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fiecles on l'avoit appellée facrifice; mais ajoute-t-il, comme il s'agit ici de la cene du Seigneur & non pas de celle des hommes aucune autorité des hommes, aucune prefcription d'années ne pourra nous engager nous écarter du nom de cene (a).

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Kemnitius, célebre calvinifte, avoue que quand les anciens parloient de la confécration de l'euchariftie, ils ne se servoient que des termes d'immolation, de facrifice, d'oblation, de victime, de facrifier, d'immoler, &c. (b)

Il est donc inconteftable que toute l'antiquité a tenu conftamment fur ce point le même langage que tient aujourd'hui l'églife romaine, & par conféquent que la foi a toujours été la même.

Qu'il me fuffife de vous rappeller ici les belles paroles de S. Irenée, que je vous ai déja citées, Entretien IX, page 279, parce qu'elles renferment tout JésusChrift, dit-il, en prononçant fur le pain, ceci eft mon corps, & en affurant que le vin eft fon fang, nous a montré la nouvelle oblation de la nouvelle alliance, & l'églife la recevant des apótres, l'offre par tout l'univers.

Calv. Inftitut. tom. 4, ch. 18, n. 10. (b) Exam, conc. Trid. pag. 782.

LE PROTESTANT.

LE PROTESTANT.

Quels font donc les textes de l'écriture fur lefquels les proteftans fe croient fondés à méprifer ainfi l'enfeignement de toute l'églife catholique & des docteurs de tous les Hecles?

LE DOCTEUR.

Voici les principaux; ils font tirés de différens endroits de l'épître de S. Paul aux Hébreux, où l'apôtre dit, ch. 7, v. 27, Jésus-Chrift n'eut pas befoin, comme les autres pontifes, d'offrir tous les jours des victimes... l'ayant fait une fois... lorsqu'il s'eft offert lui-même fur la croix.

Et ch. 9, v. 12, il (Jésus-Chrift) est entré une fois dans le vrai fanctuaire non point avec le fang des boucs & des taureaux, mais avec fon propre fang, ayant obtenu une rédemption éternelle.

Et dans le même chapitre v. 26: il n'a paru qu'une fois à la fin des fiecles, pour truire le péché, s'offrant lui-même pour vic

time.

Dans le ch. 10, v. 10, il nous a fanctifiés par l'offrande qu'il a faite une fois de fon

corps.

Dans le même chapitre 10, v. 14, par une feule oblation il a confommé la fanctification des hommes.

P

De tous ces textes les calviniftes concluent que Jésus-Chrift ne s'eft offert qu'une fois en facrifice; qu'il ne faut point reconnoître d'autre facrifice que celui de la croix; que ce facrifice a été plus que fuffifant pour nous racheter; que tout autre facrifice déroge à celui de là croix, & que par conféquent il ne faut point regarder l'euchariftie comme un facrifice où Jésus-Chrift s'offre pour les hommes.

Voilà les conféquences que les proteftans tirent des textes de l'épître aux Hébreux. Examinons-les, l'un après l'autre, & vous allez voir vous-même que dans la doctrine des catholiques fur le facrifice de la messe, il n'y a rien de contraire à celle de l'apôtre.

Jésus-Chrift ne s'eft offert qu'une fois, c'est-à-dire, qu'il ne s'eft offert qu'une fois fur la croix, qu'il n'a fouffert la mort qu'une fois pour le falut des hommes. Voilà tout ce que fignifient les paroles de S.Paul,& fon deffein étoit de faire voir aux Juifs qui avoient embraffé la religion chrétienne,

que

les facrifices de la loi de Moïse étoient abolis, qu'ils n'étoient pas par eux-mêmes capables de réconcilier les hommes avec Dieu que Jéfus-Chrift ayant fouffert la mort pour nous, fon facrifice fuffifoit pour fatisfaire à la juftice divine, & payer le prix de notre rédemption; qu'il n'étoit pas

befoin qu'il fouffrît la mort une feconde fois, & réitérât le facrifice fanglant de la croix, comme l'on réitéroit les facrifices de l'ancienne loi, & qu'il ne falloit plus offrir d'autre victime que celle qui avoit été offerte fur la croix.

Nous croyons tout cela. Mais de ce que Jéfus-Chrift n'eft mort qu'une fois fur la croix, il ne s'enfuit pas qu'il ne continue point à s'offrir pour nous dans l'euchariftie, d'une maniere non fanglante.

Il ne faut pas, difent les proteftans, reconnoître d'autre facrifice que celui de la croix. Mais le facrifice de la croix & celui de l'euchariftie font le même facrifice; Jéfus-Chrift eft dans l'un & dans l'autre le prêtre & la victime; le facrifice de l'euchariftie eft une continuation de celui de la croix & n'en eft différent que parce que JésusChrists'y offre d'une maniere différente.

On nous objecte que le facrifice de la croix étoit plus que fuffifant pour racheter le genre humain: cela eft vrai, nous en convenons: mais on en conclut qu'il ne faut pas reconnoître dans l'eucharistie un facrifice où Jéfus-Chrift s'offre pour notre falut. La conféquence n'eft pas jufte; s'il en étoit ainsi, il faudroit pareillement en conclure qu'il ne faut reconnoître aucun facrement inftitué pour la fanctification de

nos ames.

Nous ne regardons point le facrifice de la meffe, non plus que les facremens comme un fuplément au facrifice de la croix, & au prix de notre rédemption. Mais nous croyons que Jéfus-Chrift s'offre dans l'euchariftie pour nous obtenir l'application des mérites du facrifice de la croix, tout comme nous difons que les facremens ont été inftitués comme des moyens par lefquels il a plu à Dieu de nous appliquer les mérites du Rédemp

teur.

On nous objecte encore que le facrifice de l'euchariffie fait tort & déroge à celui de

la croix.

Mais fi cela étoit vrai, il faudroit dire que lorfque notre Seigneur entrant dans ce monde, fe dévoua à Dieu (comme S. Paul nous l'apprend dans l'épître aux Hébreux qu'on nous objecte) & s'offrit à la place des victimes de l'ancienne loi, il dérogea par cette oblation à celle qu'il fit dans la fuite fur la croix; & qu'intercédant pour nous fans ceffe dans le ciel, comme S. Paul l'enfeigne encore, il affoiblit & accufe d'infuffifance le facrifice qu'il avoit confommé en mourant pour tous les hommes (a).

Toute la vie de Jéfus-Christ a été un

(a) Ibid. Hébr. 7. 15.

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