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dinaire, & chacun enfeignera impunément tout ce qu'il voudra, fans qu'on ait droit de le contredire: quel renversement, quelle confufion!

Auffi Adrien Sarravias, zélé protestant, fit-il, à la fin du feizieme fiecle, un livre qu'il intitula: Des degrés des miniftres de l'évangile, où il établiffoit que c'étoit fe jeter dans des embarras inexplicables, que d'avoir recours à la vocation extraordinaire, quand on étoit preffe de rendre raison de la vocation de ceux dont Dieu s'étoit fervi depuis peu d'années, pour réformer les églifes.

En effet, s'il étoit poffible que Dieu donnât une miffion extraordinaire pour réformer fon églife, attaquer la doctrine de cette églife, & par conféquent contredire les promeffes de Jéfus-Chrift, qui lui a promis une affiftance perpétuelle, pour la préferver de l'erreur, fi, dis-je, il étoit poffible que Dieu donnât pour cet effet une miffion extraordinaire, du moins feroit-il alors abfolument néceffaire qu'il autorifât ces envoyés extraordinaires par des marques extérieures, des miracles éclatans & des prodiges de fainteté. N'est-il pas des premieres regles de la prudence que quiconque entreprend de détruire des établiffemens déja faits, de combattre des puiffances en poffeffion de leur autorité, & n'allegue pour juftifier fon entreprise

qu'une infpiration intérieure, ne mérite aucune croyance?

D'ailleurs il eft impoffible d'établir cette mission extraordinaire par la fainte écriture, & dès-lors aucun proteftant ne peut l'admettre.

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III. Quant au fyftême de la miffion ordinaire, Dumoulin l'applique à Luther Zuingle, &c. qui étant prêtres de l'églife romaine, avoient reçu d'elle une miffion ordinaire. Il prétend qu'ayant découvert l'idolâtrie de l'églife romaine, ils ont été autorifés par la miffion qu'ils en avoient reçue à s'élever contre elle, & que cette églife les ayant excommuniés, ils ont eu également le droit [ toujours en vertu de cette même miffion] de l'excommunier à leur tour.

Mais ce fyftême est évidemment abfurde & d'ailleurs infuffifant pour juftifier l'entreprise des fondateurs de la réforme.

Oui, il eft abfurde de dire que quand l'églife excommunie un novateur, il est en droit, fous prétexte qu'il eft prêtre, • d'excommunier lui-même cette églife; c'eft une extravagance qu'avant Luther perfonne n'avoit imaginée.

Il n'y a pas moins d'absurdité à suppofer que l'églife ayant eu le pouvoir de donner à Luther une miffion légitime,.

elle n'a pas pu la révoquer, quand elle a jugé qu'il en abufoit. Car fi elle a pu lui donner une miffion légitime, elle étoit l'églife de Jésus-Christ, & par conféquent juge de la doctrine de Luther; cet héréfiarque n'a donc pas pu s'ériger en juge de la doctrine de l'églife romaine ni s'arroger le droit de l'excommunier ellemême.

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Je dis de plus, que le fyftême de Dumoulin eft infuffifant; car quand même Luther auroit eu une miffion ordinaire il n'auroit pas pu la tranfmettre à fes difciples, puifqu'il n'étoit pas évêque, & que la miffion ordinaire n'a jamais été conférée dans l'églife, que par les apôtres & les évêques leurs fucceffeurs. Outre cela. il faut remarquer que plufieurs pasteurs des églifes réformées ont été créés par des laïques, qui fans doute n'ont pas pu conférer une miffion divine qu'ils n'avoient pas.

Beze rapporte dans fes portraits, que de fimples artifans difperfés çà & là, fonderent les églifes proteftantes de Metz, d'Orléans, de Senlis, d'Aubigny. Il raconte dans fon hiftoire, que Pierre Le Clerc, cardeur, fut fait miniftre de Meaux, par une troupe de cardeurs &.de foulons, & que le premier miniftre de Paris fut Maffon la Riviere, établi par des laïques. Dans

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ce cas, dirent alors les principaux miniftres de la fecte, cette élection, faite par des laïques, tient lieu de miffion ordinaire : quel amas de contradictions !

Il est donc démontré que les fondateurs & les pafteurs des églifes prétendues réformées, n'ont eu aucune miffion, & pour reprendre tout l'objet de notre conférence, il eft certain que l'églife romaine a été fondée par Jésus-Chrift même, & qu'elle eft la feule fociété chrétienne dont les pafteurs tiennent leur miffion de lui.

LE PROTESTANT.

Je ne puis vous diffimuler, Monfieur, combien ces preuves me paroiffent frappantes, & combien elles augmentent mon empreffement pour ce que vous aurez à me dire dans les entretiens fuivans,

C

!

TROISIEME ENTRETIEN.

Seconde preuve que l'églife catholique romaine eft l'églife de Jésus-Chrift, & que les fociétés de la prétendue réforme ne le font pas. Elle est tirée de ce que l'églife romaine a les quatre caracteres diftinctifs que les fymboles de la foi chrétienne attribuent à l'églife de Jésus-Chrift, qui font, L'UNITÉ, LA SAINTETÉ LA CATHOLICITÉ. L'APOSTOLICITÉ, & que les fociétés de la prétendue réforme n'ont pas ces carac

teres.

On réserve pour l'entretien fuivant ce qui concerne la fainteté.

IL

:

LE DOCTEUR.

L faut fe réunir à l'églife de JéfusChrist c'est une vérité que j'ai établie dans le précédent entretien, & vous êtes convenu qu'on ne pouvoit en douter.

Or, ai-je ajouté, l'églife romaine eft l'églife de Jéfus-Chrift, & les fociétés de la prétendue réforme ne peuvent fe flatter de l'être. Je vous en ai donné une preuve tirée de ce que l'église catholique romaine a été fondée par Jésus-Chrift, & qu'elle

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