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S. Hilaire fuppofe comme un principe inconteftable que Jésus-Chrift s'unit réellement à nous dans l'euchariftie; il dit que nous recevons véritablement le verbe fait chair..... qu'il demeure en nous par fa chair (a).

S. Cyrille de Jérufalem a compofé deux inftructions fur l'euchariftie, que je voudrois pouvoir vous rapporter toutes entieres. M. Péliffon, après avoir quitté la religion proteftante pour rentrer dans le fein de l'églife romaine, les a fait imprimer à la fin de fes Réflexions fur les différens de religion; je vais vous citer le commencement de la premiere de ces deux inftructions ou catéchefes myftagogiques.

Cette inftruction de S. Paul (b), dit ce pere, fuffiroit pour vous apprendre ce que vous devez croire des divins myfteres que vous venez de recevoir & qui vous ont rendu un même corps & un même fang avec Jésus-Chrift.... Car puifque Jésus-Chrift a dit & prononcé fur le pain, Ceci eft mon corps, qui ofera en douter? & puifqu'il a dit, Ceci eft mon fang, qui ofera le contefter & dire que ce n'eft pas fon fang? Il a autrefois changé l'eau en vin aux noces de Cana en Galilée, & nous ne l'en croirons pas quand il a changé le vin en fon fang? fi étant invité dans un repas ordinaire

(a) Lib. 8, de Trinit. c. 13. (b) 1. Cor. c. II.

il a opéré ce miracle; à plus forte raifon devons-nous le croire, quand il donne aux enfans de l'époux la jouiffance de fon corps & de fon fang!.... Recevons donc avec une foi ferme le corps & le fang de Jéfus-Chrift: car fon corps vous eft donné fous le fymbole du pain, & il vous donne fon fang fous l'apparence du vin, afin qu'ayant reçu le corps & le fang de Jéfus-Chrift, vous lui foyez incorporés, vous foyez un même corps & un même fang. Car c'eft ainfi que nous portons en nousmêmes Jésus-Chrift; fon corps & fon fang étant répandus & diftribués dans nos membres..... Quoique vos fens ne vous représentent que du pain & du vin, la foi doit vous affurer pleinement avec une entiere certitude que vous avez eu le bonheur de recevoir le corps & le fang de Jésus-Chrift.... Tenez pour certain que ce qui vous paroît du pain, n'eft pas du pain, mais le corps de Jésus-Chrift; que ce qui vous paroît du vin n'eft pas du vin, mais le fang de Jésus-Chrift.

A la fuite des catéchefes de S. Cyrille, on a fait imprimer l'Inftruction de S. Ambroife pour les nouveaux baptifés; elle eft divifée en neuf chapitres, le huitieme eft fur l'eucharistie. Ce grand docteur y enfeigne que nous recevons le corps de Jésus-Chrift, quoique les apparences du pain & du vin femblent nous indiquer le contraire; que la confécration du pain

& du vin a plus de force que la nature, parce que par la confecration la nature du pain & du vin eft changée. Il apporte l'exemple de différens changemens miraculeux, comme de la baguette de Moïfe changée en ferpent, des fleuves d'Egypte changés en fang; enfuite il ajoute : Si la feule béné diction d'un homme a eu affez de force pour transformer la nature, que dirons-nous d'une confecration où les paroles même du Sauveur operent ce qui s'y fait? Si cette parole a pu faire de rien ce qui n'étoit pas encore, pourquoi ne pourroit-elle pas auffi changer la nature de ce qui eft déja?.... Le corps que nous confacrons eft le même qui eft né de la fainte Vierge; c'est la véritable chair de Jésus-Chrift qui a été crucifié, qui a été enfeveli.... Après la confecration, c'eft le corps de Jésus-Chrift, c'eft fon fang;...... Vous répondez Amen c'est-à-dire, cela eft vrai. Croyez donc ce que vous atteftez par vos paroles. Est-il poffible de s'expliquer plus clairement? S. Auguftin dit que Jéfus-Chrift nous a donné fa chair à manger, & que per fonne ne la mange fans auparavant l'adorer (a). Mais pourroit-on adorer l'euchariftie fi elle n'étoit que la repréfentation du corps de Jésus-Chrift?

S. Jérôme dit que ce que Jéfus-Christ

(a) Enarrat. in pfal. 98.

donna

donna à fes apôtres dans la derniere cene, étoit fon corps & fon fang de la nouvelle alliance, qui devoit être répandu pour la rémiffion des péchés (a). Il ajoute dans fon épître au pape Damafe: Que tous les jours nous fommes nourris du corps de Jésus-Chrift, & abreuvés de fon fang.

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Je m'arrête ici : car il faudroit vous citer des ouvrages entiers de S. Jérôme, de S. Chryfoftôme, de S. Auguftin, de S. Céfaire, de S. Grégoire, & de tous les auteurs de fiecles fuivans.

Aucun d'eux n'a dit que nous ne recevons dans l'euchariftie que la représentation du corps & du fang de Jéfus-Chrift; tous au contraire difent expreffément que nous mangeons fon corps, que nous buvons fon fang. Mais eft-il concevable que fi tous ces docteurs n'avoient pas cru la présence réelle, aucun d'eux n'eût averti les fideles que nous ne recevions dans l'euchariftie que la figure & la représentation de Jésus-Chrift mort pour nous, & qu'il ne falloit pas l'y adorer?

La plupart des peres de l'églife, pour expliquer la présence de Jéfus-Chrift dans l'euchariftie, ont recours à un miracle par lequel le pain eft changé en fon corps & le vin en fon fang: mais ôtez la présence

(a) Hyerom, épist. 150.

N

réelle, il ne fe fait aucun changement miraculeux; que le pain foit la représentation du corps de Jéfus-Chrift, & le vin la figure de fon fang, ce fera toujours du pain du vin, & rien de plus.

Le témoignage des païens même nous prouve que les premiers chrétiens croyoient la préfence réelle. Les idolâtres accufoient les chrétiens de manger la chair d'un enfant. C'eft un fait rapporté par Tertullien & par S. Irenée, dans la lettre où il décrit l'histoire des martyrs de Lyon. Or, n'eft-il pas vifible que cette accufation des païens n'avoit d'autre fondement que la croyance où étoient les chrétiens qu'ils recevoient réellement le corps & le fang de Jéfus-Chrift dans l'euchariftie, dont les païens n'avoient pas une jufte idée, parce que dans les premiers fiecles on ne parloit clairement de ce myftere qu'en présence de ceux qui étoient baptifés ou fur le point de l'être, afin de ne pas expofer le facrement à la raillerie des infideles? Delà vient que les anciens peres, en parlant de l'eu chariftie, fe fervent fi fouvent de ces expreffions: Les initiés favent ce que je veux, dire..... Les initiés m'entendent. Si l'on ne trouve point ces réticences dans les inftructions de S. Cyrille, de S, Grégoire de Niffe, & de S. Ambroife, que je vous ai citées, c'eft qu'elles ne devoient être

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