, le citoyen, l'apôtre du monde. Telle est la hauteur à laquelle il faut s'élever pour apprécier pleinement son génie et son rôle historique.

Les principales éditions de la Divina Commedia, dans l'ordre chronologique, sont : celle de Paul Nidobeato, 1477; revue et annotée par Lombardi, Rome, 1516, 3 vol.; celle de Stagnino, 1516, avec le commentaire de Landino, revue par Pier da Figino, in-8°; celle de 1506, avec une description topographique et le dessin de l'Enfer par Manetti; celle de Venise, 1544, avec l'exposition de Velutello, et dédiée au pape Paul III; celle dite de la Crusca, Florence, 1595, d'après celle d'Alde Manuce, Venise, 1502; celle intitulée : La Divina Commedia del codice Bartoliniano, colle secolo storico di Ferd. Arrivabene, 1827, 4 vol. in-4°; celle de Bodoni, 1793, 3 vol. in-4° (rare); celle de Rovela, 1820, 3 vol. in-4o, où se trouve la reproduction d'un manuscrit tiré du Vatican et regardé comme un autographe de Boccace; enfin, celle de Florence, 1827, 4 vol. in-fol., avec 125 gravures à l'eau-forte. Un bel Atlante Dantesco de Flaxman a paru à Milan, 1822; et le Paradis dessiné par Cornelius, à Leipzig. Les Opere minori ont été publiés à Venise (Zata), 1741 et 1757. On recherche en italien la traduction du traité De Monarchia, par Marsile Ficin, quinzième siècle; celle du traité De vulgari Eloquio, par G. Trissin, seizième siècle. Ces deux traductions se trouvent dans l'édition complète de Fraticelli', 1840. Parmi les traductions françaises, mentionnons celle de Grangier, en vers, avec d'excellentes notes, 1696; de Rivarol, L'Enfer, en prose, 1785; d'Artaud de Montor, en prose, trad. complète, 1811-15, 3 vol. in-8°; d'A. Deschamps, morceaux choisis en vers, 1829; de Brizeux, trad. en prose, 1841; de Séb. Rhéal, en prose rhythmique, avec une clef générale et les Œuvres complémentaires, 1843-55, 6 vol. in-8°; avec illustrations par Étex, 1854; de Délécluze, la Vie nouvelle, 1843; de L. Ratisbonne, L'Enfer, en vers et par tercets, 1852-1854, 2 vol. in-12. Lamennais, L'Enfer (trad. en prose); 1855. Parmi les traductions anglaises, on cite celles de Franç. Cary et de

Blogel; en allemand, celle du duc Jean de Saye, sous le pseudonyme de Philalèthe, Dresde, 1839-42; en espagnol, celle de L'Inferno, par de Villegas, avec des Commentaires, Burgos, 1515. Le catalogue raisonné des éditions de Dante se trouve dans la Bibliografia Dantesca, par C. de Batines, Prato, vol. in-8°.

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Séb. RHÉAL (de Cesena).

