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1-20-1928

20.

AVERTISSEMENT ESSENTIEL

SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION

On conçoit sans peine qu'à titre d'œuvre sérieuse et fondue d'un seul jet, le corps de cet ouvrage n'ait dû subir aucun changement, quoique plusieurs passages où sont particulièrement agitées quelques-unes de ces questions qui préoccupent le plus vivement les esprits à toutes les époques, y soient encore susceptibles de quelque développement et même de rectification. Aussi est-ce là l'objet tout spécial des six discours apologétiques. En donnant ainsi au public cette nouvelle édition, je ne lui offre donc en plus qu'un appendice formé de cés six discours, adressés à l'Académie des sciences morales et politiques, et dont quelques fragments ont déjà paru, sous la dénomination hyper

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bolique de Diatribes, dans la Revue philosophique et religieuse. Le lecteur y trouvera une justification ampliative des doctrines expérimentalistes, appuyée de corollaires nouveaux et de réponses concluantes et décisives à toutes les objections dont le livre a été plusieurs fois l'objet de la part de quelques critiques célèbres. En m'y défendant moi même, j'y défends tous mes devanciers du dix-huitième siècle, et tous les philosophes qui, de nos jours, combattent encore pour la même cause. Cet appendice est, pour ainsi dire, consacré au même emploi que les travaux extérieurs construits sous le nom de forts détachés à côté d'une ville de guerre convenablement pourvue d'ailleurs de tous ses moyens propres d'agression et de résistance. Bien que cette réunion de forces auxiliaires ne soit que le développement supplémentaire et accessoire d'un matériel de défense et d'attaque déjà suffisant par lui-même, elle constitue encore un appareil stratégique séparé, avec lequel il faut que l'ennemi compte, même en dehors des opérations dirigées principalement contre le corps de la place.

Pour ce qui est des rectifications, elles ne portent guère que sur la question religieuse, question traitée dans les Discours, et notamment

dans le sixième, avec une bien plus grande liberté d'appréciation que dans la Théorie. C'est au sujet de ces discussions toujours irritantes, que j'ai encore à donner ici quelques mots d'explication.

Toute aspiration, ou tendance, ou concession à une religion divine quelconque, dite révélée ou non révélée, ne peut trouver sa satisfaction et sa raison d'être que dans la préconception mystique appelée foi, c'est-à-dire dans l'adhésion irrationnelle de l'esprit humain à une donnée qui s'impose et ne se démontre pas, à une croyance toute sentimentale, inconciliable ou tout au moins sans nul rapport légitime avec la vraie philosophie. Celle-ci, en effet, n'est au fond rien autre chose que la logique universellement appliquée, l'instrument commun des sciences exactes, ou, en d'autres termes, la science générale proprement dite, issue de l'expérience et dé l'induction, la science uniquement considérée dans ses moyens et dans ses effets, la science finalement réduite aux proportions d'une langue bien faite.

On rencontre bien çà et là, dans la Théorie de l'homme intellectuel et moral, certaines concessions ou aspirations religieuses, que quel

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ques-uns de mes critiques se sont trop empressés de louer. Puisqu'elles y sont, qu'elles y restent; mais qu'à partir de ce moment, le lecteur les considère comme non avenues. Ce livre étant, je le répète, fait tout d'une pièce, je n'y ajoute et n'en retranche rien; c'est aux discours à lui servir de moyen ultérieur de rectification pour ce qui regarde certaines questions de détail. Néanmoins je dois déclarer tout d'abord que je suis plus loin que jamais d'avoir trouvé la satisfaction ou justification rationnelle de ces tendances religieuses dans les écrits religieux du temps, non plus que dans ceux des philosophes à qui j'avais, en quelque sorte, fait un appel en leur disant (4o partie, chap. 15): « Idéalisme, unité, christianisme, » ces trois mots n'expriment qu'une même. » chose. J'ai prouvé que l'idéalisme et l'unité » se confondent. Plus tard, il sera donné à » d'autres qu'à moi de prouver que le catho»licisme n'est que l'idéalisme et l'unité. »

C'est sur ce terrain brùlant de la question religieuse que presque tous semblent s'être donné rendez-vous. Conciliateurs, reconstructeurs, réformateurs, conservateurs, rénovateurs, initiateurs, fondateurs, révélateurs, tous sont entrés en lice. Je puis citer, entre bien d'au

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