Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

la tradition, par le confentement de toute l'églife grecque, par l'embarras même où s'eft jeté Luther en voulant s'en écarter, enfin par la décifion de l'églife.

I. Par l'écriture. Jéfus-Chrift dit, ceci eft mon corps, qui fera livré pour vous: or s'il reftoit du pain, fi ce pain contenoit le corps de Jéfus-Chrift, s'il étoit uni à ce corps, la propofition ne feroit pas exactement vraie; il auroit fallu dire: avec ce pain, dans ce pain eft mon corps & non pas, ceci eft mon corps : en voici la

preuve.

Pour qu'on puiffe dire avec vérité, qu'une chofe contenante eft une autre chofe contenue en elle, il faut que la prémiere foit faite pour contenir la feconde, ou au moins qu'elle en foit le figne reconnu voilà du vin, pourra-t-on dire en montrant une bouteille qui en eft remplie, voilà cent écus, dira-t-on en présentant un fac d'argent; mais qu'un homme, par exemple, ait enfermé fa montre dans une petite ftatue creufe, pourra-t-il dire en faifant voir la ftatue, c'eft ma montre d'or?

Or, le pain n'eft point fait pour contenir le corps d'un homme, il n'en eft en aucune forte le figne : Jéfus-Christ n'auroit donc pas pu dire, fi le pain fût resté, ceci eft mon corps.

II. Auffi tous les chrétiens jufqu'à Lu

ther, entraînés par la force des termes, l'avoient-ils entendu ainfi, & depuis les apôtres les peres l'ont clairement exprimé. Ils appellent tous l'euchariftie le corps de Jéfus-Christ, sa vraie chair, fans qu'aucun ait dit que le pain & le vin y ref

taffent.

Mais la plupart annoncent précisément la tranffubftantiation par leurs expreffions.

Je vous ai déja cité, en parlant de la préfence réelle, des textes de S. Irenée, de S. Juftin; mais tous les autres peres ont parlé de même.

Tertullien dit que Jésus-Chrift ayant pris le pain, en avoit fait fon corps.

S. Cyrille de Jérufalem, qu'après la confécration il n'y avoit plus ni pain ni vin, que le pain étoit changé au corps, & le vin au fang de Jésus-Chrift, comme il avoit changé aux noces de Cana l'eau en vin.

S. Grégoire de Niffe, qu'il tranfélémentoit la nature des chofes vifibles, comme il changeoit pendant fa vie les alimens en fa chair. S. Ambroife, qu'il changeoit par fa bénédiction la nature même des choses.

S. Jean Chryfoftôme, qu'après la confécration il n'y a plus ni pain ni vin. Théodoret, que par la confecration le pain & le vin font changés, & deviennent autre chofe.

S. Céfaire d'Arles, qu'avant l'invocation du nom facré, la fubftance étoit du pain & du vin, & qu'enfuite c'étoit le corps & le fang de Jésus-Chrift.

On peut voir tous ces textes, avec bien d'autres encore, dans le traité de M. Vuitaffe fur l'eucharistie (a).

III. Mais le témoignage le plus décifif c'eft celui de l'églife grecque.

Elle s'eft malheureufement féparée dès le neuvieme fiecle de l'églife latine, par le fchifme de Photius, & depuis ce tems elle n'a fans doute rien pris d'elle: cependant elle a toujours expreffément profeffé, ainfi qu'elle le fait encore, le dogme de la tranffubftantiation, parce qu'elle le tenoit avant le fchifme de la croyance primitve qui remonte aux apôtres. Ce fait a été inconteftablement établi, ainfi qu'à l'égard de la préfence réelle, fous les ordres de Louis XIV,par les déclarationsexpreffes dont je vous ai déja parlé : elles font recueillies au troifieme tome de la Perpétuité de la foi, livre 8; on les trouve auffi dans d'autres auteurs.

IV. Delà, quand Luther, par une fuite du feu qui l'animoit contre l'église romaine, a ofé attaquer ce point de croyance, ayant à combattre tout l'univers, il a manifesté

(a) Vuit, tom. 2, pag. 316, 317, 3.18.

par fes variations, fon embarras & le foible de fa cause.

Vous avez déja vu que confidérant d'abord la confervation ou la deftruction du pain, comme une opinion indifférente, fur laquelle il laiffoit une entiere liberté de croyance, il a enfuite taxé d'impiété la tranffubftantiation; & hasardant enfuite, fous une foule d'expreffions diverfes, l'impanation, la companation, il n'a fu fe fixer à rien de précis (a)..

V. Mais enfin l'églife a réglé, ainfi qu'elle peut feule le faire, fur ce point comme fur tous les autres, la croyance des fideles.

Déja le troifieme concile de Rome tena en 1059 contre l'erreur de Berenger, avoit expreffément défini que le pain & le vin étoient fubftantiellement convertis au corps & au fang de Jésus-Chrift.

Le concile général de Latran s'étoit servi en 1215 du terme de tranffubftantiation en prononçant ainfi : Le pain étant transfubftantié au corps & le vin au fang de Jéfus-Chrift.

[ocr errors]

Mais le concile de Trente a développé avec le plus grand foin ce dogme qui n'avoit pas encore été directement attaqué avant Luther; & il l'a défini en termes formels fous peine d'anathême (b).

(a) Voyez le VII. Entret. pag. 174.

Conc. Trid. feff. 13. ch. 4. & can. 2.

LE PROTESTAN T.

.. Il faut avouer que ces paroles de JesusChrist, ceci eft mon corps, expriment la tranffubftantiation. Aux textes de l'écriture vous ajoutez la tradition & la décihion expreffe de l'églife, qui, comme vous me l'avez fi bien prouvé dans notre fixieme entretien, doit fixer & régler la croyance des fideles. Je n'ai donc plus de difficulté fur la tranffubftantiation.

Ce, dogme, m'avez-vous dit, eft lié avec celui de la préfence permanente de Jésus-Chrift en l'euchariftie. Voudriez-vous bien à préfent m'expliquer ce que vous entendez par cette préfence permanente ?

LE DOCTEUR.

La vérité eft toujours fimple & d'accord avec elle-même; telle eft la doctrine catholique. Dès que Jésus-Chrift eft réellement préfent en l'euchariftie, & que le pain & le vin n'y font plus, cette euchariftie n'est autre chofe que Jésus-Chrift, & continue de l'être.

L'églife l'a toujours cru ainfi, & en voici les preuves démonftratives..

Dans les premiers fiecles on portoit l'euchariftie, après la célébration des faints myfteres, à ceux qui n'avoient pas pu y affifter; & S. Juftin en rend expreffément

« ZurückWeiter »