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Sis

Chronique de Villani, etc. Muratori, Scriptores Rerum Italicarum. - Franco Sachetti, Novelle. Tiraboschi, Storia della Letteratura. Machiavelli, Storia di Fiorenza. - Cesare Cantu, Storia universale. mondi, Hist. des Répub. ital. et de la Litt. du midi de l'Europe. Boccaccio, Vitae Comm. del Inf.-Mario Filelfo, Gian. Manetti et Filip. Rinuncini, Vita di Dante. Dionisi et Pelli, Memorie. Misirini et Ces. Balbo, Comment. Parmi les commentateurs et interprètes, on remarque L'Oltimo (anonyme ), Benvenuto d'Imola et Buti, du quatorzième siècle.-Mars. Ficino, Christ. Landino et le grand Vico, Phil. platoniciens.— Velutello, dans son Esposizione. - Biscioni, dans sa Difesa.— Le jurisc. Gravina, dans sa Ragione poetica, écriv. des trois derniers siècles. - Ugo Foscolo, Discorso sul testo e su li opinioni diversi, etc. Rosetti, Sullo spirito antipapale, disquisizioni, etc. Troya, l'auteur d'El Veltro allegorico. Perticari, Azzolino et Trivulci, dans leurs divers Éclaircissements. — F. Arrivabene, l'auteur du Secolo storico. Ginguené, Hist. litt. de l'It., t. I et II.-Libri, Hist. des Sc. math., t. II. — Artaud de Montor, Hist. de Dante; in-8°, 1841.- Fauriel, Dante orig. de la langue et de la litt, ital.; 2 vol., in-8°, 1854. Ozanam, Dante, ou la phil. cathol. autreizième siècle; in-8°, 1840. - Delécluze, Florence et ses viciss.; 2 vol., 1837; Dante et la poésie amoureuse; 1851, 2 vol. in-12. - Drouillet de Sigalas, Dante et l'art en Italie; 1 vol. in-8°, 1842. — Villemain, Cours de Litt. au moyen âge. V. Leclerc, Les Écoles de la rue du Fouarre, t. XXI, Hist. litter. de la France. - Ampère, Voyage dantesque, dans la Rev. des Deux Mondes, 1839. Ch. Labitte, Orig. de la Div. Com., ibid., 1841 Ph. Chasles, Études sur le moyen age; in-12, 1846.- Châteaubriand, Genie du Christ. et De la Poésie angl. Lamennais, Esquisse d'une Philosophie.-Humboldt, Hist. de la Géographie de l'ancien continent. - Lamartine, Études sur Milton.Schlegel, Dante, Petrarque et Boccace, réfut. du syst. de Rosetti; dans la Rev. des Deux Mondes, juin, 1836. — Aroux, Dante hérétique, etc., reprod. du syst. de Rosetti; in-8°, 1854. Boissard, Dante est-il hérétique? Mémorial cathol., mars 1854. - Id., Dante non hérétique, 8 octobre 1854.

DANTE (Giovani-Batista), physicien et mathématicien italien, né à Pérouse, vivait à la fin du quinzième siècle. Bayle le suppose avec quelque fondement de la famille des Danti Rinaldi. Il était excellent mathématicien, et inventa des ailes artificielles si exactement proportionnées à la pesanteur de son corps, qu'il s'en servit pour voler. Il en fit plusieurs fois l'expérience avec succès sur le lac de Trasimène. Il voulut donner ce spectacle à la ville de Pérouse, et choisit le temps de la solennité du mariage de Bartolommeo d'Alviane avec la sœur de GiovanniPaolo Ballioni. Lorsque la foule fut assemblée sur la place publique, Dante, tout couvert de plumes, s'élança du lieu le plus éminent de la ville, et plana quelque temps en battant de deux grandes ailes. Il dirigeait son vol en tous sens, au bruit des acclamations publiques, lorsque le fer avec lequel il dirigeait une de ses ailes se rompit; n'ayant plus de contre-poids, il tomba sur l'église de Notre-Dame, et se cassa une cuisse. Après sa guérison, il professa les mathé

matiques à Venise, et mourut âgé de quarante ans. Oldouin, Athenæum Ligusticum, p. 168. - Bayle, Dict. crit. Moréri, Grand Dictionn. historique.

* DANTE OU DANTI (Girolamo), peintre de l'école vénitienne, vivait au seizième siècle. Il est successivement désigné sous les noms de Dante di Tiziano ou Girolamo di Tiziano (1), parce qu'il fut élève et aide du Titien, qui le regardait comme étant de sa famille. Il n'a laissé qu'un petit nombre de tableaux, ayant passé toute sa vie à peindre ceux de son maître. On voit cependant de lui à San-Giovanni-Nuovo de Venise un tableau de Saint Côme et Saint Damien. E. B-N.

Ridolfi, Vite de' Pittori Veneti. Orlandi, Abbecedario. - Ticozzi, Dizionario.

DANTECOURT (Jean-Baptiste), théologien français, né à Paris, le 24 juin 1643, mort dans la même ville, le 5 avril 1718. Il entra le 8 septembre 1662 chez les chanoines réguliers de Saint-Augustin dans la congrégation de SainteGeneviève. Il fut nommé chancelier de l'université de Paris en 1680 et curé de Saint-Étiennedu-Mont en 1694. Il administra cette église jusqu'en 1710, époque à laquelle il se retira à Sainte-Geneviève. On a de lui deux Factums pour la préséance des Augustins sur les Bénédictins aux états de Bourgogne ;· Défense de l'Eglise, contre le livre du ministre Claude intitulé: Défense de la Réformation; Paris, 1689. Dupin, Registres de l'abbaye Sainte-Geneviève. Bibl. des Auteurs ecclésiastiques du dix-septième siècle, III. - Moréri, Grand Dictionnaire historique. Feller, Dict. historique. Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée.

