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l'on m'offre une hoftie pure & fans tache ; car mon nom eft grand parmi les nations (a).

Ici le prophete annonce l'abolition des facrifices de l'ancienne loi : il prédit que les nations qui étoient alors idolâtres, fe convertiront & facrifieront au vrai Dieu dans tout l'univers; que le facrifice qui fera offert en tous lieux, fera une hoftie pure & fans tache. Mais quel pourroit être ce facrifice offert par toutes les nations, ce facrifice qui devoit fuccéder à ceux de l'ancienne loi, ce facrifice fi pur & fi faint? Ce n'eft aucun des facrifices des Juifs, puifque le prophete en annonce l'abolition, & que d'ailleurs les facrifices des Juifs ne s'offroient pas par-tout. Ce n'eft pas le facrifice de la croix, puifqu'il ne fut offert qu'à Jérufalem. Ce n'eft pas le facrifice de louanges & de prieres que lui adreffent les chrétiens, puifque cette oblation de louanges & de prieres n'eft pas un véritable facrifice, & que d'ailleurs elle n'eft pas toujours pure. Il faut donc avouer que le prophete Malachie parle du facrifice de la meffe, qui est véritablement l'oblation la plus pure, qui eft offert par toutes les nations & dans tout l'univers. Auffi S. Irenée, S. Justin S. Jean Chryfoftôme, & après eux tous les interpretes, ont-ils entendu conftam

(a) Malac. 1, II.

ment ces paroles de Malachie du facrifice euchariftique.

3°. Ifaïe, annonçant la nouvelle alliance & la converfion des gentils, dit: dans la terre d'Egypte il y aura un autel du Seigneur (a). Il ajoute que le Seigneur choifira parmi les gentils convertis des prêtres & des lévites; mais un autel & des prêtres fuppofent un facrifice. Les nations converties au vrai Dieu devoient donc, après l'abolition des facrifices de la loi de Moïfe, avoir un facrifice, & un facrifice offert au vrai Dieu, puifqu'elles devoient avoir un autel du Seigneur, & que Dieu devoit fe choifir des prêtres & des lévites parmi les nations converties c'est-à-dire, parmi les chrétiens.

4°. L'apôtre S. Paul, dans fon épître aux Hébreux (b), dit que nous avons un autel auquel ne peuvent participer les miniftres de la loi de Moïfe; mais un autel fuppofe un prêtre, & une victime, en un mot, un facrifice.

5°. Dans l'endroit où S. Luc rapporte les paroles de l'inftitution de l'euchariftie on lit: Ceci eft mon corps qui eft donné pour vous; mais ces mots, donné pour vous, fignifient la même chofe que offert actuellement pour vous en facrifice, puifqu'il n'étoit pas encore offert fur la croix.

(a) Ifaie, ch. 19, V. 19.

5) Hébr. 13, 10.

On lit dans les actes des apôtres, ch. 13, v. 2: tandis qu'ils facrifioient au Seigneur. Et le terme grec dont fe fert ici S. Luc, fignifie, dans tous les endroits de l'écriture où il eft employé, offrir le facrifice.

LE PROTESTANT.

Vous avez coutume, Monfieur, Monfieur, d'ajouter fur les divers points de doctrine, le témoignage de la tradition aux textes de l'écriture: trouve-t-on dans les conciles & les écrits des peres, des preuves conftantes de la vérité de la croyance de l'église romaine fur le facrifice euchariftique?

LE DOCTEUR,

Oui, Monfieur, la tradition de l'églife l'enseigne fi conftamment qu'on ne peut plus en douter.

Le premier concile général tenu à Nicée l'an 325, appelle l'euchariftie une oblation Sacrée. Il enfeigne que le pouvoir de l'offrir eft réfervé aux prêtres: il fuppose donc qu'elle eft un facrifice.

Le concile général tenu à Ephese l'an 431, appelle l'euchariftie un facrifice faint, vivifiant & non fanglant.... qui contient le corps & le fang du fils de Dieu.

Dans le concile général de Chalcédoine, l'an 450, l'euchariftie fut appellée facrifice redoutable & non fanglant.

Un concile de Tolede tenu l'an 681, ordonne que le prêtre participe au grand facrifice toutes les fois qu'il immole le corps & le fang de Jésus-Chrift, c'est-à-dire qu'il communie toutes les fois qu'il a confacré.

Je pourrois vous citer des témoignages des peres & des docteurs de tous les fiecles. Mais à quoi bon rapporter une foule de paffages, puifque les proteftans nous en difpenfent?

LE PROTESTAN T.
Comment cela?

LE DOCTEUR.

Parce que Luther, Calvin, & leurs principaux difciples ont avoué que les catholiques ont pour eux fur ce point toute la tradition.

Luther voyant que tous les peres parlent du facrifice de la nouvelle loi, du facrifice non fanglant du corps & du fang de Jésus-Chrift, dit d'abord qu'ils parloient du facrifice de louanges que les chrétiens offrent à Dieu, ajoutant que fi l'on ne trouve point autre chofe à répondre, il vaut mieux abandonner tous ces peres, que de reconnoître que la meffe eft un facrifice (a).

(a) Lib. de capt. Bab. ch. 1.

Il alla plus loin dans fon livre de abrogandâ miffa. Henri VIII, roi d'Angleterre, lui ayant prouvé par la tradition la néceffité de reconnoître la meffe pour un facrifice, voici ce qu'il répondit: Le roi m'apporte, pour prouver le facrifice de la meffe, les textes des peres, & il avance que je ne puis, fans extravagance, prétendre en favoir moi feul plus qu'eux tous. C'est ainsi que tous ces ânes thomiftiques n'ont à produire qu'une multitude d'hommes & les ufages de l'antiquité..... Quand j'aurois contre moi mille Cypriens & mille Auguftins, je m'en moque.

Enfin dans fon livre de miffâ privatá, il s'exprime ainfi : Que les papiftes crient tant qu'ils voudront, l'églife, l'églife, les peres, les peres; les difcours & les actions des hommes ne font rien pour nous dans ces grandes caufes: nous favons que les prophetes Je font trompés & les apótres auffi, par la parole de Dieu nous jugeons l'églife, les apótres & les anges même.

Calvin favoit auffi-bien que Luther, que le facrifice de la meffe a toujours été regardé comme un des principaux dogmes de la religion chrétienne; mais il parloit de la tradition de toute l'églife fur cet article dans des termes plus modérés, du moins en apparence. Il voulut qu'on donnât à la confécration de l'euchariftie le nom de cene, quoiqu'il reconnût que dans tous les

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