DANTE-RAINALDI, Voy. Danti. *DANTHOUARD DE VRAINCOURT ou D'ANTHOUARD (Charles - Nicolas, comte), général français, né à Verdun (Meuse), le 7 avril 1773, mort à Paris, le 14 mars 1852. Issu d'une ancienne famille de Bourgogne, il entra le 1er septembre 1787 à l'École Militaire de Pont-à-Mousson en qualité de cadet gentilhomme, et en sortit lieutenant d'artillerie. Il fit les campagnes d'Italie et d'Égypte, et le courage qu'il déploya à la bataille des Pyramides lui valut le grade de chef de bataillon. De retour en France, il fut nommé (22 novembre 1801) colonel du 1er régiment d'artillerie à cheval, et reçut l'ordre de se rendre à ''armée d'Italie, qui se trouvait sous les ordres de Murat. Appelé auprès du vice-roi en qualité de premier aide de camp, il fut chargé de la réorganisation des armées de terre et de mer ainsi que de celle des écoles militaires, etc. Élevé par Napoléon au grade de général de brigade (11 février 1806), il fut envoyé pour prendre possession de la Dalmatie, que le traité de Presbourg venait de joindre à la France. En 1809 il fit, sous le prince Eugène, la guerre d'Allemagne, et se distingua aux batailles de Raab, où il eut la main fracassée. Nommé comte de l'empire et

(1) Orlandi, avec son inexactitude ordinaire, fait de ces deux noms deux artistes différents.

général de division (21 juin 1810), il fut adjoint aux commissaires autrichiens et bavarois chargés de fixer les limites du royaume d'Italie du côté du Tyrol. La guerre de 1812 ayant éclaté, Danthouard fut appelé à diriger l'artillerie de l'armée du vice-roi, puis celle du 4e corps de la grande armée. Créé gouverneur général ( 16 juillet 1813) des provinces illyriennes, il allait s'y rendre lorsque la guerre d'Autriche l'appela au commandement de l'aile gauche de l'armée d'Italie. Ayant adhéré à la déchéance de Napoléon, Danthouard, que Louis XVIII avait fait chevalier de Saint-Louis (8 juillet 1814), puis grand-officier de la Légion d'Honneur, fut chargé de l'inspection des places de Metz et de Mézières, emploi, qu'il remplit pendant les cent jours au nom de Napoléon pour les places de l'est. Élu en 1822 député par le département de la Meuse, siégea à la chambre pendant cette seule session. Après la révolution de 1830, le roi Louis-Philippe l'éleva à la dignité de pair de France.

il

A. SAUZAY. Archives de la guerre. Fastes de la Légion d'Hon- Annuaire de la neur. Vict. et Cong., t. XVII, XIX. Noblesse, 1853.

*DANTI (Jean), mathématicien italien, né à Arezzo, vers 1346. Il a laissé un traité De Algorismo, composé d'après l'arithmétique de Boèce, et une Geometria, d'après des auteurs arabes. Ces ouvrages n'ont point été imprimés; ils restent ensevelis au fond de quelques grandes bibliothèG. B. ques de l'Italie. Tiraboschi, Storia lett., t. XI, p. 178. Bandini, Catalogus Codicum Bibliothecæ Medici Laurentianæ, 1. V, p. 13.

DANTI ou DANTE (Ignace), mathématicien italien, né à Bologne, en 1536, mort en 1586, au moment où il venait d'être nommé évêque d'Alatri. Entré fort jeune dans l'ordre des Dominicains, il se consacra d'abord à l'étude des mathématiques, et les professa à Florence; le grandduc Côme Ier lui confia le projet, qui resta sans exécution, d'unir l'Adriatique à la Méditerranée, et lui fit dresser de grandes cartes géographiques. Danti traça à l'église de Santa-MariaNovella, à Florence, une méridienne qui mérita l'admiration des astronomes; il en construisit une autre à Bologne. Le pape l'appela à Rome pour qu'il coopérât à la réforme du calendrier. Il fut aussi chargé par Grégoire XIII de peindre au Vatican, dans la salle dite de' Duchi, la géographie antique et moderne de l'Italie. Cette vaste entreprise, dans laquelle il fut aidé par son frère Vincenzo, lui laissa peu de temps pour se livrer à d'autres travaux, jusqu'au jour où il fut appelé à l'évêché d'Alatri. Parmi ces divers ouvrages, on distingue ses traductions de la Perspective d'Euclide et de la Sphère de Proclus, accompagnées de notes qui ne sont pas sans mérite. Il donne dans son écrit intitulé: Le Scienze matematiche ridotte a tavole, une espèce d'arbre encyclopédique des mathématiques. Son Traité de l'Astrolabe, Florence, 1569, in-4°, fré

quemment réimprimé, renferme une remarque capitale, dont les meilleurs auteurs ont à tort fait honneur à Tycho-Brahé, savoir la diminution de l'obliquité de l'écliptique, déduite de la comparaison des anciennes observations avec les modernes. Son livre Sur l'Anémoscope, Bologne, 1578, contient des faits curieux sur l'histoire de la division des vents. La perspective fut de sa part l'objet de recherches assidues. G. B.

Libri, Histoire des Sciences mathématiques en Italie, t. IV, p. 39. Chasles, Aperçu de l'histoire des méthodes en géométrie; Bruxelles, 1837, in-4o, p 348, - Pascoli, Vite de' Pittori Perugini.

* DANTI ( Jérôme), peintre italien, né à Pérouse, en 1547, mort en 1580. Il était frère d'Ignazio et de Vincenzo Danti. Tout promettait en lui un peintre de talent, quand il fut enlevé par une mort prématurée, laissant dans l'église SaintPierre de Pérouse six fresques dans le style de Vasari. E. B-N.

Pascoli, Vite de' Pittori Perugini. — Gambini, Guida di Perugia.

DANTI (Jules), architecte, né à Pérouse, mort en 1575. Il était fils de Pietro Vincenzo, auteur d'un commentaire italien Sur la Sphère de Sacrobosco; Pérouse, 1544. Il dirigea avec Galéas Alessì la construction de la magnifique église de Sainte-Marie-des-Anges, élevée près d'Assise, sur les dessins de Vignole.

Orlandi, Abbecedario.

DANTI (Vincenzo), architecte et sculpteur, fils du précédent, né à Pérouse, en 1530, mort en 1576. Il fut élève de Michel-Ange lorsque ce grand homme était déjà octogénaire : aussi dut-il ses progrès moins à ses conseils qu'à l'étude de ses chefs-d'œuvre. Dès l'âge de vingt ans il modela et fondit la grande statue de bronze de Jules III, érigée sur la place de Pérouse; on lit sur la base: Vincentius Dantus Perusinus, adhuc puber, faciebat. Cette statue est déjà remarquable par la verve, la noblesse et la finesse du travail. Dans la cathédrale de Pérouse on voit aussi de lui de beaux fonts baptismaux. Ce sont aussi de précieuses sculptures que les trois statues de bronze placées en 1571 sur une des portes du baptistère de Florence, et représentant La Décollation de saint Jean-Baptiste, ainsi que La Victoire enchaînant la Fraude, magnifique groupe qui orne la grande salle du PalaisVieux. Dans la cathédrale de Prato, il a sculpté une Vierge pour le mausolée de Charles de Médicis; quoique d'un style large et belle de formes, cette figure est un peu froide, mais l'enfant Jésus est estimé pour son air ingénu et le vif sentiment du ciseau.

Danti avait étudié aussi l'architecture, et le grand-duc l'avait nommé son architecte. Il fit pour l'Escurial des dessins que Cosme Ier envoya à Philippe II, qui en fut tellement charmé qu'il s'efforça, mais en vain, d'attirer Danti en Espagne. Habile ingénieur, il réussit en 1560 à retrouver et réunir les eaux perdues de la belle fontaine de Pérouse. Enfin, en 1567 il a publié

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* DANTI ( Theodora), femme peintre, née à Pérouse, en 1498, morte en 1573. Elle étudia sans doute sous le Pérugin, ou au moins sous l'un de ses meilleurs élèves, car on reconnait dans ses tableaux de chevalet le style de cette école. Elle eut pour élèves ses trois neveux, Ignazio, Vincenco et Girolamo. E. B-N.

Pascoli, Vite de' Pittori Perugini,

DANTINE (Maur-François), bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, antiquaire et paléographe, né à Gourieux, dans l'ancienne principauté de Liége, le 1er avril 1688, mort à Paris, le 3 novembre 1746. Fils d'un cultivateur aisé, il étudia la philosophie à Douai, et fit profession, à l'âge de vingt-quatre ans, dans l'abbaye de Saint-Lucien de Beauvais. Il se livra dès lors à l'étude avec tout l'entraînement d'une véritable vocation, et il professait avec éclat la philosophie dans l'abbaye de Saint-Nicolas de Reims, lorsque, sur son refus de souscrire à la bulle Unigenitus, le cardinal de Mailly, archevêque de Reims, partisan dévoué des jésuites, exigea que ses supérieurs l'éloignassent de ce diocèse. Appelé à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris, Dantine fut employé d'abord à continuer la Collection des Décrétales, qu'avait interrompue la mort de dom Constant et de dom Mopinot; puis à préparer une nouvelle édition du Glossarium ad scriptores medix et infimæ Latinitatis de Du Cange, édition dont trois volumes in-fol. seulement avaient été publiés en 1678. Les cinq premiers volumes avaient paru lorsque Dantine, toujours par suite de ses opinions religieuses, fut exilé à Pontoise, où, tout en continuant ses études philologiques, il s'occupa avec ardeur de la lecture des livres saints, et fit une traduction des Psaumes, encore estimée; Les Psaumes traduits sur l'hébreu, avec des notes, par un religieux de la congrégation de Saint-Maur; Paris, 1738, in-8°; ibid., 1739, in-8°, et 1740, in-12. Dom Carpentier, que Dantine avait pour colla borateur, fit paraître en 1736 le sixième volume du Glossaire, et plus tard, en 1766, mais sans parler des obligations qu'il avait à Dantine, un supplément en 4 volumes in-fol., qui le fit accuser de plagiat par plusieurs de ses confrères. Après sa mort, cette accusation fut renouvelée par dom Tassin, qui la lui avait adressée dès 1756 dans le Journal des Savants. En 1737 Dantine fut rappelé à Paris, et entreprit avec dom Bouquet le Recueil des Historiens des Gaules et de la France; malheureusement son travail relatif aux croisades est resté inédit. Il se

livra ensuite à la composition de L'Art de vérifier les dates, et il en avait rédigé une grande partie quand, au mois de décembre 1743, il fut frappé d'apoplexie. Il traîna depuis une vie languissante, mais sans interrompre l'œuvre qu'il avait commencée, et dont une partie était imprimée au moment où une seconde attaque vint l'enlever, à l'âge de cinquante-neuf ans. Clémencet et Durand achevèrent le livre de leur éminent confrère, et le publièrent à Paris, 1750, in-4°. Il fut bientôt complété et perfectionné par dom Clément, qui donna la seconde édition, en 1 vol. in-fol., Paris, 1770, et la troisième, qui parut à Paris, 1783-1792, 3 vol. in-fol. formant plus de 3,000 pages. MM. de Saint-Allais, Jullien de Courcelles et de Fortia-d'Urban en ont publié une quatrième édition; Paris, 1818-1844, 38 volum. in-8°. Des exemplaires ont été tirés aussi in-4° et in-fol. Les éditeurs y ont ajouté une continuation depuis l'année 1770 jusqu'à nos jours, et une partie relative aux événements antérieurs à l'ère chrétienne. En élevant ce beau monument de chronologie, Dantine rendit aux sciences historiques un service qui recommande son nom à tous ceux qui les cultivent. Ce savant était d'ailleurs un homme de bien, d'un esprit juste, et d'un caractère aimable et doux.

E. REGNARD.

Préface en tête de la 3o édit. de L'Art de vérifier les dates.- D. Tassin, Histoire litt. de la Congrég. de Saint-Maur, p. 633. — M. Polain, Notice sur D. Maur Dantine, dans la Revue belge, t. ler, p. 265.

DANTOINE (Jean-Baptiste), jurisconsulte français, vivaiten 1720. Il était docteur ès droits, avocat en parlement et aux cours de Lyon. On a de lui: Règles du Droit civil, dans le même ordre qu'elles sont disposées au dernier titre du Digeste, traduites en français, avec des ex`plications et des commentaires sur chaque règle, etc.; Lyon, 1710, in-4°; -Règles du Droit canon, dans le même ordre qu'elles sont disposées au dernier titre du cinquième livre des Décrétales, traduites en français, avec des explications et des commentaires sur chaque règle; Lyon, 1720, in-4°.

Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée.

DANTON (Georges-Jacques), célèbre homme politique français, né à Arcis-sur-Aube, le 28 octobre 1759, mort le 5 avril 1794. La révolution le trouva revêtu du titre d'avocat aux conseils du roi. Une particularité assez piquante de sa vie privée, c'est qu'il était lié d'une étroite amitié avec Berquin, l'Ami des enfants. Le peu de considération dont jouissait Danton, à raison de l'irrégularité de ses mœurs, en faisait à peu près un avocat sans causes; cette situation devait le porter à seconder les changements qui se préparaient dans l'ordre social: aussi se jeta-t-il à corps perdu dans le mouvement révolutionnaire. Le géant de l'époque, Mirabeau, à qui il fallait des hommes d'action, se håta de s'attacher Danton. Une grande analogie de penchants et de moyens devait rapprocher ces deux hommes, dont M. Mi

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gnet, dans son Histoire de la Révolution, a caractérisé d'une manière saisissanté les conformités et les dissemblances. «< Danton, dit-il, était << un révolutionnaire gigantesque. Aucun moyen << ne pouvait lui paraître condamnable, pourvu qu'il lui fût utile, et selon lui on pouvait a tout ce qu'on osait. Danton, qu'on a nommé le « Mirabeau de la populace, avait de la ressem<< blance avec ce tribun des hautes classes: des << traits heurtés, une voix forte, un geste impé<< tueux, une éloquence hardie, un front domi«< nateur. Leurs vices aussi étaient les mêmes; << mais ceux de Mirabeau étaient d'un patricien, «< ceux de Danton d'un démocrate. Ce qu'il y << avait de hardi dans les conceptions de Mira<< beau se retrouvait dans Danton, mais d'une << autre manière, parce qu'il était, dans la révolution, d'une autre époque. » Nous oserons ajouter un seul trait à ce parallèle: c'est qu'il y avait du Marius dans Danton, comme il y avait du Catilina dans Mirabeau.

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Président du district des Cordeliers, à sa formation, Danton le dirigea à son gré. Il prit pour acolytes l'atroce Marat et l'ardent Camille Desmoulins, et leur réunion fut le noyau autour duquel se forma le club des Cordeliers, véritable exagération de celui des Jacobins. A cette époque, où la révolution courait les rues du matin au soir, Danton était l'orateur de la multitude, toujours prêt à la haranguer dans une salle ou au milieu d'un carrefour, du haut d'une tribune ou monté sur une borne, souvent l'excitant par sa véhémence, quelquefois l'arrêtant avec une sorte de bonhomie joviale. Au mois de janvier 1790, le Châtelet ayant lancé un décret de prise de corps contre Marat, qui déjà se signalait par les publications les plus incendiaires, Danton osa s'opposer ouvertement à l'exécution de ce décret. Atteint par une mesure semblable, il en brava les effets, et le Châtelet se vit contraint à la révoquer. Quelques mois plus tard, Danton vint à la tête d'une députation des sections de Paris demander à l'Assemblée nationale le renvoi et la mise en jugement de trois ministres de Louis XVI; mais ce n'étaient encore là que des escarmouches, et le rôle politique de Danton ne commença réellement qu'en 1791, à la suite de la tentative d'évasion de la famille royale. Il adressa alors à La Fayette ce pressant dilemme: «< Ou vous êtes un traître, qui avez << favorisé la fuite du roi, ou vous êtes incapable << de commander, puisque vous n'avez pu em« pêcher la fuite du roi commis à votre garde. De concert avec C. Desmoulins, Danton provoqua par une adresse la déchéance du monarque; tous deux se rendirent au Champde-Mars, déposèrent l'adresse sur l'autel de la patrie, dressé pour l'anniversaire de la Fédération, appelèrent le peuple à la signer, et joignirent à cet appel les déclamations les plus furibondes. La Fayette et Bailly, en exécutant le 17 juillet la loi martiale, mirent un terme à ces